Le CAMP BRITANNIQUE N° 2 de ST-GERMAIN-AU-MONT-D’OR 1917-1919
POURQUOI UN CAMP BRITANNIQUE PRES DE LYON ? Pendant la Grande Guerre les britanniques combattent sur le front nord aux côtés des français. Pour renforcer leur corps expéditionnaire, ils vont faire venir en France de plus en plus d’unités en provenance de l’Empire Britannique : australiens, néo-zélandais, indiens et népalais (Gurkhas) et troupes coloniales diverses. Au début de la guerre les navires transports de troupes traversaient la Méditerranée d’est en ouest, remontaient dans l’Atlantique jusqu’au Havre et Cherbourg. Avec le développement de la guerre sous-marine en 1916, ces navires deviennent très vulnérables et en fin d’année le Haut commandement britannique décide de débarquer les troupes à Tarente en Italie du sud et de les acheminer par voie ferrée via Milan, Lyon, Paris jusqu’au Havre. Les trains de transport de troupes sont lents et inconfortables, il s’impose vite de prévoir des lieux d’étape pour que les hommes puissent se reposer.
St-Germain-au-Mont-d’Or devenu « British Camp »
LE CAMP DE REPOS BRITANNIQUE
capitaine E. Garton King
Sur cet itinéraire une gare de triage importante se situe à St-Germain-au-Mont-d’Or : c’est là que va être installé le camp de repos n°2 mis en service au printemps 1917, sur un pré prêté par M. de Bellescize entre la gare et le village. Le personnel d’intendance du camp comprenait 14 officiers, 21 sous-officiers et une centaine d’hommes, commandés par le capitaine Eric Garton King.
Les installations consistaient en 150 tentes circulaires pouvant héberger 10 hommes et des baraquements pour les quartiers des officiers, les cantines, les sanitaires et les cuisines, où travaillait une cuisinière française.
L’alignement des tentes
Les trains débarquaient de 700 à 1500 hommes. Entre 1917 et avril 1919 le camp a vu passer de 700 à 800000 hommes en transit dans les deux sens. Le camp ferme en avril 1919 ; son emplacement est appelé depuis le « Pré des Anglais ».
Une troupe en attente de départ
Les malades sont soignés au couvent du manoir fleuri rue du Manoir à St-Germain. La mortalité sera importante au moment de la grippe espagnole fin 1918 et début 1919.
Les personnels de santé
DEVOIR DE MEMOIRE Les 5 premiers morts anglais sont enterrés dans le cimetière communal ; la commune de St-Germain a ensuite cédé un terrain contigu pour y installer un cimetière militaire britannique, où reposent 105 hommes, anglais, écossais, irlandais, australiens, travailleurs indiens, auxquels sont venus s’ajouter plus tard un médecin et 11 aviateurs de la RAF britanniques et canadien morts en opération pendant la deuxième guerre mondiale.
Le cimetière britannique de Saint-Germain-au-Mont-d’or
Article de 2016 / remis en ligne 09/2023 Sources : Gazette du Musée n°37 1996 / documents : Musée Militaire
Les ÉCHANGES HUMANITAIRES ENTRE la RÉGION et la SUISSEen 1914-1918
Dès le début de la Grande Guerre, la Suisse, pays neutre, prend conscience du rôle que sa position entre la France et l’Allemagne va lui faire jouer. Le conseil fédéral et le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) s’organisent pour assurer les échanges humanitaires entre les deux belligérants. La ville de Lyon, proche de la Suisse devient un acteur majeur des relations humanitaires avec la Suisse.
Les ITINÉRAIRES FERROVIAIRES en SUISSE Ils relient la frontière allemande au nord à la frontière française à travers la Suisse. De septembre 1914 à janvier 1917 l’itinéraire va de Singen (Schaffhouse) à Genève, puis Annemasse. En janvier 1917 les trains contournent le lac Léman pour aller jusqu’à Évian et enfin en novembre 1917 leur point de départ est transféré à Bâle.
Itinéraires ferroviaires en Suisse
CIVILS DÉTENUS PAR L’ALLEMAGNE et ÉVACUÉS Dès septembre 1914 les 2 pays décident de rapatrier les civils qu’ils retiennent. Ne sont concernés que les femmes et les hommes de moins de 17 et de plus de 60 ans. 22000 civils français sont ainsi évacués. Les civils arrivés à Genève prennent le tramway pour rejoindre Annemasse.
Evacués français à Genève avant leur départ pour Annemasse
Par la suite les allemands vont procéder à des expulsions massives de civils belges et français des zones qu’ils occupent. Ce sont près de 500000 « bouches inutiles », femmes, enfants, vieillards dont 320000 habitants du nord de la France qui vont transiter par la Suisse.
Evacués français à Genève
Une bonne part de ce flot de réfugiés arrive à Lyon. Trois organismes sont mis en place pour accueillir et gérer ces rapatriés. Le « Bureau de renseignement des réfugiés belges et français » centralise les informations venues de Suisse et d’Annemasse ou Évian. Installé à l’hôtel de Ville, il traite aussi les demandes de rapatriement d’enfants. Le « Service de secours et d’assistance » de l’hôtel de ville de Lyon mis en place début 1915 avec le soutien de madame Herriot : assistance en allocations, en placement et en habillement. 25000 réfugiés y seront accueillis.
Madame Herrriot et son équipe dans le grand salon de l’Hôtel de Ville
Le « Comité de secours aux rapatriés » créé en 1917 par madame Gillet-Motte avec le concours de la Croix-Rouge. Situé au 2 bvd de Belges cet organisme assure la garde des enfants rapatriés et isolés.
