Ce seigneur guerrier est fils de Guichard IV le Grand, sire de Beaujeu et de Sybille de Flandre et Hainaut, sœur d’Isabelle épouse du Roi Philippe-Auguste. Cette filiation prestigieuse explique peut-être son blason, qui est celui de Flandre modifié par une brisure (lambel).
Humbert V sera un fidèle vassal du Roi de France. Au début de son règne (1217), il vient assiéger le château de Couzan (près de Boen 42). La coalition de l’archevêque comte de LyonRenaud de Forez, de son neveu Gui IV comte de Forez et du comte d’Auvergne force Humbert V à renoncer à ses droits et prétentions en Roannais.
En 1218 il épouse Marguerite file du sire de Bagé (en Bresse) qui lui apporte en dot des terres en Dombes et la seigneurie de Miribel. Le sire de Beaujeu acquiert ainsi un territoire sur la rive gauche de la Saône, qui sera appelée le « Beaujolais d’Empire » et qui deviendra plus tard la principauté de Dombes.
En 1224 Humbert accompagne le Roi Louis VIII dans la campagne contre Raymond VII de Toulouse, dans les suites de la Croisade contre les Albigeois ; mais le Roi tombe malade et meurt en 1226, en confiant l’expédition à son cousin le sire de Beaujeu. Humbert V poursuit la campagne faite de sièges et de chevauchées contre les fidèles de Raymond VII. En 1228 Humbert retourne en Beaujolais, mais le siège de Castel-Sarrasin l’oblige à redescendre en Languedoc ; il arrive à maintenir les conquêtes de Louis VIII et obtient la soumission du comte de Toulouse en 1229. Il se ruine dans cette campagne et doit mettre en gage des fiefs pour obtenir des prêts et imposer les églises de sa seigneurie.
En 1239 il est à Constantinople pour défendre l’Empire Latin, où il se distingue. A son retour il est nommé connétable de France par Louis IX /Saint-Louis (1240) ; il est vainqueur d’Henri III d’Angleterre aux batailles de Saintes et Taillebourg (1242).
Ce grand guerrier accompagne naturellement Louis IX à la croisade en Égypte en 1247 ; il participe à la bataille de Mansourah (02/1250) où il est fait prisonnier. Il meurt de maladie quelques mois plus tard.
Son fils Guichard V qui lui succède. Celui-ci étant mort en 1265 sans enfant, la seigneurie de Beaujeu revient à sa sœur Isabelle et par elle à son mari Renaud Ier comte de Forez +1270 réunissant provisoirement les deux principautés. Le fils aîné de ce dernier Gui VI sera comte de Forez et le cadet Louis sire de Beaujeu.
Comtes de Forez
Sires de Beaujeu
Guy II 1138-1198
Humbert IV 1174-1189
Guy III 1198-1203
Guichard IV 1189-1216
Gui IV 1203-1241
Humbert V 1216-1250
Gui V 1241-1259
Guichard V 1250-1265
Renaud Ier 1259-1270
Isabelle de Beaujeu
Gui VI 1270-1287
Louis 1270-1294
Jean Ier 1287-1333
Guichard VI 1294-1331
Gui VII 1333-1358
Edouard Ier 1331-1351
Louis 1358-1362
Antoine 1351-1374
Jean II 1362-1372
Edouard II 1374-1400
les deux principautés sont ensuite annexées aux terres des ducs de Bourbon.
Né en 1769 à Lyon, fils d’un maître maçon, il est baptisé en la paroisse St Pierre-St Saturnin dans le quartier des Terreaux. Il passe ensuite son enfance au faubourg de la Guillotière, où sa famille s’est installée. Son père, marchand chaudier, sera maire et conseiller municipal de la Guillotière. En 1777 un appui inconnu lui permet d’entrer en pension au collège des oratoriens de Juilly (Seine-et-Marne), où pendant 7 ans il fera de bonnes études. Mais à 16 ans en 1785, il abandonne les études pour s’engager au Régiment de Vermandois en garnison à Montpellier et Béziers, puis en 1788 à Perpignan. Il devient sergent en 1792 et participe avec son régiment (devenu le 61° régiment) à la conquête de la Savoie. En janvier 1793, il entre dans le bataillon des volontaires du Cantal comme chef de bataillon et est envoyé à l’armée des Pyrénées orientales.
