Les Gouverneurs Militaires de Lyon

COMMANDANTS et GOUVERNEURS MILITAIRES de LYON de la RÉVOLUTION à 1945 

Depuis 1310 le gouvernement militaire territorial à Lyon a été exercé au nom du Roi par des Sénéchaux puis par des Gouverneurs.
Ensuite pendant les deux derniers siècles de l’Ancien-Régime, les Gouverneurs du Lyonnais appartiennent tous à la famille de Neuville de Villeroy.

Les COMMANDANTS MILITAIRES après LA RÉVOLUTION
La fonction de Gouverneur était au cours du XVIII° siècle devenue progressivement honorifique. La Révolution la supprime. Le gouvernement militaire territorial va être exercé par des généraux commandants militaires, dépendant du ministère de la Guerre.
Pendant la période révolutionnaire les titulaires se succèdent très rapidement, dont le général de la Poype en 1795.

Pendant la Restauration en 1822 le commandant militaire s’installe à l’hôtel Varissan, à l’angle des rues Boissac et Sala (2°) près de la place Bellecour. Le premier occupant est le général Paultre de Lamotte (1822-1830). Sous Louis-Philippe, les généraux Roguet (1830-1831) et Aymard (1833-1841) doivent faire face aux révoltes urbaines des canuts à Lyon en 1831 et 1834.

Le Maréchal de Castellane 1851-1862

Sous le Second Empire, le personnage majeur est le maréchal de Castellane (+1862), organisateur remarquable, créateur du camp de Sathonay et de ses voies d’accès et des casernes de la Part-Dieu. Ses successeurs sont Canrobert puis Cousin de Montauban.

La III° RÉPUBLIQUE – Les GOUVERNEURS
Après la défaite de la guerre de 1870 et la réorganisation militaire qui marque les débuts de la IIIème République, à partir de 1873 à Paris et à Lyon, du fait de l’importance de ces places fortes, le commandant militaire prend officiellement le titre de Gouverneur. Le général Gouverneur militaire de Lyon (GML) a autorité sur la Région Militaire (ou zone de Défense) de l’Armée de Terre qui lui est rattachée. La Région militaire de Lyon devient le 14ème Corps d’Armée (CA).
Le premier titulaire est le général Bourbaki déjà en poste à Lyon (1871-1879), ancien chef de l’Armée de l’Est. Il est à l’origine de la création du camp de la Valbonne en 1873. Son successeur le général Farre reste moins d’un an à Lyon (1879), car il est nommé ministre de la Guerre.

Le général baron Bergé

Par la suite, il faut noter le général Baron Bergé (1889-1893) organisateur des troupes alpines et créateur des routes stratégiques des Alpes, que les alpins contribuent à construire.
Lui succèdent le général Voisin (1893-1895) présent au coté du Président Carnot lorsque ce dernier est assassiné à Lyon le 23 juin 1894 et le général Zédé (1895-1902).

Le général Zédé Gouverneur 1895-1902

Ensuite nous trouvons le général Gallieni (1906-1908), grand soldat colonial en Afrique noire, au Tonkin et à Madagascar, où il est gouverneur général. Il sera gouverneur militaire de Paris en 1914, puis ministre de la guerre et promu maréchal à titre posthume.

Le départ du général Gallieni après une revue à Sathonay
Le Général Pouradier-Duteil

En 1913, le Gouverneur militaire réside toujours à l’hôtel Varissan dans un quartier devenu insalubre. Nommé en novembre 1913 le général Pouradier-Duteil vient début 1914 sur la proposition du maire Edouard Herriot, résider à l’hotel Vitta, propriété léguée à la ville, place Puvis de Chavannes (6°) qui devient l’Hôtel du Gouverneur. Pouradier-Duteil partira au mois d’août suivant à la guerre avec le 14° CA dans les Vosges, mais sera remplacé dans son commandement – Joffre ne l’aimait pas – dès le 24 août.

L’ENTRE-DEUX-GUERRES

Après la Grande Guerre la région est agrandie avec le département de l’Ain. Dans cette période d’Entre-Deux-Guerres parmi les gouverneurs on peut citer le général Dosse (1932-1936) créateur en 1930 des Sections d’Éclaireurs Skieurs dans les unités alpines et de l’École de Haute Montagne. Les troupes alpines lui ont rendu hommage par une plaque au sommet du Galibier. Ses successeurs sont le général Garchery (1936-38) puis le général Touchon (1938-1940), qui est nommé commandant de la 6° Armée en février 1940 et remplacé à Lyon par le général Hartung. Après l’armistice Touchon retrouve son poste à Lyon du 1er juillet au 20 août.

Le général Dosse décoré par le général Debeney place Bellecour (14/07/1935)

Les GOUVERNEURS dans la RÉSISTANCE
Le général Frère est gouverneur de Lyon d’août 1940 à juillet 1941 pour l’Armée d’Armistice. il incite au camouflage du matériel militaire et sera en 1942 la fondateur de l’ORA (organisation de Résistance de l’Armée). Son successeur le général Robert de Saint-Vincent (07/1941-08/1942) refuse la participation de l’armée dans la déportation des juifs, ce qui lui vaut d’être limogé et d’être honoré comme « juste parmi les nations« .

Le Colonel Descour

À la Libération de Lyon, le 3 septembre 1944, le général Brosset commande la place de Lyon pendant 3 jours. Il est remplacé par le colonel Descour, chef militaire régional de la Résistance (1944-1945). Cas unique, Descour devenu général d’Armée sera à nouveau gouverneur de Lyon de 1956 à 1960.

Les GOUVERNEURS DEPUIS 1945
Leur succession est détaillée dans un article particulier.

Hôtel du Gouverneur avenue Foch

PUBLICATION
Une étude historique, « Les GOUVERNEURS MILITAIRES de LYON 1310-2010 – Le gouvernement militaire territorial« , est parue en avril 2011, réédité en 2019, aux Éditions Lyonnaises d’Art et d’Histoire. Elle présente les différents « gouvernants » de Lyon pendant 7 siècles : sénéchaux, gouverneurs du Lyonnais d’Ancien Régime, commandants militaires, gouverneurs militaires à l’époque moderne.

Article de 2010remanié 09/2016Dernière modification 11/2019

Lyon pendant la Guerre

LYON et sa REGION PENDANT la GRANDE GUERRE 1914-1918

Lyon et sa région épargnées par les combats, ont été, pendant cette guerre, le théâtre d’un effort considérable au plan industriel, sanitaire, financier, dont le souvenir s’est effacé.

Canons allemands exposés place Bellecour

INDUSTRIE MÉTALLURGIQUE
Avec la stabilisation du front, l’Artillerie a pris une importance considérable et il faut dans l’urgence accélérer la fabrication des canons, surtout le 75 de campagne. La vallée du Gier, de Givors à St-Chamond, a produit avec Saint-Etienne et Le Creusot le canon de 75 mm classique, mais aussi la plus grande partie de l’Artillerie Lourde et de l’Artillerie Lourde à Grande Puissance (ALGP), artillerie qui n’existait pas en Août 14. Il faut aussi multiplier la production d’obus, tournés, par essentiellement une main d’œuvre féminine, un peu partout et en particulier à la Halle Tony Garnier (20000 obus par jour) et aux usines Berliet (6000 obus par jour).

Fabrication des obus de 75 à l’usine Berliet


La plus grande partie des mitrailleuses Hotchkiss fabriquées entre fin 1915 et fin 1918 (44000) l’ont été à Monplaisir. Le président de la République Poincaré est venu à Lyon et Saint-Etienne en septembre 1915 pour se rendre compte et encourager l’effort de guerre.

Mitrailleuse Hotchkiss


INDUSTRIE AUTOMOBILE et AÉRONAUTIQUE
Les usines Berliet qui s’étendent en 1915 à Vénissieux sortent 40 camions CBA par jour (camions de la « Voie Sacrée ») et 1100 chars FT Renault, entre fin 1917 et l’Armistice. D’autres industriels Cottin-Desgouttes, Rochet-Schneider, Luc Court produisent des camionnettes utilitaires.
La fabrication aéronautique est également considérable : productions de moteurs d’avion et de carlingues qui rejoignent l’aéroport de Bron. Certains fournisseurs travaillent pour l’automobile et l’aéronautique, comme les carburateurs Zénith.

Camionnettes Cottin-Desgouttes

INDUSTRIE CHIMIQUE
l’industrie chimique doit augmenter ses capacités de manière colossale pour la production massive des produits de base des poudres et explosifs.

