LOUIS XIII ET RICHELIEU SUR LE FRONT des ALPES 1629-1631
La SUCCESSION DE MANTOUE
En décembre 1627 Vincent II de Gonzague duc de Mantoue et Montferrat meurt sans descendance. Son héritier légitime est son cousin germain Charles de Gonzague, duc de Nevers et Rethel, le fondateur de Charleville dans les Ardennes. Mantoue (en italien Mantova) et Montferrat sont deux principautés de l’Italie du nord séparées par le Milanais espagnol. À l’est le Montferrat est limité par le Piémont savoyard. Les espagnols et le duc de Savoie contestent la succession de Montferrat et viennent assiéger Casale le chef-lieu en février 1628.
Louis XIII et son ministre le cardinal de Richelieu se doivent de soutenir le duc de Nevers prince français et de s’opposer aux espagnols en Italie, mais ils sont accaparés par le siège de la Rochelle, qui se termine en novembre 1628, alors que le siège de Casale dure toujours…
L’INTERVENTION FRANÇAISE 1629
Dès janvier 1629 une armée est réunie à Briançon. Le roi quitte Paris le 15 janvier, évite Lyon ravagée par la peste et par Dijon, Grenoble, Embrun arrive à Briançon. 20000 fantassins et 2000 cavaliers passent le col de Montgenèvre ; début mars l’armée royale balaye les retranchements du duc de Savoie au Pas de Suse (Chaumont) et vient occuper Suse. Le duc de Savoie Charles-Emmanuel doit traiter et reconnaitre Charles de Gonzague (mars 1629). Devant la menace française le siège de Casale est levé : une garnison française y est établie. Louis XIII reste 6 semaines à Suse, avant de repartir en campagne contre les protestants du Languedoc, suivi de Richelieu (paix d’Alès) .
Pendant ce temps dans la suite de l’année le duc de Savoie fait à nouveau défection et espagnols et impériaux viennent occuper Mantoue et Montferrat et à nouveau assiéger Casale…
CAMPAGNE DE 1630
Richelieu est à Lyon le 18 janvier 1630 pour préparer une nouvelle intervention en Italie ; il y retrouve son frère Alphonse archevêque de Lyon. Le 28 janvier il y reçoit le diplomate pontifical Giulio Mazarini (Mazarin), première rencontre avec celui qui sera son successeur… En février Richelieu se met en route ; début mars il est à Suse, avec Créqui, il descend la vallée pour venir devant Turin, ce qui oblige le duc à concentrer ses troupes à Turin. Alors le 20 mars le cardinal fait pivoter l’armée vers le sud et vient assiéger par surprise la forteresse de Pignerol (Pinerolo) qui capitule le 30. Cette place forte stratégique est aussitôt annexée au Dauphiné.
En mai le roi avec les maréchaux Créqui, Bassompierre et Châtillon prend le relais et entreprend l’occupation de la Savoie : la conquête est achevée en juin avec la prise de Montmélian. En juillet l’armée passe en Italie par le Mont-Cenis, fait sa jonction avec celle de Pignerol menée par le maréchal de la Force, se heurte aux piémontais à Veillane /Avigliano et se dirige vers le sud pour prendre Saluces (07/1630). Mais ce même mois, les Impériaux prennent et saccagent Mantoue, que Charles de Gonzague a dû quitter.
C’est alors que le duc de Savoie Charles-Emmanuel meurt après 50 ans de règne : son successeur est Victor-Amédée Ier qui marié à Christine de France est le beau-frère de Louis XIII. Des négociations commencent conduites par Mazarin devenu l’homme de Richelieu, lequel nomme Schomberg à la tête de l’armée pour une dernière action qui fasse pencher la balance du bon côté. Le 22/08 alors que Richelieu va à Lyon où le roi est malade, Schomberg descend de Suse à Veillane qu’il prend.
Le ROI MALADE À LYON
Le 25 juillet 1630 Louis XIII fatigué doit quitter Saint-Jean de Maurienne, où il était avec le cardinal pour revenir à Lyon. En août son état s’aggrave, il souffre d’une affection intestinale douloureuse : à l’archevêché où il est logé, il est en plus harcelé par sa mère et son épouse, qui s’opposent à la politique de Richelieu. Le cardinal vient à son chevet le 22 août. Le 22 septembre après un conseil tenu à l’abbaye d’Ainay (il faut traverser la Saône en barque), le roi est au plus mal… Il se prépare à la mort, quand son état s’améliore de manière inespérée. Il part pour Paris le 11 octobre.
Le DÉNOUEMENT SUR LE FRONT ITALIEN
Pendant ce temps en Italie une trêve venait à expiration le 15 octobre 1630. L’armée française ayant repris des forces, le maréchal de Schomberg avec 20000 hommes se porte de Saluces à Casale toujours assiégée et fait face le 26 octobre aux austro-espagnols. L’intervention du diplomate pontifical Mazarin, galopant d’un camp à l’autre, parvient à éviter la bataille et à trouver un accord plutôt favorable à la France, qui est soutenue par le pape inquiet des progrès espagnols et impériaux en Italie.
La paix est signée en avril et juin 1631 aux traités de Cherasco : le duc de Savoie redevient allié de la France qui lui rend la Savoie. La France annexe Pignerol, qui restera française jusqu’en 1696 et laisse une garnison à Casale. Les espagnols évacuent les territoires du duc de Mantoue, qui récupère le Montferrat, diminué d’un tiers attribué à la Savoie.
Article d’avril 2021
Sources : A.Doumenc -Mémorial de la terre de France -Histoire militaire Savoie Dauphiné – Arthaud 1944 / Jean-Christian Petitfils – Louis XIII -Perrin 2008 / Claude Grimier – le duc de Nevers- Fayard 2021