Les « Subsistances » à Lyon

Les « SUBSISTANCES » : du COUVENT à la CRÉATION ARTISTIQUE 

Sur la rive gauche de la Saône, en aval de la caserne de Serin (DRAC), quai Saint-Vincent, un ensemble de bâtiments sur 1,6 ha a été longtemps une importante emprise militaire à Lyon : les Subsistances Militaires.

Le COUVENT SAINTE-MARIE des CHAÎNES 
C’est en face du château de Pierre-Scize, qu’en 1640 des religieuses de l’ordre de la Visitation achètent un « ténement clos de murailles » pour y établir leur troisième monastère sur Lyon ; elles y font construire un petit cloître et une église au bord de la rivière. La façade de cette église se voit sur une gravure du château Pierre-Scize. Son nom particulier vient des chaînes que l’on tendait le soir en travers de la rivière à cet endroit. Le nombre de religieuses augmente et vers 1700 on entreprend l’édification d’un cloître monumental, dont un seul côté sera construit, puis surélevé en 1731, renfermant au rez-de-chaussée le réfectoire et à l’étage les cellules. Ce bâtiment à arcades a été conservé. En 1791 les religieuses partent en exil, l’église et le petit cloître sont démolis.

Le bâtiment de l’ancien cloître en 2012

La MANUTENTION MILITAIRE :
Le lieu devient une caserne d’infanterie. Un décret de 1810 porte donation des casernes aux villes: le bâtiment de Ste-Marie des Chaînes abrite alors un magasin des « effets d’hôpitaux et des effets de campement« . En 1840 sous Louis-Philippe, cette vocation est confirmée, la caserne est attribuée au service de l’Intendance. On construit un vaste ensemble de bâtiments en pierre de qualité autour d’une cour carrée, avec 2 frontons triangulaires aux angles de la façade, pour y établir la Manutention Militaire. On y stocke toutes denrées nécessaires aux armées : légumes secs, bœuf salé, vin… et on y fabrique de la farine, du pain et du pain de guerre. La cour centrale est couverte d’une verrière métallique en 1870 et on construit un moulin industriel à vapeur. L’effectif militaire est réduit: une vingtaine d’hommes en 1886.

Le fort St-Jean, la caserne de Serin et la Manutention Militaire

Un deuxième moulin semblable est construit dans l’alignement du premier vers 1885-90. Une boulangerie industrielle avec 6 grands fours à charbon est ajoutée sur l’aile nord du grand bâtiment. Des passerelles joignent les moulins au bâtiment principal et 2 grandes cheminées (aujourd’hui démolies) s’élèvent.

Les deux moulins l’un derrière l’autre et à droite le bâtiment du couvent

L’ensemble assure l’approvisionnement en farine et en pain des troupes et pendant la Grande Guerre tourne à plein régime avec 18 fours à pain en service. Entre les deux guerres le moulin nord devient un chai à vin. Il y a également un atelier de torréfaction du café.

Les 6 fours de la boulangerie: il reste 5 cheminées sur 6


Les SUBSISTANCES 
En 1941 l’emprise est rebaptisée « Subsistances Militaires ». Mais après la guerre, l’activité de transformation et de conditionnement (pain, vin, café…) va être progressivement abandonnée dans les années 1960 au profit d’une multiplication des produits stockés. Le conditionnement du vin cesse dans les années 1970. Dans les années 1980 la fabrication du pain n’occupe plus qu’un seul four.
Les Subsistances perdent donc peu à peu leur fonction et l’Armée va quitter les bâtiments en 1991 au profit de la caserne Osterode à Rillieux (elle aussi abandonnée aujourd’hui…). L’État les cède ensuite à la ville de Lyon en janvier 1996.

Les Subsistances en 1994

Les SUBSISTANCES, LABORATOIRE de CRÉATION ARTISTIQUE :
En 1998 le maire de Lyon Raymond Barre décide de consacrer le site abandonné à la création artistique. L’architecte Denis Eyraud commence la rénovation du site qui en a bien besoin ; il est inauguré en 2001. En 2003 il devient le Laboratoire International de Création Artistique avec une nouvelle direction. Une deuxième tranche de rénovation de l’ensemble des bâtiments a lieu en 2005 par les architectes Lassagne et Vassal. En 2007 l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon s’installe autour de la cour de la verrière. Le Laboratoire offre aux artistes une résidence, des espaces de travail, des salles de spectacle, dont la principale sous la grande verrière, pour la création contemporaine en danse, théâtre, cirque, musique…Mais le nom de « Subsistances » a été conservé.

Les Subsistances en 2012

L’ANNEXE de la MANUTENTION
En face des Subsistances, de l’autre côté de la Saône, au pied du rocher, 16 quai Pierre Scize, un grand hangar désaffecté de 2600 m² attire l’attention : c’est l’ancienne annexe de la manutention militaire, qui était le magasin à fourrage de la garnison.

Le magasin à fourrage

Article de 2012 – dernière modification : 01/2023