Convoi d’obus tiré par un tram


Suite à l’utilisation de l’arme chimique par les allemands (avril 1915), il faut produire des armes comparables et les usines chimiques de la région produisent du chlore, du phosgène et de l’ypérite.

TÉLÉCOMMUNICATIONS
Dans le domaine des télécommunications la région a joué un rôle important avec le centre de radio télégraphie de La Doua (1914) et dans la fabrication de lampes radio TM des Ets. GRAMMONT.

EFFORT SANITAIRE
Un énorme effort sanitaire s’impose très vite pour l’accueil et le traitement des très nombreux blessés et malades évacués sur la région, avec l’ouverture dans toutes les structures disponibles d’environ 170 hôpitaux complémentaires et auxiliaires à Lyon et dans les communes voisines, représentant plus de 7000 lits de traitement.
Plusieurs pôles d’excellence sont à signaler. Le docteur Albéric Pont développe la chirurgie maxillo-faciale pour le traitement des « Gueules cassées« . Les frères Lumière développent la radiologie, inventent une prothèse de main et surtout inventent et fabriquent le Tulle gras, qui améliore grandement les soins aux blessés. Les troubles psychiques sont pris en compte et soignés à l’asile de Bron par le Docteur Lépine. La mairie de Lyon ouvre une école rue Rachais pour la rééducation des mutilés et handicapés.

Tramway ambulance

EFFORT FINANCIER
La collecte financière de l’or des « bas de laine » par, entre autres, le Crédit Lyonnais, à l’époque première banque européenne, a permis l’invraisemblable effort industriel nécessaire pour fournir le champ de bataille. Même Guignol y participe !

Affiche couleur locale!!


Pour gagner cette guerre, en plus des pertes humaines énormes (1.357.800 morts, 4.266.000 blessés pour une population de 38.500.000 d’habitants), nos aïeux ont dû fournir un effort industriel, financier et sanitaire considérable.

Mais la guerre n’a pas complètement arrêté l’activité économique et les travaux, ainsi la Foire de Lyon créée en 1916 et l’inauguration du pont Wilson à Lyon le 14 juillet 1918 au cours d’une importante prise d’armes interalliée.

Foire de Lyon place Bellecour en 1918

dernière modification 05/2016 / documents : musée militaire / Gérard Chauvy – Lyon disparu 1880-1950 ELAH 2010 / R.Racine – Lyon 14-18 – Sutton 2015

L’Hôpital Desgenettes

HISTOIRE de l’HÔPITAL MILITAIRE DESGENETTES à LYON 

Le PREMIER HÔPITAL DESGENETTES

Il n’y a pas d’hôpital militaire à Lyon avant 1831. Ce premier hôpital s’installe dans la Presqu’île, quai de la Charité (aujourd’hui quai Gailleton) avec la rue Sala au sud, dans des locaux mitoyens avec l’Hôpital de la Charité.
Depuis 1616, il y avait là le couvent des Religieuses de Sainte-Elisabeth en Bellecour. Ce couvent est vendu en 1747 à l’Aumône Générale, qui y installe le « Bicêtre de la Charité » destiné à recevoir les mendiants. Cette institution cesse son activité en 1783 faute d’argent. Rachetés les bâtiments sont reconvertis pour y accueillir l’administration des fermiers généraux et la Douane, qui s’y installe en avril 1789, d’où le nom de « Nouvelle Douane ». Cette activité sera très courte, car dès l’année suivante la Révolution reconvertit les locaux en caserne. En 1810 la ville devient propriétaire de la caserne de la Nouvelle Douane; le bâtiment est affecté à la cavalerie, jusqu’à sa transformation en hôpital en 1831, qui prend le nom d’Hôpital de la Nouvelle Douane.

La façade sur le quai

Dès 1835 l’hôpital s’agrandit vers l’ouest en achetant aux hospices le terrain mitoyen jusqu’à la rue de la Charité. Les locaux sont agrandis par diverses constructions, dont ce qui sera le casernement des infirmiers. Pendant la guerre de 1870-71 l’hôpital accueille un grand nombre de blessés et de malades. Dans la décennie qui suit, grâce aux progrès de l’hygiène, la mortalité hospitalière diminue, passant de 166 décès annuels en 1876 à 64 en 1885. En 1887 l’hôpital de la Nouvelle Douane est baptisé Hôpital Militaire Desgenettes, du nom du médecin-chef de l’expédition d’Egypte et médecin de la Grande Armée.

La cour principale

Deux ans plus tard il devient Hôpital d’Instruction par l’implantation à Lyon de l’Ecole du Service de Santé. Dans un premier temps les élèves sont logés à l’hôpital en attendant la construction de leur école achevée en 1894. Les élèves effectuent leurs stages cliniques à l’hôpital, qui compte 400 lits. Dès 1897 un appareil de radioscopie aide au diagnostic de la tuberculose. Un embranchement de rails permet à un tramway sanitaire d’entrer dans la cour.

Le tramway sanitaire

Pendant la Grande Guerre, l’hôpital soigne des milliers de blessés, mais l’afflux est tel que l’on doit très vite faire appel aux hôpitaux civils et ouvrir des hôpitaux complémentaires et auxiliaires.
Dans les années 1930 l’hôpital Desgenettes ne correspond plus aux normes d’un hôpital moderne, et son remplacement par une nouvelle structure est programmé. La guerre et l’Occupation lui donneront un sursis. En 1942 l’hôpital n’est pas évacué ; il continue à fonctionner sous l’occupation avec des médecins militaires habillés en civil, ainsi que tout le personnel. Les derniers services le quittent au premier semestre 1946. Sur cette photo aérienne de 1945 on voit le vieil hôpital à côté du nouvel Hôtel des Postes construit après démolition de l’hôpital de la Charité en 1934.

1945, l’hôpital Desgenettes à côté de la Grande Poste

L’hôpital du quai du Rhône abrite ensuite différents organismes et associations. Il ne sera démoli qu’en 1967 pour faire place au Sofitel côté quai et à l’Hôtel des Finances côté rue de la Charité.

Le SECOND HÔPITAL DESGENETTES

Dans les années 1930 le pôle médical de Lyon se déplace vers l’est, avec l’ouverture du grand hôpital à Grange-Blanche (H. Edouard Herriot), ainsi que la faculté de Médecine. Un terrain est acquis en face de l’hôpital du Vinatier en limite de Lyon, pour construire un hôpital militaire neuf. La construction débute en 1938 ; elle sera retardée par la guerre. La nouvelle structure accueille le service des contagieux dès 1941, mais l’ensemble sera terminé et complètement en service en juin 1946.

L’Hôpital Desgenettes vers 1950

L’entrée et la façade principale sont sur le boulevard Pinel. Il forme un bloc à 5 étages en forme de H ; le bâtiment du fond, au départ pavillon des contagieux est aujourd’hui relié à l’ensemble. Le bâtiment de 3 étages au sud côté avenue Rockefeller abrite de 1955 à 1988 le Centre de Recherche du Service de Santé (CRSSA) et aujourd’hui les laboratoires de l’hôpital.

Vue aérienne vers 2000

L’Ecole de Santé a été reconstruite à Bron en 1981, elle est à nouveau proche de son hôpital de formation. A partir de 1980, Desgenettes est modernisé : construction au sud entre les branches du H d’un bâtiment bloc opératoire réanimation radiologie et au nord d’un service d’urgence. Par ailleurs toutes les chambres sont peu à peu modernisées, avec une diminution du nombre de lits.
L’Hôpital d’Instruction des Armées Desgenettes est aujourd’hui un établissement de soins performant ouvert à tous.

2016 : PARTENARIAT AVEC LES HCLLe DECLIN
Un rapprochement est amorcé entre l’Hôpital Desgenettes et les HCL (Hospices Civils de Lyon) et en particulier avec l’Hôpital Édouard Herriot (HEH) voisin avec des transferts de personnel prévus. Les spécialités chirurgicales et l’anesthésie-réanimation seront transférées à l’HEH. Desgenettes gardera les urgences médicales et accueillera les services de l’hôpital Henri Gabrielle (médecine et physique et rééducation).

