Le CONNÉTABLE de BOURBON (1490-1527), LE DERNIER GRAND FÉODAL
La MAISON de BOURBON
Ce sont des princes de sang royal, descendant du 6ème fils de Saint-Louis. De 1327 à 1503 sept ducs de Bourbon se succèdent. En 1500 Pierre II est le plus grand seigneur féodal de France : duc de Bourbon et d’Auvergne, comte de Forez et de la Marche, sire de Beaujeu et Dombes, un immense territoire au centre du royaume, qui entoure sur 3 côtés le comté de Lyon qui fait partie du domaine royal. Son épouse est Anne de France, fille de Louis XI, plus connue sous le nom d’Anne de Beaujeu, régente de France de 1483 à 1491 pour son jeune frère Charles VIII.
Une branche cadette possède en apanage le petit comté de Montpensier (en Auvergne). Gilbert de Montpensier participe à la campagne d’Italie du roi Charles VIII en 1494 ; il devient gouverneur de Naples après le départ du roi et meurt à Pouzzoles en 1496. Les enfants de Gilbert sont alors élevés par son cousin germain le duc Pierre II.
L’HÉRITAGE du DUCHÉ de BOURBON
À la mort du duc en 1503, de leurs enfants ne survit qu’une fille fragile Suzanne, qui devient duchesse de Bourbon. Parmi d’autres prétendants, Anne va la marier (1505) à son cousin Charles de Montpensier, âgé de 15 ans et élevé avec elle, devenu entre temps l’aîné des Bourbon par le décès de son frère aîné. Charles devient Charles III, duc de Bourbon par mariage, le contrat est validé par le roi Louis XII. Le jeune duc fait le tour de toutes ses possessions ; Anne de Beaujeu duchesse douairière assure jusqu’à sa mort (1522) l’administration du duché.
Le DUC et CONNÉTABLE
Un féodal se doit d’être un homme de guerre : Le jeune duc va participer à ses frais aux guerres en Italie. Il va y faire preuve d’une grande valeur militaire. Dès 1507 il est aux côtés du Roi à la reprise de Gènes, puis en 1509 il se distingue à Agnadel pour la défense du Milanais contre les Vénitiens. En 1512 il est en Guyenne contre les anglais et la Navarre. En 1513 il participe à la campagne de Picardie (défaite de Guinegatte), puis est envoyé rétablir l’ordre en Bourgogne (1513-1514).
À son avènement le roi François Ier le nomme connétable de France (01/1515). Le nouveau connétable réforme l’organisation de l’armée et la conduite des « gens de guerre ». Pendant la campagne d’Italie de 1515, il est à la tête de l’avant-garde à la bataille de Marignan, où son frère cadet est tué. Charles de Bourbon est nommé gouverneur du Milanais reconquis, mais il est rapidement remplacé en août 1516. Il peut s’occuper des affaires de ses terres ; il préside une réunion des « États d’Auvergne » à Riom.
Comme son prédécesseur le roi ne lui rembourse pas ses frais engagés à son service, mais en plus début 1517 lui supprime ses pensions. En juillet 1517 Suzanne met au monde un fils, baptisé avec faste à Moulins avec le roi pour parrain : hélas ce fils décédera en bas-âge. La puissance du dernier grand féodal irrite le roi et suscite bien des jalousies, en particulier de la mère du roi, Louise de Savoie. En juin 1520 Charles accompagne le roi lors de sa rencontre avec Henry VIII d’Angleterre au « Camp du Drap d’Or ».
La TRAHISON
La duchesse Suzanne meurt en avril 1521 sans enfant vivant, après avoir testé en faveur de son mari. Cette même année le duc participe encore avec le roi, à la campagne d’Artois où il prend la ville de Hesdin, mais le roi lui préfère l’incapable Lautrec en Italie en 1522 (défaite de la Bicoque).
La mère du roi, femme très ambitieuse, elle-même fille de Philippe de Bresse et de Marguerite de Bourbon, sœur de Pierre II, revendique l’héritage et introduit sa cause au parlement de Paris en 1522, alors qu’Anne de Beaujeu est inhumée en l’abbaye de Souvigny. En 1523 le parlement de Paris met sous séquestre les domaines en litige. Le connétable, poussé à la faute, prend contact avec des représentants étrangers. Le roi envoie un seigneur bourbonnais le maréchal de la Palice se saisir du connétable, qui réussit à s’échapper incognito jusqu’à Besançon pour éviter l’arrestation. Il va offrir son épée à Charles-Quint, c’est la « trahison » (1523)… Le roi confisque alors tous les domaines de la maison de Bourbon, que le parlement attribue docilement à sa mère. Dans cette affaire, l’opinion publique est plutôt favorable au connétable spolié. À la mort de Louise de Savoie en 1531, les domaines sont naturellement réunis au royaume de France.
Le FIN du CONNÉTABLE
Charles de Bourbon commande les impériaux en Italie, il repousse les français du Milanais à la bataille de la Sesia, où Bayard est tué (1524), puis entre en Provence et vient assiéger Marseille : c’est la Palice qui le repousse. Après Pavie (1525) il tente de se tailler une principauté en Italie et assiège Rome : il est tué lors de l’assaut (1527). Son second le prince d’Orange prend Rome et met la ville à sac.
L’AVENIR des BOURBONS
Avec la mort du connétable, la branche aînée de la maison de Bourbon s’éteint. Il reste une branche cadette celle des Bourbon-Vendôme, représentée par Charles de Bourbon duc de Vendôme (+1537) général de François Ier : son petit-fils montera sur le trône de France, il sera Henri IV. En attendant le roi, peut-être pris de remords, rétrocède en 1538 une très petite partie des terres du connétable, le comté de Montpensier (devenu duché) à un cadet des Bourbon-Vendôme, qui avait par ailleurs épousé une sœur du connétable. Cette nouvelle branche de Montpensier récupérera par la suite la principauté de Dombes.
Article de 2017 – dernière modification 03/2020
sources : André Leguai – histoire du Bourbonnais – PUF 1974 / Jean-Charles Varennes – Anne de Bourbon – LA Perrin 1978