La Bataille de Voreppe

La BATAILLE de VOREPPE (Isère) ( 21- 24 juin 1940) 

L’ARMISTICE NE MET PAS FIN AUX COMBATS…

Le général Olry

Mai-juin 1940 la Campagne de France… Le 21 juin l’Armistice est signé avec l’Allemagne. Il prévoyait la fin des hostilités quand l’Italie, entrée en guerre contre la France le 10 juin aurait elle-même signé un armistice. Cela explique que les combats de Voreppe ont eu lieu contre l’armée allemande après la signature de l’Armistice. En effet l’Armée des Alpes aux ordres du Général Olry faisait face avec 180.000 hommes dont environ 85.000 en première ligne à quelques 312000 italiens. Malgré cette supériorité numérique, l’Armée Italienne fut contenue, tout au long des Alpes, de la mer à la frontière suisse.

Le général Olry craint d’être attaqué sur ses arrières par l’Armée allemande, alors que le gros de ses forces affrontent les Italiens.

LA MISE EN PLACE D’UNE LIGNE DE DEFENSE

Olry demande au commandant de la XIVème Région de Lyon de rassembler tous les moyens disponibles pour retarder les allemands en attendant l’armistice avec les Italiens.
L’ensemble des formations mises en place en une semaine représente environ 3 divisions, de qualité très inégale, avec beaucoup de personnels à l’instruction dans les dépôts, avec donc leur matériel « Ecole » et d’hommes des Régiments Régionaux, parfois âgés. Des marins de Toulon, et des aviateurs forment également des compagnies de marche. Enfin le Génie de l’Armée des Alpes se trouvera souvent sur les zones choisies pour cette opération, aidant aux destructions.

Le général Cartier

Une première ligne de défense prévue sur le Rhône, y compris Lyon, est annulée par la note du général Weygand en date du 18 Juin accordant que,à la demande du président Herriot, Lyon soit considérée « ville ouverte », ce qui donne aux blindés du général Hoepner toutes facilités pour franchir le Rhône avec 9 ponts intacts et de courir au secours des Italiens. Une deuxième position est donc rapidement improvisée sur l’Isère, s’appuyant à l’est sur le Rhône et remontant vers Fort-l’Ecluse au Nord par Voreppe, La Dent du Chat, Culoz.
. Le général Cartier prend la responsabilité de la zone dite « Dauphiné-Savoie » qui doit barrer la route aux Allemands depuis Chanaz sur le Rhône jusqu’à St-Nazaire-en-Royans sur l’Isère. Il a articulé son dispositif en 4 sous groupements principaux, dont celui du colonel Brillat-Savarin qui devra tenir Voreppe à l’entrée de la cluse de l’Isère en direction de Grenoble.

LA MISE EN PLACE A VOREPPE

Dès le 19 Juin les premières troupes arrivent sur place, essentiellement des hommes du Génie : sapeurs et pionniers, environ 600 hommes, qui commencent à aménager les éléments de défense avec l’aide de la population. Arrivent également quelques marins et aviateurs. Les ponts sautent au début de la matinée du 20 Juin. En même temps rejoint le COAMP de Grenoble (Centre Organisation Artillerie de Montagne et Positions) avec deux 75 de montagne d’instruction, largement obsolètes.

batterie du COAMP avec un canon de 65 de montagne

Ce même jour, d’autres troupes débarquent dont une section de mitrailleuses de 13,2, d’autres marins avec 2 canons de 47mm et un canon de 65mm. Le 21 le flux continue avec en particulier du canon de 65 de montagne, et deux vrais canons de 47 AC tractés. Les observatoires, remarquables du fait de la configuration de la cluse, sont mis en place. Arrive également une batterie du 404°RADCA (Régiment d’artillerie de DCA). C’est ce même jour au matin que le colonel Brillat-Savarin prend le commandement du secteur. C’est un officier brillant de la première guerre mondiale, qui a repris du service à la déclaration de guerre : il a 60 ans.

batterie du 404° RADCA

VOREPPE: LES ALLEMANDS NE SONT PAS PASSES

Le 22 Juin à 4h les allemands sortent de Moirans en direction de Voreppe avec 150 chars accompagnés de motocyclistes. L’attaque est repoussée, en particulier, par les feux des canons déjà en place. Dans la matinée du 23, vers 9h nouvelle attaque, également repoussée. Devant cette résistance à laquelle il ne s’attendait pas, l’ennemi s’organise et en particulier installe son artillerie, qui à partir de midi commence à traiter tous les objectifs du secteur de Voreppe. Cette préparation permet une nouvelle attaque à base d’infanterie entre la route Moirans-Voreppe et l’Isère. L’artillerie française enraye à nouveau cette offensive en causant des pertes sensibles aux assaillants, grâce aux réglages précis permis par l’observatoire du Bec de l’Echaillon (arête terminale du Vercors), où le Capitaine de réserve Lombard, un Lyonnais, fut excellent.

La zone de Voreppe

Dans la nuit du 23 au 24 un événement majeur pour la défense sera réalisé avec l’arrivée d’un groupe du 104° RAL (Régiment d’Artillerie Lourde) (Cne Azais de Vergeron) à 2 batteries de 105 L, et 1 batterie de 155 GPF, excellents canons à longue portée (16000 m pour le 105 L, et 19000 m pour le 155 GPF) et servis par des personnels bien entraînés, rescapés de la bataille des Flandres, et passés par Dunkerque, Brest, puis Toulon, où ils ont récupéré leur armement. Ils prennent position sur la rive gauche de l’Isère entre Sassenage et Veurey en arrière et invisibles des allemands. A 16h30  le  24 les réglages sont terminés, les pièces ouvrent aussitôt le feu sur les objectifs désignés par l’observatoire du Bec de l’Echaillon, et en quelques heures elles détruiront une batterie de mortiers, neutraliseront 5 autres batteries, deux colonnes blindées surprises en mouvement sur la route de Charnecles à Moirans, un parc à char et des rassemblements ennemis dans la vallée, disperseront les tentatives allemandes d’installer un terrain d’aviation de circonstance à 2 kilomètres au S.E. de Moirans, et briseront toutes les attaques d’infanterie ennemie. Cette action vaudra au 104° RAL sa deuxième citation à l’ordre de l’Armée.

Ce même jour à 21h c’est la fin des hostilités : les allemands n’ont pu forcer le « bouchon » de Voreppe.

le général Frère décore le fanion du 2/404° RAL

Article de 2010 – Dernière modification 05/2023 — Source : JC Blanchet, Gaston Régnier – Juin 1940, Voreppe rempart de Grenoble – 2002

Jean de Groslée

JEAN de GROSLÉE (GRÔLEE) Sénéchal de Lyon :

Les Groslée sont une famille noble originaire du Bugey ; le château de Groslée du XIe siècle dominait le Rhône au sud-ouest de Belley. Au XIIe siècle ils ont des biens à Lyon ; Jacques Ier est sénéchal de Lyon en 1180 pour l’archevêque-comte : il cède en 1216 un terrain aux Cordeliers (église St Bonaventure). La rue voisine porte encore leur nom. Les Groslée dont nous allons parler appartiennent à une branche cadette passée au service du Dauphin.

