L’INDUSTRIE CHIMIQUE de GUERRE dans la REGION 1914-1918 :
En 1914, dès les premiers mois de la Grande Guerre, la consommation des obus d’artillerie est énorme et l’industrie peine à y faire face, mais fabriquer des obus implique en amont la production de poudre et d’explosifs. L’industrie chimique de notre Région va alors jouer un rôle essentiel dans la production des matières premières nécessaires ; essentiellement le phénol pour les explosifs, l’acétate de cellulose pour l’aéronautique et enfin les « gaz de combat ».
Les EXPLOSIFS
Dès le début de septembre 1914, une pénurie d’explosifs est redoutée. A Saint-Fons la Société Chimique des Usines du Rhône ne produit que quelques kilogrammes de phénol par jour. Les usines du nord de la France étant perdues, c’est une production de masse qu’il faut organiser. En novembre le chimiste Joseph Koetschet et l’ingénieur Nicolas Grillet réussissent à passer à 4 tonnes par jour, puis en février 1915 à 40 t/j. Une nouvelle usine est ouverte à Roussillon (38) qui permet d’atteindre 70 t/j, puis 120 t/j en octobre 1915.
Ce phénol est utilisé pour la fabrication de la mélinite (trinitrophénol-acide picrique) à Feyzin et de tolite et de nitro-naphtalène à Neuville-sur-Saône usine ex-filiale de la BASF allemande (Badische Anilin und Soda Fabrik). Cette usine explose le 14 février 1915 faisant au moins 11 victimes, plus de 50 blessés et laissant un trou énorme.
Malgré cela en 1917, la chimie de Lyon fournit 80% des besoins de la guerre : le parc d’artillerie de Lyon chargeait 25000 obus/jour et l’arsenal de Vénissieux 30000: ce dernier est le théâtre d’une grave explosion en octobre 1918.
L’ACETATE de CELLULOSE
Les usines de Saint-Fons fabriquent plus de 6000 tonnes de ce vernis ininflammable utilisé en aéronautique militaire par les alliés.
Les « GAZ de COMBAT »
La Grande Guerre a largement fait appel à la guerre chimique. Elle est inaugurée par les allemands le 22 avril 1915 par une attaque au chlore, un gaz suffocant. Dès lors il faut pouvoir répliquer. A la demande du ministère, l’industriel lyonnais Edmond Gillet réunit ses homologues et des financiers pour créer la Société du Chlore Liquide. Une usine est aménagée au Pont-de-Claix (Isère) ; elle utilise l’électrolyse du sel marin. Le service militaire des poudres installe à proximité un atelier de chargement des obus avec le chlore. D’autres usines à Jarrie (38) Prémont et Pomblière (73) fabriquent également du chlore et ses dérivés comme le phosgène, autre gaz suffocant utilisé en 1916.
En juillet 1917, les allemands introduisent l’ypérite (gaz moutarde), toxique vésicant. Ce sont les Usines du Rhône qui vont en fabriquer dans leur usine de Roussillon, où le toxique est chargé dans les obus jusqu’à l’armistice. Vingt tonnes de ce toxique redoutable sont produites par jour à Roussillon en 1918 par une main d’oeuvre majoritairement féminine.
Article de 2011 – Dernière modification 09/2021
Documents : professeur Michel Laferrère / BML / Roland Racine – Lyon 14-18 – Sutton 2015