Le Maréchal de Castellane

Boniface de CASTELLANE, MARÉCHAL de FRANCE, Commandant Militaire à Lyon (1788-1862) 

Esprit Victor Elisabeth Boniface de Castellane est issu d’une ancienne famille de la noblesse provençale.

Castellane capitaine de hussards

L’EMPIRE
En 1804 il commence sa carrière militaire à 16 ans comme soldat d’infanterie ; sergent en 1805, il est affecté à la cavalerie en 1806 sous-lieutenant au 24° dragons en Italie. En 1808 il est en Espagne (bataille de Medina de Rioseco). L’année suivante lieutenant aide de camp, il participe à la campagne d’Autriche et est décoré sur le champ de bataille de Wagram. Il est capitaine en 1810. En 1812 il participe à la campagne de Russie, toujours comme aide de camp ; il est nommé chef d’escadron et a une main gelée pendant la retraite. Pendant les campagnes d’Allemagne (1813) et de France (1814), il est instructeur à l’arrière.

La RESTAURATION et la MONARCHIE DE JUILLET
Sous la Restauration, Castellane est colonel du 5° hussards à Provins en 1815, à Soissons, à Chartres, à Pontivy (1818-19) et enfin à Moulins jusqu’en 1822.

Le colonel de Castellane et les officiers du 5° hussards à Moulins en 1821

Il commande ensuite les hussards de la garde et est promu maréchal de camp (général de brigade 1823). En 1824 il part en Espagne commander une brigade de cavalerie à Barcelone, puis pendant 3 ans une brigade stationnée à Cadix (1825-27). En disponibilité en 1828, puis en 1829 inspecteur de la cavalerie, il visite les unités du sud-est de la France.
La chute de Charles X ne lui cause pas d’état d’âme et en août/ septembre 1830 au cours d’une nouvelle inspection, il doit réprimer des actes d’insubordination en particulier à Lyon et Vienne. Nommé à la tête d’une brigade de Chasseurs en Haute-Saône, il participe à la reprise en main de la ville de Lyon après la révolte des canuts d’octobre 1831. En 1832 il devient sur sa demande commandant d’une brigade d’infanterie à Valenciennes et participe au siège d’Anvers, à l’issue duquel il est promu lieutenant-général (général de division) .

Fin 1833 Castellane reçoit le commandement de la division de Perpignan. Début 1838 il effectue une courte mission en Algérie à Bône, où il conduit un convoi de ravitaillement à Constantine. Il retrouve ensuite son commandement de la 21° division de Perpignan jusqu’en 1847. Il fait aménager la station thermale d’Amélie-le-Bains et y fait créer un hôpital militaire qui portera son nom. À la chambre des pairs, il critique les constructions en cours des enceintes fortifiées de Paris et Lyon (1841). Fin 1847 il arrive à la 14° division de Rouen.

La 2ème RÉPUBLIQUE
En février 1848, il maintient l’ordre et la discipline à Rouen et se rallie au gouvernement provisoire de la République, qui le met en en disponibilité, puis à la retraite par une mesure qu’il estime injuste. Castellane ne cesse de protester contre sa mise à la retraite ; il n’est rappelé qu’en septembre 1849. En février 1850 il prend le commandement des divisions de Bordeaux, Nantes et Rennes.

Commandant Militaire à Lyon

Le COMMANDANT MILITAIRE À LYON
Trois mois après, le 24 avril 1850 le président Louis-Napoléon Bonaparte le nomme commandant supérieur des divisions de Lyon et Besançon. Il arrive à Lyon le 8 mai : il rétablit la discipline et y maintient l’ordre en emprisonnant quelques opposants. En juillet 1851 il refuse une mutation à Paris, préférant rester à Lyon loin des intrigues politiques. Sans effusion de sang, il empêche toute manifestation au moment du coup d’état (2 décembre 1851). Castellane est nommé commandant en chef de l’armée de Lyon et de la 8ème division militaire. En 1852 il devient sénateur, la ville de Lyon lui offre une épée d’honneur et la récompense suprême vient au moment du rétablissement de l’Empire, il est promu Maréchal de France.