JEAN de GROSLÉE, un chevalier du XIV° siècle, sénéchal de Lyon 1358-1363

famille de Groslée

Fils aîné de Gui Ier de Groslée, sire du Passin et Neyrieu, Jean de Groslée sire de Neyrieu est un chevalier au service du dauphin Humbert II, qui le nomme en 1342 bailli de Faucigny et châtelain de Bonneville. Le Faucigny, région de Haute-Savoie faisait alors partie des possessions du Dauphiné. Il accompagne ensuite Humbert II dans sa ruineuse et inefficace croisade en orient (1345-47).
En 1349 lors de la cession du Dauphiné au dauphin Charles, futur Charles V, il passe à son service.

Jean de Groslée figure dans l’armée dauphinoise qui est battue par Amédée VI de Savoie aux Abrets (1354), bataille qui met fin à la guerre de septante ans entre les principautés. Jean y est capturé. Libéré, il se distingue ensuite contre la chevauchée de Robert Knolles en Beaujolais et se porte au secours du dauphin en lutte contre le roi de Navarre.

La dauphin Charles le récompense en lui cédant la seigneurie de Morestel et en le nommant en 1358 bailli de Mâcon et sénéchal de Lyon, les deux fonctions étant liées. Il fait partie des négociateurs du traité de Brétigny (1360). La paix jette sur les routes les mercenaires sans emploi. L’année suivante, il défend Anse contre les routiers, mais ne peut s’opposer à la prise de Brignais. Jean de Groslée est à nouveau capturé lors de la défaite de l’armée royale à Brignais (1362) : il est mis à rançon par les routiers. Il perd ses fonctions de sénéchal en 1363.

Jean de Groslée participe ensuite à l’expédition à Constantinople d’Amédée VI de Savoie (1366-67) sur l’appel au secours de l’empereur Jean V prisonnier des Bulgares et soumis à la pression grandissante des Turcs. L’expédition prend la position de Gallipoli, libère Jean V des Bulgares et desserre l’étau autour de Constantinople. C’est la seule expédition en orient victorieuse.

Amédée VI de Savoie (dessin d’Yvan Gourdin)

Il soutient ensuite le comte de Savoie et son fils le futur Amédée VII contre le sire de Beaujeu.
Jean de Groslée meurt vers 1383-84. Ce chevalier du XIV° siècle a vécu en homme de guerre, a été fait prisonnier deux fois et a participé à deux expéditions en orient…
Son fils Guillaume épouse l’héritière de la seigneurie de Bressieux en Dauphiné. Sa descendance s’éteint avec les marquis de Bressieux en 1643.

Gui II de Groslée, frère de Jean, fait bâtir à Lyon le bel hôtel de Passins rue Longue et à sa mort à la fin du XIV° siècle possède une vingtaine d’immeubles dans la ville. Il est le père d’André de Groslée, lui-même père d’Humbert.

HUMBERT de GROSLÉE, sénéchal de Lyon 1418-1434

Petit-neveu de Jean de Groslée, il fait l’objet d’un article particulier.

Article de 2010 dernière modification 02/2023
Source : B. Demotz & coll. – Les Gouverneurs de Lyon – ELAH 2011

Les Maritz fondeurs de canons

LES MARITZ et l’ARTILLERIE AU XVIII° SIECLE

Au XVIII° siècle les Maritz sont une dynastie de fondeurs de canons d’origine suisse. Ils ont travaillé à Lyon et possédé le château de la Barollière à Limonest

Jean Maritz I

En 1714 à Burgdorf (canton de Berne) Jean Maritz I (1680-1743) invente une machine à forer les canons. La pièce d’artillerie coulée pleine tourne à la rencontre d’un burin de forage immobile. Cela améliore la fabrication des canons de bronze par une fiabilité meilleure et une longévité accrue. Ce procédé se fait d’abord verticalement pour utiliser le poids du fût.

Maritz s’installe ensuite à Genève puis en 1733 reprend une fonderie de canons établie à Vaise, faubourg de Lyon.

Une importante réorganisation de l’artillerie entrait en vigueur à cette époque suite au règlement d’artillerie de l’ordonnance Vallière en 1732 : la standardisation amène à ne conserver que les calibres 4, 8, 12, 16 et 24 livres (correspondant à 84, 106, 121, 134 et 151 mm de diamètre d’âme). Maritz améliore sa technique en pratiquant l’alésage des canons à l’horizontale : la précision et la régularité du forage de la pièce sont meilleurs accroissant l’efficacité du tir. Il est nommé commissaire des fontes d’artillerie de Lyon.

Maritz installe une seconde fonderie à Strasbourg en 1739 et meurt à Genève en décembre 1743.

Il laisse deux fils : Samuel (1705-1780) qui dirige la forge de Genève et Jean Maritz II (1711 Berne-1790) nommé en même temps que son père Commissaire des fontes d’artillerie à Lyon. Il prend la direction de la fonderie de Strasbourg en 1739. Après avoir succédé à son père il se convertit au catholicisme et établit de nouvelles fonderies à Paris, Douai, Perpignan. Ses canons sont des véritables oeuvres d’art.

Canon signé Maritz fondu à Strasbourg en 1746
(cour des Invalides)
Jean Maritz II (Ch. de la Barollière)

Jean Maritz II est promu inspecteur général de l’Artillerie en 1747 et 8 ans plus tard il cumule les mêmes fonctions pour la Marine (forge de Rochefort en particulier).

En 1750 il achète pour 65000 livres au capitaine Charles-Alphonse Piloty et sa sœur le château de la Barollière à Limonest qu’il fait réaménager. Il devient baron de la Barollière en 1765.

En 1765 -1768 il est en Espagne, où il remplit la même charge d’inspecteur de l’artillerie, suite au pacte de famille avec l’Espagne conclu par le ministre Choiseul.

Château de la Barollière – Limonest
Initiales de Jean Maritz -terrasse du château de la Barollière

A partir de 1764 l’efficacité de l’artillerie sera encore améliorée par la mise en oeuvre du système Gribeauval, du nom de l’inspecteur général de l’artillerie : spécialisation des bouches à feu selon leur emploi, standardisation et allègement des affûts et des avant-trains, généralisation de la gargousse… préparant ainsi la meilleure artillerie d’Europe pour les armées de la Révolution et de l’Empire.