Sous Augereau, il participe à la campagne du Roussillon ; en mars 1794 il est adjudant-général chef de bataillon. Duphot est placé en avant-garde commandant un bataillon de chasseurs contre les Espagnols. Il se distingue à la prise de la citadelle Notre-Dame del Roure, où il tue de son sabre un général espagnol et à la prise de Figueres (11/1794). A la paix il est mis en disponibilité en juin 1795 ; il sollicite avec ardeur sa réintégration, qui est acceptée en février 1796.
Il est alors envoyé à Périgueux, d’où il demande sans cesse son transfert à l’armée d’Italie en train de se couvrir de gloire avec Bonaparte. En septembre 1796, il rejoint l’Italie, il est à nouveau placé dans la division Augereau. Duphot est à Arcole et se distingue au combat de Bevilacqua. Bonaparte demande pour lui le grade de Général de Brigade ; il a 27 ans. Toujours en avant-garde, il est ensuite à la prise de Trévise, au passage du Tagliamento ; il passe les Alpes sur les talons des Autrichiens, traverse la Carinthie et arrive en Styrie à Leoben, où l’armistice est signé le 15 avril 1797.
Après un repos bien mérité dans la région de Milan, Bonaparte envoie Duphot à Gènes au mois d’août pour y organiser les troupes de la République ligurienne, où il doit réprimer une tentative d’insurrection. Duphot ne reste qu’un mois à Gènes, mais il a le temps de faire la connaissance et d’être séduit par la jeune Désirée Clary, ex-fiancée de Napoléon, soeur de Julie Clary épouse de Joseph Bonaparte, alors ambassadeur auprès du pape à Rome.
Le 12 novembre, Bonaparte octroie à Duphot « un congé de quatre décades pour se rendre à Rome et y vaquer à ses affaires« . Il retrouve à Rome sa fiancée et le mariage est décidé pour la fin décembre, mais il y rencontre aussi les partisans locaux des idées républicaines. Le 28 décembre, des révolutionnaires viennent manifester sous les fenêtres de l’ambassade ; Duphot et quelques autres sortent pour s’interposer et dans la confusion qui s’ensuit, les soldats du pape tirent et Duphot est tué. C’est la version officielle, mais certains commentateurs avancent que Duphot avait en fait pris la tête des révolutionnaires, version étayée par le fait qu’il a été tué loin de l’ambassade… Peut-être s’est-il laissé entraîner par sa fougue… Mais conduit-on une révolution la veille de son mariage ?
Deux mois plus tard, la mort de Duphot est vengée par la prise de Rome par Berthier, la déportation du pape Pie VI (mort à Valence en 1799) et l’établissement d’une « République Romaine » (février 1798).
Quant à son ex-fiancée, Désirée Clary aura un destin exceptionnel : elle épousera par la suite le général Bernadotte et deviendra Reine de Suède et de Norvège… Le roi de Suède actuel est son descendant…
Le lyonnais Duphot laisse le souvenir d’un jeune général plein d’ardeur et riche d’avenir disparu trop tôt… Dans le 3ème arrondissement de Lyon, une petite rue perpétue son souvenir, ainsi qu’une statue dans le jardin de la Préfecture.
Article de 2010
source : Martin BASSE – Le Général Léonard DUPHOT – Berger-Levrault 1908
Le COMMANDANT MARCHAND ET « l’AFFAIRE de FACHODA » :
AVANT la « MISSION MARCHAND » Jean-Baptiste Marchand est né en 1863 à Thoissey dans l’Ain, fils aîné d’un menuisier. A 20 ans en 1883, attiré par l’aventure coloniale, il s’engage au 4ème RIMa à Toulon. Instruit, il peut devenir officier en passant par l’Ecole de Saint-Maixent. Marchand est sous-lieutenant au 4ème RIMa en mars 1887 et il débarque au Sénégal début 1888.
En 1889 il participe à une 1ère campagne de pénétration au Soudan (actuel Mali) et à la prise de Koundian, où il est blessé et reçoit la Légion d’Honneur. En 1890 le lieutenant Marchand est à la prise de Ségou sur le Niger (en aval de Bamako) et en mars 1891 à celle de Nioro (nord du Mali). Il est à nouveau blessé en avril 1891 lors d’une révolte de la région de Ségou.
Fin 1892, il est nommé capitaine et vient passer 6 mois de repos en France. Il effectue ensuite une mission de pénétration en Côte d’Ivoire le long du fleuve Bandama, où il prend la localité de Thiassalé, mais averti de l’offensive de Samory dans le nord, il rejoint la colonne Monteil (colonne vers Kong). Sa connaissance du pays favorise la progression vers le nord, mais la colonne est rappelée et doit faire retraite.
