L’Hôpital Desgenettes

HISTOIRE de l’HÔPITAL MILITAIRE DESGENETTES à LYON 

Le PREMIER HÔPITAL DESGENETTES

Il n’y a pas d’hôpital militaire à Lyon avant 1831. Ce premier hôpital s’installe dans la Presqu’île, quai de la Charité (aujourd’hui quai Gailleton) avec la rue Sala au sud, dans des locaux mitoyens avec l’Hôpital de la Charité.
Depuis 1616, il y avait là le couvent des Religieuses de Sainte-Elisabeth en Bellecour. Ce couvent est vendu en 1747 à l’Aumône Générale, qui y installe le « Bicêtre de la Charité » destiné à recevoir les mendiants. Cette institution cesse son activité en 1783 faute d’argent. Rachetés les bâtiments sont reconvertis pour y accueillir l’administration des fermiers généraux et la Douane, qui s’y installe en avril 1789, d’où le nom de « Nouvelle Douane ». Cette activité sera très courte, car dès l’année suivante la Révolution reconvertit les locaux en caserne. En 1810 la ville devient propriétaire de la caserne de la Nouvelle Douane; le bâtiment est affecté à la cavalerie, jusqu’à sa transformation en hôpital en 1831, qui prend le nom d’Hôpital de la Nouvelle Douane.

La façade sur le quai

Dès 1835 l’hôpital s’agrandit vers l’ouest en achetant aux hospices le terrain mitoyen jusqu’à la rue de la Charité. Les locaux sont agrandis par diverses constructions, dont ce qui sera le casernement des infirmiers. Pendant la guerre de 1870-71 l’hôpital accueille un grand nombre de blessés et de malades. Dans la décennie qui suit, grâce aux progrès de l’hygiène, la mortalité hospitalière diminue, passant de 166 décès annuels en 1876 à 64 en 1885. En 1887 l’hôpital de la Nouvelle Douane est baptisé Hôpital Militaire Desgenettes, du nom du médecin-chef de l’expédition d’Egypte et médecin de la Grande Armée.

La cour principale

Deux ans plus tard il devient Hôpital d’Instruction par l’implantation à Lyon de l’Ecole du Service de Santé. Dans un premier temps les élèves sont logés à l’hôpital en attendant la construction de leur école achevée en 1894. Les élèves effectuent leurs stages cliniques à l’hôpital, qui compte 400 lits. Dès 1897 un appareil de radioscopie aide au diagnostic de la tuberculose. Un embranchement de rails permet à un tramway sanitaire d’entrer dans la cour.

Le tramway sanitaire

Pendant la Grande Guerre, l’hôpital soigne des milliers de blessés, mais l’afflux est tel que l’on doit très vite faire appel aux hôpitaux civils et ouvrir des hôpitaux complémentaires et auxiliaires.
Dans les années 1930 l’hôpital Desgenettes ne correspond plus aux normes d’un hôpital moderne, et son remplacement par une nouvelle structure est programmé. La guerre et l’Occupation lui donneront un sursis. En 1942 l’hôpital n’est pas évacué ; il continue à fonctionner sous l’occupation avec des médecins militaires habillés en civil, ainsi que tout le personnel. Les derniers services le quittent au premier semestre 1946. Sur cette photo aérienne de 1945 on voit le vieil hôpital à côté du nouvel Hôtel des Postes construit après démolition de l’hôpital de la Charité en 1934.

1945, l’hôpital Desgenettes à côté de la Grande Poste

L’hôpital du quai du Rhône abrite ensuite différents organismes et associations. Il ne sera démoli qu’en 1967 pour faire place au Sofitel côté quai et à l’Hôtel des Finances côté rue de la Charité.

Le SECOND HÔPITAL DESGENETTES

Dans les années 1930 le pôle médical de Lyon se déplace vers l’est, avec l’ouverture du grand hôpital à Grange-Blanche (H. Edouard Herriot), ainsi que la faculté de Médecine. Un terrain est acquis en face de l’hôpital du Vinatier en limite de Lyon, pour construire un hôpital militaire neuf. La construction débute en 1938 ; elle sera retardée par la guerre. La nouvelle structure accueille le service des contagieux dès 1941, mais l’ensemble sera terminé et complètement en service en juin 1946.

L’Hôpital Desgenettes vers 1950

L’entrée et la façade principale sont sur le boulevard Pinel. Il forme un bloc à 5 étages en forme de H ; le bâtiment du fond, au départ pavillon des contagieux est aujourd’hui relié à l’ensemble. Le bâtiment de 3 étages au sud côté avenue Rockefeller abrite de 1955 à 1988 le Centre de Recherche du Service de Santé (CRSSA) et aujourd’hui les laboratoires de l’hôpital.

Vue aérienne vers 2000

L’Ecole de Santé a été reconstruite à Bron en 1981, elle est à nouveau proche de son hôpital de formation. A partir de 1980, Desgenettes est modernisé : construction au sud entre les branches du H d’un bâtiment bloc opératoire réanimation radiologie et au nord d’un service d’urgence. Par ailleurs toutes les chambres sont peu à peu modernisées, avec une diminution du nombre de lits.
L’Hôpital d’Instruction des Armées Desgenettes est aujourd’hui un établissement de soins performant ouvert à tous.

2016 : PARTENARIAT AVEC LES HCLLe DECLIN
Un rapprochement est amorcé entre l’Hôpital Desgenettes et les HCL (Hospices Civils de Lyon) et en particulier avec l’Hôpital Édouard Herriot (HEH) voisin avec des transferts de personnel prévus. Les spécialités chirurgicales et l’anesthésie-réanimation seront transférées à l’HEH. Desgenettes gardera les urgences médicales et accueillera les services de l’hôpital Henri Gabrielle (médecine et physique et rééducation).

Fresque du hall d’entrée de Jean Coquet (1946) : Desgenettes s’inoculant la peste à Jaffa

2021 Le transfert de l’hôpital Henri Gabrielle n’a pas été réalisé… En octobre 2021 l’avenir s’assombrit: la ministre déléguée aux armées annonce la transformation de l’hôpital en « antenne hospitalière des Armées » (AHA) fonctionnant en ambulatoire dans le bâtiment psychiatrie actuel, dédié en particulier au suivi des stress post-traumatiques des soldats. L’ouverture au civil est terminée… On s’achemine donc vers la dissolution… Que va devenir le bâtiment principal?


site internet : www.hiadesgenettes.hautetfort.com
Article de 2013 – Dernière modification : 08/2023
Sources : Médecin-colonel Camelin – Lyon et la médecine militaire – Revue Historique des Armées Bimillénaire de Lyon 1957 / R.Cristau & R.Wey – Les hôpitaux militaires au XXe siècle – le Cherche-Midi 2006