Blason de Jean Maritz II – Ch. de la Barollière

Jean Maritz II décède en son château en 1790 ; son fils Charles-Henri meurt peu après lui.

L’histoire familiale se poursuit avec son cousin germain fils de Samuel, Jean Maritz III (1734-1807) qui avait installé une fonderie à la Haye en 1770, puis par le fils de ce dernier, Jean-Georges-Amédée (1784-1839) né à la Haye, que Napoléon Ier fait venir à Strasbourg en 1812 et où reste directeur de la fonderie jusqu’à sa mort.

mis en ligne 01/2023collaboration de Limonest Patrimoine

Le 54° RA

UN RÉGIMENT LYONNAIS, Le 54ème RÉGIMENT D’ARTILLERIE :

LA CRÉATION et LA GRANDE GUERRE

Le 1er mars 1910 est créé à Lyon le 54° Régiment d’Artillerie de Campagne (RAC) : il fait partie des 22 régiments supplémentaires créés pour renforcer en artillerie les divisions d’infanterie (DI), ici la 28° DI. Le colonel Dupont reçoit le drapeau du régiment le 14 juillet 1910 des mains du président Fallières. Le régiment s’installe au quartier de la Vitriolerie (aujourd’hui quartier Général Frère).

Les officiers vers 1912 devant la porte de la caserne fortifiée

Il est doté du nouveau canon de 75 hippomobile et les hommes qui vont y servir sont le plus souvent originaires de la région. En 1914 les batteries 4 à 9 sont à Lyon, en partie à la caserne de la Doua, les batteries 1 à 3 au camp de Sathonay. L’artillerie à cheval de la 6ème division de cavalerie lui est rattachée (batteries 10-11). Pendant la Grande Guerre un détachement du régiment stationne à Saint-Fons.

Artillerie de la 6ème Division de cavalerie devant le fort de Villeurbanne

Le 54 est encore un jeune régiment, quand en août 1914 il rejoint les Vosges avec ses 4 groupes de 3 batteries de 4 pièces (soit 48 tubes). Pendant toute la durée de la Grande Guerre le 54 sera sur tous les fronts : Vosges, course à la mer 1914, Champagne 1915, Verdun 1916, la Malmaison 1917 avec une citation et la croix de guerre, les Flandres au mont Kemmel 1918 avec une deuxième citation. En janvier 1919 le maréchal Pétain remet la fourragère aux couleurs de la croix de guerre au drapeau, qui depuis porte les noms de VERDUN, la MALMAISON, FLANDRES. Le 54 rejoint la Vitriolerie en juillet 1919.

Le colonel et le drapeau vers 1925

L’ENTRE-DEUX-GUERRES

En 1924 le 54 devient régiment d’artillerie divisionnaire (RAD) avec 3 groupes de 75 et 2 de 155. En mai 1925, un groupe de deux batteries dotées du canon de 155 court part pour 6 mois au Maroc pour participer à la guerre du Rif. Les années qui suivent sont sans évènements remarquables. Les manoeuvres se font dans les camps de la Valbonne, du Valdahon ou même du Larzac.

A la fin des années 1920, des engagés volontaires marocains viennent remplacer les conscrits métropolitains. Le 54 devient alors le 54° Régiment d’Artillerie Nord Africaine (RANA) et fait partie de la 1° division d’infanterie nord-africaine (1° DINA), dont le quartier général est à Lyon. Il compte 2000 hommes et 2000 chevaux. Une partie est logée à la Part-Dieu.

DE LA CAMPAGNE 1939-1940 A LA GUERRE D’ALGERIE

En septembre 1939 la guerre est déclarée. Le 54 fait toujours partie de la 1° DINA ; il prend position sur la ligne Maginot dans le nord de la Moselle (Apach). Le 13 mai 1940 la division fait mouvement vers l’ouest pour contenir l’offensive allemande. Le 54 combat dans l’Aisne en utilisant les canons de 75 comme antichars. Le 1er un groupe de 213 hommes réussit à embarquer pour l’Angleterre à Dunkerque ; ils seront rapatriés en Bretagne. Le 5 juin à Bernay (28) les éléments du 54° RA se regroupent, ils forment 2 groupes qui participent à la défense des ponts de l’Orne : ils sont faits prisonniers. Le 54° RA est dissous le 31 juillet 1940.

En août 1940 est créé le 63° RAA (Régiment d’Artillerie d’Afrique) qui combat valeureusement en Tunisie (1942), en Italie (1943), en France (1944) et en Allemagne (1945). Ce régiment est dissous en avril 1946. L’un de ses groupes stationné à Lure est rebaptisé 54° RA. Il accueille pendant 3 ans une batterie anti-aérienne équipée de canons de 40 mm Bofors.


Mais le 54 est encore pour quelques années un régiment sol-sol bientôt doté de canons automoteurs AMX de 105 mm. En 1954 en garnison à Lure il est composé de 3 groupes dont l’un est stationné à Epinal. Il constitue un groupement de marche qui part combattre en Algérie sous les couleurs du 28° RA. Le 54° RA est à nouveau dissous en 1962.

LE REGIMENT D’ARTILLERIE ANTI-AERIENNE

En 1969 est créé le 454° GAAL (Groupe d’Artillerie Antiaérienne Légère) qui en 1970 reprend l’appellation de 54° RA, régiment d’artillerie sol-air. Il est alors en garnison à Verdun et équipé de canons de 40 mm Bofors tractés et de bitubes de 30 mm. En 1979 le 54 est le premier régiment à recevoir des systèmes d’armes Roland. En 1984 il est dissous ; mais aussitôt récréé à Hyères (83) au quartier Vassoigne par changement d’appellation du 405° RAA. Ce dernier régiment sous l’appellation de 405° RA-DCA avait stationné au camp de Sathonay entre 1920 et 1939.

Système Carol
insigne du 54°RA

Depuis 37 ans le 54 est à Hyères. A compter de 1992 le régiment reçoit les premiers lanceurs Mistral puis les cabines de détection NC1 « Samantha ». En 2007 il comptait 2 batteries de tir Roland « CAROL » et 3 batteries de tir MISTRAL. En avril 2010 le 54° RA a fêté son centenaire. En 2011 le 54 est un régiment de défense anti-aérienne à 4 batteries de tir MISTRAL de 3 sections équipées de missiles sol-air. Il doit en plus armer 2 postes de commandement de groupement tactiques sol-air avec le nouveau système MARTHA.
Depuis 2016 il fait partie des régiments spécialisés de la 3ème Division des Forces Interarmées « Scorpion », dont l’état-major est à Marseille.

