HÔPITAUX PERMANENTS & TEMPORAIRES à LYON et dans le RHÔNE en 1914-1918
Août 1914, premier mois de guerre, les premiers trains sanitaires transportant des blessés arrivent à partir du 21 à la gare de Vaise, puis également à la gare de la Part-Dieu, remplacée par la suite en 11/1915 par la gare des Brotteaux.
La ville de Lyon, éloignée des combats, bien placée sur un grand axe d’évacuation et bien dotée en infrastructures va jouer un rôle majeur dans le traitement des blessés et malades.
La capacité importante d’accueil des Hôpitaux Permanents et des Hôpitaux Temporaires déjà prévus va être immédiatement insuffisante, ce qui amène à organiser d’autres hôpitaux temporaires dans tous les bâtiments disponibles : écoles, institutions religieuses… Ils sont répartis en plusieurs catégories administratives (complémentaires, auxiliaires, bénévoles). Leur numérotation couvre l’ensemble des formations de la 14° Région Militaire (par exemple le HC 2 est à Vienne).
Les HÔPITAUX PERMANENTS
En 1914 Lyon compte deux hôpitaux militaires (HM) : l’hôpital Desgenettes, quai Gailleton (2°) et l’hôpital Villemanzy, montée St-Sébastien (1°) qui accueille des soldats allemands. Début septembre 1914 le lieutenant Charles de Gaulle est soigné à Desgenettes pour une blessure au genou.
Dès les premiers jours de la Guerre, les hôpitaux civils s’ouvrent largement aux patients militaires. Les hôpitaux des Hospices Civils de Lyon (HCL) (Hôtel-Dieu, hôpital de la Croix-Rousse, Hospice de la Charité et hôpital de l’Antiquaille) apportent le plus grand nombre de lits : 1800 lits, jusqu’à 2200 fin 1915, diminuant à 1450 lits fin 1918. Ces hôpitaux, qui doivent aussi assurer les soins pour la population, organisent et gèrent des hôpitaux annexes pour les militaires.
Hôpital de la Charité : 10 annexes
l’Hôtel-Dieu : 29 annexes dans des bâtiments divers, dont le palais de la Bourse, la salle Rameau, l’école dentaire…
Les autres hôpitaux civils participent à l’oeuvre sanitaire : hôpital de Villeurbanne…et les hôpitaux du Rhône : Villefranche, Beaujeu, Anse, Belleville, Givors…
Les HÔPITAUX COMPLÉMENTAIRES (HC)
Ils dépendent directement du Service de Santé Militaire, qui les a réquisitionnés. Ils sont ouverts en août -septembre 1914 et ferment dans le courant de 1919.
HC 9 : École du Service de Santé, avenue Berthelot, 200 lits qui soigne des soldats allemands.
HC 10 : groupe scolaire, 4 rue Tissot (9°), puis 18 rue Bossuet (6°), 180 lits
HC 11 : Groupe scolaire, 2 place Cdt Arnaud (4°) jusqu’en 1916, puis Brasserie Dupuis, 136 bvd Croix-Rousse (ex H26bis).
HC 12 : Hôpital du Vinatier, Bron, 245 lits, où le professeur Lépine soigne les troubles psychiques.
HC 13 : Ecole St-Thomas d’Aquin, 18 rue du Perron, Oullins, 110 lits.
HC 14 : Ecole d’Agriculture d’Ecully, 110 lits.
HC 15 : Institution Leidrade, 59 montée du Chemin-Neuf.
HC 16 : Lycée de jeunes filles, pl. Edgar Quinet (6°), jusqu’en 07/1917, 430 lits.
HC 17 : restaurant Pré-aux-Clercs, 79 cours Vitton (6°), 150 lits, coordonné avec HC 34.
HC 18 : Externat St-Joseph, 15 rue Ste-Hélène (2°), ??
HC 19 : Clinique du Dr Albéric Pont, 22 rue de St-Cyr & quai Jaÿr (9°), 150 lits pour les « Gueules Cassées » un des pôles d’excellence lyonnais, (aujourd’hui groupe scolaire de la Gare d’Eau) .
HC 20 : groupe scolaire, 19 av. Berthelot (7°), en face de l’Ecole de Santé, 150 lits.
HC22 : Ecole mariste de théologie, de 09/1914 à 02/1915 devient H246bis
HC 21 : institution Lamartine, 3 chemin des Chassagnes, Oullins, 150 lits.
HC 34 : Brasserie du Parc et Ecole ménagère, 16 rue Masséna (6°), (voir HC 17)
HC 35 : Piscine boulevard Pommerol (Stalingrad), 09/1915, ?
