La Bataille des Alpes 1940

LA CAMPAGNE DES ALPES (10 au 25 juin 1940)

Le FRONT DES ALPES 1939

A la mobilisation début septembre 1939 le front des Alpes face à une possible intervention italienne est confié à la VI° Armée répartie sur 3 secteurs fortifiés.

Secteur Fortifié de Savoie: 16° Corps d’armée avec la 28° DI, la 1° DINA, la 64°DI Secteur Fortifié du Dauphiné: 14° Corps d’Armée (Lyon) avec la 27° DI, la 31° DI Secteur Fortifié des Alpes Maritimes: 15° CA avec les 29° DI, 30°DI, 2°DIC, 65° et 66°DI.

Les divisions d’infanterie 64 65 66 sont des divisions de « série B ». Cette VI° armée représente 550000 hommes.

général Olry

La CREATION DE L’ARMEE DES ALPES

L’Italie n’étant pas entrée dans le conflit, le front des Alpes va être allégé. Dès la fin septembre les divisions du 16°CA partent vers le nord-est. En octobre ce sont les divisions alpines 27, 28,29, 30 qui partent vers le nord de la France, mais elles laissent dans les Alpes leurs Sections d’Eclaireurs Skieurs (SES). Début décembre l’Etat-major de la VI° Armée est déplacé, mais son chef le général Olry reste au commandement des forces restantes qui prennent le nom d’Armée des Alpes. Elle ne comptera plus que 175000 hommes en avril 1940.

ORGANISATION DE L’ARMEE DES ALPES

L’hiver et la neige interdisent toute action militaire importante. Le général Olry a du temps pour organiser au mieux la défense des Alpes face à l’Italie. Le front est toujours partagé en 3 secteurs. Les 2 secteurs nord appartiennent au 14°CA, le sud au 15° CA. Chaque secteur compte une division d’infanterie alpine et des Bataillons Alpins de forteresse (BAF) tiennent les forts. Des positions de résistance (PR) verrouillant les vallées alpines ont été définies pour les 3 Divisions d’Infanterie Alpine, couvertes par des avant-postes (AP), des points d’appui (PA) et par les 75 Sections d’Éclaireurs Skieurs (SES).

Secteur fortifié de Savoie: 66° DI

Secteur Fortifié du Dauphiné: 64° DI

Secteur Fortifié des Alpes Maritimes: 65° DI

Le Général Olry inspecte des réservistes

L’ARMÉE des ALPES FACE AUX ITALIENS Au soir du 10 juin 1940, l’Italie déclare la guerre à la France, alors que l’armée allemande vient de percer le front précairement rétabli en Champagne après Dunkerque et déferle vers le sud. Le Général Olry doit envisager alors d’avoir à se défendre sur deux fronts, car la Wehrmacht pourrait très vite le prendre à revers.
Les attaques italiennes sérieuses ne commencent qu’à partir du 18 juin.
- Beaufortin : le PA de Bellaval tombe (s/lt de Castex). Au col de l’Enclave la SES/80° BAF menacée d’encerclement est dégagée par le Lt Bulle qui accroché en rappel fauche au FM les Italiens.
- Tarentaise : dès le 12 juin la SES/27°BCA du Lt Morel « Tom » fait prisonniers des Italiens. La Redoute Ruinée encerclée, bat de ses feux le col du Petit-Saint-Bernard. La garnison quittera cet AP après l’armistice avec les honneurs rendus par les Italiens.

Les Forts de l’Esseillon

– Maurienne : au col du Mont Cenis l’ouvrage fortifié de la Turra (lt Prudhon, 71°BAF) repousse toutes les attaques : la garnison quittera ce PA le 1er juillet avec les honneurs. Le fort de l’Esseillon repousse les tentatives en direction de Modane.

Mortier de 280 mm en position


– Briançonnais : attaques depuis le 19 juin contenues par la SES/159° RIA et GF/91° BCA. Le 21 l’artillerie contraint les assaillants au repli et le Lt Miguet (154° RAP) musèle le menaçant fort du Chaberton en 57 coups de ses 4 mortiers de 280 mm (Lt Fouletier et Lt Rigaud), mais le PA du Chenaillet est submergé grâce au brouillard.

