ROHAULT de FLEURY et la PREMIERE CEINTURE FORTIFIEE de LYON
Le Général baron Hubert Rohault de Fleury (1779-1866) a été un acteur majeur de la politique de fortification.
Né à Paris, il entre à 16 ans à l’Ecole Polytechnique. A sa sortie en 1798 il va à l’Ecole du Génie de Metz. Il participe aux différentes campagnes de l’Empire : il est à Austerlitz (1805) et à Iéna (1806). Il est en Catalogne en 1808 et est blessé au siège de Gérone (1809). Lieutenant-colonel en 1814, il se rallie à Louis XVIII, auquel il reste fidèle pendant les Cent-Jours. Colonel en 1816, il commande pendant 6 ans le 2° régiment du Génie. Maréchal de camp (général de brigade) en 1823, il commande le génie de l’Armée de Catalogne.
En 1830 à l’instauration de la Monarchie de Juillet, Rohault de Fleury est nommé « inspecteur du Génie chargé des travaux défensifs de Lyon« . Pour son action pendant la révolte de canuts de 1831, il est fait grand officier de la Légion d’Honneur. En avril 1832 la ville (maire Prunelle) concède au département de la guerre la faculté d’exécuter les travaux de défense nécessaires. Il était nécessaire de fortifier la ville de Lyon, qui avait pu être occupée par les Autrichiens sans combat en 1814-1815. Rohault de Fleury reprend les projets de défense de Haxo en les adaptant.
Il conserve l’enceinte continue sur la Croix-Rousse et Fourvière, mais il y ajoute des forts détachés en avant de l’enceinte. Il y aussi nécessité de protéger à l’est les nouveaux quartiers des Brotteaux et de la Guillotière par une série de forts sur la rive gauche du Rhône.
Rohault de Fleury commande les troupes de la Croix-Rousse lors de la répression de la Révolte des Canuts d’avril 1834, il est promu lieutenant-général. Il quitte Lyon en 1837 et participe à la prise de Constantine en Algérie. Mais les travaux de fortification de Lyon seront continués selon ses plans.
Les premiers travaux de construction commencent dès 1831, concernant en premier les forts détachés. L’enceinte de la Croix-Rousse est relevée sur son ancien tracé ; le bastion St-Jean côté Saône est transformé en un puissant ouvrage d’artillerie et une caserne est construite sur le bastion St-Laurent. L’enceinte de Fourvière est reconstruite de 1834 à 1838.
Sur la rive droite de la Saône on trouve : le fort de Sainte-Foy aujourd’hui caserne de CRS, la lunette du Petit Sainte-Foy, le fort Saint-Irénée (1831) doté d’une grande caserne devenu résidence universitaire, le fort de Loyasse (1838) à l’abandon, le fort de Vaise (1835) géré par une fondation et le fort de la Duchère (1844) plus éloigné pour contrôler la route de Paris et aujourd’hui disparu.
Entre Saône et Rhône, en avant de l’enceinte de la Croix-Rousse, ce sont le fort de Caluire (1831) disparu (emplacement du stade Henri Cochet) et le fort de Montessuy (1831) dont il reste quelques vestiges. Un projet d’ouvrage barrant le sud de la presqu’île ne sera pas réalisé.
Sur la rive gauche du Rhône du nord au sud sont construits : la batterie du haut-Rhône (1854) démolie 15 ans après pour aménager l’entrée du parc de la Tête-d’Or, le fort de la Tête d’Or (1832) à l’emplacement de l’ex-musée Guimet, la lunette des Charpennes (1842) remplacée par le lycée du Parc, le fort des Brotteaux (1831) remplacé par l’ex-gare des Brotteaux, le fort de Villeurbanne ou Montluc (1831) le plus important de la rive gauche, dont il ne reste que la partie centrale, le « cavalier », transformé en hôtel de Police.
Le fort Lamotte (1832) transformé en caserne (quartier Sergent Blandan) et aujourd’hui restructuré en parc de loisirs le « Parc Blandan », le fort du Colombier (1831) disparu sous les rues à l’est de la place Jean Macé et le fort de la Vitriolerie (1840) au bord du Rhône, dont il ne reste que la caserne fortifiée au milieu du quartier Général Frère.
L’ensemble de la ceinture fortifiée doit être armée de 7 à 800 pièces d’artillerie. Les ouvrages avancés sont construits progressivement jusqu’en 1854. Le maréchal de Castellane les visitera tous et sera satisfait de leur construction.
Les plans de Rohault de Fleury ne prévoyaient pas d’enceinte continue – inutile – sur la rive gauche. C’est sur la pression des autorités civiles, qui veulent percevoir l’octroi, qu’une enceinte sans intérêt militaire est finalement édifiée sur la rive gauche entre 1839 et 1847 reliant tous les forts entre eux. C’est un gros bourrelet de terre de 7-8 m d’épaisseur dont le terre-plein est une voie de desserte et dont les fossés sont irrégulièrement remplis par la nappe phréatique.
Une vingtaine d’années plus tard, la portée de l’artillerie a progressé, la ville s’est agrandie, les forts en sont trop proches et cette ceinture fortifiée construite sous Louis-Philippe est devenue obsolète…
Après la Guerre de 1870 sous la III° République, une deuxième ceinture fortifiée, faite de forts beaucoup plus éloignés, sera construite sur les plans de l’ingénieur Séré de Rivières.
Article de 2011 – Dernière modification 07/2022
Sources : R.Bonijoly – les systèmes fortifiés de Lyon – Association Vauban 2005 / Dallemagne & coll. – les Défenses de Lyon – ELAH 2006