CHÂTEAU et FORT LAMOTTE – QUARTIER SERGENT BLANDAN
Cette emprise militaire du 7° arrondissement de Lyon se distingue par une riche histoire. Sur la rive gauche du Rhône, il existait un certain nombre de petites éminences naturelles : le nom de celle qui nous intéresse, aussi écrit LA MOTTE ou LAMOTHE vient du fait qu’elle a très probablement porté une « motte » féodale (XI°-XII° siècles). Située au sud-est du faubourg de la Guillotière, elle devait contrôler le nœud routier des communications vers l’est et le sud.
LE CHÂTEAU
Le château est mentionné pour la première fois en 1476, le châtelain est alors Jean de Villeneuve. Son petit-fils Charles, baron de Joux vend la seigneurie en 1530 à maître Hugues du Puy, procureur, échevin de Lyon en 1537/38 qui se titre Sieur de la Motte. Château et seigneurie sont transmis par héritage en lignes féminines. Vers 1602, les Platel de Vaux et Bourdon de Chazottes se partagent la seigneurie. Les uniques descendantes Platel, religieuses, cèdent leurs droits à leur couvent Sainte-Elisabeth de Bellecour. Quant à la part Bourdon, elle passe après des transactions successives à Jacques de Laube qui vend en 1687 sa part à cette même maison religieuse.
Entre temps le château accueille des hôtes illustres. Le 6 juin 1556 le cardinal-légat Caraffa, neveu du pape Paul V y loge. De même Marie de Médicis y séjourne le 3 décembre 1600, avant son entrée solennelle à Lyon et son mariage avec Henri IV à la cathédrale Saint-Jean. Le château est à nouveau le lieu de réunion et le point de départ des festivités pour la réception de Louis XIII (11 décembre 1622) venu de Montpellier rejoindre à Lyon les deux reines, sa mère et sa femme. En 1642, c’est Gaston d’Orléans qui loge au château.
LE FORT
Le couvent Sainte-Elisabeth conserve ses biens jusqu’à la Révolution ; le château et son domaine devient alors bien national : en 1791 il est vendu 13000 livres au sieur Verdet. Le propriétaire est par la suite M° Ducreux avoué à Lyon. En 1831 ce dernier est exproprié pour 249000 F par l’autorité militaire.
En effet, le roi Louis-Philippe a chargé le maréchal de camp Rohault de Fleury de fortifier la ville de Lyon ; pour protéger l’extension de l’agglomération sur la rive gauche du Rhône, il fait construire une ceinture de forts, dont le fort La Motte édifié de 1832 à 1848 et orienté vers l’est. Rohault de Fleury, soucieux du patrimoine, préserve heureusement le château, en l’englobant dans le bastion sud-ouest du fort, ce qui donne au plan de ce bastion une forme quadrangulaire. De ce fait le château est le seul conservé de la rive gauche du Rhône (Montvert, les Tournelles, Montchat disparus, Champagnieux inclus dans l’hôpital St-Jean-de-Dieu…). Le fort La Motte, qui pouvait être armé de 58 pièces d’artillerie, abritait le commandement du secteur fortifié oriental de la ville et le château le logement des officiers.
LA CASERNE
Avec l’augmentation de la portée de l’artillerie, les forts du type Rohault de Fleury deviennent vite obsolètes. Dès le second Empire le fossé ouest est remblayé et remplacé par une grande esplanade fermée à l’ouest en 1863 par un « Grand Casernement » de 230 m de longueur à 2 niveaux (elle sera portée à 3 niveaux à la fin du siècle). À la même époque on ferme l’esplanade au sud par 2 pavillons et un magasin d’armes. À partir de 1873, une nouvelle ceinture de forts plus éloignés est construite selon les concepts du général Séré de Rivières et en 1884, le fort La Motte est déclassé. La caserne fortifiée du réduit est détruite, le réduit lui-même est arasé et on y construit trois bâtiments de logement des troupes (1881/82). Le fort est devenu une caserne de la garnison pouvant contenir deux régiments. En 1886 2200 hommes y sont logés. Beaucoup d’unités y séjournent. Deux bataillons du 52° RI en 1889 ; la partie principale du 96°RI en 1894-1905, puis celle du 99° RI y est logée en 1905-1914. Ces régiments y cohabitent avec le 98° RI, unité du XIII° CA (Clermont-Ferrand) dont la partie centrale est à Roanne.
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Après la Grande Guerre, le 99° RI ou sa partie principale est à nouveau hébergée au quartier Lamotte.
LE QUARTIER SERGENT BLANDAN
En octobre 1942, à l’occasion du centenaire du combat de Beni-Mered, la caserne la Motte est rebaptisée caserne Sergent Blandan. Des hangars sont construits à l’est (1947). Dans les années 1950, la CRT8 (Compagnie Régionale du Train), la 8° SIM (Infirmiers Militaires) y sont logées. En 1964-68 elle accueille le 99° RI, puis en 1968 le GMR5 (Groupement des Moyens Régionaux) regroupe les éléments du train, de la Santé, des transmissions, la musique…
Le GMR5 devient en 1984 GMR5/22° RI, redevenu par la suite 22° RI. Le quartier loge aussi la 2° compagnie du 45° Régiment de Transmissions de Montélimar qui gère les centres de transmissions de la CMD de Lyon. Le château abrite également depuis 1963 de manière inconfortable un centre de recrutement de la Légion Etrangère. Dans les années 2000, l’armée abandonne progressivement les bâtiments, le grand casernement est occupée par la police, puis encore aujourd’hui par l’Université Lyon 2 et le CROUS.
Une association de sauvegarde réussit à éviter une opération immobilière et obtient la création d’un parc urbain.
LE PARC BLANDAN
L’ensemble du quartier de 17 hectares est donc acquis par le Grand Lyon en juillet 2007 pour 15 millions d’euros et fait l’objet d’un projet de rénovation urbain et paysager, le « parc Blandan ». Les espaces libres sont envahis par la végétation et le château est bien dégradé. Début 2012, 11 bâtiments sont promis à la démolition. En septembre 2013 la première tranche du parc est inaugurée. Le grand casernement devenu résidence universitaire est séparé de l’esplanade par une longue grille. La muraille et les 2 bastions est du fort ont été dégagés et rénovés, avec une vaste pelouse baptisée « Plaine des douves ».
La clôture le long de la rue du Repos a été abattue et les murs du bastion sud-ouest en partie dégagés, rendant le château mieux visible. Une deuxième tranche de travaux devrait aménager la partie centrale du fort.
En 2018 après appel à projet le magasin d’armes, bâtiment à droite de l’entrée devrait être transformé en Hôtel et le château être dédié à la restauration avec 2 restaurants et 2 bars.
Des fouilles archéologiques effectuées en 2019-2020 dans la cour du château ont découvert les traces d’une implantation gallo-romaine.
Dernière modification 09/2021
Source : Jean-Pierre Philibert – Le château de la Motte – Conférence 2001 / ADPB – la fabuleuse histoire de l’Association Parc Blandan -plaquette 2014