PERSONNELS SANITAIRES La Convention de Genève impose les échanges de personnels sanitaires prisonniers entre belligérants. Sous la pression de la diplomatie suisse et du CICR les échanges débutent effectivement en juillet 1915. 3224 personnels sanitaires français sont rapatriés contre 900 allemands. Dans la dernière année de la guerre les échanges auront lieu régulièrement tous les 2 mois. Les personnels français arrivés en gare des Brotteaux gagnent à pied le lycée du Parc (HC45). Les allemands regroupés au fort de Sainte-Foy vont à pied à la gare sous surveillance militaire.
Convoi de médecins entrant dans le lycée du Parc
GRANDS BLESSÉS de GUERRE Suite aux interventions de la Suisse et du Vatican, un accord humanitaire est signé entre la France et l’Allemagne en février 1915 pour l’échange de prisonniers grands blessés ou malades. Le Croix-Rouge suisse est chargée de l’organisation des transferts. Les convois sanitaires pour la Suisse partent de Lyon. Les blessés allemands sont regroupés à Gerland dans l’enceinte de l’exposition internationale, examinés par des médecins français sous contrôle de médecins suisses avant d’embarquer discrètement en gare des Brotteaux. Le premier convoi de blessés français venant de Suisse arrive le 2 mars 1915 ; il est accueilli avec les honneurs par les autorités militaires et civiles. Par la suite 160 autres trains sanitaires rapatrieront des blessés français.
INTERNEMENT en SUISSE La crainte de rendre à l’ennemi des hommes qui pourraient redevenir soldats freine le rapatriement des blessés. Une solution humanitaire intermédiaire consiste à créer en Suisse des lieux d’internement pour les blessés moins gravement atteints et pour les malades. Soutenu par le Vatican ce projet aboutit en janvier 2016. L’internement est organisé par le service sanitaire de l’armée suisse. Le coût de l’hébergement est assuré par les pays d’origine des intéressés.
Les internés doivent travailler selon leurs aptitudes et sont rémunérés. 127 sites sont affectés aux internés français, britanniques et belges en Suisse romande. En janvier 2017, 16000 français sont retenus en Suisse. Les accords de Berne d’avril 1918 accélèrent le processus de libération de certaines catégories de militaires. Au total 37515 français militaires et civils ont été internés en Suisse.
Confection de boites à fromage par des internés français
En sens inverse 10000 allemands prisonniers ont transité par Lyon. L’embarquement se fait de nuit en gare des Brotteaux. Accueillis à Genève par la Croix-Rouge, les futurs internés sont dirigés vers Zurich et répartis dans des sites d’internement en Suisse alémanique.
article de 2016 / remis en ligne 09/2023
Source : photos Roland Racine – Lyon 14-18 – Sutton 2015 / carte François Lescel
14 JUILLET 1918 – À LYON PRISE D’ARMES INTERALLIÉE POUR L’INAUGURATION DU PONT WILSON
AVANT LE PONT WILSON À son emplacement sur le Rhône existait depuis 1839 un pont suspendu appelé pont ou passerelle de l’Hôtel-Dieu. Au début du XX° siècle, il est vétuste et inadapté : son remplacement est décidé. Un pont provisoire construit en amont est ouvert le 1er avril 1912 et la passerelle est démolie.
La passerelle de l’Hôtel-dieu avant 1912
La première pierre du « nouveau pont de l’Hôtel-Dieu » est posée le 16 octobre 1912. La construction d’un majestueux pont en pierre de 20 m de large débute, mais la Guerre ralentit les travaux. Et dans le contexte de cette guerre devenue mondiale avec le renfort des américains, le 24 juin 1918, le conseil municipal de Lyon décide de donner au nouveau pont de l’Hôtel-Dieu le nom du président américain Wilson. L’inauguration solennelle est prévue pour le 14 juillet suivant.
La remise de décorations place Bellecour
14 JUILLET 1918, PRISE D’ARMES INTERALLIÉE Place Bellecour le maire de Lyon M. Edouard Herriot accueille l’ambassadeur des Etats-Unis, M.Sharp, conduit par le préfet du Rhône M.Rault. Le général Ebener, Gouverneur Militaire de Lyon, passe les troupes en revue, accompagné par la musique de garnison, la musique de la marine italienne et une fanfare américaine. Vient ensuite une remise de décorations à des soldats blessés et mutilés.
Chasseurs alpins italiens
LE DÉFILÉ Les troupes vont défiler place Bellecour, passer rue de la République, tourner à droite rue Childebert et franchir le pont Wilson pavoisé, à l’entrée duquel une longue tente accueille les officiels. Une foule énorme assiste au défilé.
Place de la République les américains en tête
Les américains devant la tribune officielle
Précédé de sa fanfare le 362° d’infanterie américain ouvre la marche, suivi de 2 sections d’infanterie anglaise. Ce sont ensuite les Italiens carabiniers infanterie et chasseurs, suivis par les troupes françaises : pompiers de Lyon, 54° d’artillerie, 9° zouaves, légion étrangère, 9° chasseurs d’Afrique, cuirassiers, escadrons de divers régiments de dragons, 13° chasseurs à cheval et enfin les vétérans de la guerre de 1870/71.
