Le Général Charles Diégo BROSSET (1898-1944)
Ses racines familiales se situent à Rillieux-la-Pape au nord de Lyon, mais il est né à Buenos Aires. Il a 2 ans, quand ses parents en reviennent en 1900. Brosset s’engage en 1916 et sert au 27° BCA : il termine la Grande Guerre sergent titulaire de 3 citations.
Il entre ensuite à l’école d’officiers de Saint-Maixent. À sa sortie en 1921, le sous-lieutenant Brosset choisit l’Infanterie Coloniale et le 5° RIC de Lyon, où il restera peu de temps, faisant un stage d’éducation physique à l’école de Joinville.
Le SAHARA
Officier méhariste au Soudan (1922-1924, dans le sud-algérien (1924-1925) puis deux séjours en Mauritanie (1925-1927 et 1929-1930) il y mérite 2 citations. Grand travailleur, grand sportif, il a aussi une grande activité intellectuelle : il lit beaucoup, étudie les langues locales et écrit des romans. Il épouse la fille du Général Mangin.
Parlant l’arabe et bon connaisseur des affaires sahariennes, il est nommé à la section « Etudes pour l’Afrique et l’Orient » au ministère de la guerre, puis muté dans le sud marocain (1933-1937). Le capitaine Brosset est cité pour son action en février 1934 dans l’Anti-Atlas et pour avoir assuré depuis Tindouf la jonction avec la Mauritanie. Il peut faire publier son récit saharien « Sahara /Un homme sans l’occident« . Brosset suit ensuite l’enseignement de l’Ecole de Guerre (1937-1939).
La FRANCE LIBRE
À la déclaration de guerre, il passe à l’Etat-major à Paris pendant trois mois, qui lui donnent envie de fuir. Il est muté en Moselle à l’Etat-major du Corps d’Armée Colonial et est promu commandant fin décembre 1939. Il est volontaire pour une mission en Colombie : il y est envoyé en mission d’enseignement militaire comme lieutenant-colonel à titre temporaire en avril 1940.
Par courrier, il se rallie au Général De Gaulle dès le 23 juin 1940 et peut se présenter à Londres en janvier 1941. Il est envoyé en Erythrée. Brosset est ensuite en mission à Djibouti, à Aden, au Kenya (mars-mai 1941) et enfin en Syrie (juin 1941-décembre 1942). Nommé colonel à titre temporaire, il prend à la fin de 1941 le commandement de l’est-syrien à Deir-ez-Zor pendant un an. Mis à la tête de la 2ème brigade de la 1ère DFL, il se distingue à Takrouna près de Tunis (mai 1943).
La CAMPAGNE D’ITALIE
En août 1943 Brosset, promu général de brigade à titre temporaire, prend le commandement de la 1ère DFL, qui est intégrée dans le Corps Expéditionnaire Français du Général Juin en Italie en avril 1944. L’engagement de la 1ère DFL est décisif dans la bataille du Garigliano : elle participe à la rupture des lignes « Gustav », puis « Hitler » (mai 1944). Puis débordant Rome par l’est, elle fonce sur Sienne et casse le verrou de Monte Fiascone et est à Radicofani quand elle est relevée (juin 1944).
La CAMPAGNE de FRANCE
Reformée la 1ère DFL débarque en Provence le 16 août 44 ; elle fait partie de la 1ère Armée française du général de Lattre. Du 20 au 28 c’est la bataille pour Toulon, puis le franchissement du Rhône pour la conquête du Languedoc. Remontant par la rive droite du Rhône, les éléments avancés de la division (1er RFM Fusiliers marins) entrent le 3 septembre au matin par le nord et l’ouest à Lyon évacuée par les allemands. C’est la Libération de Lyon. Brosset y arrive au volant de sa jeep : Il est pendant 3 jours commandant d’armes de la place de Lyon libérée et contribue à rétablir l’ordre. Il participe à la prise d’armes du 5 septembre place Bellecour présidée par le général de Lattre ; il est promu général de division.
Après des combats à Autun, la 1ère DFL fait sa jonction avec la 2ème DB à Châtillon sur Seine (12 septembre). De durs combats sont livrés ensuite de Ronchamp à Champagney (25/09-5/10 bataille des Vosges). L’offensive reprend en novembre sur Giromagny et Champagney, mais le général Brosset trouve la mort accidentellement le 20 novembre au volant de sa jeep près de Champagney. Il est inhumé à la nécropole de Rougement (25).
Son chef le général de Lattre écrira : « La mort qu’il narguait chaque jour depuis des années saisit par traîtrise ce magnifique soldat dans une heure de victoire – de cette victoire dont il n’avait jamais douté – et qu’il avait hâtée de toute la force de son caractère intrépide. »
Son nom a été donné à 2 squares : l’un à Caluire en bas de la montée des Soldats, l’autre à Lyon en face de la gare des Brotteaux.
C’est sur cette place que le 3 septembre 2014 a été inaugurée une stèle en son honneur pour le 70ème anniversaire de la Libération de Lyon.
Sa famille a confié au Musée Militaire de Lyon des souvenirs de ce grand soldat, en particulier sa grande tenue de colonel, ses décorations… Une vitrine lui est consacrée.
Article de 2010 – Dernière modification 12/2014
Sources : Geneviève Salkin – Général Diégo Brosset, de Buenos-Ayres à Champagney via l’Afrique et la France Libre – Economica 1999 / général de Lattre – Histoire de la première Armée Française – Plon 1949