Le Baron des Adrets

François de BEAUMONT, BARON des ADRETS 1513-1587 

Le Baron des Adrets

C’est un gentilhomme dauphinois de bonne famille, né et mort au château de la Frette ; il combat avec valeur dans les campagnes successives en Italie, mais estime n’avoir pas été justement récompensé pour ses services.

Après 1560 commencent les guerres de Religion : Des Adrets se rallie au prince de Condé, chef des Protestants. Bien qu’il soit sans conviction religieuse affirmée, c’est pour la cause des Réformés qu’il va démontrer des capacités militaires exceptionnelles, alliées à une cruauté restée légendaire.

L’ENTRÉE EN CAMPAGNE
Le 1er mars 1562 le massacre de Wassy inaugure la première guerre de religion. En avril, le baron des Adrets prend la tête d’une troupe de Réformés en Provence ; il entre dans le Dauphiné, prend le 27 Valence qui sera sa base. La Motte-Gondrin lieutenant-général du Dauphiné y est massacré puis pendu à une fenêtre.

La prise de Valence

LA PRISE DE LYON PAR LES PROTESTANTS
Le 29 avril 1562 au soir des protestants en armes se réunissent à la Guillotière ; dans la nuit ils investissent la ville. Il y a très peu de résistance. Les protestants sont maîtres de la ville. Pour se conforter ils font appel au baron des Adrets, qui arrive avec sa troupe le 5 mai. Il assiège le château Pierre Scize qui se rend le 7 mai. Il n’y a pas eu de massacre à Lyon.  


Les réformés les plus fanatiques détruisent les statues de la cathédrale Saint-Jean à coups d’arquebuse, pillent les églises et les couvents et s’emparent des objets précieux, car le baron a besoin d’or pour payer ses troupes et repartir en campagne. La ville va rester sous le pouvoir des réformés jusqu’en juillet 1563, période au cours de laquelle seront conduits de grands travaux. Voir l’article sur les protestants à Lyon.

Le sac de la cathédrale St-Jean par les protestants

La SUITE DE LA CAMPAGNE DU BARON DES ADRETS
Entre temps des Adrets a poursuivi sa folle chevauchée : en mai 1562, il chasse de Grenoble le nouveau lieutenant-général du Dauphiné, Maugiron, puis s’empare de Vienne, dont l’évêque s’enfuit. En juin il fonce sur Pierrelatte, exerce sa férocité sur la garnison qui a capitulé et dévaste les environs d’Avignon, mais doit revenir sur Grenoble d’où il chasse à nouveau Maugiron. Il repasse à Lyon, puis en juillet se lance sur le Beaujolais, puis le Forez et s’empare de Montbrison, où plusieurs centaines de personnes sont massacrées (16 juillet), puis de Montrond.

Après un nouveau passage à Lyon, il se lance vers le sud, se bat à Valréas, menace Avignon et échoue devant Carpentras qui appartiennent au Pape. Ses troupes se vengent à Mornas, où les habitants sont jetés du haut de la falaise (il n’est pas sûr que des Adrets ait été effectivement présent). Fin août à peine de retour à Valence, il part au secours de Sisteron, puis ravitaille Montpellier assiégée et repousse le vicomte de Joyeuse (15 septembre).

La FIN de la CAMPAGNE
Pendant ce temps le duc de Nemours au service du roi a repris Vienne ; des Adrets repart avec 4000 hommes : il est battu à Beaurepaire. Renforcé par 2000 suisses, il contraint Nemours à s’enfermer dans Vienne (19 octobre), mais même ses co-religionnaires en ont assez de ses ravages et de sa férocité sans frein. Informé, il signe une trêve avec Nemours. Des Adrets court encore vers le sud redresser la situation, s’empare encore de Montélimar et d’Annonay. Mais, soupçonné de double jeu et de défection, il est destitué par le prince de Condé et est arrêté à Romans en janvier 1563 par ses lieutenants et enfermé à Nîmes. L’Édit d’Amboise (mars 1563) provoque son élargissement.

CHANGEMENT de CAMP
Par la suite en 1567, il offre son épée aux Catholiques ; on lui confie 2000 hommes avec lesquels il reprend aux Réformés la Côte-St-André, St-Antoine, puis assiège Romans. Mais on se méfie de lui : De Gordes, lieutenant-général du Dauphiné le fait arrêter en juin 1570 et enfermer à Lyon au château Pierre Scize. Libéré en janvier 1571, il se présente devant le Roi Charles IX pour se justifier. Des Adrets se retire ensuite de la scène publique et se contente d’administrer ses biens : il est à noter qu’il ne s’est pas enrichi…

La campagne du baron des Adrets dans le sud-est du royaume en 1562 est restée légendaire ; pourtant elle n’a duré que 10 mois… Elle est effectivement exceptionnelle par la rapidité d’action et par les qualités manœuvrières déployées. Ce caractère extraordinaire, lié à la terreur qu’il semait sur son passage peut expliquer que son souvenir persiste encore…

Article de 2010 – Dernière modification 05/2021
Sources : Le Baron des Adrets -Abbé Brisard – Edition Jules Céas Valence 1890 Yves Krumenacker -Lyon 1562 capitale protestante – Olivétan 2009