1690 La Guerre de la Ligue d’Augsbourg

Le FRONT des ALPES pendant la GUERRE de la LIGUE D’AUGSBURG 1690-1696

Dans les années 1680 la politique agressive de Louis XIV amène l’Empereur, le roi d’Espagne et les princes allemands du sud à conclure une alliance défensive contre la France, la « Ligue d’Augsburg » (1686).
En 1689 Louis XIV envoie ses armées ravager le Palatinat. Cette agression soulève l’indignation et entraîne la guerre générale des puissances européennes contre la France, qui n’a pas un seul allié. Même le duc de Savoie fait acte d’hostilité.
La guerre va se dérouler sur mer (batailles de Bévéziers, Barfleur et la Hougue), sur le front des Pays-Bas (batailles de Fleurus, Steinkerque et Neerwinden) et sur le front des Alpes.

Le maréchal Catinat

Le FRONT des ALPES
Le lieutenant-général Catinat est chargé de punir le duc de Savoie Victor-Amédée II de sa défection. C’est un front secondaire pour Louis XIV et les moyens en hommes, en munitions et en crédits lui seront toujours limités. Catinat est bien secondé par l’intendant du Dauphiné Bouchu qui doit assurer la logistique de la campagne malgré le manque de crédits.
En juin 1690 Catinat fait immédiatement occuper la Savoie, sauf Montmélian assiégée, passe les montagnes et remporte en Piémont la victoire de Staffarda près de Saluzzo sur le duc de Savoie (08/1690). Suse et les cols du Mont-Cenis et du Mont-Genèvre sont ensuite occupés.
L’année suivante (1691) Catinat vient assiéger Nice, qui doit se rendre. Tout le comté de Nice est ensuite occupé et Louis XIV se proclame comte de Nice. En fin de l’année (12/1691) la place de Montmélian se rend après un long siège ; le duc ne possède alors plus de territoire à l’ouest des Alpes. En Savoie l’occupation française pèse lourdement sur les paysans par les réquisitions et le logement des « gens de guerre ».

L’INVASION du DAUPHINÉ en 1692
Le duc de Savoie réagit ; il a réuni une armée de 45000 hommes composée de piémontais, espagnols, bavarois et protestants français émigrés commandés par Schomberg. Catinat est à Pignerol (Pinerolo) coté Piémont, quand l’armée de Victor-Amédée passant par le col de Larche et le col de Vars, pénètre en Dauphiné. Le 30 juillet Guillestre est prise et soumise à un pillage systématique. Schomberg passe par le col de Lacroix, vient assiéger Château-Queyras, mais apprenant l’arrivée de 4000 hommes de Catinat qui ont passé le col du Mont-Genèvre abandonne le siège et rejoint l’armée ducale.

Les mouvements des armées en présence

Celui-ci par la vallée de la Durance vient mettre le siège le 5 août devant Embrun, défendue par 3000 hommes commandés par Larrey. La garnison d’Embrun résiste 10 jours avec acharnement jusqu’à épuisement de ses munitions, infligeant de lourdes pertes à l’armée ducale.
Des troupes françaises gardent la route vers la Provence. L’armée ducale qui reprend sa marche le 28 bifurque à droite et le 29 entre à Gap, désertée par ses habitants. Le duc de Savoie fiévreux doit être ramené sur Embrun, où il déclare une petite vérole, qui fait craindre pour sa vie… Son second Caprara le remplace et sous son commandement Gap, le Gapençais et le Champsaur vont être pillés et saccagés systématiquement, surtout par les allemands et les protestants.

Le siège d’Embrun 1692

Pendant le siège d’Embrun, Catinat stationnait au camp de Pallon au sud de Briançon, barrant la route aux ennemis. Il prélève 10 bataillons sur son effectif et leur fait contourner le massif de l’Oisans par les cols du Lautaret et de l’Ornon pour venir barrer la route au duc en Champsaur (camp d’Aspres et St-Julien en Champsaur). Ce solide barrage et la maladie du Duc dissuade les troupes ducales de continuer. Le 12 septembre les piémontais rebroussent chemin, non sans incendier les villes de Gap et Veynes, en grande partie détruites. Victor-Amédée rétabli empêche l’incendie d’Embrun, qu’il quitte le 18. L’armée va repasser les cols, non avoir fait sauter tous les ponts de la Durance.
Catinat avait fait contourner en sens inverse l’Oisans par une partie de ses troupes pour renforcer celles qui interdisaient tout passage vers Briançon. Toute une région est ravagée, mais l’invasion a été contenue. Ce même mois de septembre, le roi envoie Vauban évaluer les fortifications des Alpes : il en résultera la construction de Mont-Dauphin.

Victor-Amédée II duc de Savoie prince de Piémont

SUITE et FIN de CETTE CAMPAGNE
L’année suivante 1693, le duc de Savoie bloque Pignerol et assiège Casale en août. Catinat passe à l’attaque et est vainqueur à la bataille de la Marsaille (Marsaglia) en Piémont (10/1693). Même si faute de crédits Catinat ne peut aller assiéger Turin, il gagne en cette campagne son bâton de maréchal.

Champ de bataille de la Marsaille

La guerre marque ensuite le pas, car Louis XIV souhaite négocier pour détacher le duc de ses alliés. C’est chose faite au traité de Turin en 1696 : pour amener le duc de Savoie à signer une paix séparée, le roi lui restitue la Savoie et Nice et lui cède les places de Pignerol et Casale. Pignerol était française depuis 1631. Une fille du duc de Savoie, Marie-Adélaïde, viendra épouser l’aîné des petit-fils de Louis XIV, elle sera la mère de Louis XV


Cette guerre de la Ligue d’Augsbourg de la France contre les autres coalisés se terminera l’année suivante 1697 par le traité de Ryswick. Trois ans de paix suivront avant que ne se déclenche la guerre de Succession d’Espagne pendant laquelle la Savoie sera à nouveau occupée (1703-1713).

Tombeau du Maréchal Catinat à Saint-Gratien (95)

Article de 2016 – Dernière modification 10/2021

Sources : P.Thomé de Maisonneufve – L’invasion du Dauphiné en 1692 – Didier & Richard ca1925 / Joseph Perreau – Catinat et l’invasion du Dauphiné – L.Baudoin 1892 / A.Doumenc – Mémorial de la terre de France – contribution à l’histoire militaire de nos provinces -Arthaud 1944