Le Régiment de Lyonnais

Le RÉGIMENT de LYONNAIS 1616-1791

Ce régiment est associé à la famille de Neuville de Villeroy : ses membres en sont « mestres de camp » ou colonels, avant de devenir gouverneurs du Lyonnais au XVII° et XVIII° siècles.

NAISSANCE du RÉGIMENT 1616-1635 
En 1616 Nicolas de Villeroy, fils de Charles d’Alincourt gouverneur du Lyonnais, reçoit commission pour former un régiment d’infanterie (10 compagnies de 100 hommes). Le Régiment de Villeroy fait campagne au Piémont (1616-17), contre les protestants dans le sud-ouest (1621-22) et à nouveau au Piémont (1624-26). Entre les campagnes le régiment est réformé et la plupart des hommes renvoyés chez eux. En 1629, il est rétabli pour la guerre de succession du Monferrat. Assiégé en Italie l’année suivante, il capitule prématurément et est mis à l’entraînement à Pignerol. Nicolas de Villeroy cède le commandement à son frère cadet François d’Alincourt, qui participe aux campagnes en Vivarais (1632), en Lorraine (1634) et au Palatinat (1635). Le régiment prend alors le nom de Régiment de Lyonnais (RL), parce que le recrutement et les frais sont assurés par ce gouvernement.

Le recrutement d’un régiment

Le RÉGIMENT de LYONNAIS 1635-1659 
C’est le temps de la guerre contre les Habsbourg (Empire et Espagne). Les effectifs sont portés à 2000 hommes (1/3 mousquetaires 2/3 piquiers). En Piémont le RL se distingue à Buffalora (1636), défend Verceil d’où il sort avec les honneurs (1638). En 1639 François d’Alincourt est tué dans une bataille de rues à Turin. Nicolas reprend le commandement du RL, qui charge victorieusement sous Turenne à Rotta di Chieri.
Renforcé à 3000 hommes le RL part pour la Catalogne en révolte contre Madrid. Il se bat bien et en sort avec les honneurs, réduit à 439 hommes valides.
De nouveau en Italie (1646-1659), le RL est assiégé à Porto Longone (île d’Elbe) et en sort à nouveau avec les honneurs (1650). Il se distingue encore en Piémont à Borghetto (1650) et au siège de Mortara (1658).

Maniement du mousquet

Emblème du Régiment

Le TEMPS des RÉFORMES (1664-1670) 
Après la paix des Pyrénées (1659) les effectifs du RL sont réduits, mais il passe à 26 compagnies, quand Nicolas de Villeroy le cède à son fils François (1664-1683). Le RL est alors le 17ème dans la listé de préséance des régiments. Louvois modifie l’armement : les fantassins sont dotés de fusils et de baïonnettes, hormis les caporaux qui conservent la pertuisane et 4 soldats d’élite par compagnie dotés de grenades. Le drapeau est divisé en 4 cantons par une croix blanche avec 2 cantons noirs et 2 bleus. L’uniforme est en drap gris doublé de rouge, avec galons d’or pour les officiers, d’argent pour les sergents ; les pertuisaniers et les tambours ont une tenue verte.
Vers 1670 à la demande des lyonnais, est détachée une Compagnie Franche chargée de la garde des portes de la ville, qui sera logée dans une caserne construite pour elle à la Guillotière vers 1773.

Le RL dans les GUERRES de LOUIS XIV :
Le RL est de toutes les guerres et campagnes qui vont se succéder à un tel rythme que l’on ne peut les détailler.
- guerre de Dévolution (1667-68) : campagne de Flandre, de Franche-Comté, prise de Dôle. Retour ligne manuel
- guerre de Hollande (1672-78) : passage du Rhin, campagnes en Allemagne, Franche-Comté, Flandre, bataille de Cassel. Pendant la paix le RL participe à des travaux de fortification comme à Sélestat. Le régiment passe en 1683 à Louis-Nicolas de Villeroy fils de François, devenu gouverneur de Lyon.
- guerre de la Ligue d’Augsburg (1688-1697): le RL est de la campagne du Palatinat, en garnison à Trèves (1690), à la prise de Namur (1692), aux batailles de Steinkerke (1692) Neerwinden (1693).

