1793 Le Siège de Lyon

LE SIÈGE DE LYON en 1793 

AVANT LE SIÈGE, JACOBINS et MODÉRÉS
Au début de l’année 1793 la ville de Lyon est divisée politiquement entre les « clubs » (jacobins extrémistes) et les « sections » plus modérées. La municipalité jacobine (maire Antoine-Marie Bertrand) est de plus en plus radicale, poussée par l’ultra-révolutionnaire Chalier, président du tribunal du district. Dès février des troubles éclatent : pillage du club des Jacobins, occupation de l’Arsenal par les sections…

Portrait de Joseph Chalier


En avril le conseil général de la Commune décide de la création d’un Comité de Salut Public commun à la Commune, au district et au département. La tension politique augmente de jour en jour. Le 14 mai des représentants de la Convention de passage à Lyon suscitent une réunion des corps administratifs, qui déclarent la « Patrie en danger » devant les troubles en Vendée, décident la levée d’une armée révolutionnaire lyonnaise, d’un emprunt forcé sur les riches, la proscription des journaux et demandent la création d’un tribunal révolutionnaire… Les modérés dénoncent la tyrannie qui s’installe et dans les jours qui suivent un décret de la Convention semble leur donner raison.

De L’INSURRECTION À LA RÉBELLION
Les 2 partis prennent alors les armes et le 29 mai 1793 les sections modérées basées à l’arsenal et commandées par Madinier passent à l’assaut et s’affrontent violemment avec les jacobins qui défendent l’hôtel de ville avec l’aide de bataillons de soldats. La fusillade dure jusque vers 19h. À l’aube du 30 mai les sections investissent l’hôtel de ville déserté par ses occupants. Les pertes humaines de cette journée insurrectionnelle s’élèvent à environ 43 morts et 300 blessés. Les principaux jacobins, dont Chalier sont arrêtés. Une municipalité provisoire s’installe (maire Coindre).

L’insurrection du 29 mai 1793 place des Terreaux

Le 31 devant les représentants de la Convention et le général Kellermann, chef de l’armée des Alpes, les lyonnais affirment leur attachement à la République et à la Convention.
Malheureusement la situation politique va évoluer en sens inverse entre Lyon et Paris. Deux jours après, dans la capitale, sous la pression populaire les Montagnards extrémistes éliminent leurs adversaires Girondins plus modérés. Un certain nombre de départements, dont Lyon et Marseille dénoncent un déni de démocratie et demandent que la Convention se réunisse en dehors de Paris.

Les nouvelles autorités lyonnaises ont beau protester de leur zèle républicain, elles sont immédiatement suspectées de menées contre-révolutionnaires, voire royalistes… Dès le 25 juin une expédition est envoyée en Forez pour assurer à la ville tout le ravitaillement possible. Le 29 juin une fête patriotique a lieu place de la Fédération (Bellecour) : on y affiche le zèle de la République, de la liberté, mais aussi le refus de la dictature.

La RUPTURE
Les sections créent une Commission populaire du département de Rhône-et-Loire présidée par Gilibert. Le 4 juillet, espérant le concours d’autres départements, elle rompt avec la Convention et commence à préparer la défense de la ville. Le 8 la Commission nomme général en chef le citoyen Perrin de Précy ; ses lieutenants sont tous des royalistes, dont le comte de Virieu ancien député à la Constituante. Le 12 la Convention déclare la ville en état de rébellion. Le 14 juillet une prise d’armes de l’armée de Lyon a lieu place Bellecour.
Le lendemain se déroule le procès de Chalier : il est condamné à mort. La rupture est définitivement consommée le 16 juillet par l’exécution de Chalier, place des Terreaux avec la guillotine qu’il avait fait venir…
Dès lors la ville se prépare à la guerre. L’artilleur Chénelette implante des redoutes dans certaines maisons, devant les remparts en mauvais état de Fourvière et de la Croix-Rousse, au pont d’Oullins et surtout au débouché du pont Morand. Sur les 12000 hommes de l’Armée de Lyon, seulement 3500 sont aguerris dont 4 à 500 cavaliers.

LYON ASSIÉGÉE
L’ordre d’attaque est donné le 4 août. L’armée conventionnelle aux ordres de Kellermann forme 3 colonnes partant de Bourg (général Petit-Guillaume), Mâcon (général Rivas) et Bourgoin (général Vaubois). Une 4ème colonne venant de Haute-Loire et du Puy-de-Dôme doit reprendre St-Etienne et Montbrison. Le 8 un premier échange de tirs a lieu contre l’avant-garde à la Croix-Rousse. Le siège de Lyon est commencé, mais la ville n’est pas complètement encerclée, l’ouest restant encore ouvert.

Assaut sur le plateau de la Croix-Rousse

Les premiers assauts ont lieu sur le plateau au nord de la Croix-Rousse ; les lyonnais résistent, contre-attaquent avec acharnement et maintiennent les troupes de la Convention à bonne distance des remparts. Un artilleur, Gingenne, se distingue avec sa batterie, tout au long du siège. La défense de la redoute Chénelette au débouché du pont Morand, soutenue par l’artillerie de la colline résiste à l’artillerie de l’assaillant.

LYON BOMBARDÉE
Kellermann et les représentants de la Convention Dubois-Crancé et Gauthier sont installés au château de la Pape. Les représentants décident le 12 août de partager le département de Rhône et Loire en créant un département de la Loire avec Feurs comme chef-lieu provisoire. Devant la résistance de la ville, ils contraignent Kellermann à organiser le bombardement de la ville à partir de la plaine des Brotteaux et de Caluire. Le feu commence le 22 août au soir, puis le 24, la ville reçoit des milliers de boulets, bombes et projectiles incendiaires. La résistance ne faiblit pas malgré les victimes et les lyonnais font face aux nombreux incendies, dont celui de l’Arsenal. Le feu reprend les nuits du 29 et 30 août. Une attaque lancée de Limonest enlève la redoute de la Duchère, qui permet le bombardement du faubourg de Vaise par les Conventionnels. Les bombardements à boulets rouges continuent les 7 et 8 septembre. Le 9 septembre les troupes du Puy-de-Dôme conduites par Châteauneuf-Randon prennent Montbrison ; les « lyonnais » reculent, le château de Montrond est incendié. Le 14 septembre la ville accueille le dernier convoi de vivres du Forez. En effet le 17 septembre le bouclage de Lyon est complet : 60000 hommes l’assiègent. La disette commence.