Fresque du hall d’entrée de Jean Coquet (1946) : Desgenettes s’inoculant la peste à Jaffa

2021 Le transfert de l’hôpital Henri Gabrielle n’a pas été réalisé… En octobre 2021 l’avenir s’assombrit: la ministre déléguée aux armées annonce la transformation de l’hôpital en « antenne hospitalière des Armées » (AHA) fonctionnant en ambulatoire dans le bâtiment psychiatrie actuel, dédié en particulier au suivi des stress post-traumatiques des soldats. L’ouverture au civil est terminée… On s’achemine donc vers la dissolution… Que va devenir le bâtiment principal?


site internet : www.hiadesgenettes.hautetfort.com
Article de 2013 – Dernière modification : 08/2023
Sources : Médecin-colonel Camelin – Lyon et la médecine militaire – Revue Historique des Armées Bimillénaire de Lyon 1957 / R.Cristau & R.Wey – Les hôpitaux militaires au XXe siècle – le Cherche-Midi 2006

Les Fortifications de la Croix-Rousse

Les FORTIFICATIONS de la CROIX-ROUSSE 

Les fortifications de la Croix-Rousse s’étendaient du Rhône à la Saône en ligne droite à l’emplacement du boulevard de la Croix-Rousse actuel. Un premier rempart existait probablement depuis le début du XV° siècle à cet endroit en avant du véritable rempart de Lyon qui était aux Terreaux. L’initiative du remplacement des « vieux fossés » par une enceinte bastionnée revient au Roi Louis XII en 1512. La construction commence dès 1513 mais est très lente ; François Ier en 1523 nomme Jean Pérréal responsable des fortifications, dont la construction se poursuit jusque vers 1550 sous l’impulsion de Jean d’Albon.

A cette date le Plan Scénographique de Lyon montre un rempart continu, dessiné de manière schématique percé d’une porte avec un pont-levis, la porte Saint-Sébastien. Après l’épisode du gouvernement protestant de la ville (1562-63), le roi Charles IX et sa mère visitent la ville en 1564. Il décide la construction d’une citadelle en haut des pentes de la Croix-Rousse, pour maintenir la ville dans l’obéissance. Construite elle reçoit en 1565 une garnison royale. Cette citadelle porte atteinte aux libertés de la ville et les lyonnais réclament sa démolition. En 1585 Henri III cédera aux revendications des lyonnais, les autorisant à la détruire, en leur faisant payer 40000£ pour lui en compensation. De même en 1602 le Consulat de Lyon craignant que les murailles puissent servir contre la ville obtient que les bastions soient ouverts vers la ville : des murs intérieurs sont donc démolis.

Plan de Simon Maupin vers 1620


XVII° XVIII° SIÈCLES
Vers 1600 l’ensemble compte 9 bastions à oreillons reliés par une courtine ; ils sont appelés en partant de la Saône :
- 1- bastion St-Jean dominant la Saône
- 2- bastion Notre Dame
- 3- bastion de la Grenouille,
- 4- bastion de la Tourette
- 5- bastion de St- André
- 6- bastion St-Sébastien. Dans ce bastion St-Sébastien s’ouvre la porte du même nom (ou porte de la Croix-Rousse), unique porte de l’enceinte au débouché de la montée de la Grand-Côte (rue des Pierres Plantées) donnant accès au plateau par la Grande Rue de la Croix-Rousse.
- 7- Bastion d’Orléans,
- 8- bastion St-Laurent,
- 9- bastion St-Clair au bord du Rhône.

Le fort St Jean en 1670

Pendant les années 1630 sur l’initiative du gouverneur Charles d’Alincourt, la fortification est complétée et modernisée par une suite de 6 demi-lunes en avant du rempart entre les bastions : leur emplacement se retrouve aujourd’hui dans le plan triangulaire de certaines places ou rues. En contrebas du fort St-Jean est ouverte sur la rive gauche de la Saône une porte fortifiée, la « porte d’Alincourt ».
Au début du XVIII° siècle les fortifications sont à l’abandon ; le bastion St-Clair sera démoli dès 1772 pour ouvrir le quai St-Clair le long du Rhône. Les pentes sont occupées en majorité par des établissements religieux.

Plan des Remparts en 1789

La RÉVOLUTION
En 1793 pendant le Siège de Lyon des batteries d’artillerie sont installées sur les bastions : sur le bastion 1 en direction de Vaise, 5, 6, 7 en direction du plateau et 8 en direction des Brotteaux. En 1796 certains bastions (Orléans et St-Laurent) sont vendus comme Biens Nationaux à des investisseurs privés et la ville doit les racheter en 1819.

Pendant les Cent-Jours en mai-juin 1815 sont entrepris dans l’urgence des travaux de remise en état des fortifications de Lyon : on aplanit les bastions et on élève des parapets en terre. Mais il n’y aura pas de nouveau siège de Lyon, car les hostilités sont suspendues le 12 juillet.

MONARCHIE DE JUILLET

Le Fort Saint-Jean

Les bastions seront cédés à l’Etat en 1832 pour la réorganisation des fortifications (travaux du général baron Rohaut de Fleury directeur des fortifications de Lyon de 1831 à 1837).

Les fortifications sont réparées et consolidées : le bastion St-Jean est incorporé dans un fort constituant un puissant ouvrage superposant 7 niveaux d’artillerie avec des casernes intérieures (1834). Le bastion des Chartreux et la porte du même nom encadrent le terrain de manoeuvre du Clos-Jouve situé à l’intérieur du rempart. Le bastion 6 très réduit dès les années 1820 inclut la porte de la Croix-Rousse, elle est défendue par la caserne fortifiée des Bernardines.

Vue en direction de l’ouest: Porte et bastion des Chartreux

Le bastion St-Laurent est équipé vers 1835 d’une petite caserne fortifiée à 2 étages pour 400 hommes, flanquée d’une porte monumentale avec 2 pavillons d’octroi. Cette porte devait permettre aux soldats des casernes des pentes de sortir rapidement sur le plateau en cas de révolte.

1853: de gauche à droite la caserne des Bernardines, la porte, caserne et bastion Saint-Laurent

DEUXIÈME RÉPUBLIQUE et SECOND EMPIRE
Dès la chute de Louis-Philippe des militants révolutionnaires commencent la démolition de l’enceinte, qui avait la réputation d’avoir été construite pour contenir les révoltes.
Ce type de fortification urbaine devient obsolète. L’enceinte est rétrocédée à la ville en 1862 et est percée par le chemin de fer de Sathonay, qui vient faire correspondance avec le funiculaire de la rue Terme en 1863. Le plan ci-dessous donne l’état des lieux vers 1865.

Plan de 1865

La demi-lune entre le bastion d’Orléans et la porte de la Croix-Rousse a été convertie en gymnase militaire (il en reste un portail isolé à l’intérieur du pâté de maisons qui l’a remplacé). En 1867 le rempart est démoli pour faire place au boulevard de la Croix-Rousse (d’abord nommé boulevard de l’Empereur) ; en 1868 la porte St-Laurent est également démolie. Conservés pour leurs casernes, ne restent alors que le fort St-Jean et le bastion St-Laurent.

Le Bastion Saint-Laurent en 2005

XX° SIÈCLE
Le fort St-Jean côté Saône héberge une partie du régiment logé à la caserne de Serin en contrebas. Puis il abrite la Défense anti-aérienne en 1939, la Pharmacie Régionale du Service de Santé de 1932 à 1984, puis l’Inspection des services vétérinaires et un magasin de réserve de mobilisation du Service de Santé jusqu’en 1998. Bien réaménagé, il accueille depuis 2004 l’Ecole Nationale du Trésor.
Le bastion St-Laurent côté Rhône a hébergé depuis 1936 la Direction Régionale du Service de Santé des Armées : elle a déménagé au quartier général Frère en juin 2014. En 2023 le site de St-Laurent est en voie de transformation en résidence hôtelière.

Article de 2010dernière modification 05/2023

La Bibliothèque Militaire de Lyon

La BIBLIOTHÈQUE MILITAIRE de LYON : BIBLIOTHÈQUE HUMBERT DE GROSLÉE

ACCUEIL

La Bibliothèque Militaire de Lyon, baptisée depuis 2019 Bibliothèque Humbert de Groslée, est ouverte à tout public du lundi au jeudi de 9h15 à 11h45 et 13h30 à 17h et le vendredi de 9h15 à 11h45.

PAS DE FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES DE PRINTEMPS

Blason d’Humbert de Groslée

Pour emprunter un ouvrage, les lecteurs peuvent le réserver sur le site internet https://humbert-de-groslee.bibli.fr à partir de leur espace personnel.
Si des lecteurs ne disposent pas des identifiants de connexion ou rencontrent des difficultés, ils sont invités à nous contacter pour être aidés.
La Bibliothèque peut être contactée par téléphone au 04.37.27.20.66 (nouveau numéro) et courriel : bibliothèque.lyon.armees@orange.fr.
Les lecteurs peuvent emprunter les livres modernes ou anciens de leur choix, moyennant une cotisation annuelle de 20 euros par famille. Gratuit pour les personnels de la Défense et les étudiants. Bonne lecture !

