Libération de l’Est Lyonnais

COMBATS et LIBÉRATION de L’EST-LYONNAIS août 1944

Du 20 au 28 juillet 1944 l’opération des troupes allemandes contre les maquis retranchés dans le massif du Vercors fait subir de lourdes pertes à la Résistance. Celle-ci est théoriquement unifiée : Alban-Vistel est nommé le 15 juillet chef unique civil et militaire de la région ; son chef d’état-major est le colonel Descour qui exerce déjà le commandement militaire en Isère et Drôme. Cette équipe sera efficace à l’est, mais son autorité sera contestée à l’ouest du Rhône.

CRÉATION du GROUPEMENT CHABERT

Huet (à gauche) et Bousquet

Après le drame du Vercors, il est clair que les résistants doivent être réorganisés en formations plus mobiles tournées vers l’offensive. D’où la constitution du Groupement Chabert. « Chabert » est le commandant René Bousquet résistant dans l’ORA, adjoint du Cdt Huet au Vercors, qui après les combats regroupe une compagnie dans une forêt à l’ouest du plateau. Le débarquement des Alliés en Provence le 15 août ouvre un nouveau front et la situation ne permet plus à la Wehrmacht d’occuper le terrain. Cela permet à Bousquet de faire descendre ses hommes dans la plaine dans la région de Tullins – Chambaran. C’est là que sur ordre de Descour il va constituer son Groupement formé de 3 bataillons:

Le bataillon de Chambaran
C’est un groupe de résistants implantés dans le triangle de Chambaran, créé par un médecin le docteur Valois et commandé par René Marriotte.
Le bataillon de Chartreuse
Formé en juillet 44 par le regroupement de différents maquis du massif de Chartreuse, il est aux ordres du commandant Robert de Loisy.
Le 6° Bataillon de Chasseurs Alpins (6°BCA) du commandant Roland Costa de Beauregard Durieux. Cette unité de l’armée d’Armistice était passée à la Résistance. Dans les combats du Vercors après avoir lutté, elle échappe à la destruction en se regroupant dans une forêt au nord du massif, qu’elle quitte ensuite pour se réorganiser dans le secteur de la Côte-St-André Beaurepaire.

5/09/44 le Cdt de Loisy saluant le Gal De Lattre – le Cdt Huet à droite du général

Le PASSAGE à L’OFFENSIVE 18-23 août
À partir du 18 août les allemands se replient. L’unité qui a mené l’assaut du Vercors la 157° DI allemande se replie sur les cols des Alpes, alors que les unités territoriales doivent se replier sur Lyon en empruntant la RN85 Grenoble – Bourgoin. Sur cet itinéraire le col du Banchet est favorable aux embuscades. Le 18 août une colonne de véhicules allemands venant de Lyon est attaquée ; elle sera à nouveau harcelée à son retour par le bataillon de Chartreuse, puis par le bataillon de Chambaran. Le 6° BCA lance des reconnaissances en direction de Vienne. D’autres attaques de convois auront lieu jusqu’au 23, date de la prise de Bourgoin par les résistants du nord-Isère.

Carte de l’est-Lyonnais

L’APPROCHE de LYON
Bousquet établit alors son PC à Bourgoin et fait avancer son groupement dans la plaine de l’Isère : le 24 le bataillon de Chartreuse est à Crémieu puis Pont-de-Chéruy, le 27 le bataillon de Chambaran à la Verpillière, le 28 à Grenay et St-Bonnet-de-Mure. Là ils se heurtent à une unité de Panzergrenadieren allemande en couverture de Lyon ; les maquisards refluent dans la plaine en terrain découvert, ils perdent 35 tués (bat. de Chambaran et secteur de Bourgoin).
Au même moment plus au nord une unité d’avant-garde américaine est venue occuper le pont de Loyettes sur le Rhône et la bataillon de Chartreuse tient Pont-de-Chéruy, alors que l’unité mécanisée allemande remonte en direction du pont de Loyettes. C’est alors que le 31 août un bataillon FTP « Henri Barbusse » formé d’éléments venus de Villeurbanne et de Savoie marche imprudemment à la rencontre des allemands, malgré les mises en garde du commandant de Loisy. Le choc a lieu à Pusignan faisant 23 tués parmi les maquisards FTP. Le 31 au soir les allemands sont à Pont-de-Chéruy ; ils vont être contenus le 1er septembre par l’artillerie américaine, alors qu’au nord du Rhône la bataille de Meximieux fait rage. Les allemands n’ont pu atteindre le pont et se replient sur Lyon qu’ils traversent en direction du nord.

La MARCHE sur LYON
Le 1er septembre Descour rejoint Bousquet au PC de Bourgoin. La voie est alors libre pour marcher sur Lyon. Le 2 septembre au matin alors que les allemands commencent à faire sauter les ponts de Lyon , le groupement Chabert se met en route.
Au nord le bataillon de Chartreuse passe à Meyzieu, est à Décines vers 14h et par Villeurbanne se déploie dans le 6ème arrondissement. Au centre le bataillon de Chambaran arrive à Bron vers midi, trouve la base vide et sur continue dans Lyon jusqu’au Rhône et occupe le quartier de la Préfecture vers 16h. Alban-Vistel et Yves Farge commissaire de la République peuvent entrer à la Préfecture avec Descour et Bousquet, alors que le bâtiment est encore la cible de quelques tirs venus de la rive droite. Le 6° BCA remonte la vallée du Rhône, passe à Vienne, passe la nuit à Feyzin et arrive dans le 7° arrondissement le 3 vers 7h.

14/09/44 Le Gal De Gaulle décore le fanion du bataillon de Chambaran

Le RÔLE des AMÉRICAINS
Le soir du 1er septembre 2 unités de la 36°USID se sont approchées de Lyon de Meyzieu à Corbas. Elles pouvaient facilement être à Lyon le lendemain, mais le commandement américain préfère en laisser l’honneur au forces françaises. Donc le 2 septembre les unités américaines s’avancent jusqu’aux limites sud et est de la ville, se contentant d’envoyer des reconnaissances à la périphérie de Lyon ; l’une de ces patrouilles atteindra le Rhône vers 17h au pont Galliéni (détruit) et échangera des tirs avec les derniers allemands restés dans le quartier de Perrache.

LYON LIBÉRÉE
Au matin du 3 septembre des éléments de la 1ère DFL du général Brosset font leur entrée dans la ville confirmant la Libération de Lyon.

Article de 2015 – Source : François Lescel – Objectif Lyon – DG communication -2004