Les anglais sur le pont
Les carabiniers italiens
les troupes françaises
La cavalerie française
Les américains ont franchi le pont – en haut le pont provisoire
Les DISCOURS Au défilé succèdent les discours. Le préfet conclut : « Ce pont magnifique ouvrage d’art, dont les assises élégantes et solides défieront les flots tumultueux de notre beau fleuve, perpétuera à travers les siècles la mémoire d’un grand homme d’état, … et la victoire de la civilisation sur la barbarie« . Le maire Herriot célèbre l’amitié traditionnelle entre la France et les Etats-Unis et ne manque pas de mentionner que le pont voisin s’appelle « Lafayette »… Ensuite en anglais l’ambassadeur américain remercie la ville de Lyon et reprend les mêmes thèmes.
Herriot à gauche, le gouverneur militaire au centre
LA GUERRE SUIVANTE… Le 2 septembre 1944, avant la Libération de Lyon, les allemands procèdent à la destruction des ponts, dont le pont Wilson. Celui-ci est très solide : seule la moitié sud de la travée centrale a basculé ; pour tenter d’aggraver les dégâts les allemands tirent 3 fois au canon sur le pont. Le tablier resté en place côté nord est utilisé dès le lendemain par les lyonnais. Ce pont sera ensuite rapidement réparé ; il a fêté son centenaire en 2018.
Article de 2015 – remis en ligne 08/2023 – Sources : documentation et photos musée militaire / journal « le Progrès » du 15/07/1918
François de MANDELOT, Gouverneur du Lyonnais (1529-1588)
François de Mandelot seigneur de Passy, de bonne mais petite noblesse est né à Paris. Il est destiné à la profession des armes et est admis parmi les pages de Jacques de Savoie, duc de Nemoursavec lequel il va faire carrière. Gentilhomme de la chambre du roi et lieutenant du duc de Nemours, il participe sous Henri II aux guerres contre Charles-Quint des années 1550 : il se distingue au siège de Metz (1552), à la prise de Thionville et dans la campagne d’Italie (1555).
Après 1560 commencent les guerres de religion. Mandelot rejoint Jacques de Nemours, lorsqu’il tente de libérer Lyon, occupé par les protestants. Il participe à l’offensive jusque sous les murs de Lyon et se distingue lors des combats victorieux contre les troupes du baron des Adrets (fin 1562). Mandelot retourne ensuite servir dans l’armée royale et se distingue à la bataille de Saint-Denis. Le roi Charles IX lui accorde sa confiance et le fait entrer en son conseil privé. Aussi est-il logique qu’en 1568, il soit nommé lieutenant-général auprès du duc de Nemours à Lyon. Il poursuit la lutte contre les protestants, mais ne peut appliquer l’édit de Saint-Germain devant l’opposition des lyonnais à la pratique du culte réformé. Quand le duc de Nemours renonce au gouvernement du Lyonnais en février 1571, il recommande au roi de le remplacer par Mandelot son lieutenant-général : celui-ci sera gouverneur jusqu’à sa mort en 1588. Son titre officiel est « Gouverneur & Lieutenant général pour le Roy en la ville de Lyon, pays de Lyonnois, Forez & Beaujolois »
François de Mandelot
Il est à remarquer qu’il est le seul gouverneur de l’époque qui n’appartient pas à la haute aristocratie et qu’il est aussi le seul à résider continuellement dans son gouvernement. Il réussit à protéger Lyon des combats, à maintenir sa fidélité au roi et la stabilité des institutions, malgré les guerres continuelles, la fiscalité écrasante, les poussées de peste et l’exaspération religieuse.
Pourtant cela commence mal. Suite à la Saint-Barthélémy, des catholiques fanatiques veulent imiter les parisiens. Mandelot temporise, tente de maintenir l’ordre, mais au soir du 28 août 1572 les premiers meurtres ont lieu. Le 29 Mandelot fait enfermer les Réformés en divers lieux, peut-être pour les protéger : le lendemain en son absence les extrémistes massacrent tous les internés, environ 800 personnes. Le gouverneur désapprouvait le massacre, mais n’avait pas les moyens de l’empêcher…
convocation à Brignais pour discuter des tailles
Après la mort de Charles IX, il accueille à Lyon la reine Catherine de Médicis venue à la rencontre à Bourgoin de son fils le nouveau roi Henri III de retour de Pologne. Celui-ci fait son entrée solennelle à Lyon le 6 septembre 1574. Le gouverneur a toute la confiance du pouvoir : le volume de leur correspondance le prouve. Il reste membre du conseil privé et le roi le consulte. Il obtient la confiance des autorités locales, protège la ville en s’interposant quand les protestants s’approchent ; il intervient en Dauphiné, en Vivarais et en Forez. Mais la réaction catholique, la « Ligue » est soutenue par le nouvel archevêque Pierre d’Epinac successeur d’Antoine d’Albon.
Mandelot – musée de Gadagne
Mandelot gouverne seul sans lieutenant-général jusqu’en 1586, année où Guillaume de Gadagne lui est adjoint : l’entente entre eux est totale. C’est d’autant plus nécessaire depuis qu’Henri de Navarre un protestant est devenu l’héritier d’Henri III en 1584 et que la Ligue catholique en est renforcée et s’oppose au Roi. Mandelot maintient la ville dans l’obéissance au roi jusqu’à sa mort en novembre 1588. Son successeur est Charles-Emmanuel de Nemours qui prend le parti de la Ligue.
Mandelot a recommandé sa famille au consulat, car il n’est pas riche : il est le seul gouverneur qui ne se soit pas enrichi… C’était un homme de bien, qui a su ménager les intérêts de la ville, dans la fidélité au roi. Il a marié sa fille Marguerite à Charles de Neuville d’Alincourt qui deviendra gouverneur du Lyonnais en 1612 et dont les descendants seront les Neuville de Villeroy.
