Vallette d’Osia et la Haute-Savoie

Le GENERAL Jean VALLETTE D’OSIA (1898-2000)

Issu d’une famille du Haut-Limousin, Jean Vallette d’Osia entre à l’école de Saint-Cyr à 17 ans (1916) et est rapidement envoyé au combat sur l’Aisne avec le 19° RI. Pour fait d’armes sur le Chemin des Dames, il reçoit la Légion d’Honneur à 19 ans. Il participe à la grande offensive en Champagne (1918), où il est sérieusement blessé.

Sous-lieutenant en 1920, il fait un séjour au Maroc dans la Légion Etrangère puis en 1925 est affecté au 6° BCA (Bataillon de Chasseurs Alpins) à Grenoble : lieutenant puis capitaine, il effectue de nombreuses manoeuvres qui lui font connaître les terrains des Alpes de Chamonix au col de Larche. Il est admis à l’Ecole de Guerre en 1934. De 1936 à la déclaration de guerre de 1939 Vallette d’Osia sert à l’état-major de la 14° RM à Lyon (gouverneurs militaires de Lyon Garchery et Touchon).

Début 1940 promu commandant, il est affecté à l’état-major de la 2° DLC (Division Légère de Chasseurs). Celle-ci embarque pour la Norvège, mais parvenue en Ecosse est rapatriée d’urgence pour participer à la bataille de France. La 2° DLC est reconvertie dans l’urgence en 40° DI (Division d’infanterie). En dépit de toutes ses insuffisances (canons antichars, transmissions, carburant…), elle prend position sur la Somme : après avoir tenu tête aux allemands, elle est contournée par le sud et se replie sur St-Valéry-en-Caux. Le 12 juin Vallette d’Osia est fait prisonnier, mais il parvient à s’échapper et à rejoindre Clermont-Ferrand, où il rencontre le Général Weygand, qui le dissuade de rejoindre le Général de Gaulle à Londres.

Vallette d’Osia opte donc pour l’armée d’Armistice. A Lyon le général Touchon, redevenu gouverneur militaire pour quelques semaines (son successeur sera le Général Frère) le nomme commandant du 27° BCA à Annecy le 8 juillet. Aussitôt pour ne pas le livrer à l’ennemi, il met en oeuvre le camouflage du matériel, confié au lieutenant « Tom » Morel (200 tonnes de matériel et armement en caches secrètes). Il entraîne activement son unité à la guérilla en montagne. Au printemps 1942 il organise via la Suisse la récupération des évadés d’Allemagne, dont le Général Giraud.

Novembre 1940 place Bellecour, Vallette d’Osia en 2ème ligne

Fin novembre 1942, l’invasion de la zone libre suivie de la dissolution de l’armée d’Armistice amènent Vallette d’Osia à entrer dans la clandestinité (nom de guerre « Faure »). Il participe activement à la création de l’Armée Secrète, dont il devient le chef en Haute-Savoie (1943). Il faut organiser, nourrir, habiller, armer et exercer les nombreux jeunes réfractaires au STO qui s’y réfugient, sans se faire repérer par l’occupant italien puis allemand. Le 13 septembre 1943, il est arrêté, il ne parle pas malgré un interrogatoire musclé à Annecy. Il est emmené à Annemasse, puis à la prison Montluc à Lyon. Emmené en train vers une destination inconnue, il échappe à ses gardiens en sautant menotté par la fenêtre du wagon au sud de Dijon. Aidé et caché par les habitants, il peut rejoindre Lyon, puis la Haute-Savoie et la Suisse. Malgré le danger il participe à une réunion avec Descour chef militaire régional. Il va être suppléé par Romans-Petit chef des maquis de l’Ain.

Vallette d’Osia rejoint Angers, puis par avion Londres. En avril 1944 il est à Alger, où il rend compte aux différentes autorités ; il est promu lieutenant-colonel et est chargé de coordonner les forces clandestines en France avec les troupes régulières, dont le débarquement était en préparation. Il retrouve la France la 27 août. Il rencontre Descour qui l’envoie auprès du général de Monsabert pour coordonner les troupes alliées avec les FFI pour la libération de Lyon le 3 septembre 1944.

l‘insigne de la 27° DIA

Le 7 septembre à Lyon, Vallette d’Osia est chargé par le général de Lattre de créer une Division Alpine (DAFFI) pour intégrer dans une structure régulière 32 bataillons FFI représentant 28000 hommes dans une situation de pénurie où tout manque. Il s’installe à Challes-les-Eaux puis à Grenoble. En décembre la DAFFI devient la 27° DIA (Division d’Infanterie Alpine) et les unités reprennent numéros et traditions d’anciens corps : 7, 13, 27° BCA, 6, 11, 15° BCA, 99° et 159° RIA, 93° RAM. Il reprend l’insigne avec la gentiane sur fond de sommets. Pour Vallette d’Osia devenu colonel, c’est une tâche exaltante, mais aussi une grosse déception, quand à la mi-janvier 1945 le général Molle, lui aussi ancien chef de corps du 27°, vient en prendre le commandement au dessus de lui… Il en devient l’adjoint.

En mars le Général Doyen est nommé au commandement opérationnel de l’Armée des Alpes et ce sera la campagne des Alpes de mars-avril 1945. Vallette d’Osia suit les unités dans leur avance en Italie. Les hostilités terminées la 27° DIA part en occupation en Autriche.

St-Pierre d’Albigny le 10 avril 1945, Vallette d’Osia à gauche

De 1945 à 1952 Vallette d’Osia commande la subdivision de Grenoble, puis comme général il reçoit à nouveau le commandement de la 27° DIA, dont il défend le maintien. De 1955 à 1958 il est directeur du secteur de défense des Alpes. En 1958 Général de Corps d’Armée, il démissionne du service pour protester contre l’abandon de la défense des Alpes comme moyen de formation des troupes d’élite.

Après 42 ans de vie militaire, le général Vallette d’Osia va vivre 42 ans de retraite à Annecy-le-Vieux ; il y écrit ses mémoires. Ce grand soldat dont la devise était : « honneur passe honneurs » est décédé centenaire en 2000. Son nom a été donné au PC de l’actuelle 27° Brigade d’Infanterie de Montagne à Varces.

Article de 2012 / remis en ligne 10/2023

Source : Jean Vallette d’Osia – 42 ans de vie militaire – 2° volume 1939-1945 – ELAH 1988