Les COMTÉS de LYON et de FOREZ AUX XI° et XII° SIÈCLES
Le terme de « Comté de Forez » apparait au cours du X° siècle comme une subdivision du grand Comté de Lyon, dont il forme la partie occidentale. Ce comté fait partie du royaume de Bourgogne-Provence (dynastie rodolphienne). La puissance royale s’affaiblit : cela conduit le roi (Conrad ou Rodolphe III) à installer des comtes pour tenir les différents régions de leur royaume, comtes qui vont devenir héréditaires, créant ainsi les principautés féodales.
PREMIÈRE DYNASTIE : Les « ARTHAUD » COMTES de LYON
Cette première période est très obscure et confuse par manque de documents. À une date indéterminée du X° siècle un comte Arthaud (+999) est institué à Lyon sur un comté qui comprend le futur Forez. Ce comte s’oppose très vite à l’archevêque de Lyon Burchard II (978-1031) frère de Rodolphe III. Arthaud parvient à transmettre le comté à ses descendants. Après Arthaud II (?), on trouve vers 1017 son second fils Girard qui étend son influence dans le Forez.
En 1032 le royaume de Bourgogne est légué à l’empereur germanique Conrad II. Humbert le premier comte de Savoie se rallie aussitôt, alors qu’à Lyon Girard semble hésiter : l’armée impériale conduite par Humbert le fait se rallier à l’Empire en 1036. À Girard succède Arthaud III, puis les 3 fils de ce dernier : Widelin (1076-1078), Arthaud IV (1078-1085) et Guillaume (1085-1097). Dans la 2ème moitié du siècle, ils sont contraints de laisser Lyon à l’autorité de l’archevêque et de se retirer à Yzeron, puis à Montbrison.
Guillaume le vieux est le fondateur de l’hôpital de Montbrison ; il meurt au siège de Nicée lors de la première croisade en 1097. Ses fils Guillaume le jeune et Eustache confirment cette fondation et donnent à l’hôpital la dîme du pain et du vin perçue dans les vigueries du comté, dont la liste est donnée : Lyon, Yzeron, Oingt, Chamelet en Lyonnais, Montbrison, Cléppé, Sury, St-Chamond, Goutances, St-Clément-les-Places ; Estivareilles, Usson, Aurec. Guillaume renonce assez vite au comté pour entrer chez les chartreux. Son frère Eustache lui succède. On sait qu’il cède Saint-Trivier (en Dombes) à Guichard II de Beaujeu ; il meurt vers 1120 sans postérité peut-être assassiné. Le comté revient à un cousin germain Gui d’Albon.
DEUXIÈME DYNASTIE : LES ALBON
Gui Ier d’Albon est le fils d’Ida-Raymonde, fille d’Arthaud III (?) et de Guy-Raymond d’Albon, 2ème fils de Guigues Ier le vieux comte d’Albon en Viennois et fondateur de la principauté qui deviendra le Dauphiné. Gui et ses successeurs auront également un dauphin sur leur blason.
Le comte Gui Ier (+1138) doit faire face aux difficultés avec l’archevêque, mais surtout en Roannais et dans les monts du Lyonnais, où des seigneurs locaux font allégeance au sire de Beaujeu ; il reconquiert le nord du comté sur des vassaux rebelles.
Son successeur Gui II se proclame à nouveau comte de Lyon et Forez. Après 1150 le conflit avec l’archevêque de Lyon devient plus aigu. En 1152 Gui II bat, capture et met à rançon Guillaume comte de Mâcon proche parent de l’épouse de l’Empereur , puis il lui faut mettre à raison le comte Guillaume III de Nevers qui soutient l’archevêque de Lyon.
L’archevêque Heraclius de Montboissier se plaint à l’empereur Frédéric Barberousse, qui par sa bulle d ’or de 1157 à la diète de Besançon décide le transfert du comté de Lyon à l’évêque promu prince d’Empire.
La BATAILLE D’YZERON ET SES SUITES
C’est dans ce contexte qu’a lieu la bataille d’Yzeron (1158). Fort du soutien impérial, l’évêque cherche à prendre Yzeron avec l’appui de Girard de Mâcon. Gui II soutenu par son cousin Guigues V dauphin de Viennois intervient et défait complètement sous les murs d’Yzeron les troupes de l’évêque et de son allié, qui s’enfuient en désordre. Le sire de Beaujeu Humbert III intervient en médiateur et obtient une trêve entre les adversaires.
Cela ne dure guère et en mars 1161, Gui II s’empare de Lyon et en chasse l’évêque Heraclius (+1163). Son successeur Guichard de Pontigny ne peut entrer à Lyon. Le légat Pierre de Tarentaise s’entremet et trouve un compromis : Gui II conserve le comté et l’archevêque Guichard peut prendre possession de son siège.
En 1167 (selon Steyert – date incertaine), alors que le Forez était terre d’Empire, Gui II fait hommage au roi de France.
Dans ce conflit le dernier mot revient au pape Alexandre III en 1173 : il attribue le comté de Lyon à l’archevêque Guichard. Cette décision est un acte d’autorité pontificale ; non pour conforter la décision de l’empereur avec lequel il est en conflit armé, car ce pape se prétend unique souverain, supérieur aux rois, princes et autres comtes.
Gui II doit renoncer au comté de Lyon, il ne conserve que le comté de Forez. Ce traité est suivi d’échanges de territoires entre les 2 comtés, dont les limites correspondent à peu près aux départements du Rhône et de la Loire.
Gui II (+1210) associe au comté en 1188 son fils aîné Gui III et alors qu’il a dû se résigner à la perte du comté de Lyon, c’est pour lui une revanche de voir son second fils Renaud de Forez devenir archevêque-comte de Lyon en 1193 : il se retire dans un monastère en 1198. Gui III mourra à la croisade à Acre en 1203.
Article de 04/2020 – Sources : A.Steyert – nouvelle histoire de Lyon tome 2 – Bernoux & Cumin 1897 / Image : André Pelletier, Jean Prost, Jean Delas -Histoire de Lyon en BD album 2 – Horvath 1979 / E. Moulin-Zinutti -le Forez – Généalogie & Histoire n°137 / A.Latreille & col. – histoire de Lyon et du Lyonnais – Privat 1975