Une toute petite rue dans le Vieux-Lyon porte son nom.
Article de2011 remis en ligne 08/2023 – source : Paul Saint-Olive – Lyon vieux souvenirs – Méton, Lyon 1877
Depuis le déclenchement de la bataille de France le 10 mai 1940, les forces allemandes ont déferlé sur la France, malgré la résistance des armées françaises (plus de 100000 morts). Le 17 juin le maréchal Pétain, devenu président du conseil, se résigne à demander l’armistice.
Entre temps dans notre région un autre front s’est ouvert le 10 juin sur les Alpes par la déclaration de guerre de l’Italie mussolinienne. L’armée des Alpescommandée par le général Olry contient avec succès l’armée italienne sur la frontière , mais elle est menacée sur ses arrières par l’avance des allemands en direction de la région lyonnaise.
Affiche du 17 juin 1940
A Lyon le préfet Emile Bollaert estimant que toute résistance est inutile, entre en contact avec Edouard Herriot le maire, qui est du même avis et qui obtient de Pétain que Lyon soit déclarée « Ville Ouverte » le 18 juin (Paris l’a été le 12).
Mais pour le général Olry, la mission de l’Armée des Alpes demeure tant que les hostilités restent ouvertes avec l’Italie. La couverture de l’Armée des Alpes au nord demeure nécessaire et une ligne de défense a été constituée s’appuyant sur les monts du Lyonnais, les monts d’Or, le plateau de la Dombes, le Bugey. En particulier le 25° RTS tient une vingtaine de kilomètres de front de l’Arbresle à la Saône. Les hommes doivent tenir sans « esprit de recul », c’est un combat pour l’honneur contre les allemands arrivant par la nationale 6 (combats de Chasselay). D’autres combats ont lieu sur la nationale 7 ; les allemands sont retardés à Tarare, l’Arbresle puis Lentilly.
Les allemands sur les quais
Pendant ce temps, un autre bataillon allemand a débordé la ligne de résistance par l’est et s’est engagé dans la vallée de la Saône et le plateau de Sathonay malgré la résistance d’éléments de la Légion Etrangère du dépot de Sathonay. Les premiers allemands arrivent ensuite sans difficulté à la Préfecture de Lyon le 19 à 16h 15. Six personnalités sont désignées comme otages pour répondre de la sécurité des troupes allemandes : le préfet lui-même, le cardinal Gerlier, Cohendy premier adjoint, Charbin président de la chambre de commerce, Vicaire secrétaire des anciens combattants et Vivier-Merle syndicaliste. Pendant les jours suivants la ville voit passer de nombreuses formations de la Wehrmacht.
Char allemands dans les rues de Lyon
Le 22 juin au soir l’armistice est signé avec l’Allemagne, mais pas avec l’Italie. Pour aider les Italiens, trois divisions de la Wehrmacht se dirigent vers les Alpes pour prendre à revers l’armée des Alpes. Les 23 et 24 juin, les allemands se heurtent à une ligne de défense hâtivement mise en place par l’armée des Alpes du Rhône à la frontière suisse, le long de l’Isère, de la Chartreuse et du Rhône supérieur. Les défenseurs français résistent avec acharnement et tiennent l’ennemi en échec (combats de Voreppe). L’armistice avec l’Italie est signé le 25 juin.
Les Allemands place des Terreaux
Du 19 juin au 7 juillet pendant 17 jours, la Wehrmacht occupe Lyon : les allemands prennent des mesures draconiennes pour assurer leur sécurité, tentent une « offensive de charme » avec par exemple des concerts de musique militaire et entreprennent un pillage de l’économie, qui préfigure ce que sera l’occupation de novembre 1942 à la Libération. En vertu des accords d’armistice qui placent la Région en « zone libre » l’armée allemande se retire au nord de la « Ligne de Démarcation » le 6 juillet.
6/07/1940 Herriot au milieu des 6 otages du 19 juin à la Préfecture
Le Musée a organisé une IMPORTANTE EXPOSITION TEMPORAIRE « LYON JUIN 40 » en juin et juillet 2010, au Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD).
La BATAILLE de VOREPPE (Isère) ( 21- 24 juin 1940)
L’ARMISTICE NE MET PAS FIN AUX COMBATS…
Le général Olry
Mai-juin 1940 la Campagne de France… Le 21 juin l’Armistice est signé avec l’Allemagne. Il prévoyait la fin des hostilités quand l’Italie, entrée en guerre contre la France le 10 juin aurait elle-même signé un armistice. Cela explique que les combats de Voreppe ont eu lieu contre l’armée allemandeaprès la signature de l’Armistice. En effet l’Armée des Alpes aux ordres du Général Olry faisait face avec 180.000 hommes dont environ 85.000 en première ligne à quelques 312000 italiens. Malgré cette supériorité numérique, l’Armée Italienne fut contenue, tout au long des Alpes, de la mer à la frontière suisse.
Le général Olry craint d’être attaqué sur ses arrières par l’Armée allemande, alors que le gros de ses forces affrontent les Italiens.
