La CAMPAGNE des ALPES septembre 1944 – avril 1945
Après le débarquement en Provence et la ruée des Alliés vers le nord, les allemands sont refoulés dans les Alpes sur les cols et la frontière par les bataillons FFI et les unités de la 2° DIM (Division d’Infanterie Marocaine), général Dody jusqu’au 18/09/1944 puis général Carpentier.
Le 5 septembre Briançon, qui avait été reprise par les Allemands est libérée. Le 14/09 après beaucoup de souffrances, la Maurienne est libre jusqu’à Modane grâce à la 2° DIM (5° RTM et 3° Tabors) et aux FFI des deux Savoie. Mais l’ennemi s’accroche sur les principaux cols, afin de couvrir les arrières de l’armée du maréchal Kesselring, qui se défend pied à pied en Italie contre les troupes alliées du général Clark.
RECONSTITUTION D’UNE DIVISION ALPINE
En septembre 1944 est créée, pour encadrer les FFI des Alpes, une « Division Alpine » confiée au colonel Vallette d’Osia, bientôt rebaptisée 27° DIA (Division d’Infanterie Alpine), Elle est progressivement réorganisée en 4 demi-brigades. Les 2 premières deviennent des demi-brigades de chasseurs alpins : les bataillons FFI sont regroupés deux par deux pour reconstituer les bataillons de chasseurs alpins (BCA). Les BCA 7, 13, 27 pour la 5° demi-brigade et 6, 11, 15 pour la 7° demi-brigade. Les 2 autres demi-brigades deviennent les 99° et 159° RIA (Régiment d’Infanterie Alpine). Jusqu’à la fin de 1944 les actions se limitent à l’envoi de patrouilles de reconnaissance pour repérer et tester les défenses ennemies. En janvier 1945 le général Molle prend le commandement de la 27°DIA et du front des Alpes.
L’hiver 1944-45 est d’une extrême rigueur empêchant toute opération d’envergure. Pourtant à la mi-février une vingtaine d’éclaireurs-skieurs du bataillon du Mont-Blanc repoussent une attaque allemande au col du Midi (3600m) dans le plus haut combat d’Europe.
L’ARMÉE des ALPES
Le 1er mars 1945 le front des Alpes est confié au général Doyen sous le nom de Détachement d’Armée des Alpes, qui est rattaché au VI° groupe d’armée US (général Devers). Doyen réorganise le dispositif en 3 secteurs du nord au sud. Du fait de la faiblesse des moyens en génie, train et artillerie (69° RA), il décide d’attaquer successivement en Tarentaise, en Maurienne, sur l’Authion dans les Alpes-Maritimes et enfin en direction du col de Larche (22-26 avril).
L’OFFENSIVE
En Tarentaise l’offensive commence le 23 mars au nord et au sud de la route qui mène au col du Petit-St-Bernard. Le 7° BCA enlève un poste sur les pentes est de Belleface, tandis que plus au sud le 13° BCA lance des assauts répétés avec l’aide de l’artillerie sur le Roc-Noir et le col des Embrasures qui sont complètement conquis le 31 mars, au prix de 40 morts et 60 blessés.
En Maurienne, l’attaque du Mont-Cenis débute le 5 avril ; l’objectif est de réoccuper la crête frontière, appuyée par l’artillerie du 69° RA et du 93° RAM. Deux actions de débordements sont menées simultanément, à l’ouest et au sud par les 6°, 11° et 15° BCA, à l’est par 2 compagnies du 27° BCA, actions handicapées par l’épaisseur de la neige. A l’ouest le Mont-Froid est conquis et conservé malgré une contre-attaque de l’ennemi (11° BCA citation). Le fort de la petite-Turra ne peut être pris. L’action ne peut être poursuivie, car une partie de l’artillerie doit partir pour l’offensive sur l’Authion. Le 12 avril l’ennemi reprend le Mont-Froid sur le 6° BCA après une résistance acharnée (24 tués).
Sur l’Authion au nord de Nice, l’attaque commence le 10 avril menée par la 1° DMI (Division Motorisée d’Infanterie, ex 1° DFL) du général Garbay contre un ennemi solidement embastionné. Quatre jours de furieux combats sont nécessaires avec l’appui de l’artillerie et de l’aviation pour conquérir cette position. Le Bataillon d’Infanterie de Marine du Pacifique (BIMP) s’y est illustré.
Au dessus de Barcelonnette la vallée de l’Ubaye est barré par des ouvrages fortifiés interdisant la route du col de Larche. L’assaut débute le 22 avril avec les 99°, 159° et 141° RIA, le 5° Dragons et le 24° BCA soutenu par l’artillerie et l’aviation ; la résistance est réduite en 3 jours.
Une CAMPAGNE VICTORIEUSE
Suite à ces actions et à la situation en Italie, le 24 avril l’ennemi abandonne ses positions dans la zone sud et se replie en Italie. Les 25 et 26 les Alpes-maritimes sont libérées, le col de Larche est atteint. Le 26 le Général Doyen ordonne aux unités de passer la frontière et d’avancer. Au nord les chasseurs passent les cols et descendent dans le Val d’Aoste ; de même au centre les bataillons passent le mont-Cenis par tous les cols et descendent en direction de Suse. Au sud la 1° DMI passe le col de Larche en direction de Coni. L’avance française vers Turin est stoppée en plein élan le 28 par un ordre américain, car la France n’était pas participante de l’armistice avec l’Italie. Le 29 les 2 dernières positions ennemies proches du Petit-St-Bernard (Redoute Ruinée) sont occupées.
Les unités du DAlp se sont arrêtées sur les positions atteintes : le Val d’Aoste est tenu par la 5° demi-brigade (7° 13° et 27° BCA), la vallée de Suse par la 7° demi-brigade (6° 11° 15° BCA) et le 99° RIA, la région sud aux abords de Coni par la 1°DMI et unités associées. Le 18 mai à Grenoble le général Doyen passe en revue les troupes avec le général Devers et le 24 mai une prise d’armes franco-britannique a lieu à Aoste.
ÉPILOGUE
Au traité de Paris (02/1947), des rectifications de frontière sont accordées à la France, sur les indications du général Doyen, environ 700 km² : plateaux des cols du petit-St-Bernard et du mont-Cenis, la vallée Etroite au dessus de Bardonecchia, le fort du Chaberton à Montgenèvre et dans les Alpes-Maritimes Tende et la haute vallée de la Roya.
Par la suite le général Doyen occupe brièvement le poste de gouverneur militaire de Lyon après Descour de septembre 1945 à mars 1946.
Article de 2011 – Dernière modification 08/2021
Sources : Général A. Doyen – La campagne du détachement d’armée des Alpes (mars-avril-mai 1945) – B. Arthaud 1948 / Revue Historique des Armées 1975-3 et 1995-2