Lyon de 1245 à 1320

LYON de 1245 à 1320 : RATTACHEMENT au ROYAUME et LIBERTÉS COMMUNALES

Au XIII° siècle le comté de Lyon est une principauté féodale ecclésiastique indépendante. La ville de Lyon demeure sous l’autorité directe de son archevêque-comte. La révolte de 1208 n’a rien obtenu de l’archevêque Renaud de Forez qui refusait toute autonomie communale.
La bourgeoisie lyonnaise aspire toujours à l’émancipation municipale, mais le statut de la ville n’évolue pas pendant cette période marquée par le premier concile de Lyon.

PHILIPPE de SAVOIE
Dernier fils de Thomas Ier comte de Savoie (1189-1233), il reçoit en apanage le nord-Viennois (St-Georges d’Espéranche). Il s’oriente vers la carrière ecclésiastique sans prononcer de vœux, il est évêque de Valence dès 1242. En 1245 Philippe de Savoie va accueillir et protéger le pape Innocent IV qui a dû fuir Rome et va tenir à Lyon un concile (1244-1251). En échange il va être élu archevêque de Lyon.
En 1266 notre archevêque renonce à sa charge pour pouvoir succéder à son frère le comte de Savoie Pierre II sans enfants. Il se marie et devient Philippe Ier comte de Savoie (1268-1285).

Le premier Concile de Lyon

La RÉVOLTE de 1269
Le siège épiscopal de Lyon va rester vacant de 1268 à 1272, le chapitre de Saint-Jean assure l’intérim et a la main lourde en matière de justice. En 1269 des arrestations arbitraires déclenchent la révolte contre le pouvoir du chapitre.

Cloître Saint-Just (plan de 1550)

Les chanoines-comtes abandonnent le grand cloître de St-Jean, pour aller se réfugier au cloître fortifié de Saint-Just. Un des chanoines Hugues de la Tour du Pin, prévôt de l’église de Lyon soutient les lyonnais et fait appel à son frère Humbert seigneur de la Tour du Pin (futur dauphin Humbert Ier) qui vient aider la révolte. Les lyonnais dévastent le cloître de Saint-Jean abandonné et se lancent à l’assaut du cloître St-Just. Malgré leur ardeur et leur cri de ralliement « Avant ! avant ! Lion le melhor ! », leurs assauts sont repoussés à cinq reprises. Le comte de Forez Renaud intervient et réprime la révolte. Une trêve est acquise (19 juin), mais dès le départ des foréziens, les lyonnais reprennent leurs exactions. Ils s’attaquent aux biens des chanoines-comtes à Cuire, Civrieux, Genay, Couzon. Le pire survient à Écully, quand les émeutiers mettent le feu à l’église, où s’étaient réfugiés les habitants : une centaine de personnes y périssent (29 novembre). L’évêque d’Autun, administrateur du diocèse excommunie la ville et les troupes du comte de Forez reviennent l’occuper.

En juin 1270 le roi Louis IX et le légat du pape imposent une trêve générale. Il semble qu’il ait existé un conseil non autorisé de 12 citoyens. En 1271 au passage du roi Philippe III le hardi, ramenant de Tunisie le corps de son père Louis IX/St-Louis, les lyonnais sollicitent sa protection par une lettre scellée d’un sceau de la ville. L’excommunication est levée en juillet 1271. Le roi envoie un viguier royal et impose comme archevêque le légat Pierre de Tarentaise (1272-1274), qui consent l’hommage simple au roi. Pendant son épiscopat il accueille le pape Grégoire X venu présider le deuxième concile de Lyon 1273-74. Le pape condamne les prétentions citoyennes lyonnaises.

Le sceau de 1271 : le pont de pierre, le château Pierre-Scize à gauche

INTERMÈDE SAVOYARD et EXPÉRIENCE MUNICIPALE
L’archevêque suivant est Aymar de Roussillon (1274-1283) ; il est en conflit avec le chapitre. Le pape impose en 1276 une justice unique. En 1286 les lyonnais appellent à la protection du comte de Savoie Amédée V. Ils vont former en 1286 un conseil communal constitué des principaux notables bourgeois, c’est la « cinquantaine ». Ce protectorat savoyard dure quelques années.