LA MISE EN PLACE D’UNE LIGNE DE DEFENSE
Olry demande au commandant de la XIVème Région de Lyon de rassembler tous les moyens disponibles pour retarder les allemands en attendant l’armistice avec les Italiens. L’ensemble des formations mises en place en une semaine représente environ 3 divisions, de qualité très inégale, avec beaucoup de personnels à l’instruction dans les dépôts, avec donc leur matériel « Ecole » et d’hommes des Régiments Régionaux, parfois âgés. Des marins de Toulon, et des aviateurs forment également des compagnies de marche. Enfin le Génie de l’Armée des Alpes se trouvera souvent sur les zones choisies pour cette opération, aidant aux destructions.
Le général Cartier
Une première ligne de défense prévue sur le Rhône, y compris Lyon, est annulée par la note du général Weygand en date du 18 Juin accordant que,à la demande du président Herriot, Lyon soit considérée « ville ouverte », ce qui donne aux blindés du général Hoepner toutes facilités pour franchir le Rhône avec 9 ponts intacts et de courir au secours des Italiens. Une deuxième position est donc rapidement improvisée sur l’Isère, s’appuyant à l’est sur le Rhône et remontant vers Fort-l’Ecluse au Nord par Voreppe, La Dent du Chat, Culoz. Le général Cartier prend la responsabilité de la zone dite « Dauphiné-Savoie » qui doit barrer la route aux Allemands depuis Chanaz sur le Rhône jusqu’à St-Nazaire-en-Royans sur l’Isère. Il a articulé son dispositif en 4 sous groupements principaux, dont celui du colonel Brillat-Savarin qui devra tenir Voreppe à l’entrée de la cluse de l’Isère en direction de Grenoble.
LA MISE EN PLACE A VOREPPE
Dès le 19 Juin les premières troupes arrivent sur place, essentiellement des hommes du Génie : sapeurs et pionniers, environ 600 hommes, qui commencent à aménager les éléments de défense avec l’aide de la population. Arrivent également quelques marins et aviateurs. Les ponts sautent au début de la matinée du 20 Juin. En même temps rejoint le COAMP de Grenoble (Centre Organisation Artillerie de Montagne et Positions) avec deux 75 de montagne d’instruction, largement obsolètes.
batterie du COAMP avec un canon de 65 de montagne
Ce même jour, d’autres troupes débarquent dont une section de mitrailleuses de 13,2, d’autres marins avec 2 canons de 47mm et un canon de 65mm. Le 21 le flux continue avec en particulier du canon de 65 de montagne, et deux vrais canons de 47 AC tractés. Les observatoires, remarquables du fait de la configuration de la cluse, sont mis en place. Arrive également une batterie du 404°RADCA (Régiment d’artillerie de DCA). C’est ce même jour au matin que le colonel Brillat-Savarin prend le commandement du secteur. C’est un officier brillant de la première guerre mondiale, qui a repris du service à la déclaration de guerre : il a 60 ans.
batterie du 404° RADCA
VOREPPE: LES ALLEMANDS NE SONT PAS PASSES
Le 22 Juin à 4h les allemands sortent de Moirans en direction de Voreppe avec 150 chars accompagnés de motocyclistes. L’attaque est repoussée, en particulier, par les feux des canons déjà en place. Dans la matinée du 23, vers 9h nouvelle attaque, également repoussée. Devant cette résistance à laquelle il ne s’attendait pas, l’ennemi s’organise et en particulier installe son artillerie, qui à partir de midi commence à traiter tous les objectifs du secteur de Voreppe. Cette préparation permet une nouvelle attaque à base d’infanterie entre la route Moirans-Voreppe et l’Isère. L’artillerie française enraye à nouveau cette offensive en causant des pertes sensibles aux assaillants, grâce aux réglages précis permis par l’observatoire du Bec de l’Echaillon (arête terminale du Vercors), où le Capitaine de réserve Lombard, un Lyonnais, fut excellent.
La zone de Voreppe
Dans la nuit du 23 au 24 un événement majeur pour la défense sera réalisé avec l’arrivée d’un groupe du 104° RAL (Régiment d’Artillerie Lourde) (Cne Azaïs de Vergeron) à 2 batteries de 105 L, et 1 batterie de 155 GPF, excellents canons à longue portée (16000 m pour le 105 L, et 19000 m pour le 155 GPF) et servis par des personnels bien entraînés, rescapés de la bataille des Flandres, et passés par Dunkerque, Brest, puis Toulon, où ils ont récupéré leur armement. Ils prennent position à Noyarey sur la rive gauche de l’Isère entre Sassenage et Veurey en arrière et invisibles des allemands.
Cne Azaïs de Vergeron
A 16h30 le 24 les réglages sont terminés, les pièces ouvrent aussitôt le feu sur les objectifs désignés par l’observatoire du Bec de l’Echaillon, et en quelques heures elles détruiront une batterie de mortiers, neutraliseront 5 autres batteries, deux colonnes blindées surprises en mouvement sur la route de Charnecles à Moirans, un parc à char et des rassemblements ennemis dans la vallée, disperseront les tentatives allemandes d’installer un terrain d’aviation de circonstance à 2 kilomètres au S.E. de Moirans, et briseront toutes les attaques d’infanterie ennemie. Cette action vaudra au 104° RAL sa deuxième citation à l’ordre de l’Armée.
Ce même jour à 21h c’est la fin des hostilités : les allemands n’ont pu forcer le « bouchon » de Voreppe.
le général Frère décore le fanion du 2/104° RAL
Article de 2010 –Dernière modification 06/2023 — Source : JC Blanchet, Gaston Régnier – Juin 1940, Voreppe rempart de Grenoble – 2002
Les Groslée sont une famille noble originaire du Bugey ; le château de Groslée du XIe siècle dominait le Rhône au sud-ouest de Belley. Au XIIe siècle ils ont des biens à Lyon ; Jacques Ier est sénéchal de Lyon en 1180 pour l’archevêque-comte : il cède en 1216 un terrain aux Cordeliers (église St Bonaventure). La rue voisine porte encore leur nom. Les Groslée dont nous allons parler appartiennent à une branche cadette passée au service du Dauphin.