La « MISSION MARCHAND » Marchand, revenu en France, propose en 1895 aux autorités une mission d’expansion française en Afrique Equatoriale depuis les possessions du Congo et de l’Oubangui en direction du Nil pour y implanter un poste militaire au point stratégique de Fachoda, tandis que 2 autres missions partiraient de Djibouti (elles échouèrent). Après bien des tergiversations le projet est accepté. La mission « Congo-Nil » est composée de 150 tirailleurs encadrés par 12 officiers et sous-officiers français. Parmi les officiers aux ordres du capitaine Marchand, le capitaine Baratier, les lieutenants Mangin et Largeau, le médecin de marine Emily. Une telle expédition nécessite une logistique considérable, 100 tonnes de fret réparti en 3000 charges… La mission part de Loango sur la côte atlantique en juillet 1896, pacifie la route jusqu’à Brazzaville juin à novembre 1896. Marchand réquisitionne un petit vapeur le Faidherbe et la mission remonte ensuite le Congo et l’Oubangui par voie fluviale par Bangui et Bangassou (Centre-Afrique).
Entre le bassin du Congo et le Soueh premier affluent du Nil, il faut franchir un seuil de 200 km par voie terrestre, où tout le matériel doit être porté, y compris le vapeur démonté. Pour cela il faut créer une route dans la forêt. Arrivée dans le bassin du Nil la mission attend la montée des eaux pour continuer. Marchand est sérieusement malade: il faut souligner l’importance du rôle du médecin dans la vie quotidienne de l’expédition qui est encore retardée par la traversée très difficile des marais du Bahr-el-Ghazal.
Ce n’est que le 10 juillet 1898 que la mission arrive à Fachoda, ancien fort turc sur la rive gauche du Nil. Marchand fait remettre en état le fort et passe un pacte avec la tribu locale. En août ils repoussent une attaque des mahdistes (islamistes du Soudan, battus le 2 septembre par les anglo-égyptiens à Omdourman). Le 18 septembre une flottille anglo-égyptienne commandée par le général Kitchener survient et s’établit à proximité du fort. Les 2 chefs décident d’en référer à leurs gouvernements: que doivent-ils faire? Se combattre?…. Baratier est envoyé au Caire puis à Paris, puis Marchand lui-même monte au Caire. La réponse du gouvernement français les déçoit terriblement : ils doivent abandonner Fachoda et laisser la place aux anglais. Marchand, promu commandant, refuse que sa troupe soit rapatriée par les anglais et décide de gagner Djibouti par ses propres moyens.
L’expédition quitte donc Fachoda le 10 décembre, remonte le Nil et le Sobat et aborde l’Ethiopie où ils sont bien reçus. Il leur faut encore 2 mois pour rejoindre Addis-Abeba à 2500 m d’altitude. Les tirailleurs souffrent du froid et une épidémie de grippe se déclare. Équipés de mulets et de chevaux, ils redescendent jusqu’à la frontière de la Côte française des Somalis. La dernière étape se fait en train jusqu’à Djibouti.
De l’Atlantique à la Mer Rouge, l’expédition Marchand a traversé l’Afrique pour la première fois en trois ans, avec très peu de pertes humaines. L’expédition est rapatriée à Toulon, puis à Paris : partout ils sont acclamés. Le 14 juillet 1899 c’est le défilé triomphal à Longchamp de Marchand et de sa compagnie de tirailleurs sénégalais. Les comptes-rendus de la mission, en particulier celui du médecin Emily, sont d’un grand intérêt par la description des territoires inexplorés et des tribus africaines rencontrées.
MARCHAND après FACHODA Pour le gouvernement français, renoncer à Fachoda était politiquement sage et cela a ouvert l’avenir à l’Entente Cordiale avec Londres, mais beaucoup de français patriotes vivent cela comme une capitulation humiliante et la popularité du Cdt Marchand irrite les politiques.
En 1900 il est promu lieutenant-colonel et pour l’éloigner, il est envoyé en Chine en août, après la campagne des Boxers, où il a un rôle diplomatique (1900-1902). En février 1902 il rentre en France par le transsibérien.
En 1903 il est envoyé commander à Toulon le 4° RIMa, où il s’était engagé 20 ans avant, mais écœuré par les malveillances des politiques, il démissionne de l’Armée en 1904.