Article de 2011 dernière modification 07/2020
sources : Gazette du Musée n° 78-12/2007 – la Gazette des Palmiers n°139 spécial centenaire – avril 2010

le Colonel Chambonnet

Colonel Albert CHAMBONNET ( 1903-1944)

Natif de Bessèges dans le Gard, il s’engage en 1922 pour 4 ans dans l’aviation à Nîmes. En 1923, il est breveté mécanicien d’aéronautique et est muté au Bourget. En 1924 il est envoyé au Levant, où il participe de juillet à octobre 1925 aux opérations dans le Djebel Druze. Son engagement terminé, il retourne à la vie civile en 1926 et travaille dans un garage.

Le colonel Chambonnet

Chambonnet se réengage dans l’Armée de l’Air en 1930 comme ouvrier d’aéronautique. Il réussit le concours d’élève officier d’active à l’Ecole de Versailles ; il est nommé sous-lieutenant mécanicien en 1933. Affecté successivement à Mourmelon et à Tours, il est promu lieutenant en 1935. En 1937 il est affecté à la direction du matériel aérien militaire. Promu capitaine en mars 1940, il est affecté au GQG aérien et se replie avec l’Etat-major ; il est ensuite affecté à la base-dépot de stockage de Lyon-Bron en février 1941. Il sera promu ensuite à titre temporaire commandant et lieutenant-colonel en 1943 et colonel en 1944.

Mais par l’intermédiaire du capitaine d’aviation Claudius Billon, il entre très vite dans le mouvement de Résistance Combat, il est chargé d’organiser la Résistance à la base de Bron. Au mois de juillet 1942, il devient chef d’Etat-major de Billon devenu le premier chef de l’Armée Secrète (AS) pour la région R1 (Lyon). En congé d’armistice fin 1942, sous le pseudonyme de « Védrines« , il se consacre alors entièrement à la Résistance, pour laquelle il recrute, organise, coordonne…

Chambonnet

En février 1943, Billon est arrêté et replacé par Robert Ducasse dit « Vergaville » ; Chambonnet conserve ses fonctions, mais est obligé de se cacher pour échapper à la Gestapo.
En octobre 43 Ducasse est arrêté et Chambonnet le remplace sous le pseudonyme de « Didier« , il devient le chef régional de l’AS devenue ASU (unifiée), qu’il développe et organise. Il fait du Cdt Descour son chef d’état-major. Par exemple en décembre 1943, il approuve le choix de Tom Morel comme commandant du maquis de Haute-Savoie (les Glières). « Didier » s’efforce d’apaiser les tensions entre les diverses composantes de la Résistance, dans un contexte de pénurie en armement.

Le 10 juin 1944, place des Terreaux, il est arrêté et remis à la Gestapo : il est torturé et condamné à mort. Le 27 juillet a lieu place Bellecour un attentat contre un café le « Moulin à vent » fréquenté par les Allemands et la Gestapo ; le jour même en représailles, à la prison Montluc, Chambonnet est choisi au hasard pour être exécuté sur le lieu de l’attentat avec 4 autres résistants. Avant d’être fusillé, il a le temps de crier « Vive de Gaulle, vive la France ! ». Chambonnet est inhumé au cimetière des maquisards du Val d’Enfer à Cerdon.

A l’emplacement du café, à l’angle de la place Bellecour et de la rue Gasparin, a été élevée après la Guerre une statue de 4 m, appelé le « Veilleur de Pierre » à la mémoire de la Résistance : les noms de Chambonnet et de ses camarades y figurent.

Le Veilleur de Pierre

Albert Chambonnet a été nommé Compagnon de la Libération en 1945. A Lyon la rue reliant la place Bellecour au pont Bonaparte (auparavant rue Bellecour) a été nommée rue Colonel Chambonnet. Une plaque commémorative y a été apposée.

La Base Aérienne d’Ambérieu (BA 278), spécialisée dans la maintenance aéronautique, a été baptisée en 1982 « Colonel Chambonnet« .

Article de 2010remis en ligne 08/2022

La Base Aérienne d’Ambérieu

La BASE AÉRIENNE 278 (BA 278) d’AMBÉRIEU :

Dans la première décennie du XX° siècle, l’homme réalise le vieux rêve de voler et la jeune aviation progresse rapidement. C’est l’époque des pionniers, comme le capitaine Ferber. Un de ces pionniers, Louis Mouthier, sportif bressan, acquiert en 1909 un appareil Blériot XI. Il utilise la plaine de l’Ain au nord d’Ambérieu-en-Bugey : un aérodrome y est inauguré en mai 1910.

Les débuts de l’aviation

Mouthier y crée en 1911 l’Ecole Bressane d’Aviation. C’est là que Saint-Exupéry reçoit à 12 ans le baptême de l’air (1912). A l’Ecole bressane va succéder une Ecole d’Aviation Militaire, qui prend une grande importance avec la Grande Guerre. Les pilotes militaires sont formés sur avions Voisin, Caudron G3, Caproni. Des ateliers de réparation sont installés et se développent. Fin 1918 l’Ecole d’Aviation Militaire compte 480 élèves-pilote.

La sortie de l’Ecole d’ Aviation

Fin 1928 le Ministère de l’Air est créé, mais il faut attendre 1933 pour voir apparaitre le terme « Armée de l’Air« . A Ambérieu de 1929 à 1939 fonctionne l’Ecole d’Aviation Caudron pour former des pilotes civils et réservistes sur avions Caudron. En même temps des entreprises civiles s’implantent et travaillent sur le site (Forclum : ciment armé, Truchetet : réparation de matériels ferroviaires).
En 1939 la Société Aéronautique du sud-est (SNACASE) utilise les hangars de la société Forclum pour la construction intensive d’avions de bombardement LeO 45. L’objectif d’Ambérieu est de sortir un avion par jour. 452 exemplaires seront construits jusqu’à l’armistice de juin 1940.

Avion LeO 45

A la libération d’Ambérieu en août 1944, le site devient base opérationnelle pour la campagne d’Alsace avec le passage de nombreux groupe de chasse, dont la 4ème Escadre de chasse des forces aériennes françaises libres équipées de P47 Thunderbolt.

Après la guerre, le site d’Ambérieu devient le Base Aérienne 278. La mission première devient la réparation et le stockage d’appareils ou d’équipements. Les installations sont rénovées, le terrain devient une piste en dur en 1964.

vue aérienne

Après la période de réparation et entretien d’aéronefs complets (avions d’entraînement T6, hélicoptères), l’activité sur avions est arrêtée en 1966. Depuis la base assure la réparation de divers matériels électroniques ou mécaniques, après reprise des missions des ateliers spécialisés de télécommunications air d’Orléans et Aix-en-Provence.