NOUS TROUVER
Monsieur Christophe Chevassus bibliothécaire, son aide et son équipe de bénévoles seront heureux de vous accueillir. La Bibliothèque se situe au Cercle Bellecour, rebaptisé en avril 2023 Cercle Général Frère, à l’entrée du quartier Général Frère (QGF) 22 avenue Leclerc, Lyon 7°.
En entrant se garer sur la droite au parking visiteurs durée limitée : demander l’ouverture de la barrière avec le bouton d’appel. La bibliothèque se trouve dans le bâtiment en face, le Cercle Général Frère (ex Cercle des Officiers), au niveau mezzanine du grand hall sur la droite

ACTUALITE DE LA BIBLIOTHEQUE

MARS 2024: La remise en ordre de la Bibliothèque principale est pratiquement achevée. Finalement le rayon lyonnais et régional y a retrouvé sa place. Le Centre de Documentation est dans ses meubles sur la mezzanine.

Après rénovation, la bibliothèque principale plus claire, plus aérée, avec des tables de travail…

FEVRIER 2024: L’Annexe sur la mezzanine est en cours d’installation. Sont déjà en place les romans contemporains, historiques et policiers, les bandes dessinées, les Sciences fondamentales et appliquées et voyages. Le rayon lyonnais et régional est en cours de rangement. De plus contre les vitres de la façade ouest un espace va accueillir le Centre de Documentation avec des armoires de classement neuves.

JANVIER 2024: Le remplacement du sol en 2023 a donné l’occasion d’une complète réorganisation de la Bibliothèque. Nous allons garder une annexe sur la mezzanine avec principalement les romans… La salle principale, maintenant beaucoup plus aérée, est consacrée à l’art militaire, l’histoire, la géopolitique et le rayon régional... L’ensemble des rayons est en cours de reclassement, ce qui est un travail colossal et très long…

OCTOBRE 2023 TRAVAUX: il était nécessaire depuis longtemps de remplacer la moquette bien sale par un sol lavable dans notre local principal… L’opération a nécessité le déménagement de toutes les étagères de livres et des meubles sur la mezzanine; elle a eu lieu du 19 au 24 /10. La bibliothèque reste ouverte pendant cette période délicate… Il faut maintenant ranger les livres sur de nouvelles étagères…

CHOIX de LIVRES
Nous avons atteint en octobre 2022 46700 ouvrages répertoriés !!!. La bibliothèque achète régulièrement des livres de loisirs actuels (romans, romans policiers… ) et des ouvrages culturels sur tous les sujets : (histoire, histoire militaire, géopolitique, rayon lyonnais, biographies, mémoires, société…), sans oublier un rayon BD.
Elle bénéficie également de fréquentes donations. Les livres doivent être triés, cotés, enregistrés, étiquetés et couverts un par un… Beaucoup de travail pour les bénévoles !

Un rayon du Fonds Patrimonial

FONDS PATRIMONIAL ANCIEN
La Bibliothèque Militaire de Lyon détient de plus dans sa réserve un très important fonds patrimonial historique et militaire ancien, avec beaucoup de livres du XIX° siècle, à la disposition des amateurs et des chercheurs, à emprunter ou consulter sur place selon les cas.

Par exemple, nous détenons plus de 1400 livres sur la Grande Guerre, plus de 1800 sur la Seconde Guerre Mondiale et plus de 300 sur la guerre d’Algérie. Nous avons 50 ouvrages d’époque sur les guerres balkaniques de 1912/13…

UN NOUVEAU SITE INTERNET
Notre récent site internet (2017) est opérationnel et accessible sur https://humbert-de-groslee.bibli.fr. [Nous avons été contraints de changer d’adresse internet par un problème de serveur]. Largement supérieur au précédent en qualité et en potentialités, notre site évoluera. Sur la page d’accueil figure le moteur de recherche par mots-clés dans notre catalogue de livres (plus de 46000 ouvrages répertoriés à ce jour). Vous pouvez aussi naviguer dans la bibliothèque et ses différentes sections (en cours de répartition). Enfin en bas les images des couvertures des nouveautés défilent horizontalement. À consulter sans modération !!
Dans ce site il y a un support logiciel beaucoup plus performant, qui nous permet de gérer les prêts par l’informatique, avec prévu dans une étape ultérieure l’utilisation d’un lecteur de codes-barre.
Certains titres sont encore altérés par des « bugs » hérités de notre ancien site (points d’interrogation à la place des lettres à accent) : la correction ligne par ligne sera longue… Chaque notice doit être revue pour préciser la localisation du livre.

Ouvrage de 1724

HISTOIRE de la BIBLIOTHÈQUE
Créée en 1860, la Bibliothèque possède de ce fait un important fonds de livres anciens du XIX° siècle. Elle a longtemps trouvé place dans l’ancienne caserne Bissuel place Carnot, ainsi qu’au cercle des officiers autrefois à l’angle de la place Bellecour au dessus de l’ancienne librairie Flammarion après 1945. Le fonds ancien est délaissé dans de mauvaises conditions (humidité) dans les caves de l’ex-hôpital Desgenettes en bordure du Rhône… En 1967 tous les livres sont transférés au Quartier général Frère dans un bâtiment désaffecté.

Enfin en 1972 la bibliothèque est déménagée au nouveau Cercle des Officiers dans un local en mezzanine ; le fonds ancien trouve sa place dans une annexe, où il est encore un peu oublié pendant 15 ans… Depuis le contenu de la réserve a été classé, étiqueté, catalogué et depuis quelques années saisi sur internet, opération longue qui est toujours en cours.

Le 16 avril 2019 la Bibliothèque a pris officiellement le nom d’HUMBERT DE GROSLÉE, homme de guerre et sénéchal de Lyon à l’époque de Jeanne d’Arc. Une plaque a été apposée à l’entrée du Cercle Bellecour.

Le général Gouverneur et monsieur Chevassus devant la plaque

EXPOSITION EN COURS
Une exposition d’affiches de la Grande Guerre est en cours dans la salle d’exposition du Cercle (ex-salon jaune).

ASSOCIATION des AMIS de la BIBLIOTHÈQUE
Une association des amis de la Bibliothèque domiciliée au quartier Général Frère a vu le jour en juillet 2013 : son but est de développer la notoriété et de soutenir les activités de la Bibliothèque. L’assemblée générale de l’association a eu lieu le 1er décembre 2022 à la Bibliothèque.

Le Cercle Général Frère, ex-Cercle Bellecour, ex-Cercle de Garnison

Article mis à jour en permanence

Le Général FRERE

Le Général FRERE (1881-1944)

Aubert FRERE, natif d’une famille d’agriculteurs du Pas-de-Calais, prépare le bac à St-Omer, entre à Saint-Cyr en 1900 et commence sa carrière militaire en Algérie en Oranie et au Maroc sous les ordres de Lyautey. Sa brillante conduite lui vaut une citation et la Légion d’honneur à 8 ans de service. Rentré en France en 1912, affecté au 8° bataillon de Chasseurs à Amiens, il est promu capitaine l’année suivante et rejoint le 1er régiment d’Infanterie de Cambrai. Il se marie en mai 1914.

Le Lieutenant Frère

La GRANDE GUERRE
En août 1914 son régiment entre en Belgique et participe à la bataille de Charleroi, où le capitaine Frère est blessé. En 1915-1916 il endure courageusement les combats de la guerre des tranchées en Champagne, à Verdun et sur la Somme, ce qui lui vaut 2 citations. En 1917 le commandant Frère est au 6° BCA où il est à nouveau blessé. Il est blessé gravement pour la troisième fois en 1918 en Picardie, puis promu lieutenant-colonel.

Les ANNÉES 1920 et 1930
En 1919 il commande le 1er RI à Cambrai (1919-1924) ; promu colonel en 1925, il commande l’École des Chars (1925-1931), où il milite pour l’autonomie de l’arme blindée : il ne sera pas écouté.

1930 le colonel Frère devant un char Saint-Chamond et avec un officier japonais

Général de brigade à 50 ans en 1931, il prend le commandement de l’École de Saint-Cyr (1931-1935), puis comme général de division il devient le chef de la 11ème division à Nancy – la Division de Fer) (1935-1937), où il a le colonel de Gaulle sous ses ordres. Puis comme général de corps d’armée, il est à la tête de la 3ème RM (Rouen 1937-39), puis de la 10ème (Strasbourg 1939).