Positions et Tirs de l’Artillerie pendant le Siège

LA FIN DU SIÈGE
Le 10 septembre Kellermann, jugé trop modéré est renvoyé en Savoie à l’Armée des Alpes et remplacé par Doppet qui arrive le 26. Celui-ci est chanceux, car une défection a livré la redoute de Sainte-Foy, qui peut alors bombarder le quartier de Perrache. L’assaut général est lancé les 28-29 septembre de tous côtés : le pont de la Mulatière tombe et la pointe de la presqu’île est envahie. Précy à la tête de sa cavalerie charge sur la chaussée Perrache et les terrains avoisinants et repousse ses adversaires au delà du pont.

Les pertes des lyonnais ne sont plus compensées et la disette s’installe malgré le rationnement rigoureux : le moral des assiégés faiblit.

Proclamation du 2 octobre


L’attaque générale du 8 octobre est difficilement contenue. Précy se rend compte que la résistance est vouée à l’échec ; il tente le lendemain 9 octobre une sortie en force par Vaise avec 1000 hommes et 200 cavaliers. Cette sortie est un calvaire : l’arrière-garde commandée par Virieu est massacrée entre Vaise et St-Rambert. Talonnés par l’armée conventionnelle et harcelés par les paysans, le gros de la colonne passe par St-Cyr-au-Mont-d’Or, Poleymieux, les Chères, Alix, Theizé, Oingt, jusqu’à St-Romain-de-Popey : presque tous sont massacrés. Rares sont ceux qui pourront s’échapper en se perdant dans la nature, comme Précy lui-même.

Le siège de Lyon est terminé. L’armée conventionnelle entre dans une ville dévastée, où le bombardement a causé beaucoup de dégâts. Les représentants Dubois-Crancé et Gauthier qui ont conduit le siège ont été rappelés. C’est le représentant de la Convention Couthon qui est le maître de la ville. La répression va commencer…

Cette page sombre de l’histoire lyonnaise est relatée dans un deuxième article.

Article de 2011 – Dernière modification 03/2018
Sources : Edouard Herriot -Lyon n’est plus – 3 tomes – Hachette 1937 / Revue Soc.Hist.Lyon Rive Gauche / Guy Bérat – Lyon fit la guerre à la liberté – Généalogie & histoire n°127 / Costa de Beauregard – Le roman d’un royaliste (de Virieu) – Plon-Nourrit 1892

Les Cent-Jours de 1815

1815, les CENT-JOURS et l’ARMEE des ALPES 

NAPOLÉON LE RETOUR
Le 10 mars 1815 au soir, Napoléon de retour de l’île d’Elbe entre triomphalement à Lyon, dont les troupes se sont ralliées. Installé à l’archevêché, il y rédige les décrets rétablissant l’Empire. Il reprend la route le 13, en adressant aux lyonnais une proclamation qu’il termine par ces mots :  » Lyonnais je vous aime« …

Déclaration aux Lyonnais


LES « CENT-JOURS »
Les autorités ralliées de la région doivent faire face à une tentative de résistance royaliste du Duc d’Angoulème qui remonte la vallée du Rhône (combat de Loriol) jusqu’à Valence (3 avril). À Lyon le général Grouchy prend les choses en main et les troupes du Duc d’Angoulème l’abandonnent. La menace est devenue extérieure, car l’Europe se mobilise à nouveau contre Napoléon (7ème coalition).

Lyon en 1815 avec en vert les emplacements des ouvrages de défense

Sur ordre de Napoléon, les autorités lyonnaises avaient entamé des travaux pour renforcer les défenses de la ville : ceux-ci commencent le 11 mai et utilisent des ouvriers au chômage. On relève et remet en état les vieilles fortifications de Fourvière ; de même les bastions de la Croix-Rousse sont aplanis. Des redoutes sont construites sur le plateau de Montessuy, à Saint-Just et à Vaise. Des retranchements provisoires sont aménagés au pont des Brotteaux et autour des Brotteaux et de la Guillotière. 300 canons sont disponibles, mais l’argent manque pour payer les ouvriers et les fournisseurs.

SUCHET et L’ARMÉE DES ALPES
Grouchy, devenu maréchal, est remplacé à la tête de l’Armée des Alpes par le maréchal Suchet qui arrive à Lyon le 14 mai. Suchet entre en campagne le 15 juin : la 22° division d’infanterie (général Curial) centrée sur Chambéry bouscule facilement les troupes piémontaises et s’empare de Montmélian, l’Hôpital (futur Albertville) et Conflans, alors chef-lieu de la Savoie piémontaise. La 23° division d’infanterie (général Dessaix), centrée sur Annecy prend Annemasse et pousse jusqu’à Thonon et Évian, où elle se heurte à l’avant-garde autrichienne. Car entre temps l’armée autrichienne venant d’Italie passe les cols des Alpes, l’armée de Bubna par le Mont-Cenis, l’armée de Frimont par les Petit et Grand Saint-Bernard.

Le Maréchal Suchet

Le 23 Suchet apprend la nouvelle de la défaite de Waterloo (18 juin) et le 26 il communique à ses troupes la nouvelle de l’abdication de Napoléon (le 22). Suchet fait le 27 une offre d’armistice que les autrichiens refusent. Ils se heurtent alors aux français à Bonneville, mais surtout le lendemain 28 juin à Conflans et l’Hôpital tenus par le 14° de ligne commandé par le colonel Bugeaud (futur maréchal), qui avec 1800 hommes repousse victorieusement 5000 austro-piémontais, en leur causant de lourdes pertes (1500 hommes). Ce brillant fait d’armes – 10 jours après Waterloo ! – est inutile, car le même jour Suchet a signé une suspension d’armes. Les divisions de l’Armée des Alpes se replient sur Annecy et Chambéry.
Suchet ayant reçu des instructions de Davout se retire de Savoie et fait passer ses troupes au nord du Rhône, confiant la défense au sud à des divisions de réserve. Les hostilités reprennent le 1er juillet ; ce sont les divisions de réserve qui vont céder sous la pression de l’ennemi en direction de Grenoble et aux Echelles. Le 4 juillet Suchet apprend que son armée doit se retirer au delà de la Loire selon une convention signée à Paris avec les coalisés. le 10 l’armée des Alpes est entre Montluel et Caluire. Les sardes prennent Grenoble le 9. Le 15 août le général Eberlé refuse de livrer Briançon aux troupes austro-sardes et soutient un siège de 3 mois.

