RENAUD de FOREZ, ARCHEVÊQUE-COMTE de LYON de 1193 à 1226 :
Vers 1150, un conflit éclate entre le comte de Forez Gui II et l’archevêque de Lyon Héraclius de Montboissier pour la possession du comté de Lyon, conflit qui culmine avec la bataille d’Yzeron (1158) où les troupes de l’évêque sont battues. Ce dernier fait appel à l’Empereur Frédéric Barberousse qui en 1157 concède le comté de Lyon à l’Archevêque, ce que le pape Alexandre III confirme en 1173.
Le comte de Forez qui avait alors prêté hommage au Roi de France Louis VII, doit renoncer au comté de Lyon en 1173. Mais en 1193 le second fils de Gui II, Renaud de Forez, est nommé archevêque de Lyon. Celui-ci est le type du prélat guerrier et bâtisseur, allié et soutenu par le comte de Forez Gui III son frère aîné.
Le BÂTISSEUR
À Lyon il fait terminer le « grand cloître » entourant l’ensemble cathédral, ainsi que le château Pierre-Scize, dont il semble faire sa résidence dès 1197. Il fait creuser les « fossés de la Lanterne » barrant la presqu’île au niveau des Terreaux. Il lance la reconstruction du pont du Rhône écroulé au passage d’une troupe de croisés (1190) et continue la construction de la cathédrale St Jean. Le chœur est achevé : un vitrail de l’abside représente Renaud de Forez.
Pour défendre le comté de Lyon, principauté féodale ecclésiastique indépendante, il fait édifier tout un réseau de châteaux : près de Lyon Dardilly et Francheville, face au sire de Beaujeu Anse, Chasselay, Albigny, au sud Condrieu, Givors, dans les monts du Lyonnais Châteauvieux à Yzeron. D’autres châteaux sont érigés sur le comté par des seigneurs locaux : le seigneur d’Oingt emprunte à Renaud pour élever le château d’Oingt, le seigneur du lieu construit Rochefort près de St-Martin-en-haut, le chapitre de St-Just à Irigny, l’abbaye de Savigny à Sain-Bel, Montrottier, l’Arbresle, St-Romain de Popey…
L’ORGANISATEUR
L’archevêque-comte ne possède donc pas directement toutes les terres de sa principauté : une grande part dépend encore de seigneurs laïcs ou ecclésiastiques.
Renaud organise l’administration en créant l’officialité (chancellerie) et en faisant lever un état des biens du comté. Il partage le comté en manses : chacune sera administrée par un chanoine du chapitre de la cathédrale St Jean. Ces chanoines qui prennent le titre de « chanoines-comtes de Lyon » et créent un justice capitulaire, faisant double emploi avec la justice épiscopale.
Le GUERRIER
Pour que soit reconnue sa suzeraineté, il fait la guerre à l’abbaye de Savigny, puissance féodale au cœur du comté, soutenue par le sire de Beaujeu Guichard IV (incendie de Savigny, prise de Montrottier 1196). Il mène une campagne dans la vallée de l’Ain contre le sire de Coligny ; avec le comte de Forez le soutien est réciproque au cours de plusieurs campagnes.
La RÉVOLTE des LYONNAIS
L’archevêque, qui a besoin d’argent pour ses constructions, impose des taxes sur les denrées et marchandises de première nécessité. Les lyonnais qui s’enrichissent par l’artisanat et le négoce réclament des « libertés et franchises » ; ils se heurtent à une fin de non-recevoir… Mais les bourgeois lyonnais en ont assez des droits féodaux, en 1208 c’est la révolte. Ils se retranchent dans la presqu’île, en barrant le pont de pierre sur la Saône. Renaud réprime la révolte de manière si brutale, qu’à l’appel des lyonnais le pape Innocent III lui impose la mansuétude et ordonne de trouver un accord avec les révoltés. La ville n’obtient que quelques concessions minimes (contrôle des poids et mesures), mais rien sur le fisc, la double justice et encore moins la commune. La ville connaîtra d’autres révoltes au cours du XIII° siècle et n’obtiendra le droit de s’administrer elle-même qu’en 1320.
Le RÉGENT du FOREZ
Après la mort de Gui III en croisade à Acre en 1203, Renaud de Forez assure aussi la régence du Forez pendant la minorité de son neveu Gui IV, par la suite mort aussi au retour de croisade (1241). L’archevêque et son neveu sont coalisés vers 1220 contre le sire de Beaujeu Humbert V qui doit renoncer à ses prétentions sur le Roannais.
La lignée des comtes de Forez se poursuit jusqu’à la deuxième moitié du XIV° siècle. En 1362, le comte Louis est tué à la bataille de Brignais et son frère Jean blessé mourra sans descendance (1372) : le comté ira par leur nièce en héritage au duc de Bourbon.
Article de 2010 – Dernière modification 08/2017