JEAN de GROSLÉE, un chevalier du XIV° siècle, sénéchal de Lyon 1358-1363
famille de Groslée
Fils aîné de Gui Ier de Groslée, sire du Passin et Neyrieu, Jean de Groslée sire de Neyrieu est un chevalier au service du dauphin Humbert II, qui le nomme en 1342 bailli de Faucigny et châtelain de Bonneville. Le Faucigny, région de Haute-Savoie faisait alors partie des possessions du Dauphiné. Il accompagne ensuite Humbert II dans sa ruineuse et inefficace croisade en orient (1345-47). En 1349 lors de la cession du Dauphiné au dauphin Charles, futur Charles V, il passe à son service.
Jean de Groslée figure dans l’armée dauphinoise qui est battue par Amédée VI de Savoie aux Abrets (1354), bataille qui met fin à la guerre de septante ans entre les principautés. Jean y est capturé. Libéré, il se distingue ensuite contre la chevauchée de Robert Knolles en Beaujolais et se porte au secours du dauphin en lutte contre le roi de Navarre.
La dauphin Charles le récompense en lui cédant la seigneurie de Morestel et en le nommant en 1358 bailli de Mâcon et sénéchal de Lyon, les deux fonctions étant liées. Il fait partie des négociateurs du traité de Brétigny (1360). La paix jette sur les routes les mercenaires sans emploi. L’année suivante, il défend Anse contre les routiers, mais ne peut s’opposer à la prise de Brignais. Jean de Groslée est à nouveau capturé lors de la défaite de l’armée royale à Brignais (1362) : il est mis à rançon par les routiers. Il perd ses fonctions de sénéchal en 1363.
Jean de Groslée participe ensuite à l’expédition à Constantinople d’Amédée VI de Savoie (1366-67) sur l’appel au secours de l’empereur Jean V prisonnier des Bulgares et soumis à la pression grandissante des Turcs. L’expédition prend la position de Gallipoli, libère Jean V des Bulgares et desserre l’étau autour de Constantinople. C’est la seule expédition en orient victorieuse.
Amédée VI de Savoie (dessin d’Yvan Gourdin)
Il soutient ensuite le comte de Savoie et son fils le futur Amédée VII contre le sire de Beaujeu. Jean de Groslée meurt vers 1383-84. Ce chevalier du XIV° siècle a vécu en homme de guerre, a été fait prisonnier deux fois et a participé à deux expéditions en orient… Son fils Guillaume épouse l’héritière de la seigneurie de Bressieux en Dauphiné. Sa descendance s’éteint avec les marquis de Bressieux en 1643.
Gui II de Groslée, frère de Jean, fait bâtir à Lyon le bel hôtel de Passins rue Longue et à sa mort à la fin du XIV° siècle possède une vingtaine d’immeubles dans la ville. Il est le père d’André de Groslée, lui-même père d’Humbert.
Au XVIII° siècle les Maritz sont une dynastie de fondeurs de canons d’origine suisse. Ils ont travaillé à Lyon et possédé le château de la Barollière à Limonest
Jean Maritz I
En 1714 à Burgdorf (canton de Berne) Jean Maritz I (1680-1743) invente une machine à forer les canons. La pièce d’artillerie coulée pleine tourne à la rencontre d’un burin de forage immobile. Cela améliore la fabrication des canons de bronze par une fiabilité meilleure et une longévité accrue. Ce procédé se fait d’abord verticalement pour utiliser le poids du fût.
Maritz s’installe ensuite à Genève puis en 1733 reprend une fonderie de canons établie à Vaise, faubourg de Lyon.
Une importante réorganisation de l’artillerie entrait en vigueur à cette époque suite au règlement d’artillerie de l’ordonnance Vallière en 1732 : la standardisation amène à ne conserver que les calibres 4, 8, 12, 16 et 24 livres (correspondant à 84, 106, 121, 134 et 151 mm de diamètre d’âme). Maritz améliore sa technique en pratiquant l’alésage des canons à l’horizontale : la précision et la régularité du forage de la pièce sont meilleurs accroissant l’efficacité du tir. Il est nommé commissaire des fontes d’artillerie de Lyon.
Maritz installe une seconde fonderie à Strasbourg en 1739 et meurt à Genève en décembre 1743.
Il laisse deux fils : Samuel (1705-1780) qui dirige la forge de Genève et Jean Maritz II (1711 Berne-1790) nommé en même temps que son père Commissaire des fontes d’artillerie à Lyon. Il prend la direction de la fonderie de Strasbourg en 1739. Après avoir succédé à son père il se convertit au catholicisme et établit de nouvelles fonderies à Paris, Douai, Perpignan. Ses canons sont des véritables oeuvres d’art.
Canon signé Maritz fondu à Strasbourg en 1746 (cour des Invalides)
Jean Maritz II(Ch. de la Barollière)
Jean Maritz II est promu inspecteur général de l’Artillerie en 1747 et 8 ans plus tard il cumule les mêmes fonctions pour la Marine (forge de Rochefort en particulier).
En 1750 il achète pour 65000 livres au capitaine Charles-Alphonse Piloty et sa sœur le château de la Barollière à Limonest qu’il fait réaménager. Il devient baron de la Barollière en 1765.