Insigne de la BA278

En 1982 la BA 278 prend le nom de Colonel Chambonnet du nom de cet officier de l’air devenu chef régional de l’Armée Secrète et fusillé par les allemands en juillet 1944. En 1984 une Section Air de Vol à Voile (SAVV) est créée, maintenant ainsi la vocation d’école de la base.

En 1994 le site accueille les activités sur matériels de sécurité, sauvetage et survie transférés de l’EAA 608 de Toulouse-Balma. Le rôle principal de la base aujourd’hui est celui d’Atelier Industriel de l’Aéronautique (AIA). Elle est une des 5 implantations d’un AIA en France. Cela concerne les équipements et systèmes au sol, les appareils et moyens de mesure, les matériels de bord, l’armement et les matériels de sécurité sauvetage et survie (entre autres les sièges éjectables).

La garde du Drapeau

Le concept de Base de Défense, né de la dernière réforme militaire, est appliqué dès 2009 : la BA 278 avec les unités du camp de la Valbonne va former la Base de Défense de la Valbonne-Ambérieu, avec mise en commun du soutien assuré par le Groupement de Soutien de la Base de Défense (GSBdD). Le soutien santé est assuré par le Centre Médical des Armées (CMA) commun avec une antenne à Ambérieu. En 2014 la BA d’Ambérieu est réduite au statut d’un « Détachement Air » DA278. La BdD de la Valbonne a depuis été fusionnée en 2019 avec celle de Lyon pour former la Base de Défense Lyon-Valence-la Valbonne.

En janvier 2022 l’implantation d’Ambérieu redevient Base Aérienne BA278…

Article de 2012 / dernière modification 05/2022

Sources : plaquette – l’Armée de l’Air a 70 ans 1934-2004 / CE Ph.Pasteau – le camp de la Valbonne et ses régiments – Sirpa 2012

Un Président à Sathonay

LE PRÉSIDENT FÉLIX FAURE AU CAMP DE SATHONAY 

En mars 1895, l’envoi d’un corps expéditionnaire à la conquête de Madagascar est décidé. Pour cette expédition, un régiment d’infanterie de marche le 200°RI est constitué par détachement de soldats de différentes unités, qui se rassemblent au camp de Sathonay. Le 121° RI, régiment du XIII° CA, dont l’autre partie est à Montluçon, doit se serrer pour laisser de la place aux nouveaux-venus. Ce 200°RI compte 3 bataillons à 4 compagnies pour 2800 hommes commandés par le Colonel Gillon. Son drapeau doit lui être solennellement remis par le président de la République lui-même.

Le général Duchesne, commandant de l’expédition et le général Voisin gouverneur militaire de Lyon sont la veille à Sathonay pour inspecter les préparatifs de la prise d’armes.
Le jeudi 28 mars le président de la république M. Félix Faure, parti la veille au soir de Paris arrive en train à 8h30 à la gare de Sathonay, accompagné du général Zurlinden ministre de la guerre et de l’amiral Besnard ministre de la marine. Accueilli par le maire de Sathonay M.Guillot, le président monte dans le landau présidentiel à 4 chevaux (venu de Paris) et escorté par des cavaliers du 7° Cuirassiers parcourt l’avenue de la Gare pavoisée jusqu’au camp de Sathonay.

Remise des drapeaux

Le 200° RI entier est réuni pour la prise d’armes accompagnée par la musique du 121°RI. Le président remet leurs drapeaux au 200° de marche, ainsi qu’aux délégations du régiment d’Algérie, du 40° BCP (composé de volontaires des chasseurs) et du 13° régiment d’infanterie de marine. Le président prononce alors le discours de circonstance aux accents patriotiques :  » … Notre drapeau porte dans ses plis tout le génie de la France… Vous saurez vous montrer dignes de la mission civilisatrice que vous confie la République…Vous inscrirez sur vos étendards … un premier nom glorieux : Madagascar… »

Les 4 drapeaux

Félix Faure face aux drapeaux

Il y a ensuite une remise de décorations, avec parmi les récipiendaires un aumônier (en soutane), puis une revue des troupes par le président dans son landau, avant le défilé final ouvert par le général Duchesne.

Remise de décorations

Félix Faure va alors prendre un bain de foule avant de rejoindre à 10h 30 le banquet organisé sous un tente de 28 m de long. Le président visite ensuite très rapidement le camp, la bibliothèque, avant de rejoindre la gare à 13h40.
Le journaliste du « Progrès » qui couvre l’événement insiste sur la ferveur patriotique et républicaine, que manifeste la population envers le Président Félix Faure. Une rue de Sathonay-Camp porte toujours son nom.

Le journal du lendemain

L’expédition de Madagascar fut une promenade sur le plan militaire (25 tués), mais un désastre sur le plan sanitaire : 5700 morts par les « fièvres » (essentiellement le paludisme), dont le colonel Gillon du 200° RI. La prévention avait bien été organisée; la quinine a parfois manqué par défaillance de la logistique, car le Service de Santé n’avait pas de moyens propres et dépendait de l’approvisionnement général. Mais la cause principale de cette catastrophe sanitaire est une erreur de doctrine médicale : les doses préventives administrées étaient insuffisantes…

Article de 2015dernière modification 04/2022

Sources : l’Illustration / bibliothèque militaire Lyon – archives du Progrès /Bibliothèque municipale

La Garnison de Montélimar

La GARNISON MILITAIRE de MONTÉLIMAR

Blason de Montélimar

Une BRÈVE HISTOIRE de MONTÉLIMAR
Du 10° au 13° siècle Monteil est un fief de la maison seigneuriale des Adhémar, dont le nom va s’associer à celui de leur possession (Monteil – Adhémar devient Montélimar). Ils font construire le château principal et la tour de Narbonne. Au 14° siècle le château principal devient propriété du pape. Montélimar ne sera incorporée totalement au Dauphiné qu’en 1451 par le dauphin Louis, futur Louis XI.
En 1585 Lesdiguières chef des protestants du Dauphiné s’empare de Montélimar ; il y fait améliorer les fortifications de 1588 à 1596. La ville restera une citadelle protestante jusqu’en 1622.

Une CASERNE POUR LA VILLE
Le logement des régiments de passage ou prenant leurs quartiers d’hiver dans la ville est une lourde charge pour les habitants. C’est pour cela qu’est entreprise la construction d’une caserne en 1732 à l’extérieur des remparts, près de la porte Saint-Martin au nord de la ville. La caserne Saint-Martin est inaugurée en 1743 par le régiment de Gâtinais.
Les remparts seront démolis vers 1840 sous Louis-Philippe laissant la place aux boulevards.

