La RÉORGANISATION MILITAIRE de la III° RÉPUBLIQUE
APRÈS LA DÉFAITE de 1871
Après la défaite de 1871 et la perte de l’Alsace-Moselle, la III° République s’installe progressivement, animée par un esprit de revanche.
Le chef du Gouvernement provisoire Adolphe Thiers doit d’abord faire face à la révolte de la Commune de Paris. La capitale doit être reprise (avril-mai 1871) par l’« Armée de Versailles » constituée d’unités de la Défense Nationale et de soldats revenus de captivité, sous le regard des Allemands qui occupent le nord-est de la France.
UNE ARMÉE À RÉORGANISER
Cette armée de Versailles compte 5 Corps d’Armée (CA). Thiers et son ministre de la Défense le général de Cissey ont la volonté de créer une armée nouvelle. Dès juillet 1871 un 6ème CA est créé à Lyon et confié au général Bourbaki. En juin 1872 le service militaire devient universel, mais reste inégalitaire (un ou 5 ans de service selon le tirage au sort). En septembre 2 CA supplémentaires sont créés : le 7° à Tours et le 8° à Bourges. En mars 1873 Thiers doit démissionner. Il est remplacé à la présidence de la République par le maréchal de Mac Mahon.
Une ORGANISATION DURABLE
Le nouveau gouvernement va poursuivre la réorganisation militaire, en modifiant les projets en cours. La loi du 24 juillet 1873 divise la France en 18 Régions Militaires correspondant chacune à un Corps d’Armée. Chaque Corps d’Armée est composé de deux Divisions d’Infanterie (DI), d’une brigade de cavalerie, d’une brigade d’artillerie, d’un bataillon du Génie et d’un escadron du Train.
Chaque DI compte 4 régiments d’infanterie (RI), soit 8 par CA, ce qui fait 144 RI répartis sur tout le territoire de la France. Pour atteindre ce nombre il faut créer 18 RI supplémentaires, dont le 140° à Grenoble. En plus il y a des divisions de cavalerie indépendantes. En temps de guerre, les commandants des CA partent en campagne avec leurs troupes.
Cette organisation durera jusqu’en 1946. La politique de défense et de fortification du territoire est confiée au Général Séré de Rivières.
RÉORGANISATION RÉGIONALE
Lyon devient le siège du XIV° Corps d’Armée – général Bourbaki – qui regroupe les 5 départements de l’ensemble Dauphiné et Savoie, plus la bordure est du Rhône avec les cantons de Lyon, Villeurbanne, Givors et St-Genis-Laval.
L’ouest du Rhône est rattaché au XIII° CA de Clermont-Ferrand, qui comprend la Loire, la Haute-Loire, l’Allier, le Puy-de-Dôme et le Cantal.
Le nord-est du Rhône (Neuville) et l’Ain font partie du VII° CA (Besançon).
Dans la décennie 1875-1885 les unités changent fréquemment de garnison. En attendant la construction de casernes dans leur garnison, Lyon accueille provisoirement des unités appartenant à d’autres corps d’armée. Cette situation perdurera jusqu’en 1914 pour le XIII° CA, dont le 98°RI de Roanne logera encore un bataillon à Lyon (fort Lamotte).
Dans les décennies suivantes les changements de garnison deviennent moins fréquents. Certaines d’unités d’infanterie sont coupées en une « partie centrale » et une « partie principale » : en pratique des « petites garnisons » comme Vienne et Bourgoin ne peuvent accueillir qu’un bataillon d’infanterie, le reste du régiment étant à Lyon.
Des régiments d’infanterie supplémentaires sont créés (numéros de 145 à 162), dont les 157 à 159 dans la région. Dans la décennie 1880 certaines unités de chasseurs à pied se spécialisent en montagne devenant des Chasseurs Alpins, dont l’existence devient officielle en 1888 (12 bataillons).
Une division de cavalerie indépendante, la 6° Division de cavalerie est également stationnée sur le territoire du XIV° CA.
Article de 2015 – Source : Georges Gugliotta – L’Armée de Monsieur Thiers – B.Giovanangeli 2017