Le Camp de Sathonay

SATHONAY et le QUARTIER MARECHAL de CASTELLANE

Sathonay est un village perché au bord du plateau de la Dombes, cité depuis le XII° siècle. Le village est une seigneurie sous la suzeraineté des sires de Beaujeu jusqu’en 1327, puis brièvement du dauphin de Viennois et enfin des comtes et ducs de Savoie de 1354 jusqu’en 1601, année du traité de Lyon qui rattache la Bresse au royaume de France.
En 1790 Sathonay est placée dans le département de l’Ain. Le 20 mars 1814 pendant que Augereau s’oppose au gros de l’armée autrichienne à Limonest, une division de réservistes et de conscrits aux ordres des généraux Bardet et Gay tente en vain de faire barrage aux Autrichiens sur le plateau, où le passage des troupes entraîne réquisitions, pillages et dégradations.

Emprise du camp avec les voies ferrées

CRÉATION du CAMP
En 1851 le maréchal de Castellane, commandant supérieur à Lyon, cherche un terrain de manoeuvres suffisamment vaste en dehors de la ville. Le plateau triangulaire en friche au sud du village de Sathonay et séparé du village par un profond ravin convient parfaitement et un camp de toile s’y installe. Le 1er juin 1853, après avoir été passées en revue place Bellecour par Castellane, les premières troupes montent au camp et s’y installent. Les 2 dimanches suivants, Castellane y assiste à la messe, suivie d’un défilé des troupes. Dès 1855 il y établit une bibliothèque pour les officiers.
Les tentes sont remplacées progressivement par des baraques en planches et en briques, que Napoléon III lui-même vient visiter en en 1856 et 1860. Pour faciliter les mouvements des troupes et des attelages, Castellane fait creuser à Caluire par les soldats du Génie deux voies d’accès au camp : côté Rhône la « montée des Soldats » et côté Saône la montée Castellane, inaugurées le 15 août 1856.
Castellane vient souvent au camp et y emmène toutes les personnalités de passage à Lyon. L’Empereur Napoléon III visite le camp en juin 1856. En 1863 une ligne de chemin de fer relie la Croix-Rousse à Sathonay, elle sera prolongée jusqu’à Trévoux.
Le maréchal Canrobert, successeur de Castellane, poursuit les aménagements : une machine hydraulique assure l’approvisionnement en eau pour 8000 hommes et 400 chevaux, ainsi que pour la population civile. L’état achète les terrains du camp pour 92000 F. Les 3 divisions d’infanterie de Lyon viennent à tour de rôle passer trois mois à Sathonay.

De 1870 à 1914
Avec la construction de la 2ème ceinture de fortifications (Séré de Rivières) le fort de Vancia protège le camp et entraîne l’édification d’une poudrière dans le ravin de Sathonay. Dans les années 1880 les baraquements sont remplacés et modernisés et le camp est clôturé. En 1887 le camp abrite 2500 soldats, 200 sous-officiers et une centaine d’officiers. En 1900 est inaugurée une voie ferrée de Lyon Saint-Clair à Sathonay (aujourd’hui utilisée par le TGV) reliant Sathonay au réseau national.

Autour du camp militaire s’est développée une agglomération de commerçants, à la population différente de celle du village au nord du ravin essentiellement agricole. La séparation en 2 communes distinctes Sathonay-Camp au sud et Sathonay-Village est entérinée en 1908.

L’allée des cuisines
Le Poste Divisionnaire

Les fréquents changements de garnison des régiments au XIX° siècle compliquent la reconstitution de l’histoire précise du camp. Par exemple, trois bataillons du 38°RI y séjournent une année sur deux entre 1871 et 1880. La partie principale du 99°RI y est de 1875 à 1885. Deux bataillons du 52° RI y stationnent en 1888-89; puis au début des années 1890 le 98°RI régiment du XIII° CA de Clermont-Ferrand. C’est également une autre unité du XIII° CA le 121°RI qui y est logée, quand en 1895 le président Félix Faure assiste à une prise d’armes pour le départ du corps expéditionnaire à Madagascar. En 1900 ce sont 3 bataillons du 98° RI de Roanne et 2 du 121°RI de Montluçon.

De 1902 à 1914 la partie principale du 22° RI y est cantonnée. Depuis 1901 les régiments de zouaves d’Afrique du nord envoient un bataillon en métropole ; ainsi les 2° et 3° zouaves à Sathonay, avec détachement de 2 compagnies par régiment au camp de la Valbonne. En 1914 le camp héberge également un escadron du 10° Cuirassiers de la Part-Dieu.

Les Zouaves au repos

De 1914 à 1939 
Pendant la guerre de 1914-1918, le camp sert de base arrière et de centre d’instruction et voit passer de nombreuses unités, dont beaucoup d’unités africaines : un foyer du soldat y est créé.