Une GARNISON d’INFANTERIE 1873- 1923
Avec la réorganisation militaire de 1873 Montélimar fait partie du XIV° corps d’Armée de Lyon. La ville doit héberger en garnison à la caserne St-Martin un régiment d’infanterie complet. Elle doit pour cela être agrandie, ce qui est fait en 1880. Nous retrouvons à Montélimar des régiments rencontrés à Lyon, à Vienne… Le remplacement d’une unité par une autre a lieu en général en fin d’année, avec une stabilisation dans les années 1890-1914.
Des régiments « lyonnais » bien connus, le 22° RI en 1874, le 99° RI en 1874-75, le 75° RI en 1875-78, le 96° RI en 1878 -1882, le 22°RI en 1883 -1885, puis à nouveau le 75° 1886-87, le 99° 1888-89. Dans la décennie 1890 à nouveau le 22° 1890-99, puis enfin venant de Lyon de 1900 à 1914 le 52° RI . Celui-ci a un recrutement principalement local avec des hommes de la Drôme, de l’Ardèche et de l’Isère et est bien implanté dans sa garnison.

L’entrée de la caserne

Le régiment est embarqué en train les 5 et 6 août 1914, entouré et ovationné par la population, en direction des Vosges, pour rejoindre les autres unités du XIV° CA dans la 27° Division d’infanterie. La brillante conduite du régiment au front lui vaut d’être cité à l’ordre de l’Armée. À Montélimar sont également mobilisés : le 252° RI régiment de réserve affecté à la 157° DI, ainsi que le 111° régiment territorial d’infanterie incorporant les mobilisés les plus âgés. Le général Pau, né à Montélimar, commandant de l’Armée d’Alsace en 1914 est une figure de la Grande Guerre.
De 1914 à 1918 la caserne sert de dépôt au 52°, 252° et 111°, au 30° BCA (bataillon de Chasseurs Alpins) et au 1er Régiment Etranger.
Après l’armistice le 52° RI stationne en Lorraine, principalement à Thionville, d’où en septembre 1919 il rejoint « sa garnison » Montélimar. Le 52° RI est malheureusement dissous fin 1923.

Le 52° RI en bleu-horizon 1922

MONTÉLIMAR « GARNISON COLONIALE »
La ville va devenir ensuite une garnison « coloniale », où vont se succéder dans la caserne un bataillon du 31° Régiment de Tirailleurs Algériens (RTA) (1923-25), puis en 1927-28 le 52° bataillon de mitrailleurs indigènes coloniaux, composé essentiellement d’indochinois.
En 1928 après avoir été en campagne dans le Rif puis en Syrie, c’est le 66° RTM (Tirailleurs Marocains), dont l’état-major et un bataillon vient à Montélimar. Les autres bataillons sont à Privas et Romans. Le Régiment est rebaptisé 6°RTM en 1929. Le 6°RTM reste à Montélimar jusqu’en 1936, date à laquelle il rejoint Montmédy puis Verdun.


Fin 1938 venant du camp de Sathonay l’état-major et un bataillon du 28° RTT (Tirailleurs Tunisiens) vient occuper la caserne restée vide. Les autres bataillons sont à Privas et Valence. Fin août 1939 le régiment part pour la guerre et sera décimé en mai 1940.

Une compagnie du 28°RTT 1939

MONTÉLIMAR dans la GUERRE
En novembre 1939, venant d’Algérie le 602° Groupe d’Infanterie de l’Air (unité parachutiste) vient s’entraîner sur le terrain d’aviation d’Ancône. Les parachutistes sont logés en ville jusqu’en mai 1940.

1942 Ecole Militaire

À la rentrée de 1940 la caserne accueille l’Ecole Militaire Préparatoire d’Épinal, repliée en zone libre. Ce collège-lycée militaire restera à Montélimar jusqu’en décembre 1946, date à laquelle il sera transféré à Aix-en-Provence, où il est encore (Lycée Militaire d’Aix).
Entre temps a eu lieu la bataille de Montélimar : du 23 au 29 août 1944, les allemands en repli dans la vallée du Rhône sont durement attaqués sur leur droite par les américains venant de Sisteron.

L’APRÈS-GUERRE
Montélimar héberge ensuite de 1953 à 1964 le Centre de Mobilisation n°82 (CM 82) structure chargée de l’incorporation des recrues.
Simultanément une nouvelle orientation va s’affirmer : en 1956 c’est le Centre d’Instruction des Transmissions n°88 (CIT 88) qui est créé à Montélimar. Il cohabite à la caserne St-Martin avec le CM 82 jusqu’en 1964 et forme des opérateurs radio envoyés ensuite en Algérie.

La caserne Saint-Martin

En 1966 le CIT 88 est transformé en 45° Régiment d’instruction des Transmissions (45°RIT). En 1976 le 45 devient le régiment de transmission de la 5ème Région Militaire et prend le nom de 45° Régiment de Transmissions (45° RT). Il assure l’instruction militaire et technique des appelés et engagés à Montélimar et entretient et met en œuvre les moyens fixes des transmissions de la région. Dans les années 1990 son domaine s’étend aux circonscriptions militaires de défense (CMD) de Lyon et de Marseille. Mais la suspension du Service National va lui être fatale : en 2000 le 45°RT est dissous et ses attributions sont transférés au 28°RT d’Issoire.
L’histoire militaire de Montélimar s’achève… L’emprise de la caserne a été transformé en « Quartier St-Martin ».

Article de 2016 – dernière modification 04/2022
Sources : Etat-civil de Montélimar / Roger Gardette – Historique de la garnison de Montélimar – plaquette Assoc. Dép. Inform. historique Paix de la Drôme 2002

La 1° Légion du Rhône 1870

La 1ère LÉGION du RHÔNE dans la GUERRE de 1870-1871

Septembre 1870 : la guerre contre l’Allemagne est bien mal engagée et la défaite de Sedan entraîne la chute de l’Empire et son remplacement par le gouvernement de la Défense Nationale. Celui-ci tente de continuer la lutte en créant dans l’urgence des régiments nouveaux.

Le colonel Celler

La CONSTITUTION du RÉGIMENT
Ainsi un décret du 1er octobre crée dans le département du Rhône un régiment de marche de 3000 hommes à 3 bataillons d’infanterie, appelé 1ère Légion du Rhône. Il est composé de recrues célibataires et de volontaires engagés. Le commandement est confié au colonel (à titre provisoire) Celler. Les soldats sont regroupés dans les bâtiments des frères Maristes à St-Genis-Laval, où ils sont habillés, équipés (fusils Chassepot) et exercés en urgence.