1697 congé pour un Invalide


- Guerre de Succession d’Espagne (1701-1713) : le RL est engagé sous le duc de Vendôme en Italie (1702-1706 défaite de Turin), puis en Provence. C’est une période noire pour le RL : effectif insuffisant, ravitaillement réduit, solde non payée… En 1709 il est dans les Alpes sous Berwick et en 1712 sous Villars à la bataille de Denain qui sauve la France. En 1714 Louis-Nicolas cède le RL à son fils François-Louis de Villeroy. Le nombre de régiments est réduit et le RL est renforcé de soldats des régiments Mornac et Charolais.

Uniforme 1720-1734

Le RÉGIMENT de LYONNAIS sous LOUIS XV et LOUIS XVI :
Pendant une longue période de paix, le RL passe d’une garnison à l’autre, dont Lyon et Montbrison (1725-26). Le marquis de Beaupréau devient le colonel (1734-1745). En 1734 nouvel informe : habit, culotte blancs, collet et parements rouges. Les compagnies sont regroupées en 2 ou 3 bataillons selon les époques.
- Guerre de succession d’Autriche (1740-1748), il est engagé en Allemagne, puis au Piémont. Le RL est reconstitué à 4 bataillons et 2900 hommes, réduits à 1050 en temps de paix. Le comte de Lannion (1745-1749) passe la main à Gabriel-François de Villeroy (1749-1762).


- guerre de Sept Ans (1756-1763) : le RL se rend lors de la capitulation de Minden, mais se distingue dans une bataille sur la Fulda, dans une guerre désastreuse pour la France.
Le marquis de Bouzols en devient le colonel (1763-1782). En 1774 il est dédoublé : les 1er et 3ème bataillons continuent le RL qui connaît à nouveau diverses garnisons, dont Toulon (1778) où il fournit des troupes embarquées dans les vaisseaux partant pour la guerre en Amérique. Le RL participe à la prise de l’île de Minorque sur les anglais (1782), mais échoue au siège de Gibraltar.
Rentré en France, il a comme colonels le comte de Tillères (1782-1788) et le comte Philippe de Montesquiou-Fézensac (1788-1792) ; il est en garnison dans le sud et en 1788 à Aix et Marseille.

1788 Congé Militaire

DU RÉGIMENT de LYONNAIS au 27° RI 
Pendant les 2 premières années de la Révolution le bataillon d’Aix garde sa discipline, mais après les troubles de décembre 1790, le bataillon quitte la ville pour Tarascon, où le régiment est réuni. Le 1er janvier 1791, le RL devient le 27ème Régiment de Ligne et part pour l’Armée du Rhin. Montesquiou le commande jusqu’en février 1792, il conduira ensuite l’armée d’occupation de la Savoie en septembre 1792.

Le 1er janvier 1795 est opérée une scission des régiments et un amalgame avec les bataillons de volontaires : le 1er bataillon du 27° forme la 53° demi-brigade avec 2 bat. du Haut-Rhin et de la Moselle. Le 2ème bataillon forme la 54° demi-brigade avec 2 bat. du Puy-de-Dôme et de l’Eure. Un « 2ème amalgame » en 1796 mélangera à nouveau les unités : une 27° demi-brigade nouvelle deviendra par la suite le 27°Régiment de Ligne puis Régiment d’Infanterie.

Insigne du 27° RI

Le 27° RI est à Lyon en 1834 au moment de la révolte des canuts, puis en 1870 -1874. En 1889, il est à Dijon, où il va demeurer jusqu’à sa dissolution (vers 1980).

Le 27° RI, devenu régiment de Dijon, se considère par tradition comme l’héritier du régiment de Lyonnais : son insigne reprend les couleurs du RL, le lion et la date de 1616.

Article de 2014 Source : général Susane – Histoire de l’infanterie française tome 3 – J.Dumaine 1876 / Cdt Carnot – le Régiment de Lyonnais – Pierre Masson – Lyon 1929