La LIBÉRATION DE L’OUEST LYONNAIS juillet – septembre 1944
Les DIFFÉRENTS GROUPES DE RÉSISTANTS
Le Maquis Laplace : Ce mouvement de résistance se constitue au milieu de l’année 1943 dans les monts du Lyonnais au sud de Tarare (région d’Albigny – Montrotier). Son chef est Georges Laplace (« Robespierre ») issu du mouvement de résistance lyonnais le « Coq Enchaîné ». Les effectifs grossissent jusqu’à près de 400 hommes répartis en plusieurs camps. Laplace est très attaché à l’indépendance de son groupe ; il ne sera rattaché au maquis Berthier que vers le 20 août 1944.
Le Maquis Berthier : Ce maquis est l’oeuvre de Louis Challéat (« Berthier »), lieutenant d’artillerie militant à l’ORA, qui en prend le commandement le 1er novembre 1943. Il va regrouper et encadrer des groupes de maquisards dispersés de Thizy et Amplepuis à Ste-Foy-l’Argentière et St-Symphorien-sur-Coise. Il compte aussi le moment venu sur des résistants sédentaires, pour former une troupe cohérente de 800 hommes environ.
Les maquis FTP :Ces maquis d’obédience communiste se sont développés autour de la vallée de l’Azergues. Dispersés en de nombreux groupes, ils vont former en juillet 1944 des bataillons FTP, réunissant environ 1250 hommes, désignés à la Libération de Lyon sous le nom de 1er Régiment du Rhône.
PARACHUTAGES et SABOTAGES
Les différents maquis vont bénéficier de l’apport de la France Libre avec les parachutages de matériels et d’armement sur 4 terrains : un à Marchampt au nord, 2 autour de St-Symphorien-sur-Coise et un à St-Cyr-de-Valorges. Ces parachutages sont à leur maximum en juillet-août 1944. Le 15 août 7 aviateurs américains périssent dans leur avion qui s’écrase à Duerne.
Les avions alliés amènent aussi des hommes : le 10 juillet est parachuté sur Duerne le commandant Raymond Basset (« Mary« ), officier du BCRA, saboteur confirmé, dont c’est la 3ème mission en France occupée. Il va très rapidement passer à l’action et devenir le chef des FFI du Rhône le 18 juillet.
Moins d’une semaine après son parachutage, Mary-Basset organise des actions de sabotage : obstruction du tunnel ferroviaire de Tarare, destruction du barrage de la Mulatière, incendie d’un train d’essence à Reventin-Vaugris (au sud de Vienne) et autres actions de destruction pour entraver la liberté de mouvement des allemands. Le 12 août il donne l’ordre aux résistants sédentaires armés de rejoindre les maquis (bataillon Berthier). Du 14 au 25 août a lieu l’opération Jockworth de parachutage : avec la protection et la coordination des différents maquis, sont larguées plusieurs tonnes d’armement et d’équipement et une centaine de parachutistes SAS, commandés par le lieutenant Jean Hourst. Les parachutistes se répartissent dans les maquis pour les instruire et les encadrer.
La PHASE FINALE
Embuscades à Tarare :
Du 18 au 22 août la garnison allemande de Roanne se replie en direction de la nationale 6 par la nationale 7. Les convois allemands subissent les attaques répétées des maquisards autour et dans la ville de Tarare avec des pertes sérieuses. Les monts du Lyonnais sont libérés. Pendant ces journées Mary-Basset s’emploie à assurer la cohésion de ses chefs de maquis en multipliant les réunions.
objectif Lyon :
Le 24 août de son PC de St-Laurent-de-Chamousset, Mary-Basset diffuse un ordre de rapprochement des FFI sur Lyon pour préparer la libération toujours par des actions de guérilla, en accord avec les responsables régionaux de la résistance, Alban-Vistel chef régional et son adjoint militaire Descour, qui militent pour la prudence et l’attente des forces alliées.
Le 26 août le maquis Laplace, qui vient d’être rattaché au maquis Berthier, descend sur Tassin-la-Demi-Lune, qui peut se croire libérée. Mais les allemands réagissent et repoussent les maquisards.
