ROMANS-PETIT (1897-1980) Âme de la Résistance dans l’Ain
L’AVIATEUR DE RESERVE
Fils d’un agent des chemins de fer, Henri Petit naît à Firminy (42) en 1897. Il s’engage à 18 ans en 1915 au 13° BCA pour la durée de la guerre. Nommé sergent, cité à l’ordre de l’armée et décoré de la Légion d’Honneur, il suit la formation des EOR à Saint-Cyr. Aspirant, il choisit l’aviation et rejoint l’escadrille de bombardement Br 127. Démobilisé, il est sous-lieutenant ; il reprend ses études (licence en droit), puis s’occupe de relations publiques. Il crée à Saint-Étienne l’agence de publicité Stefa. Il passe aussi un brevet de pilote civil et anime des clubs d’aviation de la Loire.
En 1939, capitaine de réserve, il commande les compagnies des bases aériennes de Cannes et de Nice. Après la défaite, il tente en vain de rallier l’Afrique du nord ou la Grande-Bretagne. Démobilisé en août 1940, il rejoint Saint-Étienne.
Les COMMENCEMENTS DE LA RESISTANCE
y constitue avec le journaliste Jean Nocher un réseau de renseignement « Espoir » sous le pseudonyme de « Moulin ». En 1942, recherché, il entre dans la clandestinité et arrive dans le département de l’Ain et y prend contact avec d’autres clandestins qui commencent à s’organiser en décembre 1942. En mai 1943, il adopte le pseudonyme de « Romans » et crée une école de formation des cadres à la guérilla à la ferme de la Gorge près de Montgriffon. Les clandestins sont structurés en 3 groupements : à l’est le groupement Deschamps (« Ravignon »), au nord celui de Montréal-Perrotot, au sud celui de Girousse (« Chabot »). En septembre Romans établit des camps pour l’accueil des réfractaires et y promeut l’entraînement dans la discrétion la plus totale ; il détermine des zones de parachutage. Les capitaines Jean Rosenthal (BCRA) et Richard Heslop (SOE britannique) sont parachutés (9/09/1943) : de retour à Londres ils feront un rapport positif sur les maquis de l’Ain. Heslop revient avec une radio : le maquis reçoit des parachutages.
CHEF DE LA RESISTANCE DANS L’AIN
Sur proposition du chef régional de l’Armée Secrète (AS), Chambonnet, Romans est nommé en octobre, chef militaire de l’AS de l’Ain : il compte alors 2000 hommes sous ses ordres. Le 11 novembre, en présence de Romans-Petit le groupement Girousse effectue en public une prise d’armes et un défilé à Oyonnax, avec dépot de gerbe, minute de silence et Marseillaise. Londres est favorablement impressionné : De Gaulle félicite Romans-Petit, qui a créé une des unités les plus dynamiques de la Résistance.
A la fin de 1943, Romans-Petit sur la demande de Chambonnet, doit prendre en charge la Haute-Savoie (10/1943-02/1944) en remplacement de Vallette d’Osia ; il confie le commandement opérationnel au lieutenant Tom Morel, mais très vite il s’oppose à Rosenthal, décidé à faire du plateau des Glières un « abcès de fixation », avec les conséquences que l’on sait, alors que pour Romans-Petit ce ne devait être qu’une simple zone de parachutage. En février 1944 il doit revenir dans son département, où ses maquis sont attaqués.
Le MAQUIS PASSE à L’ACTION
En effet, après le défilé d’Oyonnax et un sabotage au Creusot, le maquis subit la pression des GMR, puis de la 157° division de réserve allemande, qui tentent d’éliminer les maquis les 5-6 février1944 : les techniques de guérilla permettent le plus souvent de leur échapper tout en harcelant leurs arrières. Il a le soutien de la population civile qui subit le contre-coup des représailles. Après le plateau des Glières, la 157° Div. allemande attaque le centre Jura en avril 1944 : malgré quelques pertes, cette opération n’empêche pas la réussite au début du mois de juin de toute une série d’opérations et de sabotages à Châtillon sur Chalaronne et sur les gares et dépôts de chemin de fer à Bourg-en-Bresse, Bellegarde, Saint-Claude, Morez et surtout Ambérieu-en-Bugey, où le matériel détruit ou immobilisé est considérable. Une nouvelle opération est lancée sur le Bugey à partir du 10 au 20 juillet par la 157° Div. allemande, sans grand résultat, mais tout résistant capturé est fusillé. Ambérieu est libérée le 28 août.
Les COMBATS de la LIBERATION
Le maquis de l’Ain va encore combattre au côté des américains. Après le débarquement en Provence le 15 août, un corps américain s’engage sur la route Napoléon, atteint Grenoble le 22 août et la plaine de l’Ain le 29 : son avant-garde est à Meximieux et la Valbonne à l’est de Lyon, où il est rallié par le sous-groupement du capitaine Colin (600 hommes). La 11° Panzerdivision allemande tente de retarder l’avance américaine pour couvrir le passage par Lyon des unités allemandes en retraite. La 11° PD emporte la Valbonne (31 août) puis attaque en vain Meximieux (1 – 2 septembre – bataille de Meximieux). Le 4 septembre Bourg-en-Bresse est libérée, le lendemain de Lyon.
APRES LA LIBERATION
Romans-Petit, chef incontesté des FFI de l’Ain, est injustement mis en cause à Lyon par le commissaire de la République à Lyon, Yves Farge et par le gouverneur militaire le colonel Descour. Rapidement mis hors de cause, Romans-Petit est appelé à Paris, où il est affecté à l’état-major des FFI auprès du général Koenig, en qualité de porte-parole. Le maquis de l’Ain formera la 5° demi-brigade dans la 27° DIA.
Après la guerre le colonel Romans-Petit reprend son métier de publicitaire. Il publie « les Obstinés » (1945), « l’appel de l’Aventure » (1947) et « Les Maquis de l’Ain » (1974). Grand officier de la Légion d’Honneur, compagnon de la Libération, Croix de Guerre (1914-18 et 1939-45), médaille de la Résistance, il décède en 1980 à Ceignes (01) et est enterré à Oyonnax.
Le 11 novembre 2013, une cérémonie commémorant le 70ème anniversaire du défilé des résistants a eu lieu à Oyonnax, en présence du Président de la République.
Article de 2011 – Dernière modification : 07/2018