Les Casernes de Lyon

HISTOIRE des CASERNES et ÉTABLISSEMENTS MILITAIRES de LYON

Au XVIII° siècle, les soldats logent pour l’essentiel chez l’habitant. À Lyon à la veille de la Révolution, il n’y a que 2 casernes : l’ancien Grenier d’Abondance devenu caserne de Serin sur la Saône qui loge les compagnies de suisses et un bâtiment à la Guillotière au débouché du pont pour la compagnie franche de Lyon. Un Arsenal dit de « la Rigaudière » occupe un grand rectangle entre la Saône, la rue Saint-Exupéry, la rue du Plat et la rue C.Bizollon actuelles.

Caserne du Bon Pasteur

De 1789 à 1830
Pendant le Siège de Lyon en 1793, une bombe fait exploser l’Arsenal détruit ensuite par l’incendie. Après le Siège il faut loger l’armée révolutionnaire. Pour cela l’autorité réquisitionne les couvents vidés de leurs occupants et en affecte quatre à l’usage militaire. Le couvent Ste-Marie-des-Chaînes sur la Saône, le Bon Pasteur et les Collinettes sur les pentes de la Croix-Rousse deviennent casernes d’infanterie. Le couvent des Augustins dans le quartier St-Vincent devient caserne de Gendarmerie.

Un décret impérial de 1810 transfère aux villes la propriété des casernes et bâtiments militaires, à charge pour elles de les entretenir… A Lyon la garnison habituelle est fixée à 2400 hommes dont 600 de cavalerie. Les 5 locaux concernés sont: « la caserne de la Nouvelle Douane et le grand quartier de Serin pour l’infanterie et la cavalerie, le bâtiment des Collinettes pour l’infanterie, le bâtiment du Bon Pasteur contenant le magasin des lits militaires, le local des Recluses servant de prison militaire, le bâtiment de Ste-Marie des Chaînes qui renferme le magasin des effets d’hôpitaux et de campement ».
Une caserne de cavalerie est installée à partir de 1811 dans le bâtiment de la Nouvelle-Douane sur le quai du Rhône (quai Gailleton), édifice construit en 1786.
En 1829 la caserne de Serin est affectée à l’intendance et sert de magasin aux vivres jusqu’en 1840.
Mais la récupération d’édifices existants pour loger les militaires ne suffit plus. Il va falloir construire des bâtiments spécifiques. Pour remplacer les Augustins peu adaptés, une caserne de Gendarmerie à cheval, longtemps en projet, va être édifiée en style florentin à la place d’un manège d’équitation entre les rues Ste-Hélène et Sala, terminée en 1831. La Gendarmerie à pied est logée au 28 rue Ste-Hélène.

Ex-caserne de Gendarmerie rue Sala

La MONARCHIE DE JUILLET 1830-1848
L’époque de Louis-Philippe est une période de construction très active. Le fait majeur est la construction d’une ceinture fortifiée. C’est l’œuvre de Rohault de Fleury, qui fait restaurer les anciennes fortifications et bâtir un chapelet de forts, dont certains vont être dotés d’une caserne. Ce sont les casernes du bastion St-Laurent, du fort St-Jean, du fort St-Irénée, du fort Lamotte et du fort de la Vitriolerie.
La caserne de la Nouvelle-Douane est convertie en 1831 en Hôpital Militaire du même nom, qui deviendra plus tard l’Hôpital Desgenettes.
En 1840 l’état réquisitionne sur la place Carnot un hôtel particulier construit en 1839-40 par l’architecte Bissuel : ce sera la caserne Bissuel, affectée à l’artillerie. L’immeuble contigu à l’angle de la rue général Pleissel deviendra le siège de l’État-major régional.

Etat-Major et caserne Bissuel

On construit à Ste-Marie-des-Chaînes la « manutention militaire » appelée plus tard les Subsistances pour remplacer la caserne de Serin en 1840. De l’autre côté de la Saône le magasin à fourrage date de la même époque.
Un nouvel arsenal est inauguré en 1846 rue Bichat à Perrache.
Enfin en 1844 l’État achète un grand terrain de 22 hectares à la Part-Dieu, en vue de replier sur Lyon l’école d’Artillerie de Grenoble et d’y créer une caserne d’artillerie. Les travaux sont à peine entamés en 1848.

