Emmanuel-Philibert de Savoie

EMMANUEL-PHILIBERT Duc de SAVOIE dit « Tête de fer » (1528-1580) 

Charles II duc de Savoie

UN DUC BIEN MALCHANCEUX
Succédant à son demi-frère Philibert II le Beau, Charles II le Bon est le 9ème duc de Savoie pendant 49 ans (1504-1553). Son épouse Béatrice de Portugal, fille du roi Manuel ou Emmanuel de Portugal, est sœur d’Isabelle femme de Charles-Quint Empereur et roi d’Espagne.
Emmanuel-Philibert de Savoie, né à Chambéry en 1528, est leur deuxième fils ; il est donc le neveu par alliance de Charles-Quint.
En 1536 le Roi de France François Ier fait occuper la Bresse, le Bugey, la Savoie et le Piémont. Il ne reste plus à Charles II que Vercelli (Verceil) où il réside et Nice. Fin 1536 la mort de son frère aîné fait d’Emmanuel-Philibert l’héritier d’un duché amputé de la majeure partie de son territoire. Il grandit à Nice de 1536 à 1543. Le Piémont occupé par les troupes françaises est le théâtre de luttes continuelles contre les troupes impériales : 1541-1544 victoire de Cérisoles 1544 et 1551-1559 campagnes du maréchal de Brissac.

Situation en 1553: hachures horizontales territoire occupé par la France; hachures verticales ce qui reste au duc de Savoie

L’HÉRITIER HOMME de GUERRE
Emmanuel-Philibert adopte une devise latine qui peut se traduire par : « aux spoliés, il reste les armes » ; il quitte Vercelli en 1545 et va naturellement mettre son épée au service de Charles-Quint, adversaire de François Ier. Dès 1546 – il n’a pas 20 ans – il combat avec les nobles de la maison de l’empereur : batailles de Nordlingen 1546 et de Muhlberg 1547 contre les Protestants d’Allemagne. En 1551 il accompagne en Espagne le fils de Charles-Quint et s’illustre dans la défense de Barcelone, c’est là qu’on lui donne le surnom de « Tête de fer« , puis en 1552 il est dans la cavalerie de Charles-Quint qui assiège Metz en vain.

le chef de guerre

Le DUC VICTORIEUX
En 1553 Emmanuel-Philibert reçoit le commandement des troupes impériales aux Pays-Bas ; au cours de la campagne il prend Hesdin et Doullens en Artois. A la fin de l’année, il devient Duc de Savoie à la mort de son père, mais ne possède plus que le comté de Nice.
Après l’abdication de Charles-Quint (1555), il est nommé gouverneur des Pays-Bas espagnols, en remplacement de Marie de Hongrie sœur de l’Empereur. Le duc remporte en 1557 pour son cousin Philippe II d’Espagne la brillante victoire de Saint-Quentin sur l’armée du connétable de Montmorency.


1559 est une année faste pour lui : la France lui restitue enfin ses états au traité de paix de Cateau-Cambrésis et il épouse en juin à Paris Marguerite de France, née en 1523, sœur du Roi Henri II, alors que ce dernier est mourant, ayant été mortellement blessé au cours d’un tournoi. Le duc va à Bruxelles se démettre de son gouvernement des Pays-Bas, puis assiste à Reims au sacre du roi François II, avant de rejoindre enfin ses états.

Monnaie d’Emmanuel-Philibert

Le SOUVERAIN
La récupération de ses états est progressive : la France garde le droit d’occuper 3 ans cinq garnisons piémontaises, dont Turin et doit démanteler 19 places fortes… Emmanuel-Philibert retrouve ses terres en novembre 1559 à Nice, où il séjourne un an, puis il rejoint Vercelli et fait enfin son entrée à Turin, Chambéry et Annecy en 1563. En 1574 il va accueillir à Venise à son retour de Pologne, le roi Henri III qui vient de succéder à Charles IX; il le reçoit ensuite à Turin et obtient l’évacuation de Pignerol. Après plus de 20 ans d’occupation française, il réorganise ses états, restaure les finances et améliore les communications avec Nice. Emmanuel-Philibert gouverne sagement, assurant 20 ans de paix à ses sujets.

Le Duc

Il fait construire ou adapter des forteresses : d’abord la citadelle de Turin et côté Savoie Saint-Maurice à Bourg-en-Bresse, l’Annonciade près de Rumilly et le fort nouveau de Montmélian et des fortifications (Nice et Villefranche sur Mer). Il renforce son armée et crée une petite marine : trois galères savoyardes participent à la bataille de Lépante contre les Turcs (1571).


Malheureusement pour la Savoie, jugeant Chambéry trop près de la frontière, il transfère sa capitale, son administration et ses trésors (dont le Saint-Suaire) à Turin : désormais la maison de Savoie sera préférentiellement tournée vers l’Italie…

Avec Emmanuel-Philibert, la maison de Savoie a de nouveau bénéficié d’un grand homme d’état et d’un grand stratège. Sa statue équestre en bronze orne la place centrale de Turin.


Son fils unique et successeur Charles-Emmanuel Ier mènera une politique plus hasardeuse envers la France, qui lui fera perdre la Bresse et le Bugey au traité de Lyon (1601).

Signature d’Emmanuel-Philibert

Article de 2010dernière modification 02/2024