Le FORT SAINT-JEAN de la CROIX-ROUSSE À LYON
Le Fort Saint-Jean est situé à l’ouest de la colline de la Croix-Rousse sur un éperon rocheux dominant la Saône. La masse de ses pierres calcaires fait corps avec l’énorme rocher de schiste. Une tour avait été édifiée au moyen-âge sur ce site stratégique.
De LOUIS XII À la RÉVOLUTION
Louis XII en 1512 ordonne la construction de l’enceinte de la Croix-Rousse. Côté ouest la tour est démolie et une fortification est construite avec la participation financière des chanoines-comtes de Saint-Jean, d’où son nom. Elle possède casemate, embrasures à canons et échauguette.
Le bastion Saint-Jean devient le bastion n°1 des 9 bastions de l’enceinte de la Croix-Rousse. Une courtine descend en gradins le long du rocher jusqu’à la Saône où elle s’achève par une tour. Cet ouvrage est modifié en 1636 par l’ouverture d’une porte d’entrée de Lyon, la porte d’Alincourt du nom du gouverneur Charles d’Alincourt.
Les fortifications de la Croix-Rousse et le fort St-Jean sont à l’abandon pendant le XVIII° siècle. La porte en contrebas est remplacée par le quai de Serin, sur lequel est édifié le Grenier d’Abondance devenu caserne de Serin. Le fort retrouve un rôle militaire pendant le siège de Lyon : une batterie d’artillerie y est placée pour tirer sur le faubourg de Vaise.
De LOUIS-PHILIPPE À 1925
Le fort devient propriété de l’état en 1834 et est complètement remanié sur les plans de Rohault de Fleury. Le vieux bastion du XVI° siècle côté nord est en partie arasé pour être coiffé d’un étage de casemates juxtaposées servant à l’artillerie et au stockage ; sa terrasse entourée d’un parapet forme le cavalier de l’ouvrage. Un pavillon carré destiné au logement des officiers en occupe un angle. Le front de gorge du fort suit la montée de la Butte avec 3 bastions et une courtine. Côté ouest la nouvelle enceinte s’appuie sur l’ancienne courtine rehaussée et l’ensemble forme un superbe empilement de blocs de casemates et de plateformes d’artillerie. Outre le pavillon des officiers, la cour intérieure est occupée par une caserne à 3 niveaux, un magasin d’artillerie, une poudrière et un pavillon d’entrée.
Le fort échappe au démantèlement de l’enceinte en 1865 et n’a plus d’autre intérêt que celui de sa caserne, qui loge 552 hommes en 1864 et 320 en 1887. Le fort héberge une partie du régiment logé dans la caserne de Serin en contrebas, à savoir de 1888 à 1913 le 157° RI (régiment d’Infanterie) et le 5° RIC (régiment d’Infanterie Coloniale) de 1913 à 1924.
La FIN du XX° SIÈCLE
En 1934 le fort Saint-Jean est orienté vers le Service de Santé avec la Pharmacie Régionale, mais il devient aussi le PC de la défense antiaérienne régionale avec un standard téléphonique. Pendant l’occupation allemande, un centre de commandement de la Luftwaffe y est établi dans les sous-sols.
Le 2 septembre 1944 les allemands font sauter les ponts de Lyon : un groupe de résistants réuni au fort réussit à empêcher la destruction du pont de l’Homme de la Roche et de la passerelle St-Vincent.
Après la Libération le fort redevient Pharmacie Régionale jusqu’en 1984. Ce sont ensuite un Dépôt Régional de matériels de mobilisation (DRMM5) du Service de Santé et l’inspection des services vétérinaires régionale qui s’y installent jusqu’en 1998.
Le XXI° SIÈCLE
En 2002 il devient propriété du ministère des Finances et est réaménagé pour y établir l’École Nationale du Trésor en 2004. La transformation effectuée par l’agence Vurpas est un modèle de sauvegarde et de réhabilitation d’un ouvrage militaire. La bibliothèque de l’école occupe l’ancien magasin d’artillerie et le restaurant bien dissimulé est en belvédère au dessus de la Saône.
Article de 2016 – Dernière modification 09/2021
Sources : Dallemagne & col. – Les défenses de Lyon – ELAH 2006