Tous ces efforts seront inutiles, car le 12 juillet à Montluel est ratifiée une suspension d’armes définitive. L’Armée des Alpes doit se retirer à l’ouest de la Loire, abandonner Lyon et remettre la ville aux Autrichiens le 17. Beaucoup de lyonnais ne veulent pas admettre que l’on capitule sans combattre et des émeutes éclatent, augmentées par un afflux de déserteurs les 12 et 13 juillet. Le 14 juillet l’armée commence l’évacuation de Lyon.
Le maréchal Suchet a pu apparaître peu combattif ; mais il n’a fait qu’obéir aux ordres reçus et il était évident qu’avec l’abdication de Napoléon la partie était perdue et qu’il était inutile de risquer la vie de ses soldats plus longtemps.

A.Thériat, caricature d’officiers autrichiens place Bellecour

CONSÉQUENCES
Le 17 juillet les Autrichiens entrent à Lyon, tandis que les royalistes réapparaissent et que le drapeau blanc est hissé sur l’hôtel de ville… L’occupation autrichienne, fort onéreuse pour la ville, durera 5 mois jusqu’au 15 décembre ; les occupants feront démolir les ouvrages défensifs, principalement ceux de la rive gauche…
Au second traité de Paris (novembre 1815) la France perd la partie de la Savoie (Chambéry et Annecy) qu’elle avait conservée en 1814.

Article de 2010 – Dernière modification 09/2019
Sources : Ronald Zins – 1815, l’armée des Alpes et les Cent-jours à Lyon – Horace Cardon 2003 ; F.Dallemagne & coll. – Les défenses de Lyon – ELAH 2006

La Garnison de Lyon en 1910

La GARNISON de LYON et SATHONAY en 1910

En 1910 le Gouverneur Militaire de Lyon, commandant la XIV° région militaire et le XIV° corps d’Armée (CA) est le général Virgile Robert. Il est encore logé à l’hôtel Varissan rue Boissac près de la place Bellecour. D’autres généraux ont leur résidence à Lyon: le général chef d’ état-major, le général commandant la 6° division de Cavalerie, les généraux commandant l’Artillerie, le Génie…

Le drapeau du 99°RI à la caserne Lamotte

Infanterie
Deux régiments d’infanterie (RI) du XIV° CA et traditionnels de Lyon sont présents :
- le 99° RI est au fort Lamotte avec un bataillon détaché à Vienne.
- le 22° RI est au camp de Sathonay avec un bataillon détaché à Bourgoin.

Appartenant à la brigade régionale de Lyon, deux régiments d’infanterie alpine stationnent à Lyon :
Le 157° RI est à la caserne de Serin et au fort St-Jean et détache un bataillon à Tournoux (05) et Jausiers (04)
Le 158° RI est au fort St-Irénée, au fort de Loyasse et une compagnie au fort de Vaise et envoie des détachements en Tarentaise (Bourg-St-Maurice, Moutiers) et en Maurienne (Modane).

Le 158° Régiment d’Infanterie

La ville héberge également des unités du XIII° CA de Clermont-Ferrand : un bataillon du 38° RI de Saint-Etienne logé à la caserne du Bon Pasteur et 2 bataillons du 98° RI de Roanne au fort Lamotte.
Enfin au camp de Sathonay les 5° bataillons des 2° et 3° Zouaves, régiments d’Algérie, apportent une note exotique.

Zouaves au camp de Sathonay

Cavalerie
Trois régiments appartenant à la 6ème division de Cavalerie sont en garnison à la caserne de la Part-Dieu : les 7° et 10° régiments de Cuirassiers et le 2° régiment de Dragons. Dans cette caserne stationne également le 14° Escadron du Train des Équipages du XIV° CA.

Exercices dans la cour de la Part-Dieu pour le 10° RC

Artillerie
Au début de 1910 l’artillerie est représentée à Lyon par le 16° bataillon d’Artillerie à pied (BAP artillerie de forteresse) logé au fort de la Vitriolerie. Celui-ci est dissous au 1er mars et le même jour est créé un nouveau régiment, le 54° régiment d’Artillerie qui vient le remplacer dans son quartier. L’artillerie de la 6° division de cavalerie est vraisemblablement logée à la Part-Dieu.
La 7° Compagnie d’ouvriers d’Artillerie occupe la caserne de la Mouche.

Le 16° BAP au bord du Rhône

Service de Santé: 4 formations
- École du Service de Santé pour les futurs médecins militaires, avenue Berthelot
- Hôpital militaire Desgenettes, quai Gailleton
- Hôpital militaire Villemanzy, montée Saint-Sébastien
- 14° SIM (Section d’Infirmiers Militaires), au fort de Ste-Foy

Elèves de l’ESSA en 1911

Administration
- État-major régional à la caserne Bissuel, place Carnot
- 14° Section de Secrétaires d’état-major et du recrutement
- 14° section de Commis et Ouvriers Militaires d’Administration, au fort de Villeurbanne

La 14° section de Commis et Ouvriers d’Administration devant le fort de Villeurbanne

Établissements divers
- Ateliers de construction et parc d’Artillerie avec l’Arsenal de Perrache rue Bichat et le parc d’Artillerie à Gerland avec la caserne de la Mouche.
- Établissement des Subsistances, quai st-Vincent
- magasin de fourrages, quai Pierre Scize
- Prison militaire des Recluses (aujourd’hui groupe scolaire Michelet, angle rues Sala et de la Charité 2°)

Article de 2016 dernière modification 08/2023Documents : Bibliothèque militaire, Musée militaire

Lyon et Guerre de 1870

LYON dans la GUERRE de 1870-1871 : « MOBILES » et « LEGIONS » du RHONE 

Pendant la guerre de 1870-1871, Lyon et sa région sont épargnées par les combats, mais vont participer à l’effort de guerre par une mobilisation sanitaire et par l’envoi de renforts en hommes.

Les RÉGIMENTS de MOBILES 
En effet après les troupes d’active, il est fait très vite appel en août à la réserve mobilisable, la Garde Nationale mobile composée des hommes qui ont échappé au service militaire par tirage au sort que l’on appelle les « Mobiles« , appelés familièrement « Moblots ». Chaque département met en route un ou deux régiments de mobiles : le 16° et le 65° dans le Rhône, réunis le 13 août au camp de Sathonay, le 27° et le 80° en Isère… Beaucoup de régiments de mobiles venant du sud passent par Lyon et peuvent y rester quelques temps en garnison.

Les deux régiments de mobiles du Rhône sont envoyés début septembre à Belfort, ville fortifiée qui ne tarde pas à être assiégée du 3/11 au 16/02/1871. Les mobiles du Rhône s’illustrent particulièrement dans la défense de la redoute de Bellevue sous les ordres du capitaine de génie Thiers. La redoute et la place ne seront pas prises et la garnison quittera Belfort avec les honneurs. L’artillerie de la « mobile » du Rhône est envoyée à Paris. Les mobiles sont démobilisés vers la fin mars 1871.

