Charles (Karl), major domus « maire du palais », appelé plus tard « Charles Martel » a réuni depuis 715 sous son autorité la Neustrie et l’Austrasie au nom des rois mérovingiens « fainéants ». Bien que faisant partie du Royaume des Francs, la Burgondie (sud-est de la France) échappe à son autorité, de même que l’Aquitaine, dominée par le duc Eudes.
INFILTRATIONS MUSULMANES 719-730
Au sud les musulmans ont envahi et conquis la péninsule ibérique en 711; ils passent les Pyrénées à l’est et s’implantent à Narbonne (719). En 721 le duc Eudes les repousse près de Toulouse. Après un temps d’arrêt, ils progressent vers l’est, s’emparent de Carcassonne et Nîmes, puis Avignon en 730. Certains comme le patrice Mauronte à Marseille les accueillent bien.
UNE INVASION REPOUSSÉE 732 -733
En 732 Abd-Er-Rahman gouverneur d’Al-Andalous franchit les Pyrénées et lance 2 armées sur le royaume des Francs. Il conduit celle de l’ouest, bat Eudes et est finalement défait et tué à la bataille de Poitiers par Charles Martel (10/733). L’autre armée remonte à l’est le Rhône, passe à Vienne, contourne Lyon, Mâcon, Chalon, Beaune, Autun et s’empare de Sens.
Après Poitiers, Charles Martel file en Burgondie : les musulmans se retirent vers le sud, les villes se soumettent : Lyon, Vienne, Valence ouvrent leurs portes. Charles y installe des hommes chargés de maintenir son autorité, mais ne va pas plus loin que la Durance, car il doit vite remonter au nord combattre les Frisons (734).
INTERVENTION au SUD 735/ 736
À la mort d’Eudes, Charles Martel envahit l’Aquitaine pour s’assurer de la soumission de ses fils en 735/36. Il revient ensuite en Burgondie, passe à Lyon, descend en Provence : Avignon, Arles, Marseille se soumettent. Le maire du palais y investit des comtes, comme il l’avait fait en Bourgogne. Mais la population gallo-romaine provençale n’apprécie guère la tutelle brutale des francs.
Une NOUVELLE INVASION 737
À peine Charles Martel est-il reparti vers le nord, que Yusuf gouverneur de Narbonne renoue des liens avec Riculfe comte à Nîmes et Mauronte à Marseille. Uqba (+741) nouveau gouverneur d’Al-Andalous envahit la Provence jusqu’aux cols des Alpes, prend Arles, Avignon, puis Valence.
La CAMPAGNE de 737
Charles Martel est alors en campagne en Austrasie contre les Saxons. Il sollicite l’aide de son allié Luitprand roi des Lombards, pour repousser les sarrazins par l’est, tandis qu’il envoie son frère Childebrand vers le sud. Ce dernier atteint Lyon en chasse les Arabes. Les musulmans attaqués de 2 côtés refluent dans Avignon, que Childebrand vient assiéger. Le siège est long : cela donne le temps à Charles Martel de descendre par la rive gauche du Rhône. Les sarrazins ont constitué des camps retranchés en Vivarais. Les francs doivent livrer plusieurs combats successifs : près du Pouzin, puis près de Viviers. Puis Charles les surprend sur le plateau d’Aurelle et les poursuit dans la plaine de St-Just. Le dernier accrochage se déroule au lieudit lou Comba près de Comps (région des Vans).
Charles peut enfin parvenir à Avignon, qui tombe peu après. La chute est suivie d’un massacre général. Après cela Arles et Marseille ouvrent leurs portes – Mauronte disparait – ; puis Charles vient mettre le siège devant Narbonne. La ville résiste ; Uqba envoie une armée de secours par la mer, qui est défaite à la bataille des Corbières (ou de la Berre). Le siège de Narbonne s’éternise (la ville ne sera prise qu’en 759 par Pépin le Bref ) et Charles lassé se retire non sans ravager Béziers, Agde, Maguelonne, Montpellier et Nîmes. Il installe des comtes à Uzès et en Vivarais. Les prisonniers musulmans sont parqués dans les mines d’argent de Largentière.
Charles Martel ne remplace pas le roi Thierry IV mort en 737, il est alors le seul maître du royaume.
La CAMPAGNE de 739
Après une expédition contre les Saxons en 738, Charles apprend le retour des sarrazins à Arles et Avignon et la réapparition de Mauronte conduisant la révolte. Il doit une nouvelle fois redescendre dans le sud, il reprend Avignon, pousse jusqu’à Aix. Les musulmans font retraite dans les Alpes et les gallo-romains dans le massif des Maures, où Mauronte disparaitra à nouveau… Charles entre à Marseille ; il affirme son autorité sur la Provence et il fait exécuter Arconce évêque de Viviers, jugé trop conciliant avec les musulmans.
Les campagnes de Charles Martel par notre région vers le sud sont terminées ; il meurt en octobre 741 à Quierzy sur Oise à environ 52 ans usé par 25 ans de campagnes guerrières continuelles…
Article de 2016
Source : Jean Deviosse – Charles Martel – Tallandier 2006