La Révolution en Savoie

LA SAVOIE PENDANT LA RÉVOLUTION 1792-1800

L’OCCUPATION de la SAVOIE 1792
Le 20 avril 1792 l’Assemblée Législative déclare la Guerre à l’Autriche et à ses alliés. Le roi de Piémont-Sardaigne et duc de Savoie Victor-Amédée III tente de rester neutre, mais il est soupçonné de connivence avec l’Autriche.

Le général de Montesquiou

Le commandant de l’armée du midi est le lieutenant-général ex-marquis de Montesquiou. Malgré de grandes difficultés pour réunir et équiper ses troupes, son dispositif est cohérent début septembre. Il reçoit le feu vert de Paris et dans la nuit du 21 au 22 septembre (premier jour de la République) ses troupes entrent en Savoie par Chapareillan. Les maigres troupes de Victor-Amédée ne sont pas en en état de résister et se replient sur les cols. La Savoie est facilement conquise et dès la fin du mois; Montesquiou a ordre de se tourner vers Genève. Il vient s’établir sur la frontière et préfère négocier. La Convention le met en accusation en novembre et il s’échappe en Suisse. Genève bénéficie d’un sursis. Montesquiou est remplacé par le général Kellermann, le vainqueur de Valmy qui rejoint la Savoie vers Noël.
Entre temps réunis en la cathédrale de Chambéry, une assemblée de notables, bien manipulée par quelques fervents révolutionnaires, finit par solliciter de « faire partie de la nation française ». Cette réunion est votée par la Convention les 19 et 27 novembre : la Savoie devient le département du Mont-Blanc.

L’entrée des français à Chambéry

1793 NOUVEAU RÉGIME et CONTRE-OFFENSIVE
Le nouveau régime se met en place ; il impose dès février 1793 le serment constitutionnel au clergé, ce qui cause une grande émotion populaire. La levée de volontaires suscite beaucoup de réfractaires. La répression contre les réfractaires et les prêtres non-jureurs commence. Kellermann réorganise au mieux son armée qui manque de souliers et de fusils.
Malgré la menace d’une contre-offensive piémontaise, Kellermann est envoyé début août commander le siège de Lyon. Les piémontais en profitent pour passer les cols et s’avancent jusqu’à Cluses, Moutiers, St-Jean-de-Maurienne. La contre-révolution triomphe dans les vallées libérées. Devant le danger, le 19 septembre Kellermann est écarté du siège de Lyon et renvoyé à l’armée des Alpes. Dans la « ci-devant Savoye » il mène habilement la contre-offensive : les piémontais sont repoussés sur les cols, malgré de durs combats en Maurienne. Kellermann est ensuite démis de ses fonctions et arrêté comme suspect. C’est le temps de la Terreur.

Le département du Mont-Blanc 1793

1794 La TERREUR
Avec Albitte le « Robespierre savoyard » représentant zélé de la Convention, le régime révolutionnaire va alors s’appliquer dans toute sa rigueur : le calendrier républicain est imposé, les prêtres doivent abjurer sous peine d’être déportés, les églises sont fermées et vidées, les cloches fondues et près de 800 clochers abattus, les nobles emprisonnés : les prisons sont pleines… Toutefois la guillotine n’arriva pas jusqu’en Savoie, il n’y eut pas d’exécution politique, excepté 3 prêtres insoumis.
Sur le plan militaire le général Dumas conduit une difficile offensive de printemps pour venir occuper les grands cols du Mont-Cenis et du Petit-Saint-Bernard et la ligne des crêtes alpines.

1795-1796 DÉBUT du DIRECTOIRE
La chute de Robespierre amène une certaine détente : les prisons s’ouvrent, des prêtres et des nobles réapparaissent. Le culte catholique se rétablit progressivement et l’esprit contre-révolutionnaire se développe. Kellermann libéré est de retour en mars 1795 au commandement de l’armée d’Italie et de celle des Alpes, pour ne garder en septembre que celle des Alpes.

Victor-Amédée III

En mars 1796 Bonaparte prend le commandement de l’armée d’Italie et passe à l’attaque. Un mois plus tard, Victor-Amédée III battu plusieurs fois doit négocier un armistice à Cherasco (mai 1795). Il reconnait à la France la possession de la Savoie et Nice et doit accepter l’occupation du Piémont : il meurt de chagrin quelques mois plus tard. Son successeur Charles-Emmanuel IV sera contraint fin 1798 de quitter Turin et de se réfugier en Sardaigne.

1797-1798 Le DIRECTOIRE
En septembre 1797 le coup d’état de fructidor annule les élections et rétablit la rigueur républicaine. À nouveau l’administration est épurée, les prêtres réfractaires, les insoumis, les émigrés sont traqués. 70 prêtres sont déportés. La résistance se manifeste par une agitation sporadique : manifestations, émeutes… Toute une violence diffuse qui va jusqu’à l’incendie du château de Chambéry en décembre 1798. La mise en vente des biens nationaux commencée en juin 1796 lie définitivement au régime républicain une minorité de bourgeois et de spéculateurs, qui accaparent les richesses. La ville d’Annecy supporte mal la tutelle de Chambéry. En août 1798 est créé le nouveau département du Léman, avec pour chef-lieu Genève annexée en avril, mais Annecy reste dans le département du Mont-Blanc.

1798 le partage en 2 départements

1799-1800 Du DIRECTOIRE au CONSULAT
Au printemps de 1799 les armées françaises en Italie commandées par Schérer puis Moreau reculent devant les coalisés austro-russes commandés par Souvaroff. La Lombardie puis le Piémont sont perdus. Des cosaques apparaissent sur la frontière. Le général Championnet nommé à la tête d’une nouvelle armée des Alpes envoie des colonnes de contre-attaque par tous les grands cols, tandis qu’en Italie Joubert est tué à la bataille de Novi. Championnet prend ensuite le commandement en Italie, alors que les russes passent en Suisse, où ils seront battus 2 fois par Masséna (batailles de Zürich et du St-Gothard). Championnet recule toutefois devant les autrichiens.
Entre temps le général Bonaparte revenu d’Egypte avait pris le pouvoir à Paris (coup d’état du 18 brumaire 9/11/1799) et était devenu Premier Consul. Il remplace Championnet par Masséna au commandement de l’armée d’Italie (12/1799).
Le nouveau régime va réorganiser le pays, avec un redécoupage des départements : le Faucigny passe entièrement au département du Léman en février 1800, ce qui fait que le Mont-Blanc n’est plus dans le département du même nom…
Début avril les autrichiens passent le col du Mont-Cenis, mais leur tentative est vite repoussée. Il faut attendre le mois de juin et l’entrée en campagne de Bonaparte, avec la victoire de Marengo pour que le Piémont et la Lombardie soient à nouveau occupés par la France.

1800 les deux départements remaniés

De 1800 à 1814 du Consulat à l’Empire, la situation de la Savoie est stabilisée. Les péripéties militaires se dérouleront alors loin de son territoire. La guerre fera son retour en 1814 avec la chute de l’Empire et le retour de la Maison de Savoie.

Article de 2017 – Sources : A.Doumenc – mémorial de la terre de France : Savoie Dauphiné Provence – Arthaud 1944 / A. Palluel-Guillard & col. – la Savoie de la Révolution à nos jours – Ouest-France 1986