1939 Strasbourg, Frère avec à sa gauche le jeune général de Lattre. 14 juillet?

La GUERRE 1939-1940
À la déclaration de guerre, il prend le commandement du 8° CA à Strasbourg qui participe à l’opération Sarre en avant de la ligne Maginot (septembre-octobre 1939). Pendant les mois qui suivent le Général Frère manifeste son impatience et ses divergences avec le haut-commandement.

Frère avec le Général Gamelin

Mai 1940 : la vraie guerre commence et dans l’urgence, le Général Georges lui confie le 17 mai le commandement de la VIIème Armée en cours de renforcement, avec pour mission de barrer la route de Paris, en rétablissant la liaison entre la VI° armée et la IX° déjà profondément disloquée.
C’est une mission impossible : Frère tente de colmater la brèche ouverte, prépare une contre attaque sur Arras à laquelle il faut renoncer pour se replier sur la Somme-Aisne. Le 6 juin il déclenche une attaque d’aviation qui freine l’avance des blindés ennemis, mais l’ordre de repli général force l’armée du Général Frère à reculer en une suite infernale de journées de combat et de nuits de marches forcées jusqu’à la vallée de la Dordogne. Mais la VII° Armée n’a été ni rompue, ni encerclée et a gardé jusqu’au bout sa cohésion. « Vous n’avez pas connu la défaite » peut écrire le Général Frère le 24 juin à ses 12 divisions, dont la 11° DI.

Le Général Frère

L’ARMÉE D’ARMISTICE
Le Général Frère est nommé le 1er juillet 1940 au commandement de la 12° RM de Limoges ; il doit présider le conseil de guerre à Clermont-Ferrand, qui à la majorité des voix condamne à mort par contumace le Général De Gaulle pour désertion. Dès le 17 août il est muté à Lyon comme gouverneur militaire et commandant de la 14° RM succédant au général Touchon. Dans le cadre de l’ Armée d’Armistice il n’ a plus sous ses ordres que la 14° Division Militaire, qu’il encourage à travailler au redressement de la France. En même temps il donne en sous-main l’ordre de cacher et soustraire aux contrôles des commissions d’armistice le maximum d’armes et de matériel et de se préparer à l’action clandestine.

Titulature et signature du Général Frère à Lyon
Frère à Grenoble

Frère demeure un peu moins d’un an à Lyon, car en juillet 1941 promu Général d’Armée, il part à Royat prendre la tête du 2° groupe de divisions, ce qui lui donne autorité sur la moitié de l’Armée d’Armistice. Pendant cette année de commandement, il visite toutes les garnisons et encourage l’esprit de résistance. Le Général Frère est atteint le 1er septembre 1942 par la nouvelle limite d’âge, abaissée d’un an, probablement pour l’écarter discrètement.

1942 Frère Général d’Armée -à droite de Lattre

Le RÉSISTANT
Le 11 novembre 1942 les Allemands entrent en zone libre et le 27 novembre l’Armée d’Armistice est dissoute. Les généraux Verneau et Olléris et le général Revers activent l’ORA (Organisation de Résistance de l’Armée). Ces trois chefs appellent à leur tête le Général Frère, qui habite toujours à Royat et y demeure très surveillé. Il cherche le contact avec les autres mouvements de Résistance et refuse de partir à Londres. Il est arrêté le 13 juin 1943 à Royat, emprisonné à Vichy, puis à Fresnes et enfin en mai 1944 au camp de concentration du Struthof en Alsace, où il meurt de maladie le 13 juin 1944. Sa femme, arrêtée en même temps que lui, est déportée à Ravensbrück, d’où elle reviendra en 1945.

La promotion 1949 de Saint-Cyr porte le nom de « Général Frère ». Le Général Weygand a écrit en 1949 sa biographie sous le titre : « Le Général Frère : un chef, un héros, un martyr« . La ville de Lyon a dédié une avenue dans le 8ème arrondissement et la caserne de la Vitriolerie est devenue en 1968 le Quartier Général Frère (QGF), où une stèle en son honneur a été élevée.

En mai 2023: la stèle a été déplacée devant le Cercle de Garnison rebaptisé « Cercle Général Frère »

En remplacement de celle du premier étage, une nouvelle vitrine de documents et souvenirs du Général Frère a été installée dans le couloir d’accès au restaurant par les bénévoles du Musée d’Histoire militaire de Lyon.

la nouvelle vitrine au rez-de-chaussée

Article de 2010 – Dernière modification 05/2023Documents musée militaire Lyon

La Bataille des Alpes 1945

La CAMPAGNE des ALPES septembre 1944 – avril 1945 

Après le débarquement en Provence et la ruée des Alliés vers le nord, les allemands sont refoulés dans les Alpes sur les cols et la frontière par les bataillons FFI et les unités de la 2° DIM (Division d’Infanterie Marocaine), général Dody jusqu’au 18/09/1944 puis général Carpentier.

Insigne du 5° RTM

Le 5 septembre Briançon, qui avait été reprise par les Allemands est libérée. Le 14/09 après beaucoup de souffrances, la Maurienne est libre jusqu’à Modane grâce à la 2° DIM (5° RTM et 3° Tabors) et aux FFI des deux Savoie. Mais l’ennemi s’accroche sur les principaux cols, afin de couvrir les arrières de l’armée du maréchal Kesselring, qui se défend pied à pied en Italie contre les troupes alliées du général Clark.

RECONSTITUTION D’UNE DIVISION ALPINE
En septembre 1944 est créée, pour encadrer les FFI des Alpes, une « Division Alpine » confiée au colonel Vallette d’Osia, bientôt rebaptisée 27° DIA (Division d’Infanterie Alpine), Elle est progressivement réorganisée en 4 demi-brigades. Les 2 premières deviennent des demi-brigades de chasseurs alpins : les bataillons FFI sont regroupés deux par deux pour reconstituer les bataillons de chasseurs alpins (BCA). Les BCA 7, 13, 27 pour la 5° demi-brigade et 6, 11, 15 pour la 7° demi-brigade. Les 2 autres demi-brigades deviennent les 99° et 159° RIA (Régiment d’Infanterie Alpine). Jusqu’à la fin de 1944 les actions se limitent à l’envoi de patrouilles de reconnaissance pour repérer et tester les défenses ennemies. En janvier 1945 le général Molle prend le commandement de la 27°DIA et du front des Alpes.

L’hiver 1944-45 est d’une extrême rigueur empêchant toute opération d’envergure. Pourtant à la mi-février une vingtaine d’éclaireurs-skieurs du bataillon du Mont-Blanc repoussent une attaque allemande au col du Midi (3600m) dans le plus haut combat d’Europe.

Le général Doyen

L’ARMÉE des ALPES
Le 1er mars 1945 le front des Alpes est confié au général Doyen sous le nom de Détachement d’Armée des Alpes, qui est rattaché au VI° groupe d’armée US (général Devers). Doyen réorganise le dispositif en 3 secteurs du nord au sud. Du fait de la faiblesse des moyens en génie, train et artillerie (69° RA), il décide d’attaquer successivement en Tarentaise, en Maurienne, sur l’Authion dans les Alpes-Maritimes et enfin en direction du col de Larche (22-26 avril).


L’OFFENSIVE
En Tarentaise l’offensive commence le 23 mars au nord et au sud de la route qui mène au col du Petit-St-Bernard. Le 7° BCA enlève un poste sur les pentes est de Belleface, tandis que plus au sud le 13° BCA lance des assauts répétés avec l’aide de l’artillerie sur le Roc-Noir et le col des Embrasures qui sont complètement conquis le 31 mars, au prix de 40 morts et 60 blessés.

Chasseur Alpin dans la neige

En Maurienne, l’attaque du Mont-Cenis débute le 5 avril ; l’objectif est de réoccuper la crête frontière, appuyée par l’artillerie du 69° RA et du 93° RAM. Deux actions de débordements sont menées simultanément, à l’ouest et au sud par les 6°, 11° et 15° BCA, à l’est par 2 compagnies du 27° BCA, actions handicapées par l’épaisseur de la neige. A l’ouest le Mont-Froid est conquis et conservé malgré une contre-attaque de l’ennemi (11° BCA citation). Le fort de la petite-Turra ne peut être pris. L’action ne peut être poursuivie, car une partie de l’artillerie doit partir pour l’offensive sur l’Authion. Le 12 avril l’ennemi reprend le Mont-Froid sur le 6° BCA après une résistance acharnée (24 tués).

