Le ROYAUME des BURGONDES 450-536 :
Au début du 5ème siècle, le peuple germanique des Burgondes, forme un royaume sur le Rhin autour de Worms. Vers 436/437, ils sont presque anéantis par les Huns. Le reste du peuple burgonde est autorisé par le général romain Aetius à s’établir en Sapaudia autour du lac Léman (Suisse occidentale, Jura méridional et Savoie) vers 443 avec Genève pour capitale. Les nouveaux venus représentent environ 25000 personnes ; ils semblent s’être assez bien intégrés aux populations gallo-romaines. En 451 un contingent burgonde participe avec Aetius à la bataille décisive des Champs Catalauniques contre les Huns.
GONDIOC et CHILPÉRIC
Dans les années qui suivent, l’effacement de l’autorité romaine facilite l’extension pacifique du domaine burgonde ; en 457 des cités comme Besançon, Autun, Châlon-sur-Saône, Grenoble et Lyon leur ouvrent leurs portes.
Deux frères se partagent le pouvoir, Gondioc l’aîné (+ vers 463) et Chilpéric (+ vers 476). Ce dernier reste seul roi après la mort de son frère et s’installe à Lyon en 470. Par un accord avec les Wisigoths (475) il agrandir son territoire jusqu’à la Durance.
GODEGISÈLE et GONDEBAUD
A la mort de Chilpéric, parmi les 4 fils de Gondioc, deux sont déjà décédés ou ont été éliminés (les sources sont incertaines : Gondebaud aurait assassiné son frère Chilpéric le jeune). Il reste à se partager le pouvoir : Gondebaud à Lyon et Godegisèle à Genève. Ces 2 rois sont de confession arienne, alors que leurs épouses sont catholiques. L’épouse de Gondebaud, Carétène, élève dans la foi catholique la princesse Clotilde, fille de Chilpéric le jeune, future épouse du roi franc Clovis, et fondera l’église Saint-Michel (près d’Ainay). À cette période Lyon se réorganise autour de ses églises. L’évêque Patiens (451-491) installé à St-Jean donne un certain éclat à la capitale burgonde. En 491 les 2 rois burgondes font un raid en Italie sur Pavie : ils en ramènent 4000 esclaves, qui seront libérés sur l’intervention de l’évêque de Vienne Avit.
Mais bientôt vers 500/501 Godegisèle, craignant que Gondebaud cherche à l’éliminer, s’allie secrètement à Clovis roi des Francs. Le choc avec les Francs a lieu au sud de Dijon : Godegisèle trahit en se joignant à Clovis avec ses troupes. Gondebaud battu recule jusqu’à Avignon, Clovis ne peut s’emparer d’Avignon et abandonne. Alors Gondebaud aidé par un contingent wisigoth vient assiéger Godegisèle dans Vienne : la ville est prise et Godegisèle est massacré avec tous ceux qui le soutenaient (501). Seul roi jusqu’à sa mort en 516, Gondebaud veille à maintenir la concorde entre catholiques et ariens, entre burgondes et gallo-romains. Il fait établir un code de lois dit « Loi Gombette » de droit germanique influencé par le droit romain.
SIGISMOND puis GONDOMAR
En 516 Sigismond, fils de Gondebaud déjà associé au trône lui succède, il est de confession catholique. Par certains actes, il s’aliène ses sujets et quand en 523 Sigismond est attaqué et battu par Clodomir, fils de Clovis, roi d’Orléans, qui annexe la partie nord du royaume burgonde. Sigismond est livré par ses sujets à Clodomir qui l’assassine (ainsi que toute sa famille) en vengeance de l’assassinat du père de sa mère Clotilde (+548).
Gondomar frère de Sigismond devient roi des Burgondes. L’année suivante les Francs, menés par les rois Clodomir, Childebert et Clotaire, attaquent à nouveau le royaume burgonde. La bataille a lieu à Vézeronce (près de Morestel en Isère) ; Gondomar repousse les francs et Clodomir est tué. Un casque richement orné a été trouvé sur les lieux ; peut-être est-il le casque de Clodomir ? Le royaume burgonde a gagné 10 ans de sursis.
En 534 Childebert, roi de Paris, et Clotaire, roi de Soissons, reprennent la guerre : Gondomar résiste un an dans Autun avant la chute de la ville. En 536 les 2 rois avec leur neveu Théodebert, roi de Metz, soumettent l’ensemble du royaume burgonde. Ils se partagent le territoire : Théodebert a la partie nord, Clotaire le sud et Childebert le centre avec Lyon, Vienne, Grenoble et Genève.
De la BURGONDIE À la BOURGOGNE :
Le royaume des Burgondes a eu une existence éphémère, mais cette région au sud-est du royaume des Francs va garder le nom de Burgondie, qui deviendra « Bourgogne ». Childebert (+558) en est le premier roi franc ; avec sa femme Ultrogothe, il fonde en 542 l’Hôtel-Dieu de Lyon. Au partage du royaume de 561 la Burgondie (avec en plus Orléans) échoit à Gontran roi de 561 à 593.
Par la suite sur le même territoire que l’ancien royaume des Burgondes, il existera de 926 à 1032 un royaume de Bourgogne, issu de la décadence des Caroligiens (dynastie rodolphienne), inclus ensuite dans l’Empire Romain Germanique.
Le nom de Bourgogne sera ensuite réservé à la partie nord de ce territoire, avec deux entités distinctes :
le Duché de Bourgogne (Dijon), apanage du Royaume de France.
la Comté de Bourgogne (aujourd’hui Franche-Comté), territoire d’Empire.
Ces 2 provinces seront un temps réunies de 1360 à 1477 sous les grands Ducs de Bourgogne et à nouveau depuis le 1er janvier 2016 par la dernière réforme territoriale…
Article de 2012 – Dernière modification 09/2019
Image : A.Pelletier, J.Prost, J.Delage – Histoire de Lyon en bande dessinée – Horvath 1979 / Michel Rouche – Clovis – Fayard 1996