Le Fort Saint-Irénée

Le FORT SAINT-IRÉNÉE à LYON 

Après le Siège de Lyon en 1793 et l’occupation par les Autrichiens (1814 et 1815) s’impose la nécessité de fortifier la ville de Lyon. Le roi Louis-Philippe lance les travaux. A Lyon c’est le général Rohault de Fleury qui les conçoit et les réalise à partir de 1830. Sur la rive droite de la Saône, il rétablit l’enceinte fortifiée, protégée par 5 forts détachés et 2 « lunettes ». Le fort Saint-Irénée est construit sur un point haut au sud du bourg du même nom de 1834 à 1842. Les murs sont en pierre jaune de Couzon et les parements en pierre blanche de Villebois. Les constructions préservent 5 arches de l’aqueduc romain du Gier, dont le réservoir de chasse destiné à faire franchir par l’eau la dépression de Trion.

Aqueduc Romain et Grand Casernenement

Le FORT DE DÉFENSE :
L’ensemble construit comprend deux parties : le fort et un casernement fortifié. Le fort de 180 m sur 150 est de forme pentagonale, entouré de fossés avec deux bastionnets d’angle, un cavalier central et un cavalier ouest : il est fermé par une caserne de gorge de 250 hommes qui en commande l’entrée. Le casernement fortifié contigu, au nord-est du fort et protégé par lui, était prévu pour abriter le commandement du secteur ouest de la place de Lyon : il regroupe un pavillon d’entrée, relié par un angle fortifié à une grande caserne d’infanterie de 700 hommes et les installations annexes pour la vie des soldats.

Plan du fort St-Irénée

Le pavillon d’entrée abrite un poste de garde et au premier étage des chambres d’officiers et par la suite l’infirmerie. Dès les années 1860, les forts de ce type trop proches de la ville perdent de leur importance défensive et certains sont démantelés. Le fort St-Irénée est conservé et on y aménagera vers 1880 une poudrière de capacité plus importante (42 tonnes). Mais sa fonction principale va se limiter au rôle de caserne d’infanterie. 600 hommes y sont logés en 1887.

Pavillon d’entrée, angle fortifié et grande caserne

La CASERNE : le 158ème RÉGIMENT d’INFANTERIE
Le 158ème RI fait partie des 18 régiments d’infanterie dits « régiments régionaux » créés en 1888. Il fait partie avec le 157ème RI de la Brigade Régionale de Lyon, régiments à vocation alpine, qui détachent un ou deux bataillons dans les Alpes, alors que leur partie principale stationne à Lyon. Le 158ème RI tient garnison au fort St-Irénée principalement, au fort de Loyasse et une compagnie est au fort de Vaise. En 1910 la 16° compagnie est au fort de Ste -Foy. Il envoie ses détachements en Tarentaise et Maurienne (Modane). L’équipement des hommes est « alpinisé » avec en particulier le béret alpin.

Un bataillon du 158° revenant des Alpes

Cette situation dure jusqu’en 1913, année où le 158° RI est déplacé dans les Vosges, avec Bruyères comme garnison principale, mais un détachement reste à Lyon (au fort Lamotte en 1916). Le régiment se conduira valeureusement pendant la Grande Guerre et y gagnera le surnom de « Régiment de Lorette ». Il sera ensuite en garnison à Strasbourg entre les deux guerres et sera dissous en 1945. Une place du 5° arrondissement à l’entrée du cimetière de Loyasse commémore ce régiment.

Au fort St-Irénée en 1913, le 158 est remplacé par le 6ème Régiment d’infanterie Coloniale, venant de Brest : il y restera à peine un an avant de partir pour les combats de la Grande Guerre.

L’INSTITUT FRANCO-CHINOIS 1921-1939 
Après la Grande Guerre l’armée cède le fort St-Irénée à l’Université. Elle y installe un Institut franco-chinois destiné à accueillir et loger de jeunes chinois étudiants à Lyon : en 25 ans 473 chinois seront formés à Lyon. L’inscription conservée sur la porte du pavillon d’entrée et quelque peu effacée a été rénovée en 2014 pour la visite du président chinois. La bibliothèque de cet institut préservée forme le fonds chinois de la bibliothèque municipale.

Porte du pavillon d’entrée

La RÉSIDENCE UNIVERSITAIRE :
Après la Libération l’Université récupère les locaux du fort et les utilise pour loger des étudiants. En 1955 le Recteur André Allix (1886-1966) décide la construction d’une grande résidence universitaire sur l’emplacement du fort St-Irénée. Une dizaine de bâtiments sont construits bouleversant le site du fort ; les fossés sont comblés et la caserne de gorge du fort est remplacée par un restaurant universitaire encastré entre les murs fortifiés. La grande caserne et le pavillon d’entrée sont préservés. L’ensemble forme la Résidence Universitaire André Allix.

La grande caserne côté nord

Article de 2013
Source : B. Bourrust, S. Wyss – Le site du Fort St-Irénée de Lyon à travers les âges – Assoc. culturelle St-Irénée St-Just n°8 – 2004 / Dallemagne & coll. – les Défenses de Lyon – ELAH 2006