Marchand est candidat à la députation, il milite en faveur du vote familial, mais n’est pas élu. Il fait du journalisme, écrit des analyses politiques et des études diplomatiques.
LA GRANDE GUERRE À la déclaration de guerre en 1914 Marchand demande sa réintégration dans l’armée. Il va ajouter un chapitre glorieux à une carrière déjà bien remplie… Nommé au commandement d’une brigade coloniale, il est vite promu général de brigade : il se distingue sur le front d’Argonne où il est blessé. En mai 1915 on lui confie la 10° Division Coloniale qui combat en Champagne, où il est grièvement blessé. Il est promu Grand Officier de la Légion d’Honneur.
Rétabli il est en 1916 sur la Somme, où il est à nouveau blessé. En 1917 il est au chemin des Dames et à Verdun. En 1918 la division Marchand combat sur la Marne à Château-Thierry et Epernay. Après l’armistice la division Marchand entre en Allemagne, atteint Mayence et s’installe sur le Rhin. Elle est dissoute en février 1919.
Marchand est mort en 1934 à Paris et inhumé à Thoissey, où on lui a élevé une statue.
Un monument commémoratif de l’expédition Marchand a été élevé à Paris Porte-Dorée en face de l’ex-musée colonial. Le bas-relief place au premier plan le médecin en train de soigner, Marchand est debout à gauche.
A Lyon le pont Kitchener sur la Saône a été officiellement rebaptisé pont Kitchener-Marchand en 1955.
Article de 2012 – Dernière modification 10/2024
Sources : M.Dutreb – Marchand – Payot 1922 / images l’Illustration & Wikipedia commons / Bibliothèque Militaire de Lyon
Créé en 1667 sous le nom de « Royal-Cravattes », le régiment se distingue avant la Révolution sur les champs de bataille de Turckheim (1675), Namur, Steinkerque (1692), Neerwinden (1693), Audenarde, Malplaquet (1709), Denain (1712), Fontenoy (1745), Ettingen… Il devient le 10° régiment de cavalerie en 1791 et se bat à Valmy (1792) et Fleurus (1794). En 1803 il devient le 10° Cuirassiers et s’illustre à Austerlitz, Iéna, Eylau (1807), Eckmühl, Wagram (1809), la Moskova, Leipzig (1813), Waterloo… Licencié en 1815, il renaît en 1825 et participe au siège d’Anvers (1832). Il effectue une charge brillante en 1870.
Depuis la guerre de 1870 ce régiment de cavalerie lourde stationne successivement à Niort, St-Maixent, Angers, Versailles, camp de Châlons, Versailles et Vouziers. Enfin en 1894 il arrive à Lyon, où il va rester en garnison pendant 20 ans. Il cohabite avec le 7° Cuirassiers, le 2° Dragons et le 14° Escadron du Train à la caserne de la Part-Dieu. Il fait partie de la 6° Division de Cavalerie indépendante du 14° Corps d’armée de Lyon.
En 1907 le régiment participe à la répression de la révolte des vignerons du Languedoc.
La Grande Guerre: le 31 juillet 1914 à 19 heures parvient l’ordre de couverture. Les 4 escadrons du régiment commandé par le colonel Bartoli embarquent dans 4 trains le 1er août, débarquent le lendemain 2/08 à Charmes dans les Vosges et se portent sur la frontière avec l’ensemble de la 6° division de cavalerie. Le régiment commence la guerre sur le front des Vosges, puis participe à la « course à la mer » et arrive dans la région d’Ypres. En 1916 les cuirassiers sont convertis en « cuirassiers à pied ». Le 10° Cuirassiers est dissous en 1919.
Le 10° Cuirassiers recréé en 1940, équipé d’automitrailleuses AMD Panhard, participe à la campagne de France et est à nouveau dissous.
Le Chef d’escadrons Joseph-Victor FRANC 1866-1914
Cet officier de cavalerie est un lyonnais, gendre du Général Gouverneur militaire de Lyon Henri Bergé. Cet officier avait été lieutenant au 4° Spahis, capitaine au 11° Cuirassiers, chef d’escadrons au 12° Cuirassiers et enfin au 10° Cuirassiers. Le premier août 1914, Il quitte la caserne de la Part-Dieu à la tête des 1er et 2ème escadrons du 10° Cuirassiers. Après 3 mois de guerre, il est blessé mortellement le 2 novembre 1914 à Zonnebeke (région d’Ypres). Ses uniformes contenus dans trois cantines, pieusement conservés par sa fille, madame Brochier, ont été donnés au Musée par la famille Brochier en 2011, ainsi que des copies de ses photos. Un mannequin présente son uniforme de sortie avec sa photo.
