L’Enceinte de Fourvière

L’ENCEINTE de FOURVIÈRE et les FORTIFICATIONS de la RIVE DROITE de laSAÔNE

Les CLOÎTRES FORTIFIÉS
Soucieuse de sa sécurité contre les menaces extérieures et les révoltes populaires, l’église de Lyon construit au XII° siècles deux ensembles fortifiés sur la rive droite de la Saône.

Le « Grand Cloître » ou Cloître Saint-Jean
L’ensemble cathédral de Lyon est saccagé par le comte de Forez en 1162. La reconstruction de la cathédrale St-Jean actuelle commence en 1175 et l’ensemble du quartier avec ses églises et son cloître (disparu) est enfermé dans une enceinte fortifiée dès 1187 percée de 5 portes fermées de nuit. Cette enceinte de la Saône à la rue Tramassac coupait la rive droite en trois quartiers. Elle n’empêcha pas l’occupation des lieux par les lyonnais en 1269. Les murs sont démolis dans la deuxième moitié du XVI° siècle.

Le cloître fortifié de St-Jean vers 1550

Le Cloître Saint-Just
Dès le XI° siècle l’abbaye Saint-Just, le village et l’église Saint-Irénée s’entourent d’une enceinte fortifiée sur un périmètre d’un kilomètre environ. La fortification a la forme d’un quadrilatère ; la muraille comporte un chemin de ronde crénelé avec une tour tous les 50 m. Un mur intérieur séparait l’abbaye du bourg. En 1269 l’ensemble résiste aux assauts des lyonnais. L’enceinte est remaniée au XIII° et XIV° siècles. Au XVI° siècle cette fortification est devenue obsolète : en 1562 les protestants maîtres de Lyon font raser l’église, l’abbaye et la fortification. Il ne reste que le mur ouest rasé en 1793.

Le mur de la Retraite face au Cloître Saint-Just

L’ENCEINTE DE LA RETRAITE 1378
Depuis 1312 la ville de Lyon est devenue une ville royale, mais elle est toujours une ville frontière. La guerre de Cent Ans pousse les lyonnais à renforcer leurs défenses. Après la défaite de Poitiers en 1356 le sénéchal Jean de Grolée ordonne la levée d’une taxe pour la remise en état des défenses (1358). Les murs sur les hauts de Fourvière sont en construction, quand la bataille de Brignais (1362) aux portes de Lyon confirme l’urgence. Le futur Charles V impose alors la réalisation d’une muraille entre le sommet de la colline et la Saône. Ce tracé laisse en dehors le Cloître St-Just, alors que le chapitre souhaitait logiquement que son cloître soit intégré dans l’enceinte de Lyon. Le litige opposant le sénéchal soutenu par les lyonnais au chapitre soutenu par l’archevêque se termine à l’avantage des premiers. La muraille est construite jusqu’en 1378 ; elle prend le nom de mur de la Retraite.
La fortification part de la Saône et encadre la porte Saint-Georges par des tours. Elle escalade la pente de la colline jusqu’à la porte de St-Just ou des Farges, qui fait face au pont-levis du cloître de St-Just. Le rempart était ensuite parallèle au mur du cloître jusqu’à la tour du Peyrolier, puis s’orientait vers le nord jusqu’à se raccorder au château Pierre-Scize.
L’enceinte est un simple mur de 10 m de haut et de 2 m d’épaisseur avec des tours intercalées de 20-25 m de hauteur.

L’EXTENSION de L’ENCEINTE ou BOULEVARD de L’OUEST
Sous François Ier la modernisation des remparts de Lyon débute par ceux de la Croix-Rousse, puis en 1525 c’est le tour de ceux de Fourvière. Le projet consiste à doubler la partie nord-ouest du rempart par une fortification bastionnée moderne. Elle se rattache à un angle du vieux rempart, suit le tour de l’actuel cimetière, passe à l’emplacement du futur fort de Loyasse, suit la ligne de rupture de pente au niveau de l’actuel fort de Vaise et atteint la Saône en face du fort Saint-Jean ; là s’ouvre la porte du Lion qui donne accès au faubourg de Vaise. Cette enceinte appelée « Boulevard de l’Ouest » ou « Enceinte de la Pye » est achevée en 1546 ; le plan scénographique de Lyon (vers 1550) la montre encore en travaux.

