L’HÔPITAL MILITAIRE VILLEMANZY À LYON
Au XIX° siècle, après la création en 1831 de l’hôpital militaire, qui deviendra l’hôpital Desgenettes, un deuxième hôpital est ouvert au moment de la guerre d’’Italie en 1859, dans un ancien couvent sur les pentes de la Croix-Rousse : ce sera l’hôpital Villemanzy.
Le COUVENT des COLLINETTES
En 1665 la marquise de Coligny fait une donation pour établir un couvent de religieuses de l’ordre de Sainte-Elisabeth dans une maison située sur les pentes de la colline entre la montée st-Sébastien et le chemin des Fantasques. C’est le 3ème couvent de cet ordre à Lyon. La maison est aménagée, une chapelle est construite et le couvent prospère.
Entre 1700 et 1715 les religieuses réalisent plusieurs agrandissements, qui les rendent propriétaires d’un vaste triangle entre la rue des Fantasques et la montée St-Sébastien allant jusqu’au rempart de la Croix-Rousse en y englobant les 2 bastions d’Orléans et St-Laurent en très mauvais état à l’époque.
Ces religieuses de Ste-Elisabeth sont appelées familièrement « Collinettes » ou « Colinettes » : ce nom viendrait de « Coligny » et non de « colline ». En 1761 elles font construire un nouveau bâtiment pour le couvent et une nouvelle église : ce sont les bâtiments actuels de grande qualité achevés en 1773. Les religieuses en profiteront moins de 20 ans.
La CASERNE des COLLINETTES
À la Révolution en 1790, les ordres religieux sont dissous, les religieuses quittent leur couvent. Lors du Siège de Lyon en 1793, une batterie d’artillerie est installée sur la terrasse des Collinettes : elle canonne efficacement la plaine des Brotteaux. Après le siège les bâtiments sont réquisitionnés par l’autorité militaire. En 1796 des experts décident d’aliéner la construction ancienne et les parties non bâties et de ne garder que les bâtiments récents avec la chapelle après aménagements pour en faire une caserne : la caserne des Collinettes apte à héberger un bataillon d’infanterie. Cette vocation est confirmée par un décret impérial en 1810 qui confie à la ville la propriété de la caserne et son entretien…
Dans les années 1820 tout l’ancien terrain du couvent devient un lotissement : des rues sont tracées et des immeubles de rapport construits pour loger des canuts.
La caserne accueille des bataillons de divers régiments qui se succèdent à un rythme rapide : c’était la règle dans la première moitié du XIX° siècle. En novembre 1831 lors de la révolte des canuts le régiment des Collinettes fait défection… La caserne est évidemment dans un endroit stratégique pendant la 2ème révolte des canuts d’avril 1834 et celle des « voraces » de juin 1849.
L’HÔPITAL des COLLINETTES
Mai-juin 1859 Campagne d’Italie : l’hôpital militaire de Lyon est insuffisant pour accueillir les malades et blessés. Sur l’initiative du maréchal de Castellane, commandant militaire de Lyon, la caserne est reconvertie en hôpital, l’hôpital militaire des Collinettes. Le premier décès le 19 juillet 1859 est celui d’un fusilier du 102° régiment de ligne. Le maximum de décès a lieu en août (32). Par la suite son emplacement aéré le fait reconnaître apte à traiter les maladies infectieuses et il est conservé.
1870 : pendant les 7 premiers mois de l’année l’hôpital des Collinettes enregistre en moyenne 3 décès par mois. Début août la guerre est déclarée et de nombreux blessés et malades sont évacués, le maximum est atteint en décembre (61décès).
Dans les années 1870 l’hôpital est soutenu par la 13° Section d’Infirmiers militaires (SIM) du corps d’armée de Clermont-Ferrand. Le nombre de malades et de décès diminue de moitié en une décennie grâce aux progrès de l’hygiène. 1875: 1441 malades pour 49 décès – 1885: 798 malades pour 22 décès.
L’HÔPITAL VILLEMANZY
En juin 1887 l’hôpital des Collinettes est rebaptisé hôpital Villemanzy, du nom de Joseph Villemanzy 1751-1830 intendant général sous l’Empire. Le personnel infirmier appartient à la 25°SIM. En 1889 les travaux de creusement du tunnel du funiculaire Croix-paquet provoquent des lézardes dans l’hôpital : la société du funiculaire doit payer les réparations. Menacé de fermeture en 1907, l’hôpital reprend son rôle d’hôpital militaire en 1914 avec 300 lits. Le premier décès le 30 août est celui d’un soldat allemand. Beaucoup de prisonniers allemands y seront soignés aux cotés de soldats français.
Après le conflit il est ouvert par intermittence selon les besoins : il reçoit en 1928 les typhiques de l’épidémie de la banlieue lyonnaise et au début de 1939 des blessés de la guerre d’Espagne. En août 1939 il redevient hôpital militaire jusqu’en juin 1940. En 1942 une division de santards délogés de leur école par les allemands vient y loger. En 1944-45 le bâtiment accueille des prisonniers allemands.
L’ »ANNEXE VILLEMANZY »
Fin 1945 déclassé comme hôpital, il devient une annexe de l’Ecole du Service de Santé, enrichissant de souvenirs des générations de santards et d’élèves officiers de réserve (EOR) d’administration du Service de Santé. Des santards y sont logés jusqu’en 1981 avant de rejoindre la nouvelle école de Bron. Le petit bâtiment en angle de la rue des Fantasques et de la montée St-Sébastien, ancien logement du médecin-chef est dans les années 50 le logement d’un officier d’administration.
Le « CERCLE VILLEMANZY »
Dans les années 1980 le bâtiment est cédé à la ville de Lyon. Après plusieurs projets, l’ensemble est converti en Cercle Villemanzy, Résidence Internationale dotée de 85 logements loués à la semaine ou au mois pour loger des universitaires étrangers. La terrasse qui domine le Rhône devient un jardin public et la maison en angle est transformée en restaurant panoramique la « Maison Villemanzy ».
Sources : médecin-colonel Camelin – Lyon et la médecine militaire – Revue Historique des Armées spéciale Bimillénaire de Lyon 1957 / Etat-Civil -Archives municipales de Lyon / A.Lacassagne – Hygiène de Lyon -Storck 1887
Article de 2014 – dernière modification 01/2024