Les Gouverneurs d’Albon

Les D’ALBON GOUVERNEURS du LYONNAIS

Les d’Albon sont une famille noble du Lyonnais, sans lien de parenté établi avec les d’Albon de la Drôme (devenus dauphins de Viennois, comtes de Forez et sires de Beaujeu).

Blason des d’Albon de St-André

Vers la fin du XIII° siècle, les d’Albon du Lyonnais s’établissent à Saint-Forgeux (69), dont ils deviennent seigneurs, puis marquis au XVII° siècle. Les cadets de la famille sont souvent abbés de Savigny, se succédant d’oncle en neveu.

Vers 1400 les d’Albon acquièrent le château de Saint-André (aujourd’hui St-André d’Apchon à l’ouest de Roanne), qui passe ensuite à une branche cadette. C’est de cette branche des d’Albon de Saint-André que sont issus deux gouverneurs du Lyonnais successifs au XVI° siècle.

JEAN D’ALBON de SAINT-ANDRE gouverneur du Lyonnais (1539-1549)

Jean d’Albon de St-André

Jean d’Albon, seigneur de Saint-André, né vers 1472, est un vassal du Duc de Bourbon. Sa carrière est d’abord militaire puis administrative. En 1502 le duc le nomme gouverneur du Roannais puis il devient bailli du Beaujolais et sénéchal de Mâcon. Il n’est pas compromis lors de la trahison du Connétable de Bourbon et garde ses charges en passant au service du Roi de France. En 1530 il devient gouverneur du jeune Henri, second fils du Roi, qui en 1536 devient dauphin par la mort de son frère aîné. En 1539 Jean d’Albon succède au Cardinal de Tournon comme gouverneur du Lyonnais, Beaujolais et Dombes. Le gouvernement de Lyonnais est supprimé en 1545, car devenu non frontalier par l’annexion de la Savoie, mais il est rétabli en 1547 à son avènement par Henri II qui y ajoute les anciennes possessions des Bourbons (Forez Auvergne Bourbonnais et Marche). Le temps de Jean d’Albon est une époque de prospérité lyonnaise : soierie, imprimerie… Mais aussi une période de fermentation des idées protestantes. Le Gouverneur fait poursuivre les travaux des fortifications sur la Croix-Rousse qui sont terminés vers 1550 et organise l’entrée solennelle d’Henri II et de Catherine de Médicis en octobre 1548. Jean d’Albon de Saint-André, qui meurt l’année suivante, apparaît comme : « un homme prudent, mesuré et sage, bon administrateur, un peu avare, au reste soldat de bon mérite ».

JACQUES D’ALBON de SAINT-ANDRE, maréchal de France, gouverneur du Lyonnais 1549-1562

Fils de Jean et de Charlotte de la Roche de Tournoel, né en 1512, sa carrière est celle d’un favori : il devient l’ami du futur Henri II. Mais Jacques d’Albon a aussi les qualités d’un chef de guerre : en 1544 il est à la bataille de Cérisoles. A son avènement en 1547 Henri II le fait Maréchal de France, puis à la mort de son père en 1549 gouverneur du Lyonnais et des provinces du centre, où il va exercer un pouvoir sans partage. Il participe aux guerres contre Charles-Quint : en 1552 il garde Verdun, il mène des opérations en Picardie et dans le Cambrésis (1555). En 1557 il est fait prisonnier lors de la défaite de Saint-Quentin, contre les espagnols conduits par Emmanuel-Philibert de Savoie. Il participe aux négociations du traité de Cateau-Cambrésis (1559). Le maréchal de Saint-André mène aussi une vie de luxe et de plaisirs et il a une « soif d’argent dévorante ». Ses services et son appui à la ville de Lyon sont monnayés officiellement et chacun y trouve son compte. Il fait terminer la construction d’une enceinte sur le flanc nord-ouest de la colline de Fourvière (boulevard de l’Ouest).
A la mort d’Henri II les querelles religieuses vont devenir prédominantes. Saint-André s’allie avec François de Guise et au connétable de Montmorency pour former un triumvirat catholique qui tient le jeune roi Charles IX et Paris et s’oppose aux Protestants menés par Condé. En 1562 c’est la première guerre de religion. Alors que en son absence la ville de Lyon est tombée aux mains des Protestants (avril), Saint-André porte la guerre dans l’ouest (Poitiers, Bourges), puis bat les troupes de Condé à la bataille de Dreux (12/1562), mais il y trouve la mort, victime de sa témérité, tué d’un coup de pistolet à la tête. Saint-André a été un grand capitaine, admirable à la guerre, détestable à la cour, qui laisse cependant le souvenir d’un grand gouverneur.

Mort du Maréchal de Saint-André

Pour pallier à son absence trop fréquente, le maréchal de Saint-André se fait suppléer à Lyon par des lieutenants-généraux. Le premier est Arthaud de Saint-Germain, puis Louis Adhémar de Monteil comte de Grignan (+1558).

Sceau d’Antoine d’Albon, archevêque de Lyon


On trouve ensuite Antoine d’Albon, de la branche d’Albon de Saint-Forgeux, homme d’église, Abbé de Savigny et de l’Île Barbe, lieutenant-général (1558-1561) ; il réprime une sédition protestante en 1560. Son successeur comme lieutenant-général est François d’Agoult comte de Sault plus conciliant, peut-être secrètement favorable aux Réformés.

Sa tolérance enhardit les protestants lyonnais qui prennent le contrôle de la ville, qui restera treize mois gouvernée par les Réformés. Après la reprise de la ville sur les protestants, le maréchal de Saint-André est remplacé au poste de gouverneur par le Duc de Nemours et Antoine d’Albon revient à Lyon comme Archevêque de 1564 à 1574,

250 ANS PLUS TARD

Par ailleurs un descendant des d’Albon de Saint-Forgeux, André d’Albon, sera maire de Lyon en 1812-1814, donnant son nom à une place du 1er arrondissement.

Source : B. Demotz & coll. – Les Gouverneurs de Lyon – ELAH 2011 / A.Steyert – Nouvelle Histoire de Lyon & du Lyonnais – Bernoux & Cumin 1899

Article de 2012