Né à Besançon, Jean ROBERT entre à Saint-Cyr en 1933, puis à l’Ecole d’application de l’Armée de l’Air, où il obtient le brevet de pilote militaire en 1936. Il est affecté à la 35° Escadre Aérienne à Bron où il obtient un brevet d’observation, puis suit un stage sur multimoteur et est nommé lieutenant (1937). Enfin il obtient le certificat d’aptitude aux fonctions de commandant d’avion (début 1938).
Jean ROBERT prend le commandement de la 2° escadrille du groupe 1/35 en février 1939. A la déclaration de guerre le groupe 1/35 aux ordres du Commandant Sournia est affecté comme unité de reconnaissance de la VII° armée, dont le Commandant des Forces Aériennes est le colonel Chambe, ancien chef de la 35° escadre. Le groupe est doté de Potez 63/11 en octobre 1939, qui remplacent avantageusement les médiocres Bloch 131. Jean Robert est promu capitaine le 1er mars 1940.
En mai 1940 le groupe 1/35 déploie une intense activité de reconnaissance au profit de la VII° Armée commandée par le général Frère. Le 4 juin 1940, au retour d’une mission de reconnaissance photographique dans la région de Guise, le Potez piloté par le capitaine Robert est attaqué par 3 Messerschmidt 109 : son appareil est touché, le sous-lieutenant Larpent observateur est tué et le capitaine Robert grièvement blessé. Il parvient à s’échapper et à se poser derrière les lignes françaises à Ormoy dans l’Oise, sauvant ainsi l’adjudant Jannin son mitrailleur. Le capitaine Robert meurt peu après l’atterrissage. Titulaire de deux citations à l’ordre de l’Armée et d’une à l’ordre de l’aviation de reconnaissance, il est fait Chevalier de l’ordre de la Légion d’Honneur à titre posthume. Le capitaine Jean Robert représente un des héros de l’Armée de l’Air française.
La Base Aérienne 942 de Lyon Mont-Verdun porte son nom depuis le 16 mai 1982 au cours d’une cérémonie présidée par le ministre de la Défense Charles Hernu.
A la mi-juin 1940 les forces allemandes à l’offensive foncent vers le sud en direction de la vallée du Rhône. Deux bataillons du 25° RTS (Régiment de Tirailleurs Sénégalais) (1800 hommes), aux ordres du colonel Bouriand, régiment de réservistes de l’Armée des Alpes et renforcés par des éléments d’artillerie sont mis à la disposition du général commandant la 14° Région de Lyon, qui le charge de tenir une ligne de résistance le long des routes nationales 6 et 7 au nord de Lyon. Les tirailleurs et artilleurs sont en poste le 17 juin ; le lendemain la ville de Lyon est déclarée « ville ouverte« . Le choc a lieu le 19 juin, les avant-gardes allemandes sont repoussées.
Les allemands bombardent alors avec leur artillerie les points d’appui français : Chasselay, Montluzin, Lissieu défendus par le 1er bataillon du 25° RTS. La résistance des tirailleurs, qui subissent l’épreuve du feu pour la première fois, est acharnée face à un ennemi supérieur en armement et disposant de chars, en particulier la 3° compagnie. A Montluzin les sœurs du couvent accueillent et soignent les blessés. Le 20 juin à Chasselay soixante tirailleurs épuisés doivent se rendre. Parmi leurs prisonniers, les allemands vont alors séparer les européens d’avec les africains ; en représailles 48 tirailleurs sont fauchés à la mitrailleuse dans un champ à Chasselay, 18 autres exécutions sommaires ont lieu à Lentilly, d’autres dans les montées Lanessan et Balmont à Lyon (20 exécutés).
Le 16 janvier 1941, le général Frère, gouverneur militaire de Lyon, décore de la croix de guerre sœur Clotilde la supérieure du couvent de Montluzin.
Après les combats, le secrétaire général des anciens combattants du Rhône M. Marchiani fait rassembler les corps laissés sans sépulture et achète un terrain à Chasselay pour les y faire reposer. Il a l’idée de faire ériger autour des tombes un enclos à l’architecture imitant les enceintes sacrées d’Afrique occidentale (Sénégal -Mali), les « tata« . L’ensemble est inauguré le 8 novembre 1942.
