LesTROUPES ALPINES ou TROUPES de MONTAGNE: De la NAISSANCE à LA GRANDE GUERRE
Les CHASSEURS à PIED
Pendant la conquête de l’Algérie, la nécessité de disposer d’une infanterie légère et rapide avait conduit à créer en 1840 les dix premiers bataillons de Chasseurs. Ils sont appelés Chasseurs à pied pour les distinguer des Chasseurs à cheval. Ils sont 20 bataillons (BCP) en 1855.
Les Chasseurs se sont particulièrement bien battus en Algérie et pendant la guerre de 1870. Leur nombre passe à 30 bataillons en 1871. Se distinguant par leur tenue sombre, les Chasseurs sont organisés en « bataillons formant corps » autonomes, conduits par un commandant chef de corps « Chef de Bataillon« , permettant une action plus souple qu’un régiment d’Infanterie classique.
La NAISSANCE des CHASSEURS ALPINS
Après la guerre de 1870, les relations franco-italiennes se dégradent, en particulier après 1881 avec l’établissement du protectorat français en Tunisie. Or dès 1872 l’Italie avait mis en place et développé sur la frontière française des troupes spécifiques, les « Alpini », dotés d’un chapeau à plume caractéristique.
Dès 1873 un député des Hautes-Alpes Ernest Cézanne s’alarme de cet état de fait ; il n’est pas entendu. En 1878, le lieutenant-colonel Zédé (futur gouverneur militaire de Lyon) en poste à Briançon propose au général Bourbaki gouverneur de Lyon de faire manoeuvrer en haute montagne un bataillon de chasseurs à pied. Cette proposition est validée et en 1879 : le 12° BCP de retour d’Algérie et basé à Lyon, est désigné pour cette mission. Son chef le commandant Arvers est le pionnier de l’alpinisme militaire : de 1879 à 1885, le 12°BCP reconnait tous les cols et passages des Alpes Dauphinoises, sans autre équipement que celui réglementaire des Chasseurs à pied.
Pendant ce temps le général Ferron est chargé à l’Etat-major de la défense des Alpes. Il prescrit des marches de 10 jours en montagne pour certains régiments d’infanterie et des séjours de 3-4 mois en montagne pour quelques BCP. Ces expériences amènent à doter les militaires montagnards d’effets spécifiques vers 1886 : brodequins, bandes molletières, manteau raccourci et béret béarnais. Ce béret très large, la « tarte », a été choisi, car on devait pouvoir y glisser les deux pieds. Puis ce sera la large cape bleue et la ceinture de flanelle portée sur la veste.
Le général Ferron va organiser progressivement des « Groupes Alpins » : à chaque BCP est associé une batterie d’artillerie et un détachement du Génie (du 2°RA et du 4°RG de Grenoble pour le secteur du XIV° CA de Lyon). Ces groupes alpins sont dotés de mulets pour assurer les transports. L’étape suivante était la reconnaissance législative de ces dispositions. Ferron devenu un éphémère ministre de la guerre présente un projet dans ce sens : après quelques péripéties parlementaires finit par être votée le 24 décembre 1888 la « loi modifiant l’organisation des chasseurs à pied« . Cette loi porte à six le nombre des compagnies des 12 bataillons de Chasseurs stationnés dans les XIV° (Lyon) et XV° (Marseille) régions et leur attribue des personnels complémentaires et des mulets. Sur la région de Lyon les BCP concernés devenus BCA sont :
le 11° Annecy, le 12° Grenoble, le 13° Chambéry, le 14° Grenoble, le 22° Albertville, le 28° Grenoble, le 30° Embrun.
L’INFANTERIE ALPINE
Très vite en 1889, pour la défense de la Haute-Maurienne un nouveau « groupe alpin » est constitué avec un bataillon du 97° Régiment d’Infanterie (RI) de Chambéry détaché à Modane. Entre temps en 1887 avaient été créés des régiments d’infanterie supplémentaires dits « régiments régionaux » : trois d’entre eux sont affectés à la défense des Alpes. Les 157° et 158° basés à Lyon fournissent chacun deux bataillons pour occuper un poste dans les Alpes, ainsi le 157° détache un bataillon au fort de Tournoux et à Jausiers (04) et le 158° en Tarentaise et Maurienne.
Le 159° tient garnison à Briançon depuis 1890. Les bataillons d’infanterie basés en montagne gardent la tenue d’infanterie avec le pantalon rouge, mais adoptent le grand béret et les bandes molletières.
D’autres régiments d’infanterie du XIV° CA sont « alpinisés » les 99°RI et 22°RI à Gap, le 140° RI de Grenoble.
Mais c’est au 159° de Briançon que sera introduit l’usage des skis, en particulier par le capitaine Clerc, avec l’ouverture en 1903 d’une école de ski à Montgenèvre.
Le général baron Bergé, gouverneur militaire de Lyon 1889-1893 est le grand organisateur des troupes alpines et de l’espace alpin par la construction de routes stratégiques, avec la participation des alpins. Sur les grands cols des Alpes des stèles rappellent son action.
En 1910 les batteries d’artillerie alpines de la XIV° région sont regroupées en un 1° Régiment d’artillerie de Montagne (RAM).
La GRANDE GUERRE
Les troupes alpines ainsi organisées vont être engagées entre 1912-1914 au Maroc pour certains BCA, puis ce sera la Grande Guerre, où toutes les unités alpines combattront héroïquement, au prix de lourdes pertes, en particulier dans les Vosges, où les chasseurs gagneront le surnom de « Diables Bleus ».
Après l’Armistice de 1918 les bataillons de réserve de Chasseurs Alpins sont dissous.
Cinq bataillons de Chasseurs Alpins (BCA) occupent la Rhénanie, tandis que 6 autres sont envoyés en Haute-Silésie pour encadrer le plébiscite qui doit partager la région.
La SUITE de L’HISTOIRE des TROUPES ALPINES
L’ histoire des Troupes Alpines (2ème partie) jusqu’à nos jours est décrite dans un article sur la 27ème Division Alpine
Article de 2013 – dernière modification 08/2020
Source : Revue Historique des Armées : les troupes de montagne 03/1988