Le Général FRERE (1881-1944)
Aubert FRERE, natif d’une famille d’agriculteurs du Pas-de-Calais, prépare le bac à St-Omer, entre à Saint-Cyr en 1900 et commence sa carrière militaire en Algérie en Oranie et au Maroc sous les ordres de Lyautey. Sa brillante conduite lui vaut une citation et la Légion d’honneur à 8 ans de service. Rentré en France en 1912, affecté au 8° bataillon de Chasseurs à Amiens, il est promu capitaine l’année suivante et rejoint le 1er régiment d’Infanterie de Cambrai. Il se marie en mai 1914.
La GRANDE GUERRE
En août 1914 son régiment entre en Belgique et participe à la bataille de Charleroi, où le capitaine Frère est blessé. En 1915-1916 il endure courageusement les combats de la guerre des tranchées en Champagne, à Verdun et sur la Somme, ce qui lui vaut 2 citations. En 1917 le commandant Frère est au 6° BCA où il est à nouveau blessé. Il est blessé gravement pour la troisième fois en 1918 en Picardie, puis promu lieutenant-colonel.
Les ANNÉES 1920 et 1930
En 1919 il commande le 1er RI à Cambrai (1919-1924) ; promu colonel en 1925, il commande l’École des Chars (1925-1931), où il milite pour l’autonomie de l’arme blindée : il ne sera pas écouté.
Général de brigade à 50 ans en 1931, il prend le commandement de l’École de Saint-Cyr (1931-1935), puis comme général de division il devient le chef de la 11ème division à Nancy – la Division de Fer) (1935-1937), où il a le colonel de Gaulle sous ses ordres. Puis comme général de corps d’armée, il est à la tête de la 3ème RM (Rouen 1937-39), puis de la 10ème (Strasbourg 1939).
La GUERRE 1939-1940
À la déclaration de guerre, il prend le commandement du 8° CA à Strasbourg qui participe à l’opération Sarre en avant de la ligne Maginot (septembre-octobre 1939). Pendant les mois qui suivent le Général Frère manifeste son impatience et ses divergences avec le haut-commandement.
Mai 1940 : la vraie guerre commence et dans l’urgence, le Général Georges lui confie le 17 mai le commandement de la VIIème Armée en cours de renforcement, avec pour mission de barrer la route de Paris, en rétablissant la liaison entre la VI° armée et la IX° déjà profondément disloquée.
C’est une mission impossible : Frère tente de colmater la brèche ouverte, prépare une contre attaque sur Arras à laquelle il faut renoncer pour se replier sur la Somme-Aisne. Le 6 juin il déclenche une attaque d’aviation qui freine l’avance des blindés ennemis, mais l’ordre de repli général force l’armée du Général Frère à reculer en une suite infernale de journées de combat et de nuits de marches forcées jusqu’à la vallée de la Dordogne. Mais la VII° Armée n’a été ni rompue, ni encerclée et a gardé jusqu’au bout sa cohésion. « Vous n’avez pas connu la défaite » peut écrire le Général Frère le 24 juin à ses 12 divisions, dont la 11° DI.
L’ARMÉE D’ARMISTICE
Le Général Frère est nommé le 1er juillet 1940 au commandement de la 12° RM de Limoges ; il doit présider le conseil de guerre à Clermont-Ferrand, qui à la majorité des voix condamne à mort par contumace le Général De Gaulle pour désertion. Dès le 17 août il est muté à Lyon comme gouverneur militaire et commandant de la 14° RM succédant au général Touchon. Dans le cadre de l’ Armée d’Armistice il n’ a plus sous ses ordres que la 14° Division Militaire, qu’il encourage à travailler au redressement de la France. En même temps il donne en sous-main l’ordre de cacher et soustraire aux contrôles des commissions d’armistice le maximum d’armes et de matériel et de se préparer à l’action clandestine.
Frère demeure un peu moins d’un an à Lyon, car en juillet 1941 promu Général d’Armée, il part à Royat prendre la tête du 2° groupe de divisions, ce qui lui donne autorité sur la moitié de l’Armée d’Armistice. Pendant cette année de commandement, il visite toutes les garnisons et encourage l’esprit de résistance. Le Général Frère est atteint le 1er septembre 1942 par la nouvelle limite d’âge, abaissée d’un an, probablement pour l’écarter discrètement.
Le RÉSISTANT
Le 11 novembre 1942 les Allemands entrent en zone libre et le 27 novembre l’Armée d’Armistice est dissoute. Les généraux Verneau et Olléris et le général Revers activent l’ORA (Organisation de Résistance de l’Armée). Ces trois chefs appellent à leur tête le Général Frère, qui habite toujours à Royat et y demeure très surveillé. Il cherche le contact avec les autres mouvements de Résistance et refuse de partir à Londres. Il est arrêté le 13 juin 1943 à Royat, emprisonné à Vichy, puis à Fresnes et enfin en mai 1944 au camp de concentration du Struthof en Alsace, où il meurt de maladie le 13 juin 1944. Sa femme, arrêtée en même temps que lui, est déportée à Ravensbrück, d’où elle reviendra en 1945.
La promotion 1949 de Saint-Cyr porte le nom de « Général Frère ». Le Général Weygand a écrit en 1949 sa biographie sous le titre : « Le Général Frère : un chef, un héros, un martyr« . La ville de Lyon a dédié une avenue dans le 8ème arrondissement et la caserne de la Vitriolerie est devenue en 1968 le Quartier Général Frère (QGF), où une stèle en son honneur a été élevée.
En mai 2023: la stèle a été déplacée devant le Cercle de Garnison rebaptisé « Cercle Général Frère »
En remplacement de celle du premier étage, une nouvelle vitrine de documents et souvenirs du Général Frère a été installée dans le couloir d’accès au restaurant par les bénévoles du Musée d’Histoire militaire de Lyon.
Article de 2010 – Dernière modification 05/2023 – Documents musée militaire Lyon