Le « Tata sénégalais » de Chasselay, classé nécropole nationale, est un lieu de commémoration unique en France. Il accueille 196 tombes.
Le 20 juin 2020 une cérémonie a commémoré le 80ème anniversaire de cet épisode tragique.
Article de 2010 – Source : Henri Amoretti – Lyon capitale 1940-1944 – France-empire 1964
Le Lieutenant-Colonel BERNARD MAGNILLAT-RAPP (1924-2006)
Né à Saint-Cyr-l’Ecole, fils, petit-fils et arrière petit-fils d’officiers, avec un lointain lien de parenté avec le général Jean Rapp, héros d’Austerlitz, il ne pouvait que suivre la tradition familiale. Engagé dès août 1944, après une courte formation au Centre de Formation Militaire d’Uriage, il participe en 1945 à la bataille des Alpes au sein du 6° BCA. En juillet 1945, il entre à l’Ecole Militaire de Saint-Cyr, choisit l’infanterie coloniale et est breveté parachutiste.
Recruté en 1948 par le colonel Massu, il part en Indochine, où il sert aux 3° BCCP, 5° BCCP et 7° BCCP successivement lors d’un premier séjour. En 1952, il sert au 6° BCP (Bataillon Parachutiste Colonial), commandant Marcel Bigeard, comme lieutenant chef de section et participe aux combats de 1952 (Tu Lé), au titre desquels il est promu Chevalier de la Légion d’Honneur à titre exceptionnel pour faits de guerre. Le 20 novembre 1953, il saute avec son bataillon pour l’opération « Castor » (début de l’installation du camp retranché de Dien Bien Phu) et rentre à Hanoï.
Libérable en fin de deuxième séjour, il rentre en métropole en mai 1954 pour être en garnison à Bayonne.
Nommé capitaine, il part pour l’Algérie pour un premier séjour au sein du 5° bataillon « Blizzard ». En 1955 il reçoit la rosette d’officier de la Légion d’Honneur à titre exceptionnel pour faits de guerre et est nommé aide-de-camp du chef d’Etat-major des Armées le général Zeller. Volontaire pour l’opération de Suez en 1956, il y participe comme officier de presse. De retour en France, il devient aide-de-camp du gouverneur militaire de Lyon, le général Descour.
En 1959-1960, il obtient un commandement en Algérie au 3ème RPC (actuel 3ème RPIMa), où il obtient une nouvelle citation.
Rentré en métropole en décembre 1960, il demande sa mise en disponibilité en février 1961, puis présente sa démission en 1963. Titulaire de 11 citations, ce grand soldat continue, tout en poursuivant une carrière civile, à servir dans la Réserve et est nommé Lieutenant-colonel honoraire.
Très actif au sein de différentes associations d’officiers et d’anciens combattants , comme de l’IHEDN, il reçoit le 10 juin 1980 au quartier Général Frère, la cravate de Commandeur de la Légion d’Honneur des mains du Général Bigeard, dont il avait été le bras droit en Indochine.
Le Général Bigeard a écrit en janvier 2010 à madame Magnillat : « sans Bernard, je n’aurais jamais été tout-à-fait Bigeard« .
Madame Magnillat a rédigé et fait publier ses mémoires sous le titre « LES ROSES DE PA KHA » .
Madame Marie-José Magnillat récemment décédée en 2024 a été pendant de nombreuses années bénévole au Centre de Documentation du Musée, à répertorier et classer inlassablement la masse de documents les plus divers qui nous sont apportés. Elle nous a légué un lot de photos originales sur le conflit indochinois.
article de 2010 remis en ligne 03/2024
Source : lettre de Madame Magnillat du 21 juin 2010 –
VISITE DU PRÉSIDENT POINCARÉ À LYON 11-12 septembre 1915 :
1915, deuxième année de la Grande Guerre… Lyon et sa région prennent une part très importante d’un colossal effort industriel de guerre. Le président de la République M. Raymond Poincaré décide d’aller se rendre compte sur place des fabrications en cours. Il était venu une première fois à Lyon dans un contexte bien différent en mai 1914 pour visiter l’Exposition Universelle et l’Ecole de Santé Militaire. Ce voyage du train présidentiel n’est pas annoncé par raison de sécurité.