Coups au but sur le fort de Chaberton


- Queyras : le PA de Valpreveyre menacé d’encerclement, le Lt Blanchard fait replier sa SES/87°BCA et reste seul pour protéger le mouvement, blessé, il est capturé. Le secteur d’Abriès résiste grâce à l’artillerie de montagne et une patrouille capture 52 Italiens dont 3 officiers.
- Ubaye : échec italien sur le village de Larche. Une tentative de débordement du col de Larche est cernée par les tirs d’artillerie, forçant 397 italiens à la reddition.
- Alpes-Maritimes : la lutte est intense du 21 au 24 juin. Menton est occupée, mais les Italiens sont bloqués à Cap-Martin. L’objectif de Nice est loin d’être atteint.

Pendant son offensive du 20 au 24 Juin, l’armée italienne a subi des pertes conséquentes (631 tués, 4782 blessés, 616 prisonniers), alors que les troupes du général Olry ne perdaient que 37 tués, 62 blessés et 153 prisonniers.

L’ARMÉE des ALPES FACE AUX ALLEMANDS
Le 16 juin le Général Olry établit trois positions de défense face aux Allemands (Général Cartier) : la plus avancée s’appuie sur le Rhône de Bellegarde à Lyon avec des avant-postes défensifs en avant de Lyon. La deuxième ligne en basse-Isère s’appuie sur la cluse de Voreppe, verrou essentiel, le revers occidental de la Chartreuse , de la chaîne de l’Epine et du mont du Chat. La troisième ligne de défense s’étire de Voreppe à la Durance. Hommes, matériels et munitions sont récupérés jusqu’à Toulon, car le général Olry se refuse à dégarnir le front italien.

général Cartier

– Le 18 juin la ville de Lyon est déclarée ville ouverte et va subir sa première occupation le 19 au soir.
- Le 19 juin, 4 bataillons dont deux du 25° RTS tentent de retarder l’avance allemande au nord de Lyon (combats de Chasselay et massacre des Sénégalais).


- Nuit du 20 au 21 : les ponts sur l’Isère en aval de Voreppe sautent ; de même la nuit suivante, ceux du Rhône de Culoz à Bellegarde, mais le pont de Culoz n’est pas détruit. Le Général Cartier envoie des renforts vers le lac du Bourget.

Destruction du pont de Pont-de-Beauvoisin

- 22 juin : la 13° IMD (Div. d’Infanterie Motorisée) allemande est au pont de Culoz et une première attaque de la 3° PzD (Panzerdivision) sur Voreppe est repoussée.
- 23 juin : deux attaques sur Voreppe sont bloquées ; des combats ont lieu au col de la Placette et aux Echelles. La 13° IMD progresse à l’est du lac du Bourget, où Aix-les-Bains est déclarée « ville ouverte » ; à l’ouest l’ennemi est arrêté à St-Pierre-de-Curtille.
- 24 juin : au sud d’Aix-les-Bains, Viviers tombe, mais est reprise par une contre-attaque du 93° BCA. À l’ouest du lac, la défense s’accroche aux abords de Yenne. Dans le secteur de Voreppe, des pièces à longue portée ont pu être installées dans la cluse de l’Isère : elles neutralisent 2 colonnes blindées, un parc de chars et une piste d’atterrissage à Moirans (bataille de Voreppe).
- 25 juin : l’armistice s’applique ; les allemands n’ont pu atteindre leurs objectifs, qui étaient Chambéry, Grenoble et Valence.

L’Armée des Alpes a bien résisté, ses positions n’ont pas été entamées, bien qu’elle ait lutté à un contre 6 face aux Italiens. De même le groupement Cartier a tenu face aux Allemands. le Général Olry a pu écrire « l’Armée des Alpes peut dire qu’elle a gagné la bataille défensive »

Source : Général E.Plan / Eric Lefèvre – La BATAILLE des ALPES l’Armée invaincue – Lavauzelle 1982

Article de 2011dernière modification 11/2023