1814 La Bataille de Limonest

20 MARS 1814 : LIMONEST, UNE BATAILLE OUBLIÉE

Février 1814 : Pendant que Napoléon lutte pied à pied en Champagne contre les armées coalisées contre lui, le maréchal Augereau commandant en chef de l’Armée de Lyon a été chargé de créer une diversion venant du sud, pour diviser les forces alliées.
L’Armée de Lyon est passée à l’offensive le 17 février, a repris Bourg-en-Bresse et Mâcon, puis Lons-le-Saunier et Poligny le 4 mars.

Fantassin du 1er léger

Les Autrichiens réagissent : ils détachent un corps d’armée vers le sud par la vallée de la Saône sur le flanc de l’armée de Lyon. Le 5 mars Augereau ordonne le repli et le redéploiement dans la vallée de la Saône. Le 11 mars la division Musnier en pointe se heurte aux Autrichiens supérieurs en nombre au sud de Mâcon : elle doit reculer sur Belleville. Le 18 mars c’est la bataille de St-Georges-de-Reneins (voir l’article) : attaquée à la fois dans la vallée et sur la route venant de Beaujeu, malgré une belle résistance, l’armée doit se replier sur Limas, puis Limonest. Augereau y établit son quartier général au château de la Barollière.

Château de la Barollière

Le 20 mars à l’aube le front autrichien s’étend de la Tour de Salvagny à Anse avec environ 56000 combattants. L’armée d’Augereau est disposée de Couzon à Tassin par Limonest et compte 16800 combattants. Elle s’est renforcée par l’arrivée les 18 et 19 mars de nouvelles troupes venant de Catalogne (division Beurmann). La division Musnier (brigades Passelac et Ordonneau) occupe la ligne des hauteurs entre Couzon, Limonest et le ruisseau le Semonet. Au centre la division Pannetier défend le plateau de Dardilly : la brigade Gudin est sur la colline du Paillet, la brigade Estève occupe Dardilly et le contrefort au dessus du ruisseau des Planches. Le 13° cuirassiers et le 4° hussards sont en 2ème ligne. À l’aile gauche la division Digeon avec les troupes arrivées d’Espagne est sur le plateau d’Ecully et le 12° hussards surveille le route de Moulins.

Logement des renforts le 19 mars à Lyon

La bataille de Limonest commence vers 13 heures. Après une préparation d’artillerie, les autrichiens passent à l’attaque sur le plateau de Dardilly. Les combats sont rudes et le village est pris et repris. Sur Limonest les engagements sont moins vifs, car une brigade ennemie est en train de contourner le massif des Monts-d’Or, de prendre Couzon et St-Romain et de s’infiltrer sur les hauteurs du massif. Le général Musnier qui commande l’aile droite, de crainte d’être tourné, ordonne prématurément le repli sur Vaise. Les brigades Gudin puis Estève doivent alors décrocher sur Ecully et la Duchère.

Plan de la bataille (R.Zins)

Pendant ce temps l’aile gauche française avance en direction de Charbonnières, mais menacée d’être tournée, elle recule en se défendant pied à pied. Vers 15 heures la situation est critique pour les divisions repliées sur Vaise. Augereau envoie la brigade Estève en renfort à Digeon sur l’aile gauche. La division Musnier et la brigade Gudin contre-attaquent à la Duchère et Rochecardon et tiennent jusqu’à la nuit. pendant ce temps à l’aile droite, Digeon attaqué sur 3 côtés doit faire retraite. Pour protéger la retraite le 13° cuirassiers et le 12° hussards chargent sur les routes à partir de la Demi-Lune, s’emparent de canons et font des prisonniers.

Contre-attaque à partir de la place Valmy à Vaise

Pendant ce temps les forces françaises dans la Bresse ont dû également se replier sur Lyon. La ville est en voie d’encerclement. Les autorités lyonnaises ne veulent pas subir de siège et estiment toute résistance vaine. Dans la nuit, l’armée d’Augereau se replie en bon ordre vers le sud sur Vienne puis Valence. Le 21 mars les autorités municipales de Lyon (maire d’Albon, préfet de Bondy) portent les clés de la ville aux Autrichiens qui entrent en ville vers 11 heures.
Le 8 avril parvient la nouvelle de la reddition de Paris, alors que les Autrichiens menacent Romans et Grenoble. Augereau signe alors le 12 une suspension des hostilités. Le 15 il est officiellement informé de l’abdication de Napoléon : le maréchal signe alors le 16 avril une proclamation de ralliement à Louis XVIII, que le maire de Lyon André d’Albon accueille avec satisfaction…
L’Armée de Lyon a rempli sa mission de détourner une partie de l’armée autrichienne vers le sud, mais ce n’a pas été suffisant pour empêcher la chute de l’Empire.

Ralliement de la Mairie de Lyon


La bataille oubliée de Limonest parfois appelée bataille de Lyon a vu s’affronter près de 80000 combattants ; les pertes françaises sont d’environ 1000 hommes, celles des ennemis de 3000. Sur cet épisode le maréchal Augereau a été accusé de laxisme et de défection. C’est injuste, car c’était une mission impossible vu la supériorité numérique de l’ennemi ; il n’a pas trahi Napoléon, même si après sa chute, comme beaucoup, il s’est rallié au nouveau régime.

Le 23 février 2014 le bicentenaire de cette bataille a été commémorée au parc de Lacroix-Laval par une reconstitution historique de grande ampleur en présence d’une foule nombreuse.

La Reconstitution historique au parc de la Croix-Laval


Article de 2010 – Dernière modification 11/2015
01/2014 article modifié suite à la mise en ligne de l’article sur la bataille de St-Georges de Reneins / Sources : Ronald ZINS – 1814 la bataille de Limonest et la chute de Lyon – Horace Cardon 2014 / Ronald ZINS – 1814, l’armée de Lyon ultime espoir de Napoléon – Horace Cardon 1998

Un site internet spécialisé (R.Zins) : www.academie-napoleon.com/