La VILLE SOUS LA GARDE ROYALE 1293
Sous l’archevêque Béraud de Got (1289-1295), les lyonnais veulent toujours s’affranchir du pouvoir comtal et la révolte gronde à nouveau (1292). Le roi Philippe IV le Bel met la ville sous garde royale et envoie un gardiateur (1293).
En décembre 1305 Philippe le Bel est à Lyon pour le couronnement du pape Clément V, Bertrand de Got, frère de l’ancien archevêque, qui sera le premier pape d’Avignon. Par les conventions dites « Philippines » le roi fait reconnaitre sa suzeraineté et la supériorité de la justice royale à l’archevêque Louis de Villars, qui reste titulaire du comté ; les lyonnais y sont encore oubliés…

Sceau de Pierre de Savoie

L’ANNEXION AU ROYAUME 1312
L’archevêque suivant est Pierre de Savoie (1308-1332), neveu du comte Amédée V. Il veut revenir en arrière, refuse l’allégeance au roi et chasse les agents royaux, soutenu par les lyonnais furieux d’avoir été oubliés. Le roi envoie une armée conduite par son héritier Louis le Hutin en juillet 1310 : Lyon capitule. Pierre de Savoie, retranché au château Pierre-Scize, qui espérait le soutien du comte de Savoie, doit se rendre et est emmené prisonnier à Paris. Béraud de Mercœur lieutenant du roi prend en main Lyon et le comté avec le soutien du comte Jean de Forez. Les nobles de la région et bourgeois assemblés proclament l’appartenance de Lyon au royaume (1311). Après 2 ans d’emprisonnement, Pierre de Savoie se soumet : au concile de Vienne en 1312 (affaire des Templiers…), il signe l’acte qui rattache Lyon et son comté au royaume de France et le prive de son pouvoir temporel. Par l’édit de Pontoise (juin 1313) est créé un sénéchal de Lyon, qui sera le plus souvent en même temps bailli de Mâcon, mais les lyonnais sont toujours oubliés…

Les Jacobins (plan de 1550)

En 1316 Philippe le long, frère du roi Louis X le Hutin, transfère à Lyon les cardinaux qui tergiversaient à Avignon pour élire un nouveau pape et les enferme au couvent des Jacobins sous la garde du comte de Forez. Ils finissent par élire le pape Jean XXII.

Le sceau de 1320

Les LIBERTÉS COMMUNALES 1320
en avril 1320 Philippe le long devenu le roi Philippe V restitue le premier degré de juridiction du comté à l’archevêque, le second degré étant assuré pour le roi par le sénéchal et le dernier ressort par le parlement de Paris.
Cette décision est ratifiée par les lyonnais en juin et trois jours après le 21 juin 1320, Pierre de Savoie concède (enfin) par la charte dite la « Sapaudine » la commune aux lyonnais. Ils gagnent le droit de s’administrer eux-mêmes, d’élire un consulat, de s’imposer des tailles, de détenir les clés de la ville et d’assurer la garde de la ville.

Les consuls en 1336

Les consuls seront 12, élus pour 2 ans et renouvelés par moitié tous les ans à la St-Thomas (21 décembre). La ville se dote d’un sceau, où figurent le lion et le lis royal. Lyon a enfin gagné ses libertés communales. La réalité du pouvoir est en fait immédiatement accaparée par l’oligarchie bourgeoise de la ville.

Cette organisation avec un consulat de 12 membres se maintiendra jusqu’en 1595. À cette date, suite aux troubles de la Ligue, Henri IV imposera un « prévôt des marchands » avec 4 échevins, système qui durera jusqu’à la Révolution (1791).

Article de 2017 – Dernière modification 11/2019
Sources : André Steyert – Nouvelle histoire de Lyon – Bernoux & Cumin 1897 / Jacques Rossiaud – Lyon 1250-1550 – Champ Vallon 2012 / Claude Brossette – Éloge historique de la ville de Lyon – 1711 –