Les LÉGIONS DU RHÔNE 
Le 4 septembre 1870, Lyon apprend la chute de l’Empire ; le colonel du Génie Séré de Rivières, commandant de la place de Lyon, parvient à garder le contrôle de la situation face à un climat semi-insurectionnel, tout en mettant en route les chantiers de fortifications.


Le gouvernement de la Défense Nationale fait appel à la Nation pour lever des régiments de volontaires : la ville de Lyon va équiper à ses frais et envoyer au combat deux « Légions de mobilisés » qui éprouveront de lourdes pertes. Elles combattront sur le front de Bourgogne (bataille de Nuits-St-Georges 18 décembre), avant de faire partie du 24° corps ci-dessous. Le document ci-dessus retrace l’aventure de ces combattants envoyés au front dans des conditions difficiles, peu entraînés et mal équipés dans un hiver glacial…

Buvette de la gare de Perrache en 1871

Le 24° CORPS D’ARMÉE 
En décembre 1870 dans l’urgence est mis sur pied à Lyon un 24° Corps, commandé par le général Bressoles, avec Séré de Rivières commandant le Génie. Formé de 3 divisions, il comprend :
- des « régiments de marche », qui sont des régiments provisoires formés en regroupant des éléments de plusieurs régiments d’infanterie
- des régiments provisoires de mobiles de divers départements (Yonne, Lozère, Basses-Pyrénées, Var, Loire…)
- des 2 Légions du Rhône déjà au combat en Bourgogne.
Vers le 20 décembre ce corps d’Armée part rejoindre l’armée de l’est commandée par le général Bourbaki. Il participera en janvier 1871 aux combats de Villersexel et Héricourt.

MÉMOIRE des HOMMES 
Le Département et la ville de Lyon ont honoré la mémoire de ces soldats improvisés courageux par un monument dédié aux « Enfants du Rhône » sur la place Maréchal Leclerc devant l’entrée principale du Parc de la Tête-d’Or.

Le monument des « Enfants du Rhône » devant l’entrée du Parc de la Tête d’Or

Article de 2010 -augmenté 01/2016

Histoire du Musée

HISTOIRE du MUSÉE MILITAIRE de LYON  :

PREMIER MUSÉE
Une exposition de collections militaires, initiée en 1968, est logée en 1977 dans la salle d’honneur du régiment de soutien de la 51° DMT (Division Militaire Territoriale).
En 1986 le général de division (2s) Allemane président de la FARAC crée à partir de cette exposition un premier Musée, dit du « SOUVENIR MILITAIRE de LYON ». Il est transféré en 1991 dans la caserne fortifiée de la Vitriolerie.
Malheureusement en 2005 les locaux de la caserne sont attribués au GIACM et le musée doit se replier dans le bâtiment « Terreaux », le long du Rhône, dans l’ancien cercle des sous-officiers au premier étage.

Premier Logo du Musée

SECOND MUSÉE
Sous le nom de MUSÉE d’HISTOIRE MILITAIRE de LYON et de sa RÉGION, il ouvre ses portes en décembre 2006 avec une concept renouvelé.
Un nouveau parcours chronologique didactique a alors été mis en place sous la forme de panneaux informatifs (environ 90), présentant l’HISTOIRE MILITAIRE de LYON et sa RÉGION, de la capitale des Gaules à la capitale de la Région Rhône-Alpes. Cette histoire est largement méconnue.

Ce site internet est créé en décembre 2009: il est régulièrement enrichi par des articles d’histoire militaire lyonnaise et régionale.

Affiche 2010-2011


Novembre 2013 : nouvel aléa! L’autorité militaire souhaitait récupérer les locaux du Musée situés au premier étage, par ailleurs mal adaptés à un espace muséal. Le Musée a donc dû une nouvelle fois déménager. Le déménagement a eu lieu en novembre – décembre 2013.

TROISIÈME MUSÉE
Le Musée a migré dans le bâtiment 025 au sud-ouest du Quartier Général Frère à l’angle de l’avenue Leclerc et de la rue des Girondins.

Le QGF : en jaune le nouveau site, en bleu l’ancien


Le Musée trouve sa place dans les 6 salles de classe du rez-de-chaussée de l’ancien centre de sélection.
Janvier 2014 : Le travail de réinstallation est commencé et il est colossal pour des bénévoles peu nombreux… Mais le nouvel aménagement va aboutir à un troisième Musée encore plus moderne. L’article Actualités du Musée fait régulièrement le point sur les évolutions et les nouveautés.

Le Nouveau Bâtiment


Janvier 2015 : LES PROGRÈS DE L’INSTALLATION DU NOUVEAU MUSÉE ONT PERMIS D’OUVRIR 5 SALLES et la moitié de la 6ème AU PUBLIC. LES VISITES DE GROUPES ONT REPRIS, Y COMPRIS POUR LES SCOLAIRES.

Logo 2018

2019 : la salle 3 dont la moitié était occupée par les réserves va pouvoir être ouverte en entier en salle d’exposition.

Mars 2020 : la pandémie du Coronavirus a hélas interrompu toute visite et tout travail des bénévoles… Nous attendons le feu vert des autorités militaires pour la réouverture du Musée…

L’entrée du Musée


09/2020 UN RÉSUMÉ DE LA VISITE DU MUSÉE EST EN LIGNE EN 7 ARTICLES :
Pour pallier aux périodes de confinement…

- 1 Accueil à 2000 ans d’Histoire
- 2 Des Gaulois à la Renaissance
- 3 Des Guerres de Religion à la fin du XIX° siècle
- 4 les Fortifications
- 5 la Grande Guerre
- 6 la Deuxième Guerre Mondiale
- 7 Fin de la Deuxième Guerre Mondiale

Le nouveau logo

Octobre 2020 : L’association des Amis et celle du Musée ont fusionné avec une modification des statuts – Le Musée prend le nom de « MUSÉE DU PATRIMOINE MILITAIRE DE LYON ET DE SA RÉGION ».
Le général Péraldi en devient le nouveau président, juste avant un nouveau confinement… Le nouveau logo reprend le blason de la région Auvergne-Rhône-Alpes en inversant les quartiers.

A l’été 2021 ce site internet est transféré sur un logiciel support plus moderne.

