Le Camp de la Valbonne

Le CAMP MILITAIRE de la VALBONNE 1873-2021

Après 1870 le camp de Sathonay, créé sous le Second Empire par le maréchal de Castellane, apparait vite insuffisant. L’armée a besoin pour ses manoeuvres d’un espace plus vaste et plus éloigné de la ville. Le général Bourbaki, gouverneur militaire de Lyon, soutient le projet de création d’un vaste camp utilisant la plaine agricole au nord du Rhône à l’est de Lyon, à proximité de la route nationale et de la voie ferrée Lyon-Genève.

Le Camp de la Valbonne appelé « Champ de Tir »

Arrivée d’un train de Réservistes

Sa création est approuvée par le président Thiers en septembre 1872 : il est aménagé par une compagnie du 2° Génie qui y séjournera jusqu’en 1876. Le camp s’étend sur les communes de Balan, Béligneux, St-Maurice-de-Gourdan et St-Jean-de-Niost ; il fera l’objet de plusieurs extensions en 1904-06 et 1927-30. Les 86° et 92° régiments d’infanterie s’y installent en 1873 ; le 29°BCP (Bataillon de Chasseurs à Pied) en 1874. Des baraquements puis des bâtiments en dur sont progressivement construits, mais de nombreux hommes de passage seront longtemps logés sous des tentes. L’effectif permanent en 1887 compte 160 hommes dont 60 officiers
Avant 1914 une compagnie hippomobile du 14° Escadron du Train est établie sur le camp.

Le camp de tentes

L’ÉCOLE D’APPLICATION de TIR
Cette école de tir est créée à la Valbonne en 1874. Ses bâtiments sont construits au nord-est du camp près du hameau de Chânes (cette zone est aujourd’hui une zone résidentielle militaire). L’Ecole de Tir est une petite unité aux ordres d’un commandant avec 5 autres officiers permanents. Elle accueille 8 groupes de stagiaires lieutenants de toutes unités. On y apprend en particulier le tir à la mitrailleuse.

Les Officiers de l’Ecole de Tir en 1906

Les ZOUAVES
Depuis une loi de 1899, les régiments de zouaves en garnison en Afrique du nord doivent détacher un bataillon en métropole. Ainsi le 2° Zouaves d’Oran envoie en 1901 son 1er bataillon au camp de Sathonay d’où sont détachées à la Valbonne les 17° et 18° compagnies. De même pour le 3° Zouaves de Constantine qui détache son 3° bataillon à Sathonay et les mêmes compagnies à la Valbonne.

Bivouac des Zouaves

D’UNE GUERRE à L’AUTRE
Pendant la Grande Guerre de nombreux régiments de réserve y sont constitués et instruits. D’autres unités transitent par le camp avant leur départ pour l’armée d’Orient. Une partie de l’Ecole de Tir est transformée en hôpital. En 1917/18 la Valbonne accueille l’armée américaine dans un éphémère centre d’instruction d’infanterie, ainsi qu’un centre d’instruction de pilotage pour biplans DH4 de l’aviation américaine.

Chars Renault réunis à la Valbonne


Entre les deux guerres en 1926-1930 un centre de formation de la Garde Républicaine mobile s’installe dans une partie des locaux de l’Ecole de Tir, laquelle sera dissoute en 1938. Entre 1929 et 1939 c’est un Centre de Perfectionnement des Sous-Officiers de Carrière d’Infanterie qui y est opérationnel.

Années 1930 le tir

En 1938 à la veille de la guerre le camp héberge un détachement du 5° Régiment de Tirailleurs marocains de Bourg-en-Bresse (depuis 1935), un détachement de la 14° compagnie d’Ouvriers d’Administration et une Infirmerie-hôpital..

Entrée du Centre de Perfectionnement avec des Tirailleurs Marocains

1939-1945
La Valbonne concourt à la mobilisation de septembre 1939 en constituant le 14° régiment de Zouaves à partir de réservistes. Le camp accueille aussi avec Sathonay un dépot métropolitain de la Légion Etrangère, qui recrute, équipe et instruit des volontaires, constituant 2 régiments, le 11° REI en novembre et le 12° REI en février 1940. Ces régiments participeront vaillamment à la campagne de France avant d’être dissous après l’armistice.
Dans le cadre de l’Armée d’Armistice le camp de la Valbonne va accueillir en septembre 1940 le 10° Génie réduit à un bataillon et un groupe du 61° régiment d’artillerie. Les autres groupes sont à Sathonay où l’ensemble du 61° RA se réunira en 1941.
En novembre 1942, le camp est occupé par les allemands jusqu’au 24 août 1944.

Maquisards de l’Ain

Ce jour-là les maquisards de l’Ain libèrent le camp, mais le 31 août la 11° Panzer allemande tente de le reprendre pour s’opposer à l’avance des américains ; le lendemain le camp est investi et 11 élèves de l’Ecole d’Autun devenus maquisards sont tués. Ce même jour et le lendemain a lieu la bataille de Meximieux, après laquelle les allemands évacuent définitivement la région.

