La Savoie 1814-1860

La SAVOIE du PREMIER au SECOND EMPIRE 1814 – 1860

La CHUTE de l’EMPIRE – janvier-avril 1814
Après la défaite de Napoléon à Leipzig (octobre 1813), ses ennemis coalisés se préparent à envahir la France sur toutes ses frontières.
Dès décembre 1813, un petit corps autrichien de 12000 hommes commandé par le général Bubna passe en Suisse alors sous protectorat français. En une semaine il entre à Lausanne : les préfets des départements français du Simplon et du Léman se réfugient en Savoie. Bubna s’installe à Genève qui retrouve son indépendance. En janvier il envoie ses lieutenants dans le Valais et en Savoie : le 20 janvier ils sont à Chambéry. En Savoie un général retraité Dessaix reprend du service et avec les maigres troupes rassemblées par le général Marchand en Dauphiné, ils contiennent les autrichiens aux Échelles, à Montmélian et Chapareillan.

Le général Dessaix

En février Chambéry et Annecy sont repris et Genève est investi, parallèlement à l’offensive vers le nord du maréchal Augereau nommé commandant de l’Armée de Lyon. Mais une armée autrichienne descend par la vallée de la Saône ; Augereau les affronte dans les batailles perdues de St-Georges-de-Reneins et de Limonest. Lyon est prise le 20 mars. Dessaix et Marchand doivent aussi reculer, Chambéry tombe le 30 mars. Dessaix continue le combat en Maurienne jusqu’au 15 avril, soit 4 jours après la signature du traité de Fontainebleau. Les troupes françaises doivent quitter la Savoie, qui subit alors l’occupation autrichienne. Ses réquisitions accablent le pays, qui est de plus traversé par des convois militaires circulant dans les 2 sens entre la France et l’Italie.

La SAVOIE DIVISÉE
Par le traité de Paris (30 mai 1814), la France perd toutes les conquêtes de la Révolution et de l’Empire; elle est ramenée dans ses frontières de 1792 avec une (petite) compensation : elle garde la moitié occidentale de la Savoie avec Chambéry et Annecy. La moitié orientale et Montmélian font retour au roi de Piémont-Sardaigne Victor-Emmanuel Ier revenu à Turin. Un préfet se réinstalle à Chambéry à nouveau département du Mont-Blanc, alors que le Mont-Blanc est à l’étranger… Ce découpage absurde fait l’unanimité contre lui. Pour aller du Faucigny en Maurienne il fallait passer par la Savoie française et pour aller de Chambéry à Grenoble, il fallait traverser la Savoie « sarde » à Montmélian.

La frontière de 1814

Les « CENT-JOURS »
Avec le retour de Napoléon en mars 1815 l’Empire est rétabli, mais ce changement de régime divise et affaiblit encore plus le camp pro-français. Un citoyen sur 10 seulement participe au plébiscite sur la nouvelle constitution. Le maréchal Suchet organise difficilement une armée des Alpes de 15000 hommes. Une attaque préventive est initiée le 14 juin : elle parvient jusqu’à Évian, Moutiers et St-Jean de Maurienne. Le 23 juin une armée austro-sarde de 40000 hommes contre-attaque par le Valais, la Tarentaise et la Maurienne. Les français doivent reculer ; seul le colonel Bugeaud tente d’arrêter l’invasion à l’Hôpital (Albertville) dans un violent combat devenu sans objet, car Napoléon a été battu à Waterloo le 18. Le 3 juillet les Autrichiens sont à Chambéry, les sardes le 9 à Grenoble et Lyon est occupée le 17. Les sardes occupent le Dauphiné et les autrichiens la Savoie, à nouveau soumise à une occupation bien plus brutale qu’en 1814.

Le RETOUR de la MAISON DE SAVOIE

Victor-Emmanuel Ier

Le second traité de Paris du 20 novembre 1815 marque le retour à la paix. La France perd la partie de la Savoie conservée en 1814. La Savoie est donc réunifiée et réintégrée dans les possessions de la Maison de Savoie après plus de 22 ans de régime français. Les autrichiens évacuent le pays et les troupes sardes entrent à Chambéry le 16 décembre dans l’allégresse générale. Le pays est réorganisé : un gouverneur réside à Chambéry. L’organisation territoriale reprend les divisions traditionnelles (Chablais, Faucigny, Genevois,Tarentaise, Maurienne, Savoie Propre, plus la création d’une province de « Haute-Savoie » autour de Conflans-l’Hôpital.
Après Victor-Emmanuel Ier qui abdique en 1821, le roi Charles-Félix (1821-1831), très attaché à la terre de ses ancêtres, est bien apprécié en Savoie. Il choisira l’abbaye d’ Hautecombe pour sépulture. Lui succédera Charles-Albert (1831-1849) en l’honneur duquel Conflans-l’Hôpital devient Albertville en 1835.

Les « provinces » savoyardes en 1840

Charles-Albert tente de réaliser l’unité italienne au profit de son royaume en s’opposant aux Autrichiens. Il est sévèrement battu 2 fois à Custozza (1848) et à Novare (1849) et abdique en faveur de son fils Victor-Emmanuel II.

Le RETOUR À LA FRANCE
Par la suite en 1860 la réalisation de l’unité italienne au profit du roi Victor-Emmanuel II, avec l’aide militaire intéressée de Napoléon III conduira à la réunion sanctionnée par un plébiscite de la Savoie (et de Nice) à la France. La perte de la Savoie achève le glissement progressif de la Maison de Savoie vers l’Italie, commencé par Emmanuel-Philibert en 1562 par le transfert de sa capitale de Chambéry à Turin.

Article de 2017 – Sources : A. Palluel-Guillard & col. – La Savoie de la Révolution à nos jours – Ouest-France 1986