Le RÔLE de la RÉGION dans les TÉLÉCOMMUNICATIONS
GUSTAVE FERRIÉ et la TSF
Né à Saint-Michel-de-Maurienne, Gustave Ferrié (1868-1932), polytechnicien, officier du Génie, s’oriente vers la télégraphie et se consacre au développement de la télégraphie sans fil (TSF) et participe en 1899 aux premières expériences radio de Marconi. Il est chargé par le ministère de la guerre de développer les applications militaires de la TSF. En 1903 il perfectionne la TSF en inventant un nouveau récepteur « électrolytique » et peut installer une antenne au sommet de la tour Eiffel grâce au soutien de Gustave Eiffel qui cherche à donner une seconde vie à sa tour. L’état-major ne voyait pas encore l’intérêt de ce nouveau type de communication. L’émetteur radio de 60 kw passe d’une portée de 400 km à 6000 km en 1908 et en 1914 il permet d’entrer en contact avec la Russie.
L’ÉMETTEUR DE LA DOUA
En 1914 au début de la guerre, l’émetteur de la tour Eiffel reste le seul moyen de communication, mais Paris est menacé et le colonel Ferrié propose l’installation d’un émetteur à Lyon. Un émetteur à « étincelles » SFR de 50 KW est alors à Marseille en partance pour Saïgon ; son convoyeur le capitaine Péri reçoit l’ordre de le ramener sur Lyon ; il l’installe sur le terrain militaire de la Doua à Villeurbanne avec l’aide de l’ingénieur Joseph Béthenod. Ils font monter 8 pylônes de 120 m et tendre 13 câbles de 750 m et installent des baraquements provisoires. Le 29 septembre 1914 l’installation fonctionne et on peut entrer en contact avec la Russie et la Serbie nos alliés. Des bâtiments en dur sont construits en 1916. Ferrié et son équipe continuent leurs recherches, permettant en 1917 de remplacer l’émetteur à étincelles par un émetteur à arc de puissance double de celui de la tour Eiffel qui permet d’émettre en « ondes entretenues » (au lieu des ondes amorties).
Le Cdt Chaulard successeur du capitaine Péri améliore l’installation de la Doua : 2 pylônes de 200 m et 6 de 180 m avec une meilleure prise de terre permettent une liaison toute l’année avec l’Amérique. L’installation est encore améliorée en 1919 avec un alternateur haute fréquence permettant de communiquer avec toutes les colonies. En 1921 l’installation est reprise par les PTT.
Ferrié, nommé Général en 1918 à 51 ans, a été un acteur majeur du développement des télécommunications et par là a contribué à la victoire finale.
Les LAMPES RADIO TM
Vers 1907 un américain avait inventé une lampe à 3 électrodes permettant un effet amplificateur. Le colonel Ferrié comprend l’intérêt de ce matériel ; en octobre 1914 il réunit une équipe à la Doua pour travailler sur le sujet, qui bénéficie de la proximité de la manufacture de lampes Grammont (usine du Belvédère à Caluire, quartier du Clos-Bissardon).
Après différents essais non satisfaisants, Grammont met au point une ampoule de verre sphérique à électrodes horizontales avec une embase à 4 broches la lampe TM (pour Télégraphie Militaire), fabriquée à partie de novembre 1915 par Grammont et la Compagnie des Lampes de Paris, qui livrent 100000 lampes en 1916 et 1000 lampes par jour fin 1918, facturés 5 F pièce (soit environ 15 €). Leur durée de vie était courte (quelques centaines d’heures). De multiples appareils bénéficient de ces lampes TM : amplificateurs, récepteurs, puis émetteurs. Elles sont adoptées par les Anglais et les Américains.
Article de 2010
Dernière modification 11/2023 — Documents : Michel Siméon