Les affrontements de Brignais et Oullins :
En même temps des dirigeants intermédiaires d’obédience communiste (PC à Yzeron) sont partisans de l’action immédiate, alors même que l’insurrection prématurée de Villeurbanne (24-26/08) va échouer.
Brignais, au carrefour de la N86 et de la D42 est un point de passage obligé des allemands en repli. Le 24 un bataillon FTP de l’Ardèche en route vers Lyon vient occuper le bourg qui se croit libéré. Un premier affrontement a lieu le 26 août, mais c’est le 28 que les allemands mènent l’assaut ; les maquisards se retirent en fin de journée, abandonnant le bourg vidé d’une bonne partie de ses habitants. Les 3 jours suivants les convois allemands se succèdent, dont l’arrière-garde la 716° division d’infanterie. Ils font arrêt à Brignais dans la journée et reprennent leur route de nuit pour échapper aux attaques aériennes.
Le 24 à Oullins les Ateliers du chemin de fer se mettent en grève et le comité de coordination fait appel au maquisards FTP de l’Azergues qui investissent la ville le 27 et dressent des barricades, surtout dirigées vers Lyon, ce qui est une erreur. Les allemands en repli doivent passer ; le 29 un combat acharné a lieu dans les rues de la ville, appuyé par les canons de Ste-Foy. Après s’être courageusement battus les maquisards abandonnent la ville qui a subi de gros dégâts. Les habitants sont contraints de dégager les rues pour faciliter le repli des allemands.
Combats d’usure au sud :
Le 29 le chef des FFI de la Loire le commandant Marey vient au PC d’Yzeron ; il y reçoit la mission de harceler les convois allemands entre Givors et Brignais. Marey concentre ses GMO (Groupes Mobiles Opérationnels) sur Thurins avec le renfort de Jean Hourst et d’une vingtaine de parachutistes SAS. La zone d’action va se situer dans le triangle Givors- Mornant- Brignais, zone de plateau qui permet de harceler les allemands en position dominante et de décrocher lorsque ceux-ci réagissent. Les accrochages ont lieu les 29 et 30 à Montagny et les Sept-Chemins, le 30 au Pont-rompu sur la D42 près de Mornant et Taluyers – le Bâtard le 31/08 et 1er septembre. Ces combats d’usure ont fait perdre un temps précieux à certaines unités allemandes, qui seront ainsi interceptées deux jours plus tard à Villefranche.
L’arrivée de l’Armée De Lattre :
Ce même 1er septembre l’avant-garde de l’armée de Lattre, les spahis du 2° RSAR (Régiment de Spahis Algériens de Reconnaissance) atteignent Saint-Étienne et la vallée du Gier. Leur mission suivante est le débordement de Lyon par l’ouest. Le 2 septembre à 14h, alors que les ponts de Lyon sont en train de sauter, le 4° escadron des spahis démarre de Rive-de-Gier, passe à Mornant, Brindas, la Tour-de-Salvagny, Dardilly et atteint la nationale 6 au carrefour de Maison Carrée, où a lieu un violent accrochage avec les allemands en repli.
Le 2ème escadron parti lui de Terrenoire, emprunte le même itinéraire et oblique sur Ecully et Tassin, où des accrochages ont lieu place de l’Horloge.
Les spahis du 3ème escadron partent de Chazelles au nord de Saint-Etienne. Un peloton est détaché sur Tarare ; les 2 autres continuent sur l’Arbresle et Lozanne. de là un peloton lance un coup de main sur Anse et son pont et un autre fonce sur Villefranche, où il sème la panique dans les colonnes allemandes.
Le 2 septembre au soir tout l’ouest lyonnais est donc libéré. Une autre unité de la 1ère DFL (général Brosset) va pouvoir entrer le lendemain dans Lyon, que les allemands ont fini d’évacuer après avoir méthodiquement détruit les ponts.
Le 1er RFM (Régiment de Fusiliers Marins) démarre à l’aube du 3 au sud de Givors, qu’il traverse, passe par Brignais, Oullins, la rive droite de la Saône jusqu’au pont de l’Homme de la Roche seul resté intact. Ils atteignent la presqu’île vers 9h (3 septembre Libération de Lyon).
Article de 2015 – Dernière modification 09/2019
Source : François Lescel – Objectif Lyon – DG communication -2004