L’ENTRÉE en CAMPAGNE
Le 10 novembre au matin la Légion quitte St-Genis-Laval pour être à midi place Bellecour. Son drapeau lui est remis au cours d’une prise d’armes ; le préfet Challemel-Lacour fait une allocution patriotique et la colonne quitte la ville pour s’arrêter le soir à Limonest. Dès le lendemain à Villefranche le 2ème bataillon se mutine : 3 meneurs arrêtés sont fusillés le matin suivant. La légion gagne ensuite en train Chagny pour stationner de Verdun-sur-le-Doubs à Besançon. Un premier accrochage avec les allemands a lieu le 20 vers St-Jean-de-Losne. Le régiment marche en direction de Dijon, puis rétrograde sur Beaune le 1er décembre, jour où elle est incorporée dans la brigade du jeune général (à titre provisoire) Crémer.

Le Général Crémer

CAMPAGNE EN CÔTE-D’OR : COMBATS de CHÂTEAUNEUF et NUITS
Le 2 décembre la Légion marche de Beaune à Bligny sur-Ouche, qu’une brigade badoise de 6000 hommes vient de quitter. Les avis du Cdt Valentin amènent Crémer à placer ses troupes par une marche rapide à Châteauneuf, position dominant la vallée où passent le canal de Bourgogne (et aujourd’hui l’autoroute). Le 3 décembre au matin l’artillerie ouvre le feu sur les allemands en bivouac dans la vallée. La 1ère Légion est en première ligne pour contenir les contre-attaques de l’infanterie. Cette journée est un succès : les allemands se retirent, ayant perdu 400 hommes et 100 prisonniers. Les pertes françaises sont minimes. La brigade Crémer retourne séjourner à Beaune.

Le 10 décembre la Légion prend la route de Dijon et vient occuper Nuits-St-Georges. Le 18 une reconnaissance est menée au nord vers Gevrey, tandis qu’une division de 15000 allemands partis de Dijon se dirigent sur Nuits par un chemin plus à l’est. La Légion qui risque d’être débordée se replie rapidement et vient se poster au nord-est de Nuits le long de la tranchée du chemin de fer sur un front de 3 kilomètres. Là elle subit le choc frontal des allemands : la fusillade est très violente, le colonel Celler est mortellement blessé. En même temps un duel d’artillerie oppose les batteries allemandes dans la plaine et l’artillerie française établie sur la colline de la Chaux de l’autre côté de Nuits. Ses munitions épuisées la troupe doit décrocher, se replie sur Nuits bombardée puis sur le plateau. La Légion a subi de lourdes pertes : 169 tués, 562 blessés, 120 prisonniers. Les allemands éprouvés vont également se replier le lendemain.

La bataille de Nuits

La Légion est dirigée sur Chagny, puis Chalon sur Saône et à nouveau Beaune jusqu’au 28. Le commandant Valentin est nommé colonel à la place de Celler. Elle est ensuite envoyée en train vers Besançon après 36 heures d’attente dans les wagons par un froid glacial.

Le colonel Valentin

L’ARMÉE DE L’EST
Au 1er janvier 1871 la 1ère Légion du Rhône est incorporée dans le 24° corps d’armée (CA)(général Bressoles) formé à Lyon, formant avec les 15°, 18° et 20° CA l’Armée de l’Est du général Bourbaki. L’armée quitte Besançon le 3 janvier en direction du nord-est et s’établit devant Villersexel (70). Le 9 les allemands s’emparent de la localité, mais ils en sont chassés par la contre-attaque victorieuse de l’armée. Le 3 ° bataillon de la Légion se distingue dans un combat annexe.
L’armée reprend sa marche vers Belfort le 13 janvier par un froid glacial. Dans le combat d’Arcey, la 1ère Légion s’illustre en prenant le village de Chavanne.
Les allemands couvrant Belfort se sont fortifiés le long du cours de la Lizaine entre Héricourt (70) et Montbéliard (25). L’armée attaque le 15 ; le 24° corps est au centre entre Héricourt et Montbéliard. L’artillerie allemande surclasse l’artillerie française. Malgré leurs efforts dans un froid glacial et sans ravitaillement l’armée ne peut franchir la Lizaine. Montbéliard investie par le 15° corps doit être évacuée et au bout de 3 jours d’efforts infructueux, Bourbaki se résigne à la retraite. Dans cette bataille d’Héricourt la Légion compte une centaine de tués, blessés ou disparus et beaucoup de malades.

La bataille d’Héricourt

La RETRAITE
La retraite de la 1ère Légion passe par Arcey, l’Isle sur le Doubs, puis le massif du Lomont par le col de la Ferrière le 24. L’armée est talonnée par les allemands. Le 26 la troupe marche 22 heures dans la neige pour parcourir 60 km vers le sud, puis c’est Morteau en enfin Pontarlier le 29. Le 30 ils sont à Mouthe, où est connu la nouvelle de la signature d’un armistice. La Légion rétrograde sur Vaux au nord du lac de St-Point, où elle se heurte aux Prussiens, refoulant devant eux les débris du 15°corps. La retraite reprend sur les Hôpitaux et la frontière suisse. La Légion a gardé sa cohésion et voit défiler pendant 2 jours une colonne interminable de troupes en désordre. Le 2 février au soir le colonel Valentin se résigne à faire passer la frontière à sa troupe, qui est désarmée.

Carte des opérations : les mouvements français sont en vert

L’INTERNEMENT en SUISSE
87000 hommes de l’Armée de l’Est sont passés en Suisse et internés. Les 625 légionnaires du Rhône (sur 3000) parvenus en Suisse sont internés à Payerne, où ils peuvent enfin se reposer. Mais 43 hommes meurent encore de maladie, avant que le régiment ne puisse quitter Payerne le 10 mars. Les légionnaires sont emmenés en train et bateau jusqu’à Genève ; de là ils gagnent à pied Chambéry où ils sont démobilisés.

Le SOUVENIR
En 1887 un monument « Aux Enfants du Rhône » est inauguré devant l’entrée du Parc de la Tête-d’Or à la mémoire des Légionnaires et aussi à celle des Mobiles du Rhône partis eux début septembre 1870 au siège de Belfort pour tenter d’inverser le cours de la guerre.

Article de 2017 –

Sources : un officier – Historique de la 1ère Légion du Rhône – Ch.Méra Lyon 1871 / Claude Berthet – Étapes et combats d’un régiment de marche en 1870 -J.Poncet Lyon 1913 (Bibliothèque Militaire) / V.Duclert – 1870-1914 – Belin 2010

Le 93° RAM

LE 93° RÉGIMENT D’ARTILLERIE de MONTAGNE 

L’ARTILLERIE de MONTAGNE 
La loi du 24 décembre 1888 officialise l’existence des Troupes de Montagne et crée des Groupes Alpins comprenant un bataillon de Chasseurs Alpins (ou d’infanterie alpine), des éléments du Génie et une batterie d’artillerie. Pour le XIV° CA (Lyon) le 2° Régiment d’Artillerie (RA) de Grenoble fournit 8 batteries. Les artilleurs utilisent d’abord le canon de 80 modèle 77 de Bange, puis le 65 de montagne. Ces canons sont démontables et transportables par des mulets.