En 1765 -1768 il est en Espagne, où il remplit la même charge d’inspecteur de l’artillerie, suite au pacte de famille avec l’Espagne conclu par le ministre Choiseul.
Château de la Barollière – Limonest
Initiales de Jean Maritz -terrasse du château de la Barollière
A partir de 1764 l’efficacité de l’artillerie sera encore améliorée par la mise en oeuvre du système Gribeauval, du nom de l’inspecteur général de l’artillerie : spécialisation des bouches à feu selon leur emploi, standardisation et allègement des affûts et des avant-trains, généralisation de la gargousse… préparant ainsi la meilleure artillerie d’Europe pour les armées de la Révolution et de l’Empire.
Blason de Jean Maritz II – Ch. de la Barollière
Jean Maritz II décède en son château en 1790 ; son fils Charles-Henri meurt peu après lui.
L’histoire familiale se poursuit avec son cousin germain fils de Samuel, Jean Maritz III (1734-1807) qui avait installé une fonderie à la Haye en 1770, puis par le fils de ce dernier, Jean-Georges-Amédée (1784-1839) né à la Haye, que Napoléon Ier fait venir à Strasbourg en 1812 et où reste directeur de la fonderie jusqu’à sa mort.
mis en ligne 01/2023 – collaboration de Limonest Patrimoine
UN RÉGIMENT LYONNAIS, Le 54ème RÉGIMENT D’ARTILLERIE :
LA CRÉATION et LA GRANDE GUERRE
Le 1er mars 1910 est créé à Lyon le 54° Régiment d’Artillerie de Campagne (RAC) : il fait partie des 22 régiments supplémentaires créés pour renforcer en artillerie les divisions d’infanterie (DI), ici la 28° DI. Le colonel Dupont reçoit le drapeau du régiment le 14 juillet 1910 des mains du président Fallières. Le régiment s’installe au quartier de la Vitriolerie (aujourd’hui quartier Général Frère).
Les officiers vers 1912devant la porte de la caserne fortifiée
Il est doté du nouveau canon de 75 hippomobile et les hommes qui vont y servir sont le plus souvent originaires de la région. En 1914 les batteries 4 à 9 sont à Lyon, en partie à la caserne de la Doua, les batteries 1 à 3 au camp de Sathonay. L’artillerie à cheval de la 6ème division de cavalerie lui est rattachée (batteries 10-11). Pendant la Grande Guerre un détachement du régiment stationne à Saint-Fons.
Artillerie de la 6ème Division de cavalerie devant le fort de Villeurbanne
Le 54 est encore un jeune régiment, quand en août 1914 il rejoint les Vosges avec ses 4 groupes de 3 batteries de 4 pièces (soit 48 tubes). Pendant toute la durée de la Grande Guerre le 54 sera sur tous les fronts : Vosges, course à la mer 1914, Champagne 1915, Verdun 1916, la Malmaison 1917 avec une citation et la croix de guerre, les Flandres au mont Kemmel 1918 avec une deuxième citation. En janvier 1919 le maréchal Pétain remet la fourragère aux couleurs de la croix de guerre au drapeau, qui depuis porte les noms de VERDUN, la MALMAISON, FLANDRES. Le 54 rejoint la Vitriolerie en juillet 1919.
Le colonel et le drapeau vers 1925
L’ENTRE-DEUX-GUERRES
En 1924 le 54 devient régiment d’artillerie divisionnaire (RAD) avec 3 groupes de 75 et 2 de 155. En mai 1925, un groupe de deux batteries dotées du canon de 155 court part pour 6 mois au Maroc pour participer à la guerre du Rif. Les années qui suivent sont sans évènements remarquables. Les manoeuvres se font dans les camps de la Valbonne, du Valdahon ou même du Larzac.
A la fin des années 1920, des engagés volontaires marocains viennent remplacer les conscrits métropolitains. Le 54 devient alors le 54° Régiment d’Artillerie Nord Africaine (RANA) et fait partie de la 1° division d’infanterie nord-africaine (1° DINA), dont le quartier général est à Lyon. Il compte 2000 hommes et 2000 chevaux. Une partie est logée à la Part-Dieu.
DE LA CAMPAGNE 1939-1940 A LA GUERRE D’ALGERIE
En septembre 1939 la guerre est déclarée. Le 54 fait toujours partie de la 1° DINA ; il prend position sur la ligne Maginot dans le nord de la Moselle (Apach). Le 13 mai 1940 la division fait mouvement vers l’ouest pour contenir l’offensive allemande. Le 54 combat dans l’Aisne en utilisant les canons de 75 comme antichars. Le 1er un groupe de 213 hommes réussit à embarquer pour l’Angleterre à Dunkerque ; ils seront rapatriés en Bretagne. Le 5 juin à Bernay (28) les éléments du 54° RA se regroupent, ils forment 2 groupes qui participent à la défense des ponts de l’Orne : ils sont faits prisonniers. Le 54° RA est dissous le 31 juillet 1940.
En août 1940 est créé le 63° RAA (Régiment d’Artillerie d’Afrique) qui combat valeureusement en Tunisie (1942), en Italie (1943), en France (1944) et en Allemagne (1945). Ce régiment est dissous en avril 1946. L’un de ses groupes stationné à Lure est rebaptisé 54° RA. Il accueille pendant 3 ans une batterie anti-aérienne équipée de canons de 40 mm Bofors.
