La BATAILLE de VOREPPE (Isère) ( 21- 24 juin 1940)
L’ARMISTICE NE MET PAS FIN AUX COMBATS…
Mai-juin 1940 la Campagne de France… Le 21 juin l’Armistice est signé avec l’Allemagne. Il prévoyait la fin des hostilités quand l’Italie, entrée en guerre contre la France le 10 juin aurait elle-même signé un armistice. Cela explique que les combats de Voreppe ont eu lieu contre l’armée allemande après la signature de l’Armistice. En effet l’Armée des Alpes aux ordres du Général Olry faisait face avec 180.000 hommes dont environ 85.000 en première ligne à quelques 312000 italiens. Malgré cette supériorité numérique, l’Armée Italienne fut contenue, tout au long des Alpes, de la mer à la frontière suisse.
Le général Olry craint d’être attaqué sur ses arrières par l’Armée allemande, alors que le gros de ses forces affrontent les Italiens.
LA MISE EN PLACE D’UNE LIGNE DE DEFENSE
Olry demande au commandant de la XIVème Région de Lyon de rassembler tous les moyens disponibles pour retarder les allemands en attendant l’armistice avec les Italiens.
L’ensemble des formations mises en place en une semaine représente environ 3 divisions, de qualité très inégale, avec beaucoup de personnels à l’instruction dans les dépôts, avec donc leur matériel « Ecole » et d’hommes des Régiments Régionaux, parfois âgés. Des marins de Toulon, et des aviateurs forment également des compagnies de marche. Enfin le Génie de l’Armée des Alpes se trouvera souvent sur les zones choisies pour cette opération, aidant aux destructions.
Une première ligne de défense prévue sur le Rhône, y compris Lyon, est annulée par la note du général Weygand en date du 18 Juin accordant que,à la demande du président Herriot, Lyon soit considérée « ville ouverte », ce qui donne aux blindés du général Hoepner toutes facilités pour franchir le Rhône avec 9 ponts intacts et de courir au secours des Italiens. Une deuxième position est donc rapidement improvisée sur l’Isère, s’appuyant à l’est sur le Rhône et remontant vers Fort-l’Ecluse au Nord par Voreppe, La Dent du Chat, Culoz.
Le général Cartier prend la responsabilité de la zone dite « Dauphiné-Savoie » qui doit barrer la route aux Allemands depuis Chanaz sur le Rhône jusqu’à St-Nazaire-en-Royans sur l’Isère. Il a articulé son dispositif en 4 sous groupements principaux, dont celui du colonel Brillat-Savarin qui devra tenir Voreppe à l’entrée de la cluse de l’Isère en direction de Grenoble.
LA MISE EN PLACE A VOREPPE
Dès le 19 Juin les premières troupes arrivent sur place, essentiellement des hommes du Génie : sapeurs et pionniers, environ 600 hommes, qui commencent à aménager les éléments de défense avec l’aide de la population. Arrivent également quelques marins et aviateurs. Les ponts sautent au début de la matinée du 20 Juin. En même temps rejoint le COAMP de Grenoble (Centre Organisation Artillerie de Montagne et Positions) avec deux 75 de montagne d’instruction, largement obsolètes.
Ce même jour, d’autres troupes débarquent dont une section de mitrailleuses de 13,2, d’autres marins avec 2 canons de 47mm et un canon de 65mm. Le 21 le flux continue avec en particulier du canon de 65 de montagne, et deux vrais canons de 47 AC tractés. Les observatoires, remarquables du fait de la configuration de la cluse, sont mis en place. Arrive également une batterie du 404°RADCA (Régiment d’artillerie de DCA). C’est ce même jour au matin que le colonel Brillat-Savarin prend le commandement du secteur. C’est un officier brillant de la première guerre mondiale, qui a repris du service à la déclaration de guerre : il a 60 ans.
VOREPPE: LES ALLEMANDS NE SONT PAS PASSES
Le 22 Juin à 4h les allemands sortent de Moirans en direction de Voreppe avec 150 chars accompagnés de motocyclistes. L’attaque est repoussée, en particulier, par les feux des canons déjà en place. Dans la matinée du 23, vers 9h nouvelle attaque, également repoussée. Devant cette résistance à laquelle il ne s’attendait pas, l’ennemi s’organise et en particulier installe son artillerie, qui à partir de midi commence à traiter tous les objectifs du secteur de Voreppe. Cette préparation permet une nouvelle attaque à base d’infanterie entre la route Moirans-Voreppe et l’Isère. L’artillerie française enraye à nouveau cette offensive en causant des pertes sensibles aux assaillants, grâce aux réglages précis permis par l’observatoire du Bec de l’Echaillon (arête terminale du Vercors), où le Capitaine de réserve Lombard, un Lyonnais, fut excellent.
Dans la nuit du 23 au 24 un événement majeur pour la défense sera réalisé avec l’arrivée d’un groupe du 104° RAL (Régiment d’Artillerie Lourde) (Cne Azaïs de Vergeron) à 2 batteries de 105 L, et 1 batterie de 155 GPF, excellents canons à longue portée (16000 m pour le 105 L, et 19000 m pour le 155 GPF) et servis par des personnels bien entraînés, rescapés de la bataille des Flandres, et passés par Dunkerque, Brest, puis Toulon, où ils ont récupéré leur armement. Ils prennent position à Noyarey sur la rive gauche de l’Isère entre Sassenage et Veurey en arrière et invisibles des allemands.
A 16h30 le 24 les réglages sont terminés, les pièces ouvrent aussitôt le feu sur les objectifs désignés par l’observatoire du Bec de l’Echaillon, et en quelques heures elles détruiront une batterie de mortiers, neutraliseront 5 autres batteries, deux colonnes blindées surprises en mouvement sur la route de Charnecles à Moirans, un parc à char et des rassemblements ennemis dans la vallée, disperseront les tentatives allemandes d’installer un terrain d’aviation de circonstance à 2 kilomètres au S.E. de Moirans, et briseront toutes les attaques d’infanterie ennemie. Cette action vaudra au 104° RAL sa deuxième citation à l’ordre de l’Armée.
Ce même jour à 21h c’est la fin des hostilités : les allemands n’ont pu forcer le « bouchon » de Voreppe.
Article de 2010 – Dernière modification 06/2023 — Source : JC Blanchet, Gaston Régnier – Juin 1940, Voreppe rempart de Grenoble – 2002