Le samedi 11 septembre, accompagné d’Albert Thomas secrétaire d’état à l’armement, du maire E.Herriot, du préfet Raulx et du commandant militaire de Lyon le général Meunier, il visite le matin les usines d’Oullins qui fabriquent obus explosifs et bombes-flèches, les établissements Hotchkiss qui produisent 200 mitrailleuses par mois puis les ateliers de construction et le parc d’artillerie de la place. Toutes ces entreprises sont en plein travail et le président ne manque pas de les remercier de concourir ainsi à la défense nationale.
Le même jour dans l’après-midi il se déplace dans la région de Saint-Etienne et termine par la manufacture d’armes de cette ville, où se fabriquent fusils et revolvers. Le président passe la nuit dans son wagon placé sur une voie de garage.
Le lendemain dimanche 12, le train présidentiel revient à Lyon. Le président enchaîne à nouveau des visites rapides d’usines : Pignet, Teste, usine de tréfilerie rue de la Claire à Vaise Rochet-Schneider, usine d’automobiles, chemin Feuillat qui produit des camions Berliet à Montplaisir qui construit le camion CBA, mais aussi des obus. l’Eclairage Electrique qui produit des obus et des éléments de fusée. Poincaré déjeune ensuite dans son wagon avec Herriot, Raulx et Meunier.
L’après-midi il est au terrain d’aviation de Bron, où sont essayés de nouveaux avions fabriqués par les ateliers aéronautiques de Lyon. Il est ensuite à l’école de rééducation et d’apprentissage d’un métier pour les mutilés, ouverte 41 rue Rachais, par le maire de Lyon.
Le président se rend ensuite à l’Hôtel de ville, où sont organisés sous la direction de madame Herriot des services d’envoi de colis aux prisonniers, de recherche de disparus, de secours aux réfugiés. Poincaré va ensuite voir les blessés hospitalisés à l’Hôtel-Dieu : il remet des Croix de Guerre et des médailles militaires aux hospitalisés dans la cour.
Le président de la République quitte Lyon le lendemain pour Belfort. À cause de la censure, ce voyage présidentiel est signalé en seulement 20 lignes en page intérieure du journal « le Progrès » du mardi suivant…
Article de 2015 – remis en ligne 01/2024
Sources : Raymond Poincaré – souvenirs tome VII 1915 Guerre de siège – Plon 1931 / photos: documents Musée Militaire
Célestin Adolphe Pégoud est né à Montferrat (Isère), fils de petits propriétaires terriens. Il a soif d’aventures et à 18 ans en 1907 s’engage au 5° Chasseurs d’Afrique au Maroc, puis en Algérie. Ayant contacté le paludisme, il est muté en 1909 au 2° Hussards de Gray, puis au 3° Régiment d’Artillerie Coloniale à Toulon. Il s’y lie avec le capitaine Carlin, passionné d’aviation. Ils sont mutés ensemble au camp de Satory, où Pégoud va faire son baptême de l’air en octobre 1911. Il participe aux manœuvres de 1912 comme aide-mécanicien, mais son but est désormais de devenir aviateur.
Dès la fin de son engagement militaire en février 1913, il passe son brevet de pilote et est aussitôt embauché comme pilote d’essai chez Blériot. En août 1913, il expérimente et réussit un saut en parachute en abandonnant son avion en vol. Le mois suivant il réalise le premier vol « tête en bas » puis un looping, qu’il refait en public le 21 septembre. Cela lui vaut une grande notoriété. Il se consacre alors à l’acrobatie aérienne avec de nombreuses démonstrations en Europe.
Août 1914 début de la Grande Guerre… Mobilisé le brigadier pilote Pégoud est affecté à la défense de Paris et il effectue d’audacieuses missions de reconnaissance. En octobre des reconnaissances pour la III° armée dans la région de Maubeuge lui valent une première citation. Il va bientôt abattre son premier avion ennemi en combat aérien. En février 1915, il abat 2 avions ennemis et force un troisième à se poser derrière les lignes françaises. Son avancement est rapide : il est nommé sergent, puis adjudant, puis sous-lieutenant. En avril 1915 il est muté à l’escadrille MS49 de Belfort, où il vole sur avion Morane-Saulnier type L. Il devient le premier pilote français avec 5 victoires confirmées à atteindre le statut d' »As ». En juillet 1915 une sixième victoire aérienne lui vaut une 2ème citation.
