Le 27° BCA

HISTORIQUE du 27ème BATAILLON de CHASSEURS ALPINS d’ANNECY :

Le 30 janvier 1871 un décret crée 7 nouveaux Bataillons de Chasseurs à Pied (BCP) (du 24° au 30°), dont le 27° BCP à Rochefort. Trois mois plus tard, il est pour un an en Algérie au sein de la colonne expéditionnaire de Grande Kabylie. Suivent 10 ans de garnison en France (1872-1881) sur la côte du Languedoc-Rousillon de Port-Vendres à Sète (1874 Perpignan et Port-Vendres).

De 1881 à 1887 le 27° BCP fait campagne en Tunisie : il entre le premier dans Tunis et pendant 6 ans parcourt le pays pour y affirmer le protectorat de la France en Tunisie. De retour en France, il vient s’établir à Menton sur la frontière italienne et l’année suivante en 1888 il fait partie des 12 bataillons de chasseurs qui sont qualifiés « Alpins » et devient donc le 27° Bataillon Alpin de Chasseurs à Pied (BACP).

La fanfare du 27 à Menton
Le Chef de Bataillon Renié

La GRANDE GUERRE
En 1914 il est toujours à Menton, avec un détachement à Villefranche-sur-mer. A la mobilisation, il rejoint la Lorraine, commandé par le chef de bataillon Renié, qui y trouve la mort dès le mois d’août. Pendant les longues années de la guerre, le 27° sera souvent aux avant-postes sur les Vosges (Hartmannswillerkopf) avec plusieurs passages dans l’Aisne et sur la Somme, où il perd à nouveau son chef de corps le Cdt de Galbert. Au prix de 1822 morts, l’héroïsme des chasseurs est distingué par 8 citations et le remise de la fourragère aux couleurs de la Légion d’Honneur.



Les ANNÉES 1920-1930
Après une année de transition en 1919 (occupation de Jülich en Allemagne), le 27° devenu BCA fait partie de la division envoyée en Haute-Silésie (1920-1922 garnisons à Kreuzburg puis Gleiwitz), occupation rendue difficile par les troubles politiques, pendant laquelle son chef de corps le Cdt Montalègre est assassiné (07/1921).

Le Cdt Montalègre avec le Gal Lecomte-Denis à Beuthen

De retour en France le 27° BCA vient s’établir à Annecy à la place du 11° BCA (07/1922). Il fait alors partie de la 27° division qui regroupe les troupes alpines. En 1923 le 27° participe pendant 6 mois à l’occupation de la Ruhr en Allemagne. En 1925 de juillet à novembre c’est un retour en terre d’Afrique pour la guerre du Rif.

Premier insigne de 1922

Le 27° BCA revenu à Annecy au quartier de Galbert va se consacrer à sa vocation alpine. En 1930 une Section d’Eclaireurs Skieurs (SES) est créée : formée de chasseurs aguerris, elle effectue des raids en montagne et occupe des points stratégiques.

La CAMPAGNE de 1939-1940 et la RESISTANCE
Septembre 1939, la guerre est déclarée : le 27° BCA est dans son secteur de Tarentaise aux ordres du Cdt Mazaud. En octobre le bataillon est déplacé sur la frontière au nord de l’Alsace. Seule la SES commandée par le lieutenant Morel reste en Tarentaise. A la mi-mai 1940 le bataillon vient prendre position dans l’Aisne sur le canal de l’Ailette. Il va opposer une résistance acharnée face aux attaques allemandes sur l’Ailette, puis sur l’Aisne et sur la Vesle. Après un repli sur la Seine, son chef de corps blessé, le bataillon est encerclé et fait prisonnier. Le 27 a perdu 115 hommes dans cette campagne et gagné une nouvelle citation.

Pendant ce temps, la SES stationnée à la Chapelle Saint-Jacques se comporte brillamment pendant la bataille des Alpes face aux italiens. En juillet 1940 le 27° se reforme à Annecy dans le cadre de l’Armée d’Armistice sous les ordres du commandant Vallette d’Osia, qui animé d’un esprit de résistance fait détourner et camoufler le maximum de matériels et armement et entraîne activement le bataillon en vue de la guérilla en montagne.

