Le 99° RI

Le 99ème RÉGIMENT d’INFANTERIE, ANCIEN ROYAL « DEUX-PONTS »

Ce régiment, aujourd’hui dissous, cher au cœur des lyonnais, appelé familièrement 9-9, est riche d’une histoire glorieuse et complexe.

Le ROYAL DEUX-PONTS 
En 1756 la France conclut un accord avec le Duc des Deux-Ponts (Zweibrücken en Palatinat) : contre une rente, celui-ci recrute un « corps de 2000 hommes d’infanterie ». En 1757 la création d’un « régiment d’infanterie allemande » sous le nom de « Royal Deux-Ponts » est effective. Le nouveau régiment participe à la Guerre de Sept ans (1756-1763).

L’ordonnance Royale

De 1780 à 1783 le Royal Deux-Ponts fait partie du corps expéditionnaire commandé par Rochambeau qui vient en aide aux « insurgents » dans la Guerre d’Indépendance Américaine. Le régiment est composé à 60% d’allemands et 40% d’Alsaciens-Lorrains ; ses grenadiers s’illustrent en 1781 à la victoire de Yorktown.

En 1976 pour le bicentenaire des Etats-Unis, le 99 fait revivre le Royal-Deux-Ponts sur le perron de l’hôtel de ville

La RÉVOLUTION et l’EMPIRE 
Une nouvelle ère commence : les modifications d’appellation et d’organisation vont se succéder. Le 1er janvier 1791 le Royal deux-Ponts devient le 99° Régiment d’Infanterie ; 6 mois plus tard il perd son statut étranger et est intégré dans l’armée française. Fin 1793 a lieu l’amalgame avec les bataillons de volontaires, le 99° est partagé et devient 99° et 100° demi-brigades de bataille (1794-1796), puis 24° demi-brigade d’infanterie légère (1796-1803) : il est présent à Valmy, Fleurus, Novi, Marengo. Sous l’Empire il est le 24° Régiment d’infanterie Légère et s’illustre à Austerlitz, Eylau, Wagram, la Moskowa, Bautzen, Leipzig. Il est dissous en 1814.

MONARCHIE de JUILLET & SECOND EMPIRE 
En 1840 est recréé à Rouen le 24° régiment d’infanterie légère. En août 1854 il passe à l’Armée de Lyon aux ordres du Maréchal de Castellane et s’installe en garnison à Lyon et Sathonay. Le 1er janvier suivant il reprend l’appellation de 99° Régiment d’Infanterie de ligne. Le 99° de ligne fait campagne en Algérie de 1855 à 1859, puis en Italie sans être engagé. Il rejoint ensuite le Mexique (1862-1864) où il se distingue à Alcucingo et au Cerro del Borrego, ce qui vaut à son drapeau d’être décoré de la Légion d’Honneur. En 1865 il retrouve le camp de Sathonay. Pendant la guerre de 1870, il subit de lourdes pertes à Froeschwiller et à Sedan.

La IIIème RÉPUBLIQUE 
Reconstitué en 1871, le régiment est généralement coupé en une partie principale et un « dépot » ou partie détachée. Tout en faisant partie du 14° CA (Lyon), il change fréquemment de garnison, en affirmant progressivement une vocation alpine.
- 1873 Gap / Embrun / Briançon – 1874 Montélimar
- 1875-1885 Sathonay /Vienne – 1885-1887 Lyon / Romans .
- 1888-1889 Montélimar – 1889-1893 Lyon / Vienne
- 1893-1896 Gap / Mont-Dauphin, où il est doté d’effets alpins.
- 1896-1902 Lyon / Bourgoin – 1902-1905 Gap / Mont-Dauphin
- 1905-1914 Lyon / Vienne. Sa partie principale, les bataillons 1, 3 et 4 sont à Lyon au fort Lamotte et le 2ème bataillon est à Vienne. En 1907 le régiment ou un détachement de celui-ci est envoyé à Montpellier pour le contrôle de la révolte viticole du Languedoc.

Le drapeau et sa garde en 1906 au fort Lamotte

La GRANDE GUERRE
En août 1914 à la mobilisation, le 99° compte 3 bataillons, 3234 hommes et 213 chevaux. Il est débarqué à Épinal pour rejoindre ensuite la crête des Vosges avec le 14°CA. Dès le 24 août il perd 960 hommes et son colonel. Il participera à toutes les batailles de la Grande Guerre, au prix de 3200 morts. Cité trois fois à l’ordre de l’armée (Champagne 1915, Verdun 1916, la Malmaison 1917), il porte la fourragère aux couleurs de la croix de guerre. Un régiment dérivé le 299° RI mobilisé à Sainte-Colombe participe également à la Grande Guerre.