L’APRES-GUERRE de 1946 à 1964
Le camp accueille le Centre d’Instruction du Train pour la formation à la conduite des véhicules : ce centre sera fermé en 1960. Un bataillon du 99° RI s’y installe en 1949-50. Retour ligne manuel
En 1949 le 8° Régiment de Chasseurs d’Afrique (RCA) est transféré à Lyon et la Valbonne. Totalement regroupé à la Valbonne début 1954, il échange son appellation avec le 8° Régiment de Cuirassiers (RC) stationné à Bizerte (Tunisie). Ce régiment prestigieux, les « Cuirassiers du Roy », à 3 escadrons de chars, doté à la fin des années 50 d’AMX 13, reste dix ans à la Valbonne jusqu’à sa dissolution en 1964.

Le 4° RÉGIMENT de CHASSEURS (RCh)
Fin 1962, le 4° Chasseurs dit « Clermont Prince » de retour d’Algérie s’installe progressivement au camp, subordonné à la 27° division Alpine. La partie est du camp qu’il occupe sera baptisée en 1974 « quartier de Langlade » du nom d’un jeune sous-officier premier tué en Algérie. Il compte 4 escadrons blindés équipés d’AML Panhard. En 1983 le 4° chasseurs est transféré à Gap, où il est aujourd’hui.

Le 4° Chasseurs à la Valbonne


Le 4° RÉGIMENT de GÉNIE (RG)
En 1967 le 4° Génie rejoint le 4° Chasseurs à la Valbonne. Il s’établit dans la partie ouest du camp, rebaptisée « quartier sergent Bobilllot« , du nom d’un sous-officier du 4° RG tué au Tonkin en 1885. Un casernement moderne y est construit, avec en particulier un poste de commandement logé dans une tour carrée à 4 étages.

Au premier plan le nouveau « quartier Bobillot »


Le 4° Génie met en oeuvre des moyens de franchissement des rivières : ponts, bacs… Il est dissous en 1993 pour laisser la place au 7° BGDA (Bataillon du Génie de la Division Alpine), qui 6 mois plus tard reprend l’appellation de 4° Génie, rattaché à la division alpine. Le régiment participe à plusieurs mandats en Bosnie et y perd 8 hommes en 1995. Il est dissous en 1999.
Pendant ces mêmes années la Valbonne a hébergé de 1975 à 1999 l’Ecole de Plongée de l’Armée de Terre (EPAT CEPAT) avec des infrastructures importantes (fosses de plongée), ainsi qu’un Centre de Transmissions géré par le 45° RT de Montélimar.

Le 68° RÉGIMENT d’ARTILLERIE (RA)

Insigne du 68

En 1984, le 68° d’Artillerie vient prendre la place du 4° Chasseurs au quartier de Langlade. Intégré à la FAR (Force d’Action Rapide) il est semi-professionnalisé et participe à de nombreuses opérations extérieures (OPEX) (Rwanda, guerre du Golfe, Bosnie). En 1999 il est transféré au quartier Bobillot après la dissolution du 4° Génie et rattaché à la 3° Brigade Mécanisée. En 2004 il reprend l’appellation de Régiment d’Artillerie d’Afrique (68° RAA) et plus récemment le quartier est rebaptisé quartier Colonel Rousset du nom de son chef de corps tué en 1944. Equipé de canons Caesar et de système Mistral (antiaérien) il participe aux OPEX en Côte-d’Ivoire, en Afghanistan, en Irak, au Mali…

Le RÉGIMENT MÉDICAL (RMed)

Insigne du RMed

En 1999 un Groupement Médical (GMed) s’installe à la Valbonne, où existait déjà un 2° RMed, unité de réserve (1997-2007). Le GMed devient en 2001 le 3° Régiment Médical, acteur de la logistique santé, dont le chef de corps est un médecin-en-chef (colonel). Il occupe le quartier de Langlade. Ce 3° RMed va fusionner en 2011 avec le 1° RMed de Metz pour former un RMed unique, subordonné à la Brigade Logistique et techniquement au Service de Santé des Armées (SSA). Sa mission principale est la mise en œuvre d’unités médicales opérationnelles (matériels et véhicules de soins et de secours, personnel paramédical aguerri).

Le CEFOS (Centre de Formation Opérationnelle Santé) établi en juillet 2012 prépare les personnels santé partant en opération extérieure et assure des formations paramédicales aux sous-officiers des armées de Terre et de l’Air.

La BASE de DÉFENSE
Dès 1999 sur le camp certains services, comme l’infirmerie, avaient été mutualisés. Cette situation désignait la Valbonne pour devenir dès 2009 une Base de Défense (BdD) interarmes avec regroupement du soutien commun.

Insigne de la Base de
Défense de la Valbonne

La BdD de la Valbonne -Ambérieu regroupe pendant 10 ans: le Groupement de Soutien (GSBdD), le 68° RAA, le RMed, le CeFOS, la BA 278 d’Ambérieu et le Centre Médical des Armées (CMA) « ex-infirmerie ».
En 2019 la base de défense de la Valbonne – Ambérieu a fusionné avec celle de Lyon.

Article de 2012 Dernière modification 11/2023
Source : CE Philippe PASTEAU – Le Camp militaire de la Valbonne et ses régiments 1873-2012 -SIRPA 2012
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