Mai 1941 : le Général Frère décore le fanion de la Croix de Guerre

Fin novembre 1942 la « zone libre » est occupée et le bataillon est dissous. Vallette d’Osia passe dans la clandestinité et devient en 1943 chef de l’Armée Secrète en Haute-Savoie, où de nombreux cadres du 27° encadrent les « maquis » en cours de constitution. En février-mars 1944 c’est l’épisode tragique du plateau des Glières, où « Tom » Morel trouve la mort, ainsi que son successeur le Capitaine Anjot. Le capitaine Godard, ancien du 27°, évadé, réorganise les maquis, qui passant à l’action parviennent à libérer par leurs seules forces le département de Haute-Savoie et enfin Annecy le 19 août 1944.

La RENAISSANCE du 27° BCA
En septembre 1944 Vallette d’Osia réorganise une division alpine, bientôt renommée 27° Division d’Infanterie Alpine (27° DIA) ; les bataillons FFI des 2 Savoie forment une demi-brigade de chasseurs alpins, dans laquelle le 1° bataillon des Glières et un bataillon FTP fusionnent pour reformer officiellement au 1er décembre le 27° BCA commandé par le chef de bataillon Godard. Le 27° vient prendre position à Séez en Tarentaise face au col du Petit-St-Bernard pendant des mois d’hiver rigoureux. Le 11 mars 1945, le 27° relevé par le 13° vient s’établir à Tignes et tenir le col de l’Iseran. La campagne des Alpes va commencer : le 27° appuie les actions menées plus au nord par le 13° BCA. Début mai le bataillon entre en Italie et participe à l’occupation du Val d’Aoste pendant un mois et demi.

La garde du 27° à Vienne

DE LA GUERRE FROIDE À LA DECOLONISATION
En septembre 1945 le 27° BCA va participer à l’occupation de l’Autriche dans le secteur du « Tyrol-est » ; le bataillon est basé à Sankt-Johann près de Kitzbühl, avec à 3 reprises la garde du secteur français à Vienne. Ce stationnement dure jusqu’en avril 1948. Le 27 retrouve alors le quartier « de Galbert » à Annecy et mène une vie de garnison, faisant une large part à l’entraînement et à l’instruction des recrues.

14 juillet 1950

Puis c’est la Guerre d’Algérie : le bataillon embarque en septembre 1955. Stationné à Iffira en haute-Kabylie, il combat les rebelles. Le 27 perd 62 cadres et chasseurs dans cette mission difficile. Les chasseurs sont de retour à Annecy en novembre 1962.

Insigne actuel

DEPUIS 1962
Le bataillon occupe le quartier « de Galbert  » à Annecy jusqu’en 1997. Il s’installe alors dans la banlieue d’Annecy à Cran-Gevrier, rue du Capitaine Anjot, dans des bâtiments neufs baptisés « quartier Tom Morel » avec un poste en montagne à Flaine. Le bataillon devient ensuite professionnel par la suspension du Service National ; il est le seul à avoir conservé une fanfare. Il fait partie de la 27° Brigade d’Infanterie de Montagne (BIM) Dans les années 1980, une nouvelle époque s’annonce : celle des Opérations Extérieures (OPEX). Dès 1983-84, une compagnie du 27° participe à la mission FINUL au Liban ; mais c’est surtout depuis 1990 que les OPEX se multiplient : ex-Yougoslavie 1993-94, Côte d’Ivoire 2005 et 2007, Afghanistan 2008-09 et 2011-12. C’est ensuite le Mali, opérations Serval puis Barkhane.

En 2019-2021 le chef de corps du 27 est le colonel Yvan Morel petit-fils du lieutenant Tom Morel.

Mars 2022: une partie du bataillon part se positionner en Roumanie, dans le cadre de la guerre d’Ukraine.

Article de 2012 – Dernière modification 03/2022
Source : Cne de la Bastie – Sous la tenue bleue du 27e BCA – P.Besacier /Lyon 1951