EVOLUTION ACTUELLE

Février 2023: le centre de de Documentation est transféré dans les locaux de la Bibliothèque au cercle général Frère. C’est une première étape dans un projet de création d’un « PÔLE PATRIMONIAL MILITAIRE » devenu en fin d’année « CENTRE CULTUREL MILITAIRE DE LYON » regroupant la Bibliothèque militaire, le Centre de Documentation et le Musée. En 2024 ce dernier aménage progressivement des espaces d’exposition dans les salons du premier étage du Cercle, constituant un parcours muséal annexe du Musée principal facilement accessible aux visites des scolaires.

Article de 2009 Dernière modification 03/2024

Réorganisation Militaire de la III° République

La RÉORGANISATION MILITAIRE de la III° RÉPUBLIQUE

APRÈS LA DÉFAITE de 1871
Après la défaite de 1871 et la perte de l’Alsace-Moselle, la III° République s’installe progressivement, animée par un esprit de revanche.
Le chef du Gouvernement provisoire Adolphe Thiers doit d’abord faire face à la révolte de la Commune de Paris. La capitale doit être reprise (avril-mai 1871) par l’« Armée de Versailles » constituée d’unités de la Défense Nationale et de soldats revenus de captivité, sous le regard des Allemands qui occupent le nord-est de la France.

UNE ARMÉE À RÉORGANISER
Cette armée de Versailles compte 5 Corps d’Armée (CA). Thiers et son ministre de la Défense le général de Cissey ont la volonté de créer une armée nouvelle. Dès juillet 1871 un 6ème CA est créé à Lyon et confié au général Bourbaki. En juin 1872 le service militaire devient universel, mais reste inégalitaire (un ou 5 ans de service selon le tirage au sort). En septembre 2 CA supplémentaires sont créés : le 7° à Tours et le 8° à Bourges. En mars 1873 Thiers doit démissionner. Il est remplacé à la présidence de la République par le maréchal de Mac Mahon.

Une ORGANISATION DURABLE
Le nouveau gouvernement va poursuivre la réorganisation militaire, en modifiant les projets en cours. La loi du 24 juillet 1873 divise la France en 18 Régions Militaires correspondant chacune à un Corps d’Armée. Chaque Corps d’Armée est composé de deux Divisions d’Infanterie (DI), d’une brigade de cavalerie, d’une brigade d’artillerie, d’un bataillon du Génie et d’un escadron du Train.
Chaque DI compte 4 régiments d’infanterie (RI), soit 8 par CA, ce qui fait 144 RI répartis sur tout le territoire de la France. Pour atteindre ce nombre il faut créer 18 RI supplémentaires, dont le 140° à Grenoble. En plus il y a des divisions de cavalerie indépendantes. En temps de guerre, les commandants des CA partent en campagne avec leurs troupes.
Cette organisation durera jusqu’en 1946. La politique de défense et de fortification du territoire est confiée au Général Séré de Rivières.

XIII° et XIV° Corps d’Armée

RÉORGANISATION RÉGIONALE
Lyon devient le siège du XIV° Corps d’Armée – général Bourbaki – qui regroupe les 5 départements de l’ensemble Dauphiné et Savoie, plus la bordure est du Rhône avec les cantons de Lyon, Villeurbanne, Givors et St-Genis-Laval.
L’ouest du Rhône est rattaché au XIII° CA de Clermont-Ferrand, qui comprend la Loire, la Haute-Loire, l’Allier, le Puy-de-Dôme et le Cantal.
Le nord-est du Rhône (Neuville) et l’Ain font partie du VII° CA (Besançon).

Le général Zédé Gouverneur 1895-1902

Dans la décennie 1875-1885 les unités changent fréquemment de garnison. En attendant la construction de casernes dans leur garnison, Lyon accueille provisoirement des unités appartenant à d’autres corps d’armée. Cette situation perdurera jusqu’en 1914 pour le XIII° CA, dont le 98°RI de Roanne logera encore un bataillon à Lyon (fort Lamotte).
Dans les décennies suivantes les changements de garnison deviennent moins fréquents. Certaines d’unités d’infanterie sont coupées en une « partie centrale » et une « partie principale » : en pratique des « petites garnisons » comme Vienne et Bourgoin ne peuvent accueillir qu’un bataillon d’infanterie, le reste du régiment étant à Lyon.
Des régiments d’infanterie supplémentaires sont créés (numéros de 145 à 162), dont les 157 à 159 dans la région. Dans la décennie 1880 certaines unités de chasseurs à pied se spécialisent en montagne devenant des Chasseurs Alpins, dont l’existence devient officielle en 1888 (12 bataillons).

Une division de cavalerie indépendante, la 6° Division de cavalerie est également stationnée sur le territoire du XIV° CA.

Trois généraux du 14° CA en 1900

Article de 2015Source : Georges Gugliotta – L’Armée de Monsieur Thiers – B.Giovanangeli 2017

Les Hôpitaux Lyonnais en 1916

Les FORMATIONS SANITAIRES À LYON et sa RÉGION en 1916 PAR LOCALISATION

Un premier article a étudié les hôpitaux temporaires pendant la Grande Guerre par catégories administratives. Il était intéressant de les regrouper géographiquement et pour évaluer l’importance relative des établissements, un relevé de l’état-civil pour l’année 1916, année moyenne de la Grande Guerre il y a 100 ans, a été effectué. Les chiffres entre crochets donnent le nombre de décès de militaires en 1916 par lieu de soin. Le total trouvé pour l’année s’élève à 1078.

Uniformes du Service de Santé

LYON 1er ARRONDISSEMENT : [43]
- Hôpital Militaire Villemanzy, montée St-Sébastien [10 + 7 soldats allemands]
- HA45 – Infirmerie Protestante, 11 cours des Chartreux (cours Giraud) [10]
- HA 5 – Pensionnat St-Louis, 1 cours des Chartreux (cours Giraud) [7]
- HA107 – Ecole normale d’instituteurs, 80 bvd de la Croix-Rousse [4]
- HA51 –Clinique St-François d’Assise, 17 rue St-Fçs d’Assise [4]
- HA49 – la Soie (maison Bianchini-Ferrier), 4 rue Vaucanson [4]
- H188bis – ?, 2 rue de Flesselles [2]
- HC11 – brasserie Dupuis, 140 bvd de la Cx-Rousse [1]
- HA 6 – les Chartreux, 58 rue Pierre Dupont [1]

HC11 Brasserie Dupuis

LYON 2ème ARRONDISSEMENT : [389]
- Hôpital Militaire Desgenettes, 20 quai Gailleton [163]
- Hôtel-Dieu, place de l’Hôpital [182]
- Hospice de la Charité, 1 rue de la Charité [17]
- HC18 – Lycée St-Marc, 10 rue Ste-Hélène [27]

Cour de l’Hôpital Desgenettes


LYON 3ème ARRONDISSEMENT : [aucun]
Aucun établissement sanitaire repéré, 3 décès de soldats détachés en usine, 2 à la caserne de la Part-Dieu, un au fort Montluc.