Le mur de la Retraite menant au château Pierre-Scize et le boulevard de l’Ouest se terminant en face du fort Saint-Jean vers 1630

De LA RÉVOLUTION À LA RESTAURATION
À la fin du XVIII° siècle, le vieux mur de Fourvière est depuis longtemps à l’abandon ; les murs et les tours sont délabrés, les fossés effondrés. La partie bastionnée ne vaut guère mieux. Il n’est d’aucune utilité au cours du Siège de Lyon en 1793. La ville est prise par l’armée de la Convention et le château Pierre-Scize est rasé en représailles.
En mars 1814 la ville est incapable de se défendre face aux Autrichiens et doit accepter leur occupation, de même en 1815.
Ces événements font apparaître la nécessité de fortifier Paris et Lyon : des études et projets sont établis sous la Restauration. Mais c’est sous Louis-Philippe que le maréchal de camp Rohault de Fleury va faire construire une nouvelle ceinture fortifiée.

L’enceinte de Rohault de Fleury surlignée en bleu avec les forts détachés proches 1845

L’ENCEINTE de ROHAULT DE FLEURY
Le projet du « commandant supérieur des travaux de défense de Lyon » prévoit la restauration des anciennes enceintes de la Croix-Rousse et de Fourvière, protégées par des forts détachés en avant des remparts ainsi que sur la rive gauche du Rhône.Retour ligne manuel
La nouvelle enceinte de Fourvière commence sur la Saône un peu en aval de l’enceinte de la Retraite, par la porte de la Quarantaine, de manière à inclure dans le périmètre de défense le pont d’Ainay reconstruit en 1811. Le mur escalade la pente pour rejoindre un premier bastion dont il reste la guérite d’angle. Le bastion 2 suivant commande la porte de St-Just.

La porte de Saint-Just

Ensuite le tracé suit l’enceinte du moyen-âge en alternant courtine et bastions : bastions 3 et 4 entre lesquels s’ouvre la porte de Fourvière. Après le bastion 5, l’enceinte contourne le cimetière de Loyasse (de 1808) au bout duquel est construit le bastion 6 et rejoint enfin le rocher de Pierre-Scize, où une batterie casematée est installée. Le terrain de manœuvres est à la Sarra.

La « lunette du fossoyeur »

Les forts détachés sont du sud au nord : le fort de Sainte-Foy aujourd’hui caserne de CRS et son annexe la lunette du petit Sainte-Foy, le fort de Saint-Irénée, poste de commandement avec une grande caserne, devenu cité universitaire. Ensuite en bas du cimetière de Loyasse une petite fortification édifiée pour pallier au contournement du cimetière par l’enceinte, la « lunette du Fossoyeur » est bien conservée.

Entrée du fort de Loyasse

On trouve ensuite le fort de Loyasse aujourd’hui à l’abandon, puis le fort de Vaise, propriété d’une fondation. Enfin au nord-ouest le fort de la Duchère (disparu) faisait face à la route de Bourgogne.

Fort de Vaise vers 1910 qui loge une compagnie du 158°RI.

Les RESTES DE L’ENCEINTE
Aujourd’hui si les forts sont encore bien présents, l’enceinte démantelée est plus discrète.
Depuis le quai de la Saône sont bien visibles le mur de la Retraite à droite et le mur du XIX° siècle escaladant la pente jusqu’au bastion 1. Plus haut, rue des Farges, la porte St-Just n’existe plus ; une portion de mur suit la montée du télégraphe. Au carrefour Radisson-Gerlier se situait la porte de Fourvière, dont il reste une partie du corps de garde dans l’angle de la montée. Plus loin le grand ensemble immobilier « le Bastion » épouse la forme du bastion 4. L’enceinte ensuite forme le mur du cimetière, puis dans l’angle Observance-Sarra se trouve un vestige du bastion 6. La montée de l’Observance suit le mur du fort de Loyasse. La montée Saint-Exupéry passe entre les forts de Loyasse et de Vaise.

A gauche l’enceinte du XIX° siècle, à droite le mur de la Retraite au dessus du quai Fulchiron

Article de 2017Dernière modification : 10/2019
Source : F.Dallemagne et col. – Les défenses de Lyon – ELAH 2006