En juillet 1909 l’Artillerie de Montagne est officiellement créée avec 2 régiments : le 1°RAM à Grenoble et le 2° RAM à Nice. En 1910 le 1°RAM regroupe les 8 batteries alpines du 2° RA. Les artilleurs portent le drap bleu foncé de l’artillerie avec le béret alpin.
À la mobilisation de 1914 le régiment est augmenté de 8 batteries de réserve ; il est engagé dans les Vosges au coté des chasseurs alpins pendant la première année. Par la suite les batteries sont employés dans des divisions et des terrains de combat différents. En décembre 1917 le régiment possède 28 batteries : 12 sur le front ouest surtout en Italie et 16 à l’armée d’Orient.

LE 93° RAM 
En 1923 la réorganisation de l’artillerie attribue les numéros 91 à 99 à l’Artillerie de Montagne. Les traditions du 1°RAM sont reprises par le 93° RAM créé à Grenoble le 1/01/1924 et installé au quartier Hoche. À la fin des années 1920, le canon 65M est remplacé par le 75 de montagne (75M) et le 105M. Le 93° RAM comprend 3 groupes de 75 et 2 groupes de 155. Une batterie est envoyée en 1925 au Maroc pour la guerre du Rif. Les hommes sont entraînés par des marches et exercices en montagne.

93° RAM 1928

LA CAMPAGNE des ALPES 1940
À la mobilisation de 1939, le 93 est dédoublé en :
- 293° RALD (Artillerie Lourde Divisionnaire) équipé de canons de 155.
- 93° RAM à 3 groupes équipés de canons 75M et 105M.
Le 93 devient le régiment d’artillerie de la 64° Division de l’Armée des Alpes. Jusqu’en février il stationne dans la région de Gex, puis en mars vient se positionner dans le Briançonnais, le Queyras et en Ubaye. Seul le 3° groupe dans le Queyras va participer aux hostilités : l’artillerie stoppe les italiens sur les hauteurs d’Abriès. Le 93° RAM est dissous en juillet 1940.

La CAMPAGNE DES ALPES 1945 
Après la Libération en fin de l’année 1944 la 27° Division Alpine est recréée à partir des bataillons FFI, dont le 93°RAM, qui est encore remanié en mars 1945. Sur le front des Alpes le régiment est éclaté : les groupes II et III sont dans le secteur nord.
Dans ce secteur une batterie du 93°RAM réussit à monter 2 pièces de 75 au col du Midi à 3600 m d’altitude dans le massif du mont-Blanc et à contenir efficacement l’ennemi. En Tarentaise le 93 appuie les combats du Roc Noir (13°BCA) et en Maurienne les combats du Mont-Froid.
le groupe I est dans le Briançonnais en appui du 99° RIA : les troupes entrent en Italie le 26 avril.

L’APRES-GUERRE 
Le 93° stationne en Italie en mai 1945 puis revient dans la région de Grenoble. En septembre 1945 le régiment part en Autriche dans la zone d’occupation française autour d’Innsbruck ; il est équipé de matériel américain. Mais bientôt interviennent des réductions d’effectifs : le 93 est dissous, réduit à un groupe le II/93 renommé I/93 en août 1946. Il stationne à Seefeld jusqu’en 1948 et retrouve Grenoble au quartier Bayard devenu quartier de Reyniès du nom d’un officier résistant arrêté à Grenoble en mai 1944. Le I/93 redevient 93° RAM en juillet 1949. Le régiment s’entraîne en été au camp des Rochilles près du Galibier et en hiver à l’Alpe d’Huez.

Seefeld 1947

La GUERRE D’ALGÉRIE 
À l’été 1955, le 93°RAM est scindé en deux.
- Le II/93°RAM part pour l’Algérie, où au sein de la 27°Division Alpine il s’implante en Grande Kabylie (région de Tizi-Ouzou). L’unité appuie plus de 120 opérations et participe au contrôle du terrain. Il perd 32 hommes dont un officier (Cne Jacques).
- Le I/93°RAM reste à Grenoble et devient Centre d’Instruction (CI/93°RAM). Il est dissous au retour du II/93 en novembre 1962.

Paris 1978

De GRENOBLE À VARCES 1963-1990 
Le 93° RAM reconstitué renoue avec la vie d’une garnison alpine. Il dispose d’une nouvelle implantation à l’Alpe d’Huez en 1967 et soutient les Jeux Olympiques de Grenoble en 1968.
En 1976 le régiment déménage à Varces au sud de Grenoble sur un terrain de 60 hectares partagé avec le 6°BCA. Ce quartier est baptisé quartier de Reyniès en 1979. En 1983 le 27° DA dont le 93 est intégrée à la Force d’Action Rapide (FAR).

Le quartier de Reyniès à Varces

1990 À 2022 LE TEMPS DES OPEX 
Dans les années 1990 le 93 est équipé d’un nouveau canon plus performant le 155 TRF1 et de mortiers de 120. L’habillement et l’équipement de montagne se modernisent également. Le régiment concourt en 1992 à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’Albertville. Par une nouvelle restructuration, la 27° DA devient la 27° DIM (Infanterie de Montagne) en 1994, réduite en 2000 en une brigade (27°BIM). Commence alors le temps des Opérations extérieures : Bosnie, Kosovo, Côte-d’Ivoire…

Canon de 75 mm TRF1

En 2004 chacune des batteries du régiment est baptisée du nom d’un des massifs alpins. Le 93°RAM est inclus dans la Base de Défense Grenoble-Annecy-Chambéry en 2011 et rejoint à Varces en 2013 par le 7° BCA. L’unité compte 2 batteries sol-sol équipées de canons de 155 Caesar et de mortiers de 120, une batterie sol-air avec des missiles Mistral et une batterie de renseignement avec des drones DRAC.

De 2008 à 2012 il est engagé 4 hivers successifs en Afghanistan en appui des groupements tactiques de la 27°BIM en Kapisa. 4 de ses hommes sont morts pour la France.

En 2017 c’est l’opération Chammal contre Daesh en Irak, puis l’opération Barkhane au Mali. L’étendard du régiment a été 2 fois décoré de la croix de la valeur militaire pour ses actions en Afghanistan et au Mali.

Insigne du 93° RAM

Suite à la guerre en Ukraine, depuis mars 2022, un détachement stationne en Roumanie dans le cadre de l’OTAN…

La devise du régiment est : « De Roc et de Feu » et son insigne représentant un aigle transportant deux canons évoque les missions en altitude du régiment.

Article de 12/2014dernière modification 03/2022
Source : Cne Garnier de Labareyre – De Roc et de Feu historique du 93°RAM – plaquette 1995