Le Maréchal de Castellane

Le MARÉCHAL de FRANCE
C’est alors un personnage de premier plan. L’Empereur prend souvent l’avis de Castellane, qui vient le voir plusieurs fois par an. Il forme à Lyon avec le préfet Vaïsse et le Cardinal de Bonald une sorte de triumvirat, qui va se consacrer à la rénovation et à la modernisation de Lyon (percement des rues de la presqu’île). Sur le plan militaire, il impose une discipline stricte et améliore l’entraînement des troupes par des exercices et manœuvres continuels. Sa résidence se situe rue Boissac, près de la place Bellecour, où il multiplie les prises d’armes et les défilés.

Castellane crée le camp de Sathonay sur le plateau au nord de la ville qui est inauguré en juin 1853. Il fait percer et aménager par les soldats du 2° Génie les voies d’accès au camp : la montée des Soldats côté Rhône et la montée Saint-Boniface, aujourd’hui montée Castellane, côté Saône, inaugurées en août 1856.
Sur sa demande la grande caserne de la Part-Dieu en construction, prévue pour l’artillerie, est convertie en « quartier pour 3 régiments de cavalerie et 4 batteries d’artillerie ».

Fin mai 1856 une inondation catastrophique du Rhône provoque de gros dégâts sur la rive gauche. Castellane envoie ses hommes participer aux secours. Le 2 juin Napoléon III vient lui-même à Lyon parcourir les quartiers sinistrés et Castellane l’emmène visiter le camp de Sathonay.

Napoléon III visitant les sinistrés de Lyon – Castellane est à droite – tableau de H.Lazerges / château de Compiègne

L’Empereur loge place Bellecour à l’Hôtel de l’Europe, hôtel où viennent loger toutes les personnalités de passage. Parmi les hautes personnalités étrangères que Castellane accueille à Lyon : le roi de Sardaigne Victor-Emmanuel II, le roi de Bavière Maximilien II, le roi de Wurtemberg Guillaume Ier, le roi des Belges Léopold Ier…

Début 1858, une réorganisation militaire nomme le maréchal comte de Castellane commandant supérieur des divisions du sud-est de la France, divisions qu’il va inspecter, y compris en Corse.
En 1859 à son grand regret, Castellane qui a 71 ans n’accompagne pas son armée à la campagne d’Italie et est maintenu à Lyon. Pour mieux accueillir les blessés, il fait convertir la caserne des Colinettes, montée St-Sébastien, en hôpital militaire (Villemanzy).
En juin puis août 1860 il accueille l’empereur et l’impératrice logés à l’Hôtel de Ville ; il ne manque pas d’emmener Napoléon III visiter la caserne de la Part-Dieu en voie d’achèvement, ainsi que le Parc de la Tête d’Or et à nouveau le camp de Sathonay. Il accompagne ensuite le couple impérial en Savoie, puis dans le midi et à Nice. La Savoie et Nice venaient d’être annexées à la France.
Le Maréchal de Castellane garde son commandement jusqu’à sa mort en septembre 1862 à l’âge de 74 ans ; il est remplacé par le maréchal Canrobert.

Plaque commémorative au camp de Sathonay

Castellane a été pendant 12 ans commandant de l’Armée de Lyon ; il a été un chef efficace et un remarquable organisateur, ennemi du laisser-aller, soucieux du soldat, réputé pour son autoritarisme et son goût des jolies femmes… Ce partisan de l’ordre et de la rigueur était pessimiste pour l’avenir militaire et il a écrit dans son journal :  » Ce que je crains, c’est que ces victoires [Crimée et Italie] ne soient regardées par les nombreux amateurs du laisser-aller comme une preuve de l’excellence de leur méthode. Alors dans la première campagne un peu longue, cela sera funeste…« . Ces mots étaient prophétiques, quand on connaît l’issue de la guerre de 1870…

Obsèques du Maréchal de Castellane

Selon son vœu, Castellane est enterré à Caluire dans la chapelle Saint-Boniface, construite de son vivant, à mi-pente de la montée côté Saône qui porte maintenant son nom. Dans le monument un grenadier et un dragon veillent sur une simple dalle sur laquelle est gravé : « Ci gît un soldat« . Son tombeau restauré a été honoré par un dépôt de gerbe par monsieur le député-maire de Caluire le 22 octobre 2010.

Tombeau de Castellane en 2010

Une salle du Cercle général Frère a été baptisée « salle Castellane » en décembre 2023 par le général Gouverneur Militaire de Lyon.

Article de 2010 – Dernière modification 12/2023 –

Sources : journal du maréchal de Castellane – Plon 1897 (Bibliothèque Militaire de Lyon)