Canon de 75 antiaérien – fin années 1920
Insigne du 405° RADCA

Entre les deux guerres, Sathonay héberge principalement le 405° RA DCA (défense contre avions 1920-1939) et le 28° RTT (tirailleurs tunisiens). Une stèle avec une plaque de bronze (photo ci-dessus) commémorant le maréchal de Castellane est érigée en 1932. En 1936 est inauguré un grand bâtiment infirmerie-hôpital, qui par la suite hébergera le PC et l’administration, la place de l’infirmerie ayant été réduite.
À la veille de la Guerre en 1938 héberge la partie principale du 405° RA DCA, des détachements du 99°RI et du 28° RTT et un centre de mobilisation d’artillerie.


La DEUXIÈME GUERRE MONDIALE
En 1939-40 le camp héberge avec le camp de la Valbonne le dépôt métropolitain de la Légion Etrangère, qui après le départ des régiments de réserve mobilisés (11° et 12° REI) forme avec les éléments restants un bataillon de marche, qui tente en vain de s’opposer entre Saône et Rhône à l’avance des allemands vers Lyon, le 19 juin en même temps qu’ont lieu les combats de Chasselay. Entre 1941 et 1942 le camp héberge le 61° RA dans le cadre de l’Armée d’Armistice et accueille les prisonniers rapatriés. En novembre 1942 la Wehrmacht occupe le camp jusqu’en 1944. À la libération, il est à nouveau un centre d’accueil des prisonniers libérés.

De 1945 À 2002
De 1945 à 1968 le camp héberge de nombreuses unités : CIT 158 (Centre d’Instruction du Train 1956-1966), 1° RTM (Tirailleurs Marocains), 22° RI, EMAS 1962-1970 (École des Armes Spéciales transférée ensuite à Grenoble).

Alignement des baraques dans les années 1950

En 1968 Sathonay-Camp est rattaché au département du Rhône et le 22° RI devient le 99° RI, régiment qui avait déjà séjourné à Sathonay en 1875/ 1885. Ce régiment le « 9-9 » va occuper pendant 30 ans le camp, dont les bâtiments vont être renouvelés ou modernisés. Les alignements de baraques côté nord du camp sont démolies.

Vue Aérienne 1994

En 1977 le camp couvre 32 hectares ; il prend le nom de « Quartier Maréchal de Castellane« . 20 ans plus tard en 1997 un plan de restructuration des armées entraîne la dissolution du 99° RI. Le camp est encore occupé par un groupement d’instruction du 22° RI, mais l’abandon est progressif et devient effectif en 2002.

La façade de l’ancien Poste Divisionnaire

2008-2013 LE RENOUVEAU Le PÔLE GENDARMERIE
Le Grand-Lyon et la commune travaillent alors sur un projet d’aménagement, sur lequel vient se greffer le projet de création d’un « pôle de Gendarmerie » de 17 hectares. Le projet comprend au nord une extension du centre de la commune et une zone d’habitat et au sud un complexe sportif et la gendarmerie qui occupe la surface le plus importante.
L’aménagement a commencé avec quelques démolitions, avec en 2008 la réouverture du boulevard de l’Ouest, qui comprend un rond-point sur lequel a été replacé la façade du premier étage du poste divisionnaire de 1877. Le bâtiment PC, propriété du Grand Lyon, a été conservé, mais en 2022 il est bien dégradé et son avenir est encore incertain…

Le Pôle Gendarmerie en chantier 09/2011

Les bâtiments du « pôle gendarmerie » sont achevés ; il comprend : l’état-major régional, cercle-mess, installations sportives, zone technique, zone d’habitations. L’installation de la Gendarmerie a eu lieu pendant l’été 2012. En 2013 le prolongement de la rue de la République qui passe devant l’ancien PC a été ouvert à la circulation.


Le 15 février 2019 l’espace triangulaire où se trouve la stèle du maréchal de Castellane a été baptisé place Arnaud Beltram en présence des autorités civiles et militaires, dont le Gouverneur Militaire de Lyon et le préfet du Rhône.

La CASERNE LEBRUN 2022-

En septembre 2022 le « Pôle Gendarmerie » est baptisée Caserne Lebrun du nom d‘Henri Lebrun, jeune gendarme à Meyzieu en 1940, résistant courageux arrêté en 1943 par les allemands et mort en déportation. L’emprise accueille le groupement de Gendarmerie Mobile 1/5 et ses 3 escadrons, ainsi que le PSIG (peloton de surveillance et intervention de la Gendarmerie): 1500 gendarmes et leurs familles y vivent.

Article de 2011dernière modification : 01/2024
Sources : A. Mudler, R. Honnay, A. Loiseau – Le camp de Sathonay 1851-2008 – Amicale Royal Deux-Ponts 2008 / Association Sath’nâ – Sathonay, un village, un camp – La Taillanderie 2008 / Journal du maréchal de Castellane tome 5 – Plon 1897
/ documents musée militaire & perso.