La DESTRUCTION des PONTS de LYON le 2 SEPTEMBRE 1944
Depuis le débarquement en Provence du 15 août 1944 et la percée des alliés en Normandie suivie de la marche sur Paris, les forces allemandes stationnées dans dans le sud-est de la France sont menacées d’encerclement. La XIX° armée allemande se replie difficilement vers le nord par la vallée du Rhône, retardée par les sabotages de la Résistance et attaquée de flanc par les forces américaines (bataille de Montélimar).
Le 31, la 11° Panzerdivision traverse Lyon ; elle va mener les 1 et 2 septembre une offensive sur la Valbonne et Meximieux (bataille de Meximieux) pour retarder l’avance des américains et permettre au reste de la XIX° armée de traverser Lyon pour continuer vers le nord. Mais les allemands vont être débordés par l’ouest par l’avance rapide de la 1°DB et 1°DFL françaises qui atteignent Anse dès le 3 septembre.
Les allemands ont programmé la destruction des ponts de Lyon pour retarder la progression des troupes alliées. Depuis le 28 août la préparation pyrotechnique est effectuée sous bonne garde. Le samedi 2 septembre les derniers allemands quittent Lyon ; leurs artificiers vont faire sauter les ponts méthodiquement du sud au nord, sur le Rhône puis sur la Saône dans l’ordre du schéma. L’opération est commencée vers 8 heures : les détonations successives ébranlent les immeubles et font éclater les vitres.
PONTS DU RHÔNE
1 -Le pont Pasteur complètement détruit
2 -Le viaduc du chemin de fer de Perrache : seule une demi-travée est détruite, la moitié restante permettra un passage piétons et routier.
3 -Le pont Galliéni : la travée côté presqu’île est effondrée.
4 -Le pont de l’Université : la travée centrale est détruite.
5 – Le pont de la Guillotière à l’époque en pierre, le plus vieux de Lyon, seule une travée sur 8 (la centrale) est coupée. Dès le 5 septembre un pont métallique jeté sur la brèche permet aux convois militaires de le franchir.
6 – Le pont Wilson, inauguré le 14 juillet 1918 au cours d’une cérémonie interalliée, est très solide : la moitié aval de la travée centrale a basculé laissant côté amont le tablier en place, emprunté dès le lendemain par les lyonnais. Pour tenter d’aggraver les dégâts, les allemands tirent 3 fois sur le pont avec un canon de 88 posté à l’entrée de la rue de la Barre. Ce canon sera détruit avant d’être abandonné.
7 -Le pont Lafayette : la partie centrale est effondrée.
8 -La passerelle du Collège : tout le tablier est tombé dans le fleuve
9 -Le pont Morand, dont la travée centrale est détruite
10 -Le pont Vaïsse ou pont de Saint-Clair, détruit. Reconstruit il sera démoli en 1952 pour laisser la place au pont de Lattre de Tassigny.
11 -Le pont de la Boucle (aujourd’hui pont Churchill) entièrement métallique : une arche côté colline est tombée.
12 & 13 -Le viaduc ferroviaire et le pont Poincaré, non encore en service, détruits.
PONTS DE LA SAÔNE
Leur sabotage commence vers 20h30 et se poursuit dans la nuit, alors que la rive gauche du Rhône est déjà occupée par les FFI et le commissaire Yves Farge déjà à la préfecture.
14 & 15 -Les ponts de la Mulatière : le viaduc ferroviaire métallique est basculé.
16 -Le viaduc ferroviaire est peu touché
17 -Le pont Kitchener à l’époque passerelle suspendue effondré.
18 -Le pont d’Ainay complètement détruit : il ne sera pas reconstruit.
19 -La passerelle St-Georges : son tablier est basculé, mais tient encore.
20 -Le pont Tilsitt (aujourd’hui pont Bonaparte) : complètement détruit y compris les piles, il sera entièrement reconstruit.
21 -Le pont du Palais de Justice (aujourd’hui passerelle) : sa travée centrale est tombée.
22 -Le pont du Change : 2 travées en pierre sont endommagées. Réparé, il sera démoli en 1974 et remplacé par le pont maréchal Juin plus en aval.
23 -Le pont la Feuillée : complètement détruit, il sera entièrement reconstruit.
24 -La passerelle St-Vincent : les charges destinées à la faire sauter ont pu être désamorcées.
25 -Le pont de l’Homme de la Roche (aujourd’hui passerelle) : il sera le seul pont sauvé par un résistant Joseph Laval qui désamorce les charges vers 17h sans être vu des sentinelles allemandes ; il récidive à la passerelle St-Vincent et au pont de Serin. Bien qu’inapte au passage de convois lourds, le pont de l’Homme de la Roche permettra le lendemain matin les premiers passages des véhicules des forces alliées venant de la rive droite.
26 -Le pont de Serin (aujourd’hui pont Koenig) : les charges désamorcées sont réactivées par les allemands ; mais le pont en pierre très solide est peu endommagé et vite réparé.
27-Le pont Mouton (aujourd’hui pont Clémenceau) : pont suspendu totalement effondré.
28 -Le pont Masaryk suspendu : la travée rive droite est détruite, mais la pile centrale en pierre est intacte.
29 -Le pont de Île-Barbe détruit
plus au nord les ponts de Collonges, de Fontaines, de Couzon et de Neuville sont également sabotés et très endommagés.
La RECONSTRUCTION
Les destructions paraissent gigantesques, mais sauf au pont Tilsitt, les piles et les culées sur les berges sont intactes, ce qui va faciliter la réparation ou la reconstruction. Les vieux ponts de pierre (Guillotière, Change et Serin) sont peu touchés. Les américains arrivés le 2 septembre aux portes de la ville détachent des éléments du 111th Engineer Battalion pour rétablir d’urgence quelques passages. Dès le 5 septembre un pont Bailey métallique de 30 m couvre la brèche du pont de la Guillotière, et le viaduc du chemin de fer de Perrache est utilisé comme pont routier de fortune. En septembre 5 passerelles en bois sont posées sur les ponts. Les ponts suspendus sont rapidement relevés. La réparation des ponts métalliques plus longue fut terminée fin 1946.
Article de 2013 – Documents Musée militaire Lyon / François Lescel – Objectif Lyon – DG Communication Lyon 2004