HC 38 : locaux Exposition Universelle de 1914, avenue des Nations (rue Challemel-Lacour 7°), de 02/1915 à 1922, 1650 lits. Dépot de convalescents coordonné avec le centre de réforme, 83 avenue Leclerc (7°).
HC 40 : groupe scolaire, 40 rue Boileau (6°), 280 lits.
HC 44 : groupe scolaire, 6 place Morel, , 210 lits.
HC 45 : Nouveau Lycée (Lycée du Parc), de 08/1915 à 05/1919, 830 lits. accueille les prisonniers rapatriés ou échangés.
HC 67 : Frères Maristes à St-Genis-Laval, 400 lits pour malades, ex HA 63
Les HÔPITAUX AUXILIAIRES (HA)
Ils sont organisés par des sociétés d’assistance humanitaire. Au nombre de 48 dans le Rhône, ouverts en août septembre 1914, ils ferment au début ou dans le cours de 1919.
Société de Secours aux Blessés Militaires (SSBM) faisant partie de la Croix-Rouge :
HA 1 : les Minimes, 11 rue des Macchabées (5°), 360 lits.
HA 2 : les Lazaristes, 24 montée St-Barthélémy (5°), 220 lits avec une salle d’opération.
HA 3 : les Anglais, chemin des Massues, 205 lits (mutilés)
HA 4 : Grand Séminaire de Francheville, 17 rue des Fonts / Ste-Foy, 140 lits avec une salle d’opération et radiologie.
HA 5 : Pensionnat St-Louis, 1 cours des Chartreux (1°), 210 lits avec une salle d’opérations.
HA 6 : les Chartreux, 58 rue Pierre Dupont (1°), 150 lits avec une salle d’opérations.
HA 7 : Collège Montgres à Villefranche, 210 lits.
HA 19 : Frères des Écoles Chrétiennes (aujourd’hui mairie) à Caluire, 370 lits dont 60 lits pour aveugles.
HA 20 : École de la Croix-Rouge, 84 rue des Charmettes (6°), 130 lits avec 2 salles d’opérations, encore en fonction en janvier 1920.
HA 21 : École Ozanam, 145 rue de Créqui (6°), 150 lits pour convalescents.
HA 23 : École ménagère, 16 rue Masséna (6°), 56 lits, fermé en avril 1916.
HA 24 : les Dames Auxiliatrices, 9 rue Bossuet (6°), 15 lits avec une salle d’opérations et un service psychiatrique.
HA 25 : Œuvre des Messieurs (orphelinat), 14 rue Bourgelat (2°), 100 lits, réservé en 1918 pour les malades de la grippe espagnole.
HA 26 : Petites Sœurs de l’Assomption, 13 rue Nicolaï (7°), 25 lits pour convalescents.
HA 27 : religieuses du Verbe Incarné, 29 rue de la Reconnaissance – Villeurbanne, 20 lits pour convalescents.
HA 28 : hôpital St-Joseph, 7 rue Parmentier (7°), 110 lits, avec les sœurs de la Charité, 2 salles d’opération et radiologie.
HA 30 : villa de Mme Gillet, 31 bvd des Belges (6°), 50 lits pour convalescents, fermé en 04/1917.
HA 31 : ancien hôtel du Gouverneur Militaire, 11 rue Boissac (2°), 60 lits pour blessés ORL en provenance de Desgenettes.
HA 32 : Fondation Simon Rousseau, Fontaines-sur-Saône, 35 lits, fermé 09/1917 sur demande de la municipalité.
HA 33 : Filles de la Charité, 22 rue Duguesclin (6°), 65 lits.
HA 36 : Religieuses du Bon Secours, 3 rue Ste-Hélène (2°), 33 lits
HA 36b : ancien externat des Dames du Sacré-Coeur, 6 rue Boissac (2°), 50 lits
HA 37 : groupe scolaire de Vaugneray, 61 lits, rendu à la commune 12/1915.
HA 45 : Infirmerie Protestante, 11 cours des Chartreux (1°), 50 lits pour grands blessés, 2 salles d’opération et radiologie.
HA 47 : œuvre des convalescents, 27 montée St-Barthélémy (5°), 40 lits
HA 48 : École Normale Libre d’institutrices Ste-Marie, St-Genis-Laval, 179 lits
HA 49 : La Soie (maison Bianchini-Ferrier), 4 rue Vaucanson (1°), 200 lits avec 2 salles d’opération et radiologie.
HA 51 : Clinique St-François-d’Assise, 17 rue St-F-d’Assise (1°), 60 lits grands blessés, 2 salles d’opération.
HA 52 : Infirmerie St-Jean, 8 avenue du Doyenné (5°), 50 lits pour convalescents.