L’Arsenal rue Bichat

Le SECOND EMPIRE 1850- 1870
Le maréchal de Castellane commandant militaire à Lyon de 1850 à 1864 joue un rôle essentiel. Il crée en dehors de la ville le camp de Sathonay et fait convertir la caserne de la Part-Dieu en construction en caserne de cavalerie à 3 régiments : les travaux sont terminés vers 1860. En 1859 au moment de la guerre d’Italie, il fait transformer la caserne de Collinettes en hôpital militaire (futur hôpital Villemanzy).
En 1867 l’enceinte de la Croix-Rousse déclassée est démolie, excepté les bastions St-Jean et St-Laurent. Une grande caserne est construite au fort Lamotte en remplacement de tous les forts déclassés de la rive gauche.

La « Grande Caserne » du fort Lamotte

De 1870 À 1914
Le général Bourbaki, premier Gouverneur militaire de Lyon, crée le camp de la Valbonne. On crée une annexe de l’Arsenal de Perrache à la Mouche en 1887 (caserne de la Mouche) ; l’arsenal devient en 1899 l’Atelier de construction de Lyon.
Des zones de manœuvre sont aménagées en ville : le camp de la Sarra sur Fourvière, le Clos-Jouve à la Croix-Rousse et le Grand Camp (la Doua) à Villeurbanne.
En 1888 commence la construction d’une École du Service de Santé Militaire avenue Berthelot pour la formation des médecins militaires. Vers 1900 la Gendarmerie à pied quitte la rue Ste-Hélène pour de nouveaux locaux cours Suchet.

La Caserne de 1910 au quartier Général Frère

À la Vitriolerie où est créé le 54° RA en 1910 un grand bâtiment est ajouté à la cour d’honneur. Toutes les casernes sont occupées pendant cette période, même l’ancien petit séminaire place Saint-Jean est devenu un établissement militaire: vers 1910 il abrite une partie du 17° RI. Par la suite il abritera la direction régionale du Service de Santé jusqu’en 1936 (le bâtiment ébranlé par le glissement de terrain de 1932 doit être démoli – seul le portail a été conservé).
La caserne de la Doua est construite sur la zone de manœuvre à la veille de la guerre. Elle abrite l’artillerie à cheval et une partie du 2° Dragons.

Caserne de la Doua

ENTRE-LES-DEUX-GUERRES 1919-1939
Peu d’évolutions pendant cette période. La caserne de la Doua abrite le 75° RA et le 6° groupe d’artillerie à cheval redevenu plus tard Artillerie de la 6° division de cavalerie.

1922 La Doua 6° groupe d’artillerie à cheval

DEPUIS 1945 : FERMETURES et DÉPLACEMENTS
L’hôpital Desgenettes est transféré dans un bâtiment neuf au Vinatier en 1946 ; l’ancien bâtiment est démoli pour laisser la place au Sofitel.
La caserne de la Part-Dieu est cédée à la ville en 1962 ; un centre commercial s’édifie à la place. L’Arsenal de Perrache ferme en 1973 ; une caserne de Gendarmerie le remplace depuis 1986, le quartier Delfosse, elle-même à la place de la caserne rue Ste-Hélène.
Le fort Lamotte devenu quartier sergent Blandan est abandonné en 2007 et transformé en parc de loisirs.
L’École de Santé Militaire est déplacée en 1981 de l’avenue Berthelot à Bron sur les glacis de l’ancien fort. L’ancien hôpital Villemanzy est cédé à la ville. La caserne St-Laurent occupée par la Direction Régionale du Service de Santé est abandonnée en 2014.
La caserne Bissuel est abandonnée en 1995 (aujourd’hui facultés catholiques), l’état-major régional est transféré au quartier Général Frère (ex-Vitriolerie) dans un nouveau bâtiment.


Les Subsistances sont transférées en 1990 à la caserne Osterode à Rillieux, délaissée depuis. Le camp de Sathonay, abandonné à la dissolution du 99° RI est repris en partie par la Gendarmerie régionale.

Le quartier général Frère vu du nord en 1995 avant la construction du nouvel état-major

EN 2018
La garnison de Lyon se limite au quartier général Frère (état-major régional, BdD et diverses directions) et au quartier Sabatier à la Mouche avec le 7ème RMat. Pour le Service de Santé à l’hôpital Desgenettes et à l’École de Santé (à Bron). La garnison militaire de Lyon forme une base de défense avec la base aérienne du Mont-Verdun – agrandie en 2019 par la fusion avec les BdD de la Valbonne et Valence.
La Gendarmerie se répartit entre la caserne Delfosse à Perrache et le camp de Sathonay.

Plusieurs de ces casernes et établissements militaires font l’objet d’un article particulier sur ce site.
Article de 2016 – Dernière modification 01/2023
Sources : F. Dallemagne – Les Défenses de Lyon – ELAH 2006