LA CAMPAGNE DES ALPES (10 au 25 juin 1940)
Au soir du 10 juin 1940, l’Italie déclare la guerre à la France, alors que l’armée allemande vient de percer le front précairement rétabli en Champagne après Dunkerque et déferle vers le sud. Le Général Olry, commandant de l’Armée des Alpes depuis octobre 1939, qui a très bien préparé son dispositif pour contenir les italiens, doit envisager alors d’avoir à se défendre sur deux fronts, car la Wehrmacht pourrait très vite le prendre à revers.

L’ARMÉE des ALPES FACE AUX ITALIENS
Des positions de résistance (PR) verrouillant les vallées alpines ont été définies pour les 3 Divisions d’Infanterie Alpine (DIA- du nord au sud 66°, 64° et 65°), couvertes par des avant-postes (AP), des points d’appui (PA) et par les 75 Sections d’Éclaireurs Skieurs (SES). En effet les autres divisions alpines comme la 27°DI ont été envoyées à l’automne 1939 sur le front du nord-est, mais en laissant sur place leurs SES. Les attaques italiennes sérieuses ne commencent qu’à partir du 18 juin. Beaufortin : le PA de Bellaval tombe (s/lt de Castex). Au col de l’Enclave la SES/80° BAF menacée d’encerclement est dégagée par le Lt Bulle qui accroché en rappel fauche au FM les Italiens.
Tarentaise : dès le 12 juin la SES/27°BCA du Lt Morel « Tom » fait prisonniers des Italiens. La Redoute Ruinée encerclée, bat de ses feux le col du Petit-Saint-Bernard. La garnison quittera cet AP après l’armistice avec les honneurs rendus par les Italiens.

Maurienne : au col du Mont Cenis l’ouvrage fortifié de la Turra (lt Prudhon, 71°BAF) repousse toutes les attaques : la garnison quittera ce PA le 1er juillet avec les honneurs. Le fort de l’Esseillon repousse les tentatives en direction de Modane.

Briançonnais : attaques depuis le 19 juin contenues par la SES/159° RIA et GF/91° BCA. Le 21 l’artillerie contraint les assaillants au repli et le Lt Miguet (154° RAP) musèle le menaçant fort du Chaberton en 57 coups de ses 4 mortiers de 280 mm (Lt Fouletier et Lt Rigaud), mais le PA du Chenaillet est submergé grâce au brouillard.

Queyras : le PA de Valpreveyre menacé d’encerclement, le Lt Blanchard fait replier sa SES/87°BCA et reste seul pour protéger le mouvement, blessé, il est capturé. Le secteur d’Abriès résiste grâce à l’artillerie de montagne et une patrouille capture 52 Italiens dont 3 officiers.
Ubaye : échec italien sur le village de Larche. Une tentative de débordement du col de Larche est cernée par les tirs d’artillerie, forçant 397 italiens à la reddition.
Alpes-Maritimes : la lutte est intense du 21 au 24 juin. Menton est occupée, mais les Italiens sont bloqués à Cap-Martin. L’objectif de Nice est loin d’être atteint.
Pendant son offensive du 20 au 24 Juin, l’armée italienne a subi des pertes conséquentes (631 tués, 4782 blessés, 616 prisonniers), alors que les troupes du général Olry ne perdaient que 37 tués, 62 blessés et 153 prisonniers.
L’ARMÉE des ALPES FACE AUX ALLEMANDS
Le 16 juin le Général Olry établit trois positions de défense face aux Allemands (Général Cartier) : la plus avancée s’appuie sur le Rhône de Bellegarde à Lyon avec des avant-postes défensifs en avant de Lyon. La deuxième ligne en basse-Isère s’appuie sur la cluse de Voreppe, verrou essentiel, le revers occidental de la Chartreuse , de la chaîne de l’Epine et du mont du Chat. La troisième ligne de défense s’étire de Voreppe à la Durance. Hommes, matériels et munitions sont récupérés jusqu’à Toulon, car le général Olry se refuse à dégarnir le front italien. Le 18 juin la ville de Lyon est déclarée ouverte et va subir sa première occupation le 19 au soir.
Le 19 juin, 4 bataillons dont deux du 25° RTS tentent de retarder l’avance allemande au nord de Lyon (combats de Chasselay et massacre des Sénégalais).
Nuit du 20 au 21 : les ponts sur l’Isère en aval de Voreppe sautent ; de même la nuit suivante, ceux du Rhône de Culoz à Bellegarde, mais le pont de Culoz n’est pas détruit. Le Général Cartier envoie des renforts vers le lac du Bourget.

22 juin : la 13° IMD (Div. d’Infanterie Motorisée) allemande est au pont de Culoz et une première attaque de la 3° PzD (Panzerdivision) sur Voreppe est repoussée.
23 juin : deux attaques sur Voreppe sont bloquées ; des combats ont lieu au col de la Placette et aux Echelles. La 13° IMD progresse à l’est du lac du Bourget, où Aix-les-Bains est déclarée « ville ouverte » ; à l’ouest l’ennemi est arrêté à St-Pierre-de-Curtille.
24 juin : au sud d’Aix-les-Bains, Viviers tombe, mais est reprise par une contre-attaque du 93° BCA. À l’ouest du lac, la défense s’accroche aux abords de Yenne. Dans le secteur de Voreppe, des pièces à longue portée ont pu être installées dans la cluse de l’Isère : elles neutralisent 2 colonnes blindées, un parc de chars et une piste d’atterrissage à Moirans (bataille de Voreppe).
25 juin : l’armistice s’applique ; les allemands n’ont pu atteindre leurs objectifs, qui étaient Chambéry, Grenoble et Valence.
L’Armée des Alpes a résisté, ses positions n’ont pas été entamées, bien qu’elle ait lutté à un contre 6 face aux Italiens. De même le groupement Cartier a tenu face aux Allemands. le Général Olry a pu écrire « l’Armée des Alpes peut dire qu’elle a gagné la bataille défensive »
Source : Général E.Plan / Eric Lefèvre – La BATAILLE des ALPES l’Armée invaincue – Lavauzelle 1982
Article de 2011