HA 53 : Hôpital – Hospice, 10 chemin de Montray – Ste-Foy-les-Lyon, pour convalescents
HA 54 : École Gerson (Ecole nomale libre d’institutrices), 9 montée des Génovéfains (5°), 41 lits pour convalescents
HA 55 : immeuble de la société « la Protectrice », 1 rue Sébastien Gryphe (7°), 145 lits pour grands blessés, une salle d’opérations
HA 56 : pensionnat de l’ Immaculée Conception, place de la Mairie – Villeurbanne, 112 lits de convalescents
HA 57 : Petit Lycée de St-Rambert (9°), 450 lits pour convalescents, cédé en 04/1916 au comité anglais de la Croix Rouge.
HA 58 : usine C.J.Bonnet, 3 rue de l’Enfance (rue H. Gorjus)(4°), 60 lits
HA 60 : lycée de St-Rambert (9°), pour malades de la garnison.
HA 63 : Frères Maristes à St-Genis-Laval, 400 lits pour malades typhiques et tuberculeux, repris ensuite par le Service de Santé (HC 67)
HA 64 : groupe scolaire, 94 rue Tronchet (6°), 160 lits
Formations sanitaires de l’Union des Femmes de France
Autre société d’assistance avec 8 hôpitaux, on peut citer :
HA101 : École Vétérinaire, quai Pierre Scize (q. Chauveau)
HA107 : École Normale d’Instituteurs, 80 bvd Croix-Rousse
HA108 : La Sainte Famille, 10 av. Debrousse
HA110 : L’Oratoire, rue de l’Oratoire à Caluire
HA111 : religieuses des Missions Africaines, rue Ernest Renan à Vénissieux
HA112 : Groupe Scolaire, 23 rue Jacquard (4°)
HA114 : péniches ambulances sur la Saône
HÔPITAUX BÉNÉVOLES (ou municipaux – numérotés en « bis »)
Gérés par des collectivités locales, des associations, des communautés… Au nombre de 64 dans le Rhône, parmi lesquels on peut citer :
H 3bis : Armée du Salut, 71 rue Servient (3°)
H 5bis : ancien collège de Jésuites, 35 rue Bossuet (6°) aujourd’hui mairie du 6°
H 6bis : Ets Mercier & Chaleyssin, 7 rue Félix Jacquier (6°)
H16bis : Pensionnat Jésus-Marie, pl.de Fourvière (5°)
H22bis : Clinique St-Louis, 105 Grande rue de la Guillotière (7°)
H26bis : brasserie Dupuis, 140 bvd de la Cx-Rousse – en 08/1916 devient HC11
H187bis : hôpital St-Luc, 20 quai Claude Bernard (7°)
H192bis – Couvent du Sacré-Cœur, 69 rue de l’Enfance (Henri Gorjus) 70 lits
H197bis : Frères de St-Jean de Dieu, 206 route de Vienne (7°)
H213bis : hôtel de Russie, rue Gasparin (1°)
H222bis : hôtel Royal, place Bellecour
H246bis : École mariste de théologie, 14 chemin du gd Roule/ Ste-Foy, ex HC22, 165 lits.
INFIRMERIES de GARE
Infirmerie de la gare de Vaise, 08/1914 – 01/1919
Infirmerie de la gare des Brotteaux , 11/1915 – 01/1919
Poste de secours de la gare Perrache, pour blessés en transit, avec une cantine tenue par une bénévole Mme Bizolon.
BILAN DE LA GUERRE
La ville et sa région ont participé à l’immense effort qui a permis la victoire dans la Grande Guerre : effort industriel, rôle dans les télécommunications et mobilisation sanitaire comme pour la guerre de 1870/71. Dans le Rhône, environ 190 formations sanitaires (120 dans la Métropole de Lyon actuelle) accueillirent entre 150 et 200 000 blessés et malades, dans environ 7000 lits. Il y eut environ 3000 décès (469 en 1914, 1035 en 1916), pour les 2/3 de maladies (tuberculeux et grippe espagnole). Cet énorme effort de solidarité n’a été possible que par la mobilisation des autorités et des œuvres charitables et surtout par le dévouement du personnel soignant (10/12000 personnes) dont une majorité de femmes.
DEUX AUTRES ARTICLES …
Dans ce site sur le même sujet 2 autres articles classent les centres de soins par localisation ( arrondissement, commune) ; le premier pour la mobilisation sanitaire de 1914 et le deuxième pour l’année 1916. L’importance de l’activité est évaluée par le nombre de décès enregistrés dans l’état-civil.
dernière modification 10/2019 — Documents : Musée Militaire / R.Racine – Lyon 1914-8 – Sutton 2015