La 1ère DFL dans la neige

Sur l’Authion au nord de Nice, l’attaque commence le 10 avril menée par la 1° DMI (Division Motorisée d’Infanterie, ex 1° DFL) du général Garbay contre un ennemi solidement embastionné. Quatre jours de furieux combats sont nécessaires avec l’appui de l’artillerie et de l’aviation pour conquérir cette position. Le Bataillon d’Infanterie de Marine du Pacifique (BIMP) s’y est illustré.

Assaut de l’Authion par le 1° RFM

Au dessus de Barcelonnette la vallée de l’Ubaye est barré par des ouvrages fortifiés interdisant la route du col de Larche. L’assaut débute le 22 avril avec les 99°, 159° et 141° RIA, le 5° Dragons et le 24° BCA soutenu par l’artillerie et l’aviation ; la résistance est réduite en 3 jours.

Une CAMPAGNE VICTORIEUSE
Suite à ces actions et à la situation en Italie, le 24 avril l’ennemi abandonne ses positions dans la zone sud et se replie en Italie. Les 25 et 26 les Alpes-maritimes sont libérées, le col de Larche est atteint. Le 26 le Général Doyen ordonne aux unités de passer la frontière et d’avancer. Au nord les chasseurs passent les cols et descendent dans le Val d’Aoste ; de même au centre les bataillons passent le mont-Cenis par tous les cols et descendent en direction de Suse. Au sud la 1° DMI passe le col de Larche en direction de Coni. L’avance française vers Turin est stoppée en plein élan le 28 par un ordre américain, car la France n’était pas participante de l’armistice avec l’Italie. Le 29 les 2 dernières positions ennemies proches du Petit-St-Bernard (Redoute Ruinée) sont occupées.

L’Avance des Unités Françaises

Les unités du DAlp se sont arrêtées sur les positions atteintes : le Val d’Aoste est tenu par la 5° demi-brigade (7° 13° et 27° BCA), la vallée de Suse par la 7° demi-brigade (6° 11° 15° BCA) et le 99° RIA, la région sud aux abords de Coni par la 1°DMI et unités associées. Le 18 mai à Grenoble le général Doyen passe en revue les troupes avec le général Devers et le 24 mai une prise d’armes franco-britannique a lieu à Aoste.

Doyen et Devers à Grenoble
Prise d’Armes place de l’Hôtel de Ville à Aoste

ÉPILOGUE
Au traité de Paris (02/1947), des rectifications de frontière sont accordées à la France, sur les indications du général Doyen, environ 700 km² : plateaux des cols du petit-St-Bernard et du mont-Cenis, la vallée Etroite au dessus de Bardonecchia, le fort du Chaberton à Montgenèvre et dans les Alpes-Maritimes Tende et la haute vallée de la Roya.

Cartes des Rectifications de Frontière

Par la suite le général Doyen occupe brièvement le poste de gouverneur militaire de Lyon après Descour de septembre 1945 à mars 1946.

Article de 2011 – Dernière modification 08/2021
Sources : Général A. Doyen – La campagne du détachement d’armée des Alpes (mars-avril-mai 1945) – B. Arthaud 1948 / Revue Historique des Armées 1975-3 et 1995-2

L’Aviation à Bron

Le RÔLE MILITAIRE de l’AÉROPORT de LYON-BRON

Au début du XX° siècle, les progrès de l’aviation sont favorisés par la tenue de meetings aériens, qui permettent aux pilotes de se mesurer et de confronter leur technique. Ainsi en mai 1910 se tient sur le terrain de la Poudrette à Villeurbanne une « semaine de l’aviation » qui rencontre un grand succès.

AVANT 1914
Au mois de septembre suivant, la mairie de Bron est saisie d’un projet de création d’un « champ d’expériences d’aviation » ; les choses vont très vite car l’inauguration a lieu en novembre 1910. Une école d’aviation y est ouverte. Bientôt l’armée y envoie des élèves-pilotes militaires. Une loi de mars 1912 crée l’Aéronautique Militaire et la même année le terrain de Bron est agrandi pour accueillir un centre d’aviation militaire. La 31° section d’aéronautique s’y installe : on y crée 2 escadrilles en 1913 HF19 et MF20.

PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
A la déclaration de guerre les escadrilles rejoignent le front. Rapidement Bron devient une base arrière très importante, avec l’installation du 2° Groupe d’Aviation : des casernements et des hangars sont édifiés à l’est du fort de Bron. La base forme des mécaniciens d’aviation et de mécanique générale, des chauffeurs automobiles, des monteurs d’avions, des électriciens…recrutés en partie parmi les blessés ou malades soignés à Lyon.

Bron pendant la Grande Guerre

L’agglomération lyonnaise est un pôle majeur de la production aéronautique de guerre: de nombreux ateliers construisent des avions, qui sont acheminés sur le terrain de Bron, où ont lieu les essais. Le 2° groupe d’Aviation participe ainsi à la création de nombreuses escadrilles qui s’envolent vers d’autres terrains. Le Président Poincaré y fait une courte visite en septembre 1915. Par ailleurs . L’escadrille 442 (1916-1919) basée sur un terrain à Jonage est affectée à la défense aérienne régionale.

1919 Prise d’Armes à Bron – Fonck porte-drapeau à droite

ENTRE-DEUX-GUERRES

Devant un Bréguet 14 (1920)

Après la guerre est créé à Bron le 5° Groupement d’aviation qui rassemble 6 escadrilles.

En 1920 il est renuméroté 35° Régiment aérien d’observation avec 6 escadrilles, 2 de reconnaissance et 4 d’observation.

En 1922 le 35° est transformé en 35° Régiment d’Aviation Mixte par adjonction de 4 escadrilles de chasse équipés de SPAD13.

Vers 1925 Aviateurs du 35°

En 1927 le 35° compte 14 escadrilles volant sur Bréguet 19 ou LGL32. Il participe à l’instruction et aux manœuvres, avec une spécialisation vers le vol en montagne. Les aviateurs n’ont pas encore de tenue spécifique.

L’entrée du 35° d’Aviation vers 1930

En 1934 l’Armée de l’Air est enfin créée, le terme de Base Aérienne apparaît et les régiments deviennent des Escadres. L’uniforme bleu armée de l’Air avec casquette est adopté.

LGL 32 vers 1932

Bron devient la BA 105 ; le 35° est partagé entre la 5° Escadre de Chasse à 4 escadrilles, la 35° Escadre d’Observation et la 55° Escadre de Reconnaissance/Observation.
En 1937/1938 la 5° Escadre de chasse sera déplacée à Reims. Pendant cette période de nombreux équipements et bâtiments sont construits et en 1939 Bron était devenue une base aérienne bien équipée. Elle se partage avec l’activité civile une emprise de 200 hectares avec une piste gazonnée nord-sud de 1100 m. La base entraîne également des réservistes : Groupe Aérien Régional GAR 562 équipé pour la chasse qui devient Groupe de Chasse III/9 début 1940.

Bron drapeaux des 5° 35° 55° escadres

Insigne de la Base Aérienne de Lyon (Bron)

DEUXIEME GUERRE MONDIALE

A la mobilisation, les escadres de Bron gagnent leurs terrains d’opération. Le Groupe I/35 effectuera des missions de reconnaissance pour la 7° Armée avec des pertes sensibles, comme le capitaine Jean Robert touché en vol au dessus de Guise. Le Groupe II/35 effectue des missions de bombardement avec ses Amiot 143. Les groupes I et II/55 effectueront des missions de reconnaissance au profit de la 8° Armée avec de lourdes pertes.

1939 Aviateurs du GC III/9 devant un Dewoitine 501 – Marqué d’une croix le capitaine Billon

En 1939-1940 la Base de Bron conserve un groupe de chasse et accueille des aviateurs polonais échappés de leur pays vaincu par l’Allemagne hitlérienne. Réfugiés en France, ils se sont regroupés à Bron pour constituer une escadrille aux couleurs de leur pays et participer à la lutte.
Bron est ensuite une base de stockage dans le cadre de l’Armée d’Armistice, période pendant laquelle des cadres rejoignent la Résistance. Occupé par les allemands, ses infrastructures sont détruites par des bombardements en 1944, avant d’être libérée.
L’histoire de la base de Bron de 1939 à 1945 est détaillée dans un article particulier.