LYON 4ème ARRONDISSEMENT : [20]
- HA112 – groupe scolaire Jph. Cormier, 25 rue Jacquard [ 8]
- Hôpital de la Croix-Rousse [ 7]
- HC11 – groupe scolaire, place Cdt Arnaud [ 4]
- H192bis – Couvent du Sacré-Cœur, 69 rue de l’Enfance (Henri Gorjus) [ 1]

LYON 5ème ARRONDISSEMENT : [43]
- HA 2 – les Lazaristes, 24 mtée St-Barthélémy [13]
- HA101 – Ecole Vétérinaire, 2 quai Pierre Scize (q. Chauveau) [11]
- Hôpital de l’Antiquaille [10]
- HA 3 Ecole libre des Anglais, 5 chemin des Massues [ 6]
- HA47 – Œuvre des convalescents, 27 mtée St-Barthélémy [1]
- H16bis – Jésus-Marie, 2 pl. de Fourvière [ 1]
- Ste-Croix (?) 8 rue du Juge de Paix (Roger Radisson) [ 1]

LYON 6ème ARRONDISSEMENT : [97]
- HC16 – Lycée de jeunes filles, 6 pl. Edgar Quinet, 430 lits [45]
- HC45 – Nouveau Lycée (Lycée du Parc), 830 lits [20]
- HA20 – Dispensaire Ecole de la Croix-Rouge, 84 rue des Charmettes [11]
- H5bis – ancien collège des Jésuites, 35 rue Bossuet (mairie du 6°) [ 8]

- HA24 – Dames auxiliatrices, 9 rue Bossuet [ 5]
- HA64 – groupe scolaire Jean Rostand, 94 rue Tronchet [ 4]
- HA21 – Ecole Ozanam, 145 rue de Créqui [1]
- H6bis – Etablissement Mercier & Chaleyssin, 7 rue Félix Jacquier [1]

LYON 9ème ARRONDISSEMENT : (à l’époque 5° arrondissement) [11]
- HC10 – groupe scolaire, 4 rue Tissot [6]
- HC19 – clinique du Dr Albéric Pont, 22 rue de St-Cyr & 13 quai Jaÿr (groupe scolaire de la Gare d’Eau) [5]

BRON : [38]
- Hôpital du Vinatier [36 dont 2 soldats rapatriés d’Allemagne]
- aérodrome [2 du 2° Groupe d’Aviation]

CALUIRE : [5]
- HA19 – Frères des Ecoles Chrétiennes (aujourd’hui mairie av. Jean Moulin) – 370 lits dont 60 lits d’aveugles, 6272 entrées, 328432 journées d’hospitalisation dont 10060 pour aveugles (source Martin Basse) [4]
- H24bis – Bayat, 157 gde rue de St-Clair [1]

La Maison des Frères devenue HA 19


ECULLY : [ 3]
- HC14 – Ecole d’agriculture, 110 lits [ 3]

FONTAINES sur SAÔNE : [1]
- H194bis – maison Rigot, av. Simon Rousseau, 30 lits [1]

H194bis Fontaines sur Saône

OULLINS : [24 dont 23 tirailleurs africains surtout algériens]. Au cimetière de la Mulatière un monument dédié aux musulmans morts pour la France accueille les restes d’environ 200 hommes.
- HC13 – collège St-Thomas-d’Aquin, 18 rue du Perron [15]
- HC21 – institution Lamartine, 3 chemin des Chassagnes [ 8]

SAINT-GENIS-LAVAL : [228]
- HA63 – Ex-établissement des frères maristes, 400 lits pour typhiques et tuberculeux, qui enregistre le plus grand nombre de décès [225] .
- asile Ste-Eugénie [ 3]

HA63 St-Genis-Laval

ST-RAMBERT-L’ÎLE-BARBE [5 ]
- H249bis – Lycée de St-Rambert – hôpital tenu par la croix-rouge anglaise

STE-FOY-LES-LYON : [ 7]
- HA 4 – Séminaire de Francheville, chemin des Fonts [ 5]
- HA53 – Hôpital-hospice, 10 chemin de Montray [ 1]
- H246bis – Ecole mariste de théologie, 14 chemin du gd Roule [ 1)

VILLEURBANNE : [76]
- Hôpital, 34 rue Frédéric Faÿs (aujourd’hui Lycée F.Faÿs) [63]
- H189bis, Ets Haours, 5 rue Jean Novel [ 8]
- HC37, patronage St-Joseph, 37 rue de l’Egalité [ 2]
- HA56, Pensionnat Immaculée Conception, 74 place de la Mairie [ 2]
- H 9bis, pensionnat de jeunes filles l’Hormat, 50 rue des Maisons Neuves [ 1]

HC : Hôpitaux Complémentaires dépendant du Service de Santé Militaire
HA : Hôpitaux auxiliaires du Comité de la Croix-Rouge (société de Secours aux Blessés militaires – SSBM) ou de l’Union des Femmes de France
H bis : Hôpitaux bénévoles ou municipaux.

Sur ce site un nouvel article sur la mobilisation sanitaire de 1914

Article de 2014dernière modification 03/2016 – Sources : Etat-civil – Archives Municipales de Lyon – Archives Départementales du Rhône / Roland Racine – Lyon 1914-18 – Sutton 2015

La BA de Bron pendant la 2ème Guerre Mondiale

La BASE AÉRIENNE DE LYON – BRON PENDANT LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE

La DRÔLE de GUERRE 09/1939 – 05/1940
À la déclaration de guerre, les unités opérationnelles de la base (35° Escadre d’observation et 55° Escadre de Reconnaissance) quittent Bron pour leurs terrains de déploiement.

Avion Bloch 151 et pilotes du GC III/9

Une seule unité aérienne reste à Bron, le Groupe Aérien Régional de Chasse (GARC) 562, rebaptisé en janvier 1940 Groupe de Chasse III/9. Il doit assurer la défense du ciel lyonnais avec des avions Dewoitine 501 puis des Bloch 151. Sous les ordres du commandant Viguier, le GC III/9 compte une majorité de réservistes.
Dès novembre 1939, la base devient le centre de regroupement des aviateurs polonais, échappés de leur pays vaincu par l’Allemagne hitlérienne. En janvier 1940 ils sont plus de 3000, qui s’entraînent activement sur Morane 406 et Caudron 714 formant une escadrille aux couleurs de leur pays. Le 27 mars les pilotes polonais reçoivent l’insigne de pilote français, en présence du général Sikorski commandant de l’armée polonaise.