Mais le 54 est encore pour quelques années un régiment sol-sol bientôt doté de canons automoteurs AMX de 105 mm. En 1954 en garnison à Lure il est composé de 3 groupes dont l’un est stationné à Epinal. Il constitue un groupement de marche qui part combattre en Algérie sous les couleurs du 28° RA. Le 54° RA est à nouveau dissous en 1962.
LE REGIMENT D’ARTILLERIE ANTI-AERIENNE
En 1969 est créé le 454° GAAL (Groupe d’Artillerie Antiaérienne Légère) qui en 1970 reprend l’appellation de 54° RA, régiment d’artillerie sol-air. Il est alors en garnison à Verdun et équipé de canons de 40 mm Bofors tractés et de bitubes de 30 mm. En 1979 le 54 est le premier régiment à recevoir des systèmes d’armes Roland. En 1984 il est dissous ; mais aussitôt récréé à Hyères (83) au quartier Vassoigne par changement d’appellation du 405° RAA. Ce dernier régiment sous l’appellation de 405° RA-DCA avait stationné au camp de Sathonay entre 1920 et 1939.
Système Carol
insigne du 54°RA
Depuis 37 ans le 54 est à Hyères. A compter de 1992 le régiment reçoit les premiers lanceurs Mistral puis les cabines de détection NC1 « Samantha ». En 2007 il comptait 2 batteries de tir Roland « CAROL » et 3 batteries de tir MISTRAL. En avril 2010 le 54° RA a fêté son centenaire. En 2011 le 54 est un régiment de défense anti-aérienne à 4 batteries de tir MISTRAL de 3 sections équipées de missiles sol-air. Il doit en plus armer 2 postes de commandement de groupement tactiques sol-air avec le nouveau système MARTHA. Depuis 2016 il fait partie des régiments spécialisés de la 3ème Division des Forces Interarmées « Scorpion », dont l’état-major est à Marseille.
Article de 2011 – dernière modification 07/2020 sources : Gazette du Musée n° 78-12/2007 – la Gazette des Palmiers n°139 spécial centenaire – avril 2010
Natif de Bessèges dans le Gard, il s’engage en 1922 pour 4 ans dans l’aviation à Nîmes. En 1923, il est breveté mécanicien d’aéronautique et est muté au Bourget. En 1924 il est envoyé au Levant, où il participe de juillet à octobre 1925 aux opérations dans le Djebel Druze. Son engagement terminé, il retourne à la vie civile en 1926 et travaille dans un garage.
Le colonel Chambonnet
Chambonnet se réengage dans l’Armée de l’Air en 1930 comme ouvrier d’aéronautique. Il réussit le concours d’élève officier d’active à l’Ecole de Versailles ; il est nommé sous-lieutenant mécanicien en 1933. Affecté successivement à Mourmelon et à Tours, il est promu lieutenant en 1935. En 1937 il est affecté à la direction du matériel aérien militaire. Promu capitaine en mars 1940, il est affecté au GQG aérien et se replie avec l’Etat-major ; il est ensuite affecté à la base-dépot de stockage de Lyon-Bron en février 1941. Il sera promu ensuite à titre temporaire commandant et lieutenant-colonel en 1943 et colonel en 1944.
Mais par l’intermédiaire du capitaine d’aviation Claudius Billon, il entre très vite dans le mouvement de Résistance Combat, il est chargé d’organiser la Résistance à la base de Bron. Au mois de juillet 1942, il devient chef d’Etat-major de Billon devenu le premier chef de l’Armée Secrète (AS) pour la région R1 (Lyon). En congé d’armistice fin 1942, sous le pseudonyme de « Védrines« , il se consacre alors entièrement à la Résistance, pour laquelle il recrute, organise, coordonne…
Chambonnet
En février 1943, Billon est arrêté et replacé par Robert Ducasse dit « Vergaville » ; Chambonnet conserve ses fonctions, mais est obligé de se cacher pour échapper à la Gestapo. En octobre 43 Ducasse est arrêté et Chambonnet le remplace sous le pseudonyme de « Didier« , il devient le chef régional de l’AS devenue ASU (unifiée), qu’il développe et organise. Il fait du Cdt Descour son chef d’état-major. Par exemple en décembre 1943, il approuve le choix de Tom Morel comme commandant du maquis de Haute-Savoie (les Glières). « Didier » s’efforce d’apaiser les tensions entre les diverses composantes de la Résistance, dans un contexte de pénurie en armement.
Le 10 juin 1944, place des Terreaux, il est arrêté et remis à la Gestapo : il est torturé et condamné à mort. Le 27 juillet a lieu place Bellecour un attentat contre un café le « Moulin à vent » fréquenté par les Allemands et la Gestapo ; le jour même en représailles, à la prison Montluc, Chambonnet est choisi au hasard pour être exécuté sur le lieu de l’attentat avec 4 autres résistants. Avant d’être fusillé, il a le temps de crier « Vive de Gaulle, vive la France ! ». Chambonnet est inhumé au cimetière des maquisards du Val d’Enfer à Cerdon.
A l’emplacement du café, à l’angle de la place Bellecour et de la rue Gasparin, a été élevée après la Guerre une statue de 4 m, appelé le « Veilleur de Pierre » à la mémoire de la Résistance : les noms de Chambonnet et de ses camarades y figurent.
Le Veilleur de Pierre
Albert Chambonnet a été nommé Compagnon de la Libération en 1945. A Lyon la rue reliant la place Bellecour au pont Bonaparte (auparavant rue Bellecour) a été nommée rue Colonel Chambonnet. Une plaque commémorative y a été apposée.