B26 Marauder du Groupe Gascogne -12/1944

DEPUIS LA LIBÉRATION
La piste est réparée et allongée à 1800 m par le Génie américain et Bron devient un terrain de transit pour de nombreuses escadrilles de chasse de bombardement et de transport. Puis pendant 5 ans la base de Bron est en sommeil dans ses ruines. En 1951 le bataillon de l’Air 1/111 (services administratifs) s’y établit, Bron devient la BA 111 et en 1952 le Centre d’Entraînement des Réserves 306 avec principalement des avions Morane-Saulnier « Vanneau » qui sera en activité jusqu’en 1964.

Les « Vanneaux » de l’Escadrille de Réserve 1956

Mais un autre avenir s’annonce : Une base radar au Mont-Verdun est en projet dès 1952; les travaux commencent en 1956 et seront très longs…

1955: Station Radar Intérimaire 10/942

En attendant la station Radar intérimaire 10/942 sur véhicules s’installe à Bron en 1955, puis à Satolas en 1957, où elle devient Centre de Détection et Contrôle (CDC) 05/942 dépendant de la base de Bron qui devient Base de Défense aérienne 10/942.

Insigne BA 942 Mont-Verdun

Elle reçoit son insigne en 1960 et en 1964 est rebaptisée Base Aérienne 942. Avec la dissolution de l’escadrille de Réserve, il n’y plus d’avions militaires à Bron. En 1973 le CDC de Satolas rejoint le Mont-Verdun, suivi le 5 novembre 1973 par la BA 942, qui quitte Bron définitivement. La partie opérationnelle est installée dans un ouvrage souterrain de près de 15000 m². La BA942 est baptisée « Capitaine Jean Robert » en mai 1982 en présence de Charles Hernu ministre de la Défense.


Sur l’emplacement de la base de Bron a été construite l’Ecole du Service de Santé ouverte en 1981. Après l’ouverture du nouvel aéroport Saint-Exupéry à Satolas, le terrain de Bron est utilisé par l’aviation privée.

Article de 2011 – Dernière modification 03/2023
source : L’aviation militaire à Bron de 1912 à 1972 – Soc. Lyonnaise d’Histoire de l’Aviation et de Documentation Aéronautique – ELAH 2002

Le Fort Lamotte /Blandan

CHÂTEAU et FORT LAMOTTE – QUARTIER SERGENT BLANDAN 

Cette emprise militaire du 7° arrondissement de Lyon se distingue par une riche histoire. Sur la rive gauche du Rhône, il existait un certain nombre de petites éminences naturelles : le nom de celle qui nous intéresse, aussi écrit LA MOTTE ou LAMOTHE vient du fait qu’elle a très probablement porté une « motte » féodale (XI°-XII° siècles). Située au sud-est du faubourg de la Guillotière, elle devait contrôler le nœud routier des communications vers l’est et le sud.

LE CHÂTEAU
Le château est mentionné pour la première fois en 1476, le châtelain est alors Jean de Villeneuve. Son petit-fils Charles, baron de Joux vend la seigneurie en 1530 à maître Hugues du Puy, procureur, échevin de Lyon en 1537/38 qui se titre Sieur de la Motte. Château et seigneurie sont transmis par héritage en lignes féminines. Vers 1602, les Platel de Vaux et Bourdon de Chazottes se partagent la seigneurie. Les uniques descendantes Platel, religieuses, cèdent leurs droits à leur couvent Sainte-Elisabeth de Bellecour. Quant à la part Bourdon, elle passe après des transactions successives à Jacques de Laube qui vend en 1687 sa part à cette même maison religieuse.

Le Château de la Motte par Leymarie


Entre temps le château accueille des hôtes illustres. Le 6 juin 1556 le cardinal-légat Caraffa, neveu du pape Paul V y loge. De même Marie de Médicis y séjourne le 3 décembre 1600, avant son entrée solennelle à Lyon et son mariage avec Henri IV à la cathédrale Saint-Jean. Le château est à nouveau le lieu de réunion et le point de départ des festivités pour la réception de Louis XIII (11 décembre 1622) venu de Montpellier rejoindre à Lyon les deux reines, sa mère et sa femme. En 1642, c’est Gaston d’Orléans qui loge au château.

LE FORT
Le couvent Sainte-Elisabeth conserve ses biens jusqu’à la Révolution ; le château et son domaine devient alors bien national : en 1791 il est vendu 13000 livres au sieur Verdet. Le propriétaire est par la suite M° Ducreux avoué à Lyon. En 1831 ce dernier est exproprié pour 249000 F par l’autorité militaire.

En effet, le roi Louis-Philippe a chargé le maréchal de camp Rohault de Fleury de fortifier la ville de Lyon ; pour protéger l’extension de l’agglomération sur la rive gauche du Rhône, il fait construire une ceinture de forts, dont le fort La Motte édifié de 1832 à 1848 et orienté vers l’est. Rohault de Fleury, soucieux du patrimoine, préserve heureusement le château, en l’englobant dans le bastion sud-ouest du fort, ce qui donne au plan de ce bastion une forme quadrangulaire. De ce fait le château est le seul conservé de la rive gauche du Rhône (Montvert, les Tournelles, Montchat disparus, Champagnieux inclus dans l’hôpital St-Jean-de-Dieu…). Le fort La Motte, qui pouvait être armé de 58 pièces d’artillerie, abritait le commandement du secteur fortifié oriental de la ville et le château le logement des officiers.

Plan Original du fort La Motte


LA CASERNE
Avec l’augmentation de la portée de l’artillerie, les forts du type Rohault de Fleury deviennent vite obsolètes. Dès le second Empire le fossé ouest est remblayé et remplacé par une grande esplanade fermée à l’ouest en 1863 par un « Grand Casernement » de 230 m de longueur à 2 niveaux (elle sera portée à 3 niveaux à la fin du siècle). À la même époque on ferme l’esplanade au sud par 2 pavillons et un magasin d’armes. À partir de 1873, une nouvelle ceinture de forts plus éloignés est construite selon les concepts du général Séré de Rivières et en 1884, le fort La Motte est déclassé. La caserne fortifiée du réduit est détruite, le réduit lui-même est arasé et on y construit trois bâtiments de logement des troupes (1881/82). Le fort est devenu une caserne de la garnison pouvant contenir deux régiments. En 1886 2200 hommes y sont logés. Beaucoup d’unités y séjournent. Deux bataillons du 52° RI en 1889 ; la partie principale du 96°RI en 1894-1905, puis celle du 99° RI y est logée en 1905-1914. Ces régiments y cohabitent avec le 98° RI, unité du XIII° CA (Clermont-Ferrand) dont la partie centrale est à Roanne.
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Exercice militaire devant le château
Le 99° RI réuni en 1906 sur la grande esplanade


Après la Grande Guerre, le 99° RI ou sa partie principale est à nouveau hébergée au quartier Lamotte.

LE QUARTIER SERGENT BLANDAN
En octobre 1942, à l’occasion du centenaire du combat de Beni-Mered, la caserne la Motte est rebaptisée caserne Sergent Blandan. Des hangars sont construits à l’est (1947). Dans les années 1950, la CRT8 (Compagnie Régionale du Train), la 8° SIM (Infirmiers Militaires) y sont logées. En 1964-68 elle accueille le 99° RI, puis en 1968 le GMR5 (Groupement des Moyens Régionaux) regroupe les éléments du train, de la Santé, des transmissions, la musique…
Le GMR5 devient en 1984 GMR5/22° RI, redevenu par la suite 22° RI. Le quartier loge aussi la 2° compagnie du 45° Régiment de Transmissions de Montélimar qui gère les centres de transmissions de la CMD de Lyon. Le château abrite également depuis 1963 de manière inconfortable un centre de recrutement de la Légion Etrangère. Dans les années 2000, l’armée abandonne progressivement les bâtiments, le grand casernement est occupée par la police, puis encore aujourd’hui par l’Université Lyon 2 et le CROUS.

Plan du Quartier Sergent Blandan
Vue aérienne du Quartier

Une association de sauvegarde réussit à éviter une opération immobilière et obtient la création d’un parc urbain.

Le Grand Casernement en 2012

LE PARC BLANDAN
L’ensemble du quartier de 17 hectares est donc acquis par le Grand Lyon en juillet 2007 pour 15 millions d’euros et fait l’objet d’un projet de rénovation urbain et paysager, le « parc Blandan ». Les espaces libres sont envahis par la végétation et le château est bien dégradé. Début 2012, 11 bâtiments sont promis à la démolition. En septembre 2013 la première tranche du parc est inaugurée. Le grand casernement devenu résidence universitaire est séparé de l’esplanade par une longue grille. La muraille et les 2 bastions est du fort ont été dégagés et rénovés, avec une vaste pelouse baptisée « Plaine des douves ».