Il venait d’être nommé chevalier de la Légion d’Honneur, quand malheureusement il est abattu en combat aérien le 1er septembre 1915 au dessus de Petit-Croix à l’est de Belfort. Son vainqueur est un de ses anciens élèves le caporal Kandulski; celui-ci chevaleresque survole le lieu du combat quelques jours après et y jette une couronne qui porte: « A l’aviateur Pégoud, mort en héros pour sa patrie, hommage du vainqueur » . Il sera lui-même abattu et Pégoud « vengé » en mai 1916.
Pégoud est enterré au cimetière Montparnasse à Paris et un monument commémore sa mémoire dans son village natal. Sa mort est annoncée en première page du « Progrès » du jeudi 2 septembre 1915 avec une photo sur laquelle figure le dessin de son looping.
En décembre 2023 une de salles du 1er étage du Cercle Général Frère a été baptisée du nom de Pégoud.
Images : l’Illustration 1915 – Wikipedia / journal Le Progrès – bibliothèque municipale
Article de 2013 – modifié et remis en ligne 12/2023
François de BONNE, Connétable Duc de LESDIGUIÈRES (1543-1626)
Né à Saint-Bonnet en-Champsaur, François de Bonneseigneur de Lesdiguières, petit fief dauphinois en Champsaur, va devenir un grand homme de guerre au temps des guerres de religion. Lesdiguières entre très jeune dans le métier des armes au ordres du baron de Gordes lieutenant-général du Dauphiné. Il rejoint ensuite la cause des Réformés du Dauphiné. Remarqué, il devient l’un des lieutenants de du Puy-Montbrun.
Celui-ci pris et exécuté à Grenoble en 1575, Lesdiguières parvient au commandement des réformés du Dauphiné à partir de 1577. Il tente de prendre le château de Crest, mais n’y parvient pas. Après la perte de la Mure et le traité de Fleix, il accepte de discuter avec Maugiron lieutenant-général du Dauphiné : ils arrivent à un accord à la fin de 1581 à Grenoble. Mais la guerre reprend, Lesdiguières s’empare de Die, Embrun et en 1585 de Montélimar qu’il fait fortifier. Il conduit ensuite les opérations au nord de la région et en 1587 subit un échec à Jarrie : ses troupes aidées de forts contingents suisses sont battues par l’armée royale avec Alphonse d’Ornano à la tête de ses corses.
En 1589 l’accord entre Henri III et Henri de Navarre le protestant change la donne, cela l’amène à collaborer avec Alphonse d’Ornano, nommé lieutenant-général en Dauphiné par le Roi, pour lutter contre la Ligue, faction catholique devenue alors l’ennemie du pouvoir royal. En cette année 1589 Henri de Navarre devient le Roi Henri IV. Lesdiguières opère à l’est et s’empare de Grenoble, pendant que d’Ornano subit un échec à Givors (1590), que Lesdiguières prend en 1591.
A la lutte contre la Ligue s’ajoute un conflit extérieur. Lesdiguières, désormais fidèle au roi, défend le Dauphiné contre les intrusions du duc de Savoie Charles-Emmanuel Ier et le bat à la bataille de Pontcharra (1591) ; il est alors nommé gouverneur de Grenoble par le Roi.
A Grenoble, il entreprend de grands travaux : fortifications de la Bastille et de la ville, quais, digues, le pont de Claix. En 1597 il crée le régiment de Lesdiguières qu’il transmettra à son gendre sous le nom de régiment de Créqui. Dans le contexte de la guerre avec l’Espagne, il est nommé lieutenant-général en Dauphiné à la place de d’Ornano et intervient en Savoie : il bat deux fois les troupes du duc de Savoie à Chamousset et aux Molletteset s’empare du fort de Barraux (1598). En 1600, il est au côté d’Henri IV dans une nouvelle guerre contre le duc de Savoie ; celui-ci au Traité de Lyon (1601) perd la Bresse, le Bugey, le Valromey et le pays de Gex.
Lesdiguières devient maréchal de France en 1609, duc et pair de France en 1611 et enfin gouverneur du Dauphiné en 1612. Il fait construire à Grenoble l’hôtel qui porte son nom (ancienne mairie) et le château de Vizille au sud de Grenoble (1600-1619).
Enfin il se convertit au catholicisme en 1622, la Reine Marie peut alors intervenir auprès de Louis XIII pour que lui soit accordée la dignité suprême honorifique de Connétable de France ; il sera le dernier dans l’histoire à porter ce titre…
Lesdiguières meurt en 1626, à l’âge de 83 ans.
Une ancienne caserne de Grenoble s’est appelée caserne de Bonne et un lycée hôtelier porte le nom de Lesdiguières.