Aviateurs polonais avec leur instructeur français

Morane 406 polonais


L’aspirant Lamouroux devant l’avion abattu

Le 20 avril 1940, l’aspirant Lamouroux du GC III/9 abat au dessus de la Saône et Loire un Junker 88, première victoire aérienne de la campagne de France. La dérive de cet appareil percée de balles est conservée au Musée.

L’OFFENSIVE ALLEMANDE mai-juin 1940
Le 10 mai 1940 la base est bombardée par des Heinkel 111; un bombardier allemand est abattu par la DCA. En cours de journée les formations aériennes quittent Bron pour leurs terrains de « déserrement ». Le GC III/9 gagne Satolas et les polonais Corbas. Dans les semaines qui suivent, les chasseurs cherchent à intercepter les bombardiers et abattent plusieurs Heinkel 111. D’autres bombardements auront lieu les 1er et 2 juin.
Le 19 juin Bron est occupé et utilisé par l’ennemi. L’armistice entraîne le repli des allemands le 5 juillet.

La base de Stockage 1940/42

La BASE de STOCKAGE juillet 1940-novembre 1942 :
La base de Bron est en zone libre. Commandée par le colonel Fieschi, elle devient une base de stockage qui assure la maintenance des avions (jusqu’à 374), moteurs et équipements. De plus dans le cadre de l’armée d’ armistice, le groupe de chasse 1/1 s’y installe avec des Bloch 152, mais le carburant manque…
Une piste en dur de 1100 m est construite à l’est de celle existant.

Les AVIATEURS dans la RÉSISTANCE
Le colonel Fieschi qui a fait dissimuler des stocks d’armes et matériel sera arrêté par la gestapo et déporté.
Le capitaine Claudius Billon, pilote au GC III/9 est affecté à la base de stockage. Dès février 1941, il passe dans la clandestinité : il est le précurseur de l’Armée secrète. Arrêté en 1943, il mourra sous la torture.
Billon recrute à Bron Albert Chambonnet un officier mécanicien, qui sera chef de l’Armée secrète et finira fusillé en juillet 1944.

Le Cne Billon (X) au centre d’un groupe d’officiers 1939

L’OCCUPATION
En novembre 1942 les allemands envahissent la zone sud et occupent la base de Bron. L’armée de l’Air est dissoute. La base sert de base de transit et n’accueille pas d’unité importante de la Luftwaffe. La piste est prolongée de 300 m vers le sud. Les installations de la base sont dévastées par un bombardement américain le 30 avril 1944 ; elle est à nouveau bombardée le 14 août. Fin août, avant de se replier les allemands brûlent et détruisent tout ce qui peut l’être.

Les Hangars Bombardés

La LIBÉRATION
Le 3 septembre Lyon et sa région sont libérées. La base de Bron est dévastée, seule la piste en dur n’est pas trop abîmée. Avec de gros moyens le génie américain bouche les trous de bombes et allonge la piste à 1830 m. Dès le 5 septembre un avion allié se pose, précédant plus de 200 autres les jours suivants : Spitfires de la RAF, P47 Thunderbolt de l’US Air Force et des groupes de chasse français 3/3 Ardennes et 2/5 Lafayette. Ces avions poursuivent l’attaque au sol des allemands en retraite.

Un P47 devant un B26 – novembre 1944

La FIN de la GUERRE
Après la libération de la région en septembre 1944, les allemands tiennent encore la frontière des Alpes. Une unité chargée de l’observation et de l’appui au sol sur le front des Alpes est créée à Bron avec des aviateurs issus des FFI, le groupe 1/35- Aviation des Alpes. Il est équipé de Morane 500 (ex Fieseler 156 Storch).

L’histoire complète de la base de Bron de 1910 à 1973 est relatée dans un autre article.

dernière modification 02/2020
Source : document du Lcl (er) Jean-Claude Mathevet – Société Lyonnaise d’Histoire de l’Aviation (SLHADA) 2014

Logo de la SLHADA

Article de 2015

Le Fort Montluc

Le FORT de VILLEURBANNE ou FORT MONTLUC 

Une BELLE FORTIFICATION
Le Fort de Villeurbanne fait partie de la première ceinture de fortifications de Lyon, établie par le général Rohault de Fleury et édifiée sous Louis-Philippe. Construit à partir de 1831 le fort de Villeurbanne est au centre du dispositif de défense de la rive gauche du Rhône : cela explique ses dimensions importantes et la qualité de sa construction.

Plan de 1853

La forme générale de l’enceinte du fort était celle d’un trapèze avec une petite base orientée vers l’est avec deux gros bastions. La grande base tournée vers la ville, possédait à ses angles deux bastions pour faciliter le flanquement et en son centre un redan pour défendre la porte d’entrée, elle-même protégée par un corps de garde cubique avec 4 échauguettes aux angles.
Aujourd’hui il ne subsiste de l’enceinte, que ce corps de garde détaché qui est placé obliquement par rapport à l’entrée d’une caserne de 2 étages voûtés pouvant abriter 5 à 600 hommes. Cette caserne ferme le cavalier, la partie centrale du fort. L’entrée de cette caserne est elle-même protégée par un corps de garde à mâchicoulis. Il devait être armé de 67 pièces d’artillerie.

Artillerie de la 6° division de Cavalerie devant le Fort Montluc

LE DÉCLIN
Quarante ans plus tard dans les années 1870, ce type de fortification est devenu obsolète et on entreprend la construction de la deuxième ceinture fortifiée (Séré de Rivières). Au fort de Villeurbanne, les courtines et les bastions sont démolis, les glacis et les fossés sont nivelés, il ne reste du fort que sa partie centrale le cavalier et le corps de garde extérieur, baptisé fort Montluc en 1887, date à laquelle il abrite 330 hommes. L’espace libre est utilisé comme terrain de manœuvre. On installe sur les glacis le magasin d’habillement et l’intendance régionale. Le site héberge alors la 14° Section de Commis et Ouvriers Militaires d’administration (14 pour le 14° Corps d’Armée de Lyon) et le Tribunal militaire.

