Le Maquis du Vercors

Le MAQUIS du VERCORS, le combat pour la liberté

Les débuts et le plan « Montagnards » 
Dès 1941, dans la région de Grenoble et du Vercors, se constituent des groupes de personnes, qui n’admettent pas la défaite et le régime de Vichy, dont un élu révoqué Eugène Chavant (« Clément »). Ce sont les premiers résistants.
A Sassenage l’architecte Pierre Dalloz et l’écrivain Jean Prévost ont l’idée en 1941 de l’utilisation militaire du Vercors. En effet ce massif forme une forteresse naturelle bordée de grandes falaises avec de vastes forêts, entourant un plateau en altitude : huit routes difficiles seulement permettent d’y accéder. Un plan militaire est élaboré en janvier 1943 : il propose de faire du Vercors une base de la France Libre, avec des pistes d’atterrissage de troupes aéroportées, pour passer à l’offensive et appuyer les forces alliées le moment venu. Il n’est pas question de s’y retrancher pour y mener une bataille défensive : c’est malheureusement ce qui va arriver…
En février 1943 Dalloz rencontre Yves Farge, avec qui il va rencontrer à Bourg-en-Bresse le général Delestraint chef de l’Armée Secrète auquel ils exposent leur plan, rebaptisé « Plan Montagnards ». Delestraint l’apporte à Londres, où le plan semble être accepté mais sera en fait mis de côté et oublié ; Delestraint vient lui-même en avril reconnaître le site.

Le plateau du Vercors

L’installation des maquis Entre temps en novembre 1942, les allemands ont envahi le sud de la France. L’armée d’Armistice est dissoute et Grenoble est occupée par les italiens. Un groupe de chasseurs du 6°BCA de Grenoble et un autre de cavaliers du 11° Cuirassiers de Lyon avec le Lt Geyer formeront en 1944 des noyaux de résistants du Vercors. Dès décembre 1942 une première implantation s’établit sur le plateau au camp d’Ambel ; les résistants sont 85 en février 1943. Leur nombre augmente rapidement par l’afflux de réfractaires au STO : en mai il y a 12 camps. A la suite d’une opération ratée, les italiens arrêtent un certain nombre de résistants. En juin 43 le capitaine Alain Le Ray est nommé chef militaire du Vercors, il s’associe avec Chavant qui devient le chef civil.

Les premiers affrontements 
En septembre 1943 les allemands remplacent les italiens à Grenoble. Le premier parachutage d’armes légères a lieu en novembre. En décembre, Le Ray contesté sur son commandement au cours d’une réunion à Lyon démissionne (il deviendra chef FFI de l’Isère). Descour chef militaire régional nomme à sa place le lieutenant Geyer « Thivollet ». En Janvier 1944 ont lieu les premiers affrontements avec les allemands aux Baraques, puis Malleval. En février un envoyé de Londres le colonel Fourcaud incite à transformer le Vercors en une forteresse : Chambonnet chef de la Résistance régionale y est opposé et prône la mobilité et la dispersion du maquis. Fin mars après une série d’accrochages tous malheureux pour le maquis, une consigne prescrit « l’état de défense dispersée ». Chavant chef civil du Vercors peut rejoindre Alger, où il plaide la cause du Vercors et demande l’envoi de troupes aéroportées. Descour nomme le Cdt Huet « Hervieux » à la place de Geyer comme chef militaire.

Parachutage

La mobilisation 
Au moment du débarquement en Normandie du 6 juin, la radio de Londres envoie des messages de mobilisation à tous les maquis. Chavant est de retour d’Alger : Lors d’une réunion Descour impose la mobilisation du Vercors, que ses interlocuteurs jugent prématurée. La mobilisation déclenche un afflux de volontaires qui montent sur le plateau : au total 3900 hommes. Du 13 au 15 juin de violentes attaques allemandes sur St-Nizier sont bloquées. Les semaines qui suivent voient s’installer un certain répit malgré les accrochages et les attaques aériennes. Le 3 juillet au cours d’une prise d’armes à St-Martin, la République est restaurée dans le Vercors. Des parachutages d’armes légères ont lieu, dont un le 14 juillet en plein jour sur le terrain de Vassieux préparé pour un atterrissage d’avions alliés, ce qui déclenche des attaques aériennes allemandes à partir du terrain de Chabeuil près de Valence.

Prise d’armes début juillet 1944

Le combat final 
Dans les jours qui suivent le massif est encerclé par la 157° Division de réserve allemande (Gal Pflaum) opération « Bettina ». L’attaque va commencer le 21 juillet. Les allemands montent une opération aéroportée par planeurs atterrissant sur et autour du terrain de Vassieux préparé pour les alliés. L’opération a lieu en 2 vagues: la première vague part de Bron et dépose 200 parachutistes et soldats de l’est. La deuxième vague a lieu 2 jours plus tard à cause d’une mauvaise météo et décolle de Chabeuil. Les contingents déposés passent à l’attaque et occupent le village et les hameaux, tandis que l’infanterie allemande envahit le plateau par St-Nizier et par les crêtes de l’est. Malgré une résistance acharnée (Valchavrière) les maquisards sont débordés et le Cdt Huet ordonne le 23 à 16h la dispersion des maquisards.

En l’absence d’armes lourdes le Vercors ne pouvait pas tenir. Les allemands se sont rendus coupables de crimes de guerre : massacres de civils à Vassieux, exécution d’otages à la Chapelle-en-Vercors et massacres de blessés à la grotte de la Luire. 639 résistants ont été tués et 201 civils massacrés ou fusillés.

La Chapelle-en-Vercors après les combats

Huet et Bousquet à droite

La libération de Grenoble 
Après le débarquement en Provence le 15 août, les maquisards descendent du Vercors ; Huet et son adjoint le Cdt Bousquet « Chabert » installent leur PC dans la vallée. La 36° DI américaine se dirige vers Grenoble par la route Napoléon. Le 21 août au soir les derniers allemands évacuent Grenoble et le lendemain les résistants entrent en ville, rejoints par les premiers américains. Grâce à l’action des résistants, Grenoble est libérée 7 jours après le débarquement, alors que les plans en prévoyaient 90.

Bousquet va former un groupement de résistants dans la zone de Chambaran -Tullins. Le 24/08 il vient s’établir à Bourgoin libérée. Le groupement « Chabert » va ensuite avancer dans la plaine de l’Isère, puis le 2 septembre marchera sur Lyon, où il sera le premier à arriver.

La nécropole de St-Nizier-de-Moucherotte

Le Musée expose un exceptionnel traineau en bois utilisé par le maquis du Vercors pour trainer sur la neige ravitaillement et armement.

Le traineau du Vercors

Sources : Paul Dreyfus – Vercors citadelle de la liberté – Arthaud 1969 / Henri Amoretti – Lyon capitale 1940-1944 – France-Empire 1964

Article de 2013 dernière modification 11//2023