François de MANDELOT, Gouverneur du Lyonnais (1529-1588)
François de Mandelot seigneur de Passy, de bonne mais petite noblesse est né à Paris. Il est destiné à la profession des armes et est admis parmi les pages de Jacques de Savoie, duc de Nemours avec lequel il va faire carrière. Gentilhomme de la chambre du roi et lieutenant du duc de Nemours, il participe sous Henri II aux guerres contre Charles-Quint des années 1550 : il se distingue au siège de Metz (1552), à la prise de Thionville et dans la campagne d’Italie (1555).
Après 1560 commencent les guerres de religion. Mandelot rejoint Jacques de Nemours, lorsqu’il tente de libérer Lyon, occupé par les protestants. Il participe à l’offensive jusque sous les murs de Lyon et se distingue lors des combats victorieux contre les troupes du baron des Adrets (fin 1562). Mandelot retourne ensuite servir dans l’armée royale et se distingue à la bataille de Saint-Denis. Le roi Charles IX lui accorde sa confiance et le fait entrer en son conseil privé. Aussi est-il logique qu’en 1568, il soit nommé lieutenant-général auprès du duc de Nemours à Lyon. Il poursuit la lutte contre les protestants, mais ne peut appliquer l’édit de Saint-Germain devant l’opposition des lyonnais à la pratique du culte réformé. Quand le duc de Nemours renonce au gouvernement du Lyonnais en février 1571, il recommande au roi de le remplacer par Mandelot son lieutenant-général : celui-ci sera gouverneur jusqu’à sa mort en 1588. Son titre officiel est « Gouverneur & Lieutenant général pour le Roy en la ville de Lyon, pays de Lyonnois, Forez & Beaujolois »
Il est à remarquer qu’il est le seul gouverneur de l’époque qui n’appartient pas à la haute aristocratie et qu’il est aussi le seul à résider continuellement dans son gouvernement. Il réussit à protéger Lyon des combats, à maintenir sa fidélité au roi et la stabilité des institutions, malgré les guerres continuelles, la fiscalité écrasante, les poussées de peste et l’exaspération religieuse.
Pourtant cela commence mal. Suite à la Saint-Barthélémy, des catholiques fanatiques veulent imiter les parisiens. Mandelot temporise, tente de maintenir l’ordre, mais au soir du 28 août 1572 les premiers meurtres ont lieu. Le 29 Mandelot fait enfermer les Réformés en divers lieux, peut-être pour les protéger : le lendemain en son absence les extrémistes massacrent tous les internés, environ 800 personnes. Le gouverneur désapprouvait le massacre, mais n’avait pas les moyens de l’empêcher…
Après la mort de Charles IX, il accueille à Lyon la reine Catherine de Médicis venue à la rencontre à Bourgoin de son fils le nouveau roi Henri III de retour de Pologne. Celui-ci fait son entrée solennelle à Lyon le 6 septembre 1574.
Le gouverneur a toute la confiance du pouvoir : le volume de leur correspondance le prouve. Il reste membre du conseil privé et le roi le consulte. Il obtient la confiance des autorités locales, protège la ville en s’interposant quand les protestants s’approchent ; il intervient en Dauphiné, en Vivarais et en Forez. Mais la réaction catholique, la « Ligue » est soutenue par le nouvel archevêque Pierre d’Epinac successeur d’Antoine d’Albon.
Mandelot gouverne seul sans lieutenant-général jusqu’en 1586, année où Guillaume de Gadagne lui est adjoint : l’entente entre eux est totale. C’est d’autant plus nécessaire depuis qu’Henri de Navarre un protestant est devenu l’héritier d’Henri III en 1584 et que la Ligue catholique en est renforcée et s’oppose au Roi. Mandelot maintient la ville dans l’obéissance au roi jusqu’à sa mort en novembre 1588. Son successeur est Charles-Emmanuel de Nemours qui prend le parti de la Ligue.
Mandelot a recommandé sa famille au consulat, car il n’est pas riche : il est le seul gouverneur qui ne se soit pas enrichi… C’était un homme de bien, qui a su ménager les intérêts de la ville, dans la fidélité au roi. Il a marié sa fille Marguerite à Charles de Neuville d’Alincourt qui deviendra gouverneur du Lyonnais en 1612 et dont les descendants seront les Neuville de Villeroy.
Une toute petite rue dans le Vieux-Lyon porte son nom.
Article de2011 remis en ligne 08/2023 –
source : Paul Saint-Olive – Lyon vieux souvenirs – Méton, Lyon 1877