La 14° SCOA au fort Montluc

LA PRISON MONTLUC
La vocation judiciaire du site se confirme après la Grande Guerre par la construction en 1921 au sud du fort d’une prison militaire, la prison Montluc, en remplacement de celle des Recluses rue Sala. Désaffectée en 1932, remise en service en 1939, cette prison sera pendant l’Occupation entre 1942 et 1944 le lieu d’incarcération de plus de 7000 prisonniers, dont 2500 seront déportés et plus de 600 fusillés, dont Chambonnet. À la Libération de Lyon la prison accueille les collaborateurs, puis par la suite des détenus divers, pour finir en prison pour femmes de 1997 à 2009. Elle est alors convertie en lieu de mémoire. La confusion entre la prison Montluc et le fort du même nom est très fréquente.

La maquette du fort rénové


UNE NOUVELLE VOCATION
Le fort est cédé en 1969 au Ministère de l’Intérieur et devient une caserne de CRS jusqu’en 1982. Dans les années 2005 à 2007 après des années d’abandon, le fort est entièrement transformé en hôtel de Police, avec construction de bâtiments à l’intérieur, mais l’apparence extérieure de la fortification est conservée et rénovée.

Le corps de garde de l’entrée et le corps de garde détaché en 2012

Article de 2013 Dernière modification : 04/2019 – Source : Dallemagne & coll. – les Défenses de Lyon – ELAH 2006

Le 4° Chasseurs

Le 4ème RÉGIMENT de CHASSEURS de GAP, le régiment blindé de la brigade d’infanterie de montagne :

DE LOUIS XVI aux CENT-JOURS 
Une ordonnance royale de janvier 1779 crée 6 régiments de Chasseurs à Cheval. Le 4° réunit à Sarreguemines les 4 escadrons issus des « Volontaires de Clermont Prince« . Son existence est courte : dès 1784, il devient « Chasseurs des Cévennes ».

Ordonnance de Création des Chasseurs à Cheval

En 1788 les chasseurs de France-Comté, auparavant Durfort-Dragons, sont baptisés 4° Chasseurs. Ce régiment sera constamment en campagne pendant la Révolution et de l’Empire. en particulier, en 1796 dans l’armée de Moreau, il s’illustre à Biberach. De 1800 à 1812 il est dans le sud de l’Italie, puis c’est la campagne de Russie, où il s’illustre à la Moskowa. Il est ensuite à la campagne d’Allemagne (1813) à la campagne de France (1814) et aux Cent-Jours (1815) puis il est licencié.

De la RESTAURATION à la GUERRE DE 1870 
Le 4° Chasseurs est reconstitué en 1816 sous la Restauration ; il participe à l’expédition d’Espagne en 1823. En 1831 sous Louis-Philippe, il est transformé en 4° régiment de Lanciers, alors que le 9° Chasseurs créé également en 1788 est rebaptisé 4°. En 1839 2 escadrons quittent Vienne pour l’Algérie et la lutte contre Abd-El-Kader.
De 1855 à 1859 tout le régiment est en Kabylie, d’où il rejoint la campagne d’Italie pour inscrire sur leur étendard les batailles de Magenta et Solferino. Le régiment est dans le sud-algérien de 1864 à 1868. La guerre de 1870 le trouve en position à St-Avold ; les chasseurs se battent vaillamment à Forbach, mais doivent faire retraite : ils font ensuite partie de l’Armée de la Loire.

SOUS LA III° REPUBLIQUE 

Lyautey capitaine au 4° Chasseurs

Sous la III° République le 4° est en garnison à Marseille, puis à Épinal avec un escadron à Bruyères. En 1887 il est à Saint-Germain-en-Laye.
Le futur Maréchal Lyautey y est capitaine en 1888-93. Il est ensuite à nouveau à Epinal jusqu’en 1914. Pendant la Grande Guerre les escadrons sont détachés dans les divisions d’infanterie : Aisne et Artois s’ajoutent sur l’étendard du régiment qui est dissous en 1921.

Il faut attendre l’hiver 1939-40 pour que revive le 4° Chasseurs sous le nom de 4° Rgt d’Automitrailleuses, qui en mai 1940 entre en Belgique, puis couvre la retraite au prix de lourdes pertes (795 hommes), conduite qui lui vaut un magnifique hommage du général de Lattre de Tassigny. Le 4° est à nouveau dissous en juillet 1940.

Drapeau du 4° Chasseurs

De 1954 à 1962 : TUNISIE – ALGERIE 
le 4° Chasseurs est recréé le 1er juillet 1954.
Prévu pour partir en Indochine, il est finalement dirigé vers la Tunisie, où il séjourne jusqu’en mai 1955 dans la région de Sousse pour des opérations de maintien de l’ordre. Le 4° passe ensuite en Algérie où il lutte contre la rébellion dans la région de Constantine jusqu’en janvier 1960. Il est ensuite posté sur le barrage de la frontière tunisienne dans les régions de Lamy et de Tebessa jusqu’en juillet 1962. Ayant perdu 66 hommes, les Chasseurs quittent l’Algérie en octobre 1962 pour rejoindre la métropole.

Insigne du 4° chasseurs

De 1962 à 1983 : La VALBONNE 
Leur nouvelle garnison est le camp de la Valbonne dans l’Ain. La partie est du camp qu’il occupe sera baptisée « quartier de Langlade » du nom d’un sous-officier, premier tué du régiment en 1956 en Algérie. Le 4° Chasseurs fait alors partie de la 27° Brigade Alpine et compte 4 escadrons blindés équipés d’AML Panhard et un escadron de commandement et des services. Il doit alors s’adapter à la montagne qui devient alors son terrain d’entraînement. En 1976 la brigade alpine redevient division (27° DIM).

Le 4° Chasseurs à la Valbonne

Depuis 1983 : GAP
En 1983, à la veille de la création de la Force d’Action Rapide (FAR), le 4° Chasseurs est transféré de la Valbonne à Gap dans une caserne neuve le quartier Général Guillaume, où il est encore actuellement.

1983 le quartier Guillaume : une architecture à la Vauban


Commence alors le temps des opérations extérieures au Liban, Tchad et ex-Yougoslavie. En 1999 la 27° DIM est redevenue brigade et le 4° Chasseurs en est le régiment blindé adapté à la montagne : il est équipé d’ERC 90 et de VBL, apte à être projeté sans délai, sur des terrains difficiles, dans des conditions climatiques rigoureuses.
Dans les années 2000 les missions se portent vers la Côte d’Ivoire et surtout l’Afghanistan, puis le Tchad. C’est ensuite en 2013 l’opération Serval au Mali, puis l’opération Sangaris en Centrafrique. Et enfin l’opération Barkhane encore en cours dans la zone sahélienne…

En mars 2022 guerre d’Ukraine: un bataillon du 4° est envoyé prendre position en Roumanie…

Article de 2012 Dernière modification 03/2022