L’ENTRE-DEUX-GUERRES
À partir de 1919 le 99° RI est en garnison principalement à Lyon (fort La Motte, fort de Loyasse, caserne de Serin). En 1927 il devient Régiment d’Infanterie Alpine (99° RIA) et passe à la 27° DI (Division Alpine). En 1938 il est implanté au fort La Motte, à Sathonay et pour les SES (Sections d’Eclaireurs Skieurs) à Modane et Bourg-Saint-Maurice (Vulmix).

La garde au drapeau vers 1930 – tenues de montagne

La SECONDE GUERRE MONDIALE
La partie principale du Régiment rejoint le nord de l’Alsace et se retrouve sur le front de l’Aisne en mai 1940 (190 tués, 400 blessés et 1500 prisonniers). Les SES restées en Maurienne affrontent les Italiens pendant la campagne de Alpes du 21 au 24 juin. Le Régiment est dissous en juillet 1940… Le 299° RI de réserve est aussi mobilisé ; il fait partie de la 64°DI composante de l’Armée des Alpes.

Le 99° RIA est recréé le 16 décembre 1944 aux ordres du Lcl de Sury en regroupant des bataillons de résistants :
- 1er Bat. AS de l’Ain, capitaine Colin
- 1er Bat. AS de la Loire, capitaine Maury
- 2ème Bat. AS de l’Ain, capitaine Perrotot
- 2éme Bat. FTP du Rhône, capitaine Crotte (dissous dès janvier 1945).
Il occupe la région de l’Ubaye puis participe à la campagne des Alpes (avril 1945) au col de Larche et au col de Montgenèvre, puis occupe la vallée de Suse en Italie. Il est à nouveau dissous au mois d’octobre suivant.

Le Cne Maury devant la SES, Jausiers, janvier 1945

4ème & 5ème RÉPUBLIQUES

Insigne du 99° RIA

Il renaît le 1er janvier 1946 à Sathonay-Camp passant d’une garnison à l’autre (Sathonay, Bourg-St-Maurice, Chambéry (1950), Modane, la Valbonne, Briançon) alternativement Régiment ou Bataillon, envoyant des effectifs en Tunisie, en Algérie et instruisant les recrues pour l’Algérie.

En 1964, il perd sa qualification alpine et se réinstalle à la caserne sergent Blandan (ex-fort La Motte). Le 1er octobre 1968 la dissolution du 22° RI au profit du 99° RI permet à ce dernier de se requalifier en régiment d’infanterie des forces du territoire et de revenir au camp de Sathonay. Pendant de longues années il va alors assurer l’accueil au Service National de nombreux jeunes.

1990 au camp de Sathonay


L’équipement évolue : le régiment devient de plus en plus motorisé avec des VAB. Pendant quelques années est recréé le 299° RI régiment de réserve (1978-1997). Le 99° participe sur place au bicentenaire de la bataille de Yorktown en 1981. Il participe également aux OPEX en envoyant des détachements au Liban, en Nouvelle-Calédonie et en ex-Yougoslavie. Mais la fin de la conscription porte le coup de grâce au 9-9, qui est dissous en mai 1997.

Insigne du 9-9

Dans son insigne ci-contre le lion et le lambel correspondent au blason de Zweibrücken. La devise du Régiment est : « Ne pas subir ».

UNE SEMI-RENAISSANCE: Le GRS-99°RI

En 2019 19 formations non-régimentaires de l’Armée de Terre (CFIM et GRS) ont été associées à des régiments dissous et en ont reçu le drapeau, pour développer leur « esprit guerrier ». Ainsi, le 28 novembre 2019, au parc Blandan, le général Loiacono gouverneur militaire de Lyon transmet le drapeau du 99° RI au Groupement de Recrutement Sélection sud-est (GRS SE) organisme, dont dépendent 22 Centres de Recrutement (CIRFA) sur 25 départements du sud-est de la France.

Une Association Amicale regroupe les anciens des 99° et 299° RI, l’AMICALE ROYAL DEUX PONTS. Elle contribue à la mémoire historique du régiment. Une vitrine consacrée au 99° RI est installée au rez-de-chaussée du mess de garnison par le musée et l’amicale du Royal-Deux-Ponts.
site internet: www.99et299ri.fr


Article de 2011 – Dernière modification 09/2023


Sources : A. Mudler, R. Honnay, A. Loiseau – Le camp de Sathonay 1851-2008 – Amicale Royal Deux-Ponts 2008 / anonyme – historique du 99°RI de 1757 jusqu’à nos jours – Arnaud 1920 / A.Mudler, Y.Lacaze – Le 9-9 dans la tourmente 1939-45 – BGA Permezel 2004 / JMO 14-18