La façade est du fort en 09/2013 avec un bâtiment de 1882


La clôture le long de la rue du Repos a été abattue et les murs du bastion sud-ouest en partie dégagés, rendant le château mieux visible. Une deuxième tranche de travaux devrait aménager la partie centrale du fort.
En 2018 après appel à projet le magasin d’armes, bâtiment à droite de l’entrée devrait être transformé en Hôtel et le château être dédié à la restauration avec 2 restaurants et 2 bars.

Des fouilles archéologiques effectuées en 2019-2020 dans la cour du château ont découvert les traces d’une implantation gallo-romaine.

Le Château en janvier 2018

Dernière modification 09/2021
Source : Jean-Pierre Philibert – Le château de la Motte – Conférence 2001 /
ADPB – la fabuleuse histoire de l’Association Parc Blandan -plaquette 2014

La Libération de Lyon

LIBÉRATION de LYON et de sa RÉGION (15 août- 14 septembre 1944)

Les ALLIÉS DÉBARQUENT
15 août 1944 : débarquement allié en Provence Les forces alliées du général Patch remontent en direction de Lyon. Le 6° corps d’armée américain (6° CAUS) du général Truscott emprunte la route des Alpes, pendant que l’armée B (future 1ère Armée Française) du général De Lattre de Tassigny, libère Toulon et Marseille.
L’armée de Lattre est partagée ensuite en un 1er CA (général Béthouart 3°DIA 9°DIC 2°DIM) qui prend la route de Alpes et un 2ème CA (général de Monsabert – 1°DB + 1°DFL) qui franchit le Rhône et remonte la rive droite du Rhône sur les talons de la XIXème armée allemande (général Weise) qui se replie.

La RÉSISTANCE SE MOBILISE
Les résistants FFI de chaque département passent à l’action pour faciliter l’avance des troupes alliées et participer à la Libération. Le chef des FFI de la région est Alban-Vistel, successeur de Chambonnet ; son commandant militaire est le Lcl. Descour « Bayard ».

- 22 août : Le maquis de la Loire (Cdt Marey « Hervé ») fait capituler une forte colonne allemande venant du Puy, à Estivareilles à l’ouest de Saint-Etienne, où il défile le 25 août.

Villeurbanne barricade rue Edouard Vaillant

– 22-23 août : Les FFI du Rhône (Cdt Basset « Mary ») accrochent des colonnes ennemies venant de Roanne et Tarare.
- 23 août : libération de la Tarentaise, mais le Cne Bulle a été tué à Albertville, alors qu’il traitait avec l’ennemi encerclé (20 août). Descour ordonne aux maquis de converger vers la nationale 7 dans la vallée du Rhône. Le Cne Faure fait sauter le pont de Livron, bloquant temporairement le repli de l’armée allemande attaquée sur son flanc par les américains entre Loriol et Montélimar (bataille de Montélimar 24-29 août).
- 24 août : appel à la grève générale
- 24-26 août : À Villeurbanne action spontanée prématurée de la population, avec le soutien des FTP : les habitants élèvent des barricades, la réaction allemande fait nombre de victimes. Fusillade de la rue Tronchet à Lyon.
- 24-28 août : Des FTP de l’Ardèche sont à Brignais, mais ils doivent décrocher le 28.
- 27-29 août : libération prématurée et barricades FTP à Oullins, détruites le 29. Des FFI du Rhône (Cne Challéat) tâtent le terrain de Tassin à Charbonnières.

La CONVERGENCE sur LYON
– 28 août : Grenoble est contrôlée par les FFI, quand l’avant-garde du 6° CAUS y parvient. Descour ordonne aux FFI de converger sur Lyon.
- 28-30 août : Le maquis de la Loire (Cdt Marey) est engagé sur la RN 86 de Givors à Brignais pour gêner le repli ennemi. Le 31, la 11° Panzerdivision (Général von Wiedersheim) traverse Lyon vers le nord en bon ordre.

- 1er-2 septembre : Pour permettre au reste de la XIX° armée allemande de traverser Lyon, la 11° PzD conduit une offensive sur la Valbonne et Meximieux pour retarder la 45°DI du 6° CAUS, soutenu par un important détachement des maquis de l’Ain (600 hommes – Cne Colin). Des unités de la 36°DIUS (américains) arrivent au sud-est de Lyon (Heyrieux), elles n’entreront pas dans la ville, se contentant d’envoyer quelques patrouilles de reconnaissance.

Les Allemands s’en vont…

LIBÉRATION de LYON
– 2 septembre : La XIX° Armée a traversé Lyon ; les allemands évacuent la ville, et mettent en oeuvre la destruction méthodique des ponts, ceux du Rhône en premier dans la journée, puis ceux de la Saône en soirée. Les maquisards du Cdt Bousquet « Chabert », partis de Bourgoin, atteignent la rive gauche et la Préfecture à Lyon dans l’après-midi. Le Commissaire de la République Yves Farge s’y installe, alors que sautent les ponts de la Saône. Il n’y a pas eu de bataille pour la libération de Lyon… Dans la soirée l’avant-garde du 2°RSAR (Régiment de Spahis algériens de reconnaissance) en provenance de Rive-de-Gier tient les carrefours à Tassin et Ecully.

Insigne du 1er RFM

– dimanche 3 septembre : au matin l’avant-garde du 1° régiment de fusiliers marins de la 1ère DFL (général Brosset) remontant la rive droite du Rhône, puis de la Saône passent par le pont de l’homme de la Roche resté intact et arrivent dans la presqu’île vers 9 heures. Le général Brosset arrive à l’Hôtel de ville au volant de sa jeep : Lyon est libérée.

Le général Brosset au volant de sa jeep

Brosset fait fonction de commandant de la place de Lyon pendant 3 jours. FFI et FTP entrent en nombre dans la ville. Au soir Anse et Villefranche sont libérées avec l’aide des FFI du Rhône.

Résistants à Lyon: à droite casqué le Cne Jean Hourst

Les SUITES DE LA LIBÉRATION de LYON
– 4 septembre : Des désordres ont lieu dans les rues de Lyon, où circulent beaucoup d’hommes en armes. Des tirs depuis la rive gauche du Rhône provoquent l’incendie du dôme de l’Hôtel-Dieu. Libération de Bourg-en-Bresse avec l’appui des maquis de l’Ain.

4 septembre: incendie du dôme de l’Hôtel-Dieu


- 5 septembre : Le général de Lattre de Tassigny arrivé à Lyon passe en revue vers 16h place Bellecour les unités qui ont participé à la Libération de Lyon en compagnie du général de Monsabert et du général Brosset : éléments de la 1ère DFL et les unités de la Résistance : FTP du Rhône, SAS Cne Hourst, FTP de l’Ardèche, FFI de la Loire (bataillon Marey), FFI du Rhône (bataillon Berthier) FFI de l’Isère Cne Thivollet. De Lattre nomme le Lcl. Descour gouverneur militaire de Lyon.

De gauche à droite: Brosset, Yves Farge, de Lattre, de Monsabert

Défilé de la 1ère DFL le 5 septembre


- 12 septembre : nouvelle prise d’armes place Bellecour présidée par Descour pour honorer et récompenser FFI et FTP.
- 14 septembre : le Général de Gaulle rend visite à la ville de Lyon libérée. Arrivé à Bron il se rend à la Préfecture, puis passant le pont de la Guillotière (le seul rétabli) descend de voiture et parcourt à pied la rue de la Barre et la rue de la République jusqu’à l’Hôtel de Ville. Du balcon il prononce un discours face à une foule enthousiaste.

Devant la préfecture de gauche à droite préfet Longchambon, De Gaulle, Yves Farge, Justin Godart et Descour

Grâce à l’aide des FFI, il n’a fallu que 19 jours pour libérer Lyon, alors que le général Patch estimait ce délai à trois mois à partir du débarquement. Mais la région n’est pas complètement libérée : les allemands s’accrochent sur la frontière italienne et il faudra attendre la Campagne des Alpes de mars-avril 1945 pour les en déloger.

Premier journal de la Libération: 3 septembre 1944

Article de 2010 – Dernière modification 09/2019

Sources : Marcel Ruby – Lyon et le Rhône dans la guerre – Horvath 1990